Page 19-20 du Livre « Cinquantenaire  Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »

A partir du 25 juin, jour qui voit la cessation des hostilités sur l’ensemble du front franco-allemand, celle avec l’Italie ayant eu lieu la veille, Montauban et le Tarn-et-Garonne réceptionnent les restes de nos armées. Désarmement des troupes et démobilisation des effectifs y seront effectués notamment au camp de Caylus où le général Delestraint, qui
avait entendu à Valençay l’appel du 18 juin, au moment de quitter son commandement, le 8 juillet 1940, s’adressant à ses soldats dira : « Si nous conservons la foi dans les destinées de notre pays, si nous nous comportons en Français et non avec une mentalité de chiens battus ou d’esclaves, si nous savons vouloir, la France ressuscitera un jour du calvaire présent ».

Une armée d’armistice sera par la suite mise sur pied. Elle implantera à Montauban le 23e régiment d’infanterie et le 3e hussards, de l’armée d’armistice.

Le 10 juillet, au casino de Vichy, après le vote par le Parlement (569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions) de la loi constitutionnelle, Pétain fonde l’Etat français. La République et la démocratie ont vécu. Pétain crée un nouvel emblème national – la Francisque – et la nouvelle trilogie : Travail, Famille, Patrie. Il nomme à tous les emplois civils et militaires, légifère par décret. Il cumule les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, rompant avec la trilogie républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité.

L’après Première Guerre mondiale avait vu la montée du fascisme, Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne, Franco en Espagne avec l’appui de ses complices italiens et allemands ; le régime de Vichy n’était ni plus ni moins, grâce à la défaite et à l’occupation – que Maurras appelait « la divine surprise » – que la mise en place d’un régime de même type qui n’avait pu par ses seules forces venir à bout des institutions démocratiques de notre pays, notamment lors de la manifestation des ligues d’extrême-droite, place de la Concorde à Paris, le 6 février 1934.

Le 30 juillet, en zone sud, tous les hommes de 20 ans accompliront désormais une sorte de service national durant huit mois, c’est la jeunesse au travail par les chantiers dits de jeunesse. Astreints à une discipline quasi militaire dans le culte du Maréchal, ils se livrent, sous l’autorité du général La Porte du Theil, au défrichage et au reboisement. Ils seront les modèles de la « révolution nationale ». Les plus jeunes pourront adhérer aux « compagnons de France » après leur scolarité.

Le 24 octobre, Pétain rencontre Hitler à Montoire où il l’assure de sa bonne volonté, fondamentale pour parvenir à un travail commun qui serait à mettre au point dans les détails et, le 30 octobre, dans un message adressé aux Français, il déclare : « C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration (…) cette politique est la mienne (…) c’est moi seul que l’histoire jugera ».

Jean Moulin, préfet d’Eure-et-Loir, est révoqué le 11 novembre, le gouvernement de Vichy estimant qu’il n’est plus digne de ses fonctions, tout comme un certain nombre de hauts fonctionnaires ayant appartenu aux gouvernements respectant la démocratie républicaine (Blum, Chautemps, Daladier, Reynaud) ou ayant appartenu aux partis politiques du Front populaire, ou encore à la franc-maçonnerie. Auparavant, Vichy avait retiré la nationalité française aux Juifs naturalisés (16 juillet 1940) et dissout la franc-maçonnerie (19 août 1940). promulgué un statut des juifs, les excluant de la communauté nationale, avant toute pression allemande (3 octobre 1940) et abrogé le décret Crémieux de 1870, qui donnait la nationalité française aux Juifs d’Algérie (7 octobre 1940). En 1941, le 29 mars, création du commissariat aux questions juives ; le 14 mai, la police française procède à l’arrestation d’un millier de Juifs étrangers et les livre aux Allemands ; 2 juin : promulgation d’un nouveau statut des juifs ; le 22 juin, l’Allemagne envahit l’U.R.S.S. (opération Barberousse) et le 7 juillet Vichy crée la Légion antibolchevique, appelée aussi Légion des volontaires français contre le bolchevisme (L.V.F.). C’est alors que commence la croisade anticommuniste. Il crée des camps d’internement pour les étrangers et tous ceux qui sont accusés d’activités communistes.

Le régime de Vichy prétend reconstruire la France en excluant de nombreux Français et en collaborant avec les vainqueurs. Il privilégie les corporations et les comités chargés de la production industrielle servant les intérêts des sociétés capitalistes.

Au fur et à mesure du développement de la guerre poursuivie par la seule Angleterre après notre défaite, alliée à la Russie à partir du 22 juin 1941 et aux États-Unis après Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, le régime de Vichy, loin d’avoir protégé les citoyens, se transforme en auxiliaire de l’Allemagne hitlérienne.

Vichy et la collaboration
Click to listen highlighted text!