Pages 121-133 du Livre « Afin que Mémoire Demeure »

Les compagnies de l’Armée Secrète du Sud de la Garonne

2ème Compagnie, cantons de Grisolles et Villebrumier

10ème Compagnie, cantons de Beaumont, Lavit et Montech

13ème Compagnie, cantons de Valence d’Agen et Auvillar

13ème Compagnie, cantons de Valence d’Agen et Auvillar (deuxième partie)

par Pierre Demathieu

HISTORIQUE de la 13ème COMPAGNIE

L’Armée Secrète de Tarn-et-Garonne Maquis de Sistels Selon Pierre Demathieu, ancien adjoint au maire de Valence dAgen

La 13eCie de l’A.S. de « Tarn-et-Garonne est née le dimanche 20 juin 1943. Ce jour-la,  » Pruet « , qui n’était autre que le commandant maison de l’Etat-major de l’A.S. de Tarn-et-Garonne, vint à Lamagistère en compagnie de son ami Germain, ancien directeur de l’école de Lamagistère, en poste à Saint-Nauphary.

Il contacta Georges Trenac, instituteur à Lamagistère avec son épouse, et avec son assentiment le chargea d’organiser la résistance dans le secteur ouest du département, comprenant la région de Valence d’Agen, Golfech, Lamagistère, Dunes, Donzac, Sistels, etc…, ou rien encore n’existait à cette date là.

C’est ainsi que le lieutenant Georges Trenac fut chargé de créer sous le pseudonyme de  » Tellier  » la 13e Cie de l’A.S. du Tarn-et-Garonne, appelée par la suite à opérer dans le secteur ouest.

Il fut bien aidé dans sa tâche d’organisation par un petit noyau de purs résistants qu’étaient Carrère Robert, Louis René, Irrague Jean, Couffignal André, Labouyrie (chef de gare), Blaquières Emile…, tous de Lamagistère.

Ce petit groupe devait s’agrandir rapidement par l’adhésion d’Antonin Ver, responsable de la section de Valence d’Agen, et de pierre Demathieu, son adjoint, d’André Bourreil, chargé du groupe de Golfech, de Daniel Poujade, chargé de recruter à Donzac et Dunes, d’André Merle, ayant la responsabilité de l’organisation du secteur de Sistels, appelé à devenir, à son domicile, le Q.G. de la 13e Cie et à recevoir au  » Bois Grand  » le moment venu les futurs maquisards.

Pendant plusieurs mois, la 13e Cie vécut clandestinement, ignorée du grand public, mais active, se dotant d’une structure parfaitement organisée en vue de constituer une unité militaire apte à prendre le combat de guérilla prévu, après avoir été armée par les parachutages, promis.

Trois figures emblématiques de la 13ème Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn-et-Garonne Maquis de Sistels,

sans qui la résistance n’aurait pas existé dans la région de Valence d’Agen Golfech – Lamaglstère – Donzac – Dunes Sistels.

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page122-1pgGeorges Trenac, instituteur à Lamagistère,

alias « Trellier », puis « Rhodes »

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page122-2pgAndré Merle, alias « l’Oiseau »

  Ver Antonin,AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page122-3pg alias  » Capitaine Nito  » né a Lafrançaise le 11 juillet 1904 débuta sa carrière d’instituteur a Cuq (Lot et Garonne) pour la poursuivre a St Loup (Tarn-et-Garonne), tout en gérant a Valence d’Agen le studio photo de son épouse décédée.

Entré dans la résistance, à la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne, en août 1943, sous le pseudonyme de  » Capitaine Nito « , il se vit confier par le commandant Trenac la responsabilité de la résistance à Valence d’Agen. Antonin Ver est décédé a l’âge de 93 ans, le 3 janvier 1997.

Ses membres avaient à s’occuper de placer dans des fermes de la région des réfrac-taires au S.T.O. et de cacher des résistants de l’extérieur recherchés avec acharnement par la milice d’Agen et son sinistre chef Delpuch dit  » Bouboule « , gnome atroce paré de quelques oripeaux militaires du Reich, ne quittant jamais sa mitraillette, ainsi que par la gestapo d’Agen dont le chef était le scharfùhrer Zornn, ayant pour adjoint Hanak  » le balafré « , ignoble tortionnaire qui a fait trembler la Gascogne et dont la tête valait pour l’allemand la vie de cinquante otages. Il agissait surtout par haine de la France, « les français me dégoûtent « , disait-il, « je prends plaisir à faire souffrir cette sale race ! « . C’est ainsi que Henri Pujos de Fals (L-G), important chef communiste du Lot et Garonne dont la tête était mise a prix par l’occupant, fut caché et hébergé, d’abord par la famille Couffignal à Lamagistère, puis durant de nombreux mois jusqu’à la libération par Roger Bordeneuve dit  » Pépé  » dans la résistance à Coupet, près de Valence d’Agen.

Durant cette période, le père de Pujos (Noël) qui commandait en Lot et Garonne une compagnie du corps franc Pommies fut arrêté par la gestapo et fusillé le 5 janvier 1944 à Toulouse.

Lajente Guy, de Caudecostes, chef de section d’une compagnie du Corps Franc Pommies en Lot et Garonne est recherché par la gestapo. Il fut camouflé chez les époux Gadach, agriculteurs sur une propriété située dans les bois à Saint-Antoine (Gers). Il devait par la suite adhérer à la 13e Cie A.S.

Durant cette période de transition, les futurs maquisards déjà recrutés ne restaient pas inactifs, s’occupant de fabriquer chez le  » père  » Rison, un ancien imprimeur de Valence d’Agen ayant cessé toute activité professionnelle, des tracts, des journaux, de l’information, de la propagande anti-nazis, de récupérer celle lancée par l’aviation alliée sur le secteur, de distribuer le tout clandestinement, de nuit de préférence, malgré le danger que faisait courir le couvre-feu, afin de prouver à la population de nos villages et de nos campagnes la réalité de l’existence de la résistance, bien décidée à aider les alliés et le Général De Gaulle à remporter la victoire qui nous libérerait de l’occupant et nous rendrait la liberté.

Ils avaient aussi à surveiller et parfois à déjouer les activités des miliciens et francs-gardes du secteur – au total plus de 30 – placés sous les ordres du chef milicien René Bertrand, commençant à Valence, et du responsable local Léon Bassard, distillateur à Lamagistère, spécialiste dans la chasse aux juifs, nombreux camouflés dans le secteur de la 13e Cie et recherchés par la gestapo d’Agen et de Toulouse.

A ce sujet, il est bon de souligner l’importante participation de Robert Carrère, à organiser et utiliser avec  » Volcan  » – une jeune juive, agent de liaison du réseau de résistance  » Eclaireurs Israélites de France « , qu’il cachait chez lui et dont les parents et grands-parents avaient été déportés à Dachau où ils moururent – une filière de dimension nationale, de placement de jeunes enfants juifs, pour la plupart orphelins, en provenance de diverses régions, qu’ils placèrent, aidés par Pierre Demathieu, alias Marcel, dans la résistance, dans les familles amies et sûres, principalement dans le Gers « sauvage », région de Miradoux, Flamarens, Gimbrede, Saint-Clar, Saint-Antoine, Marsan, etc, mais aussi à Bardigues, Mansonville, La Chapelle, en limite du « Tarn-et-Garonne et du Gers.

Auvillar, grâce aux sœurs de son couvent et au docteur Hirch Sigisnond réfugié de la région parisienne avec sa famille, qui devait être arrêté par la gestapo et déporté avec son épouse au camp de Matahauzen où Mme Hirch mourut au four crématoire, devait servir de plaque tournante à ce réseau ayant des ramifications jusqu’à Chirac en Lozère. Il permis de sauver un très grand nombre d’enfants juifs orphelins du sort réservé à leurs parents.

Depuis cette époque, la gamine de 1944 est devenue Mme Andrée Lehmann, scientifique éminente et collaboratrice du professeur Pujol, spécialiste renommé de la lutte contre le cancer, au centre anticancéreux de Villejuif Pour armer l’unité, d’environ 60 volontaires, constituée après plusieurs mois d’un travail clandestin très dangereux, il fallait un terrain de parachutage.

Il fut trouvé à Sistels, au lieu-dit  » Beaumes « , près de la ferme Rigail et du « Bois Grand », à la limite des 3 départements : Tarn-et-Garonne, Lot et Garonne, Gers.

Ce terrain fut homologué par Londres début 1944 sous le nom de  » Yacht  » 32 C, son message personnel étant  » le bracelet est une imitation « .

Le 5 mai 1944 à midi le message tant attendu passe sur les ondes en provenance de Londres. A 19 h même message, l’alerte est transmise aux intéressés, à 20 h 45 du micro venant de Londres, l’impératif retentit en sa phrase laconique deux fois renouvelée le parachutage destiné à la 13e Cie A.S. du Tarn-et-Garonne est définitivement confirmé pour ce soir.

Les différents groupes de 8 hommes mis en alerte à Dunes, Sistels, Lamagistère, Valence, atteignent sans encombre le terrain de parachutage. Le délégué de londres est avec les valenciens. A 23 h tout est en place suivant les consignes reçues et les équipes de sécurité, armées, peuplent les buissons d’alentour. Nous attendons les yeux rivés au ciel.

Soudain, de la pénombre, un grand oiseau vient de surgir, moteur muet, décrivant ses courbes. L’oeil de notre lampe a déjà cligné le point-trait A qui caractérise notre terrain. L’appel est répété et la réponse ne se fait pas attendre, venant de l’aile gauche de l’halifax annoncé.

Un virage sur l’aile, en suivant la direction du vent, l’avion traverse tout en long la prairie à cent mètres d’altitude. Nouveau virage et, cette fois, une trappe s’ouvre sous la carlingue, juste au dessus du feu de paille rapidement allume puis éteint, et nous voyons les premiers parachutes blancs, bleus, rouges poser leurs containers contenant armes, munitions, explosifs. Font également partis du parachutage un poste radio émetteur-récepteur et deux petits postes récepteurs. Au total, 15 containers sont réceptionnés.

Lami Rigail a amené ses boeufs et déjà par équipe de quatre nous récupérons les lourds cylindres qu’un groupe range dans une cabane abandonnée, en plein bois, sous les ronces. Les parachutes sont également récupérés et enfouis en plein bois. Les postes sont pris en charge par Rigail et Merle.

Le ramassage est presque terminé lorsque, tout à coup, un avion inconnu commence sa ronde au dessus de nos têtes. Grand émoi ! Chacun s’accroupit, cherchant un abri sous les buissons bordant le terrain ou dans les bois proches. Et l’avion tourne toujours sans répondre à nos appels répétés. Chacun, instinctivement, retient sa respiration lorsque la trappe s’ouvrit, et cette fois, nous avons bien reconnu un deuxième halifax ( nous ne saurons que plus tard qu’il destinait sa livraison à un groupe du C.F.P., situé non loin dans la vallée embrumée de l’Arrats avec qui nous entretenons d’excellentes relations et à qui nous avons par la suite remis une partie de ce parachutage imprévu). Prenant certainement comme repère nos boeufs, dont le roux paraissait plus rouge sous la lune, le pilote a largué avec une plus grande précision 14 containers contenant des armes, munitions, explosifs et autres équipements; deux petits postes récepteurs figurent au tableau.

Soupirs de soulagement unanimes, puis nous commençons notre travail de ramassage et de transport vers la ferme Rigail ou le tout, parachutes et postes compris, fut entreposé et camouflé sous des tonnes de paille.

Le jour commence à poindre et dernier détail, Trenac et Poujade entassent des colts et des mitraillettes qui se sont dispersés par la gueule ouverte d’un container trop brutalement atterri. L’on se sent déjà plus fort, avec ces armes que chacun manie pieusement. Tout enfin est en place. L’ami Rigail a préparé un bon petit déjeuner gascon arrosé du  » rouge » de nos coteaux qui est le bienvenu.

Et tandis que le soleil a pris la place, au dessus du bois tout proche, des Halifax de la nuit, de petits groupes à bicyclettes reviennent vers leur domicile et leur travail, fourbus mais souriants et heureux du devoir accompli. Maintenant, il faut passer à l’instruction des volontaires déjà enrôlés et leur apprendre le maniement des armes et explosifs parachutés : mitraillettes Sten, fusils anglais, fusils-mitrailleurs, grenades offensives et défensives, révolvers, plastic… afin qu’ils deviennent une unité de « maquisards » efficace, il fallait également les former à la pratique de la guérilla, du combat et du sabotage.

La maison de la famille d’André MERLE qui servi de Q.G. et de point de rassemblement à la 13ème Compagnie A. S. de Tarn-et-Garonne.

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page126pg Photographie prise le matin des réjouissances du cinquantenaire du débarquement du 6 juin 1944, regroupant plus de 100 anciens de la 13e Cie

A la gendarmerie de Valence d’Agen deux jeunes officiers de carrière, les lieutenants d’infanterie Lecler et Decheyer, versés depuis l’armistice de juin 1940, sont entièrement acquis à notre cause.

Contactés par Georges Trenac, ils acceptent avec enthousiasme d’assurer l’instruction de nos recrues et de former l’encadrement.

L’instruction se fait au « Bois Grand » à Sistels où se situe le maquis de la 13e Cie ; André Merle, dont la ferme est à proximité, abrite le Q.G. de la compagnie.

Rapidement, au 15 mai 1944, une trentaine d’hommes peuvent être considérés comme opérationnels et placés par groupe de 8 à 10 sous les ordres du lieutenant Trenac, dit  » Tellier  » pour Lamagistère, du capitaine Ver, alias  » Nito  » pour Valence d’Agen, de l’aspirant Merle, dit  » l’Oiseau  » pour Sistels, de l’adjudant Poujade, pour Dunes.

Les lieutenants instructeurs Lecler et Decheyer poursuivent leur rôle et prennent en charge, avec le concours du gendarme André Tabarly de la brigade de Valence venu les rejoindre, les 20 a 30 volontaires restants.

Au début de juin 1944, la 13e Cie A. S. de Tarn-et-Garonne compte une soixantaine d’hommes armés, bien encadrés, prêts a intervenir a l’appel des alliés, dans des actes de guérilla et de sabotage.

Durant cette période de préparation, les actions clandestines de résistance à l’ennemi, entreprises depuis juillet- août 1943, se sont poursuivies et ont même pris une certaine ampleur avec le soutien moral des populations concernées et l’aide de personnes acquises à la cause que nous défendons. Monsieur Edouard Sazy, secrétaire de mairie à Lamagistère nous fournit de nombreux et précieux renseignements sur les troupes allemandes occupant la ville, des cartes d’alimentation, des bons d’essence et autres carburants etc… etc…

La plaque souvenir apposée au fronton de La maison de la famille MERLE

pour les anciens de la 13ème Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne, reconnaissante.

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page128pgLamagistère hébergeait plus de 40 réfugiés israélites faisant l’objet de nombreuses rafles de la part de la gestapo ( police anti- juifs allemands) et de la milice agenaise du sinistre « Bouboule ». Edouard Sazy nous aida a en sauver un grand nombre.

Mlle Pratviel, chef de division à la préfecture à Montauban, nous fut également d’un grand secours en nous fournissant de nombreuses fausses cartes d’identité destinées à des résistants ou réfractaires recherchés par la gestapo et la milice.

De janvier à fin mai 1944, sans qu’il soit possible d’en fixer les dates exactes suite à l’absence de documents et du recul du temps, plusieurs actes de sabotage furent commis par des commandos de la 13e Cie, sous les ordres d’ André Merle et de Georges Trénac, sur la ligne Bordeaux-Vintimille, entre les gares de Lafox et Valence d’Agen : rails déboulonnés ou sectionnés, disques signaux abattus et détruits, ralentissant ou stoppant provisoirement la circulation des convois militaires allemands.

Ces sabotages furent réalisés de nuit, malgré la garde des voies ferrées par des civils réquisitionnés et placés sous la surveillance de militaires allemands.

D’autres sabotages importants, allant jusqu’au plasticage de pylônes sont commis sur des lignes électriques à haute tension, ainsi que sur des lignes téléphoniques aériennes et souterraines, empêchant leur utilisation souvent pour plusieurs jours. C’est ainsi que le câble téléphonique souterrain Bordeaux-Marseille, réservé au service des autorités allemandes, fut sectionné à plusieurs reprises par le même commando entre « Laspeyre », à la limite du Tarn-et-Garonne et Lot et Garonne, et Pommevic (82).

Le 3 mai 1944, Ver, alias capitaine  » Nito « , responsable de la région de Valence-d’Agen, organise avec plusieurs de ses hommes la désertion d’André Melly, un jeune alsacien incorporé de force dans les Waffen S.S. de la division  » das Reich  » de sinistre mémoire, ayant commis en Tarn-et-Garonne le 23 juin 1944 le criminel triptyque  » Dunes-Saint Sixte-Caudecoste », avec au total 32 innocentes victimes.

André Melly appartenait à la 110e Cie d’Infanterie de la division  » Das Reich  » cantonnée au château de Lastours, entre Auvillar et Valence d’Agen. Comme beaucoup de ses compatriotes, il n’acceptait pas le joug hitlérien et parlant parfaitement le français, il s’en ouvrit à Ver, qui tenait à Valence le studio de photos de sa femme, où il était entré pour se faire photographier.  » Nito », avec beaucoup de précaution et après une longue conversation avec l’intéressé, lui proposa de l’aider à rejoindre le maquis, s’il le désirait. Après avoir longtemps hésité, Melly prit la décision de déserter, avec tous les risques que cela représentait pour lui et sa famille.

Il fut décidé qu’il abandonnerait le château de Lastours le lendemain avant le couvre-feu, après s’être procuré une bicyclette, avec ou sans armes suivant les circonstances. Point de rendez-vous : Bar de la Marne à Valence, qu’il connaissait et dont le patron, Raoul Aiguille, était des nôtres. Ainsi fut fait et dès son arrivée, Melly était pris en charge, dans t’arrière-salle, par René Bertal, dit  » le Commandant  » qui le transformait en un civil muni d’une officielle carte d’état civil, qui en faisait un authentique Français.

Malgré tout, il fallait éloigner Melly de Valence le plus rapidement possible, avant que son absence ne soit découverte à sa compagnie où l’on n’allait pas manquer de le rechercher.

Les instructions données par Ver à Bertal furent mises en pratique sans tarder, puis André et René prirent chacun leur bicyclette pour gagner ensemble, par des chemins détournés, la ferme de la famille dArmand Guerre à St. Cirice en limite du Gers. Première cache chez des amis sûrs pour Melly, avant le maquis.

Armand Guerre, averti, qui hébergeait depuis quelques jours un Valencien, « Robert Gayral « , réfractaire au S.TO., les attendait. Un solide repas, préparé par l’épouse d’Armand, fit rapidement oublier à Bertal les émotions et fatigues du parcours aller. Malgré le couvre-feu, le retour se déroula pour lui sans difficulté, avec la satisfaction d’avoir accompli avec succès la mission que  » Nito  » lui avait confiée.

Cachés sous un petit pont désaffecté, recouvert d’une végétation qui le rendait invisible de l’extérieur, André et Robert passaient leurs journées à écosser petits pois et fèves que leur apportait, en même temps que leur nourriture, Rachel Guerre, l’enfant de la maison.

Le quatrième jour, ce fut pour nos deux amis le départ dans la Talbot à gazogène de Pierre Demathieu pour le Q.G. de la 13e Cie A. S. de Tarn-et-Garonne, implantée chez André Merle à Sistels, qui avait mis sa maison, sa famille et ses biens au service de la Résistance, et dont la ferme avoisinait le  » Bois Grand « , où se situait le  » Maquis  » de la 13e Cie.

Après le débarquement en Normandie et la libération de notre secteur dans les rangs de la 13e Cie de l’A.S. de Tarn-et-Garonne, André Melly, alias  » Popof » au maquis, s’engage dans la première armée française. A Montauban, il participe à la formation de la Brigade Alsace Lorraine, commandée par les colonels A. Malraux et Jacot. Il aura la joie et l’honneur d’être le premier soldat français à entrer dans son village alsacien de Russ, délivré. « Rhin et Danube », le conduisit d’épopée en épopée jusqu’à la victoire finale.

Il s’engage pour poursuivre la lutte contre le Japon puis pour la campagne d’Indochine, où il gagna ses galons de sergent. En 1948, l’aventure terminée, rapatrié et démobilisé, il retrouve à Montauban l’ami Antonin Ver qui l’aide à obtenir, par l’intermédiaire de Jean Baylet, une place de garde-forestier dans les Vosges. Depuis, marié, cinq enfants, André Melly a repris une vie tranquille et jouit actuellement d’une retraite bien méritée dans les environs de Toulon.

Dès le 1er juin 1944, les unités de l’Armée Secrète du Lot et Garonne et du Tarn-et-Garonne sont mises en état d’alerte, dans l’attente du jour  » J  » qui ne saurait tarder.

Louis Rouzaud, dit  » Sans Fil « , le radio du maquis, reste sans relâche à l’écoute dans l’espoir d’entendre le message de la B.B.C., avertissant la Résistance du prochain débarquement.

Il ne fut pas déçu et, le jeudi 1er juin 1944 à midi enregistra venant de Londres la première partie du message Verlaine:  » Les sanglots longs des violons de l’automne « . Les alliés avertissaient à l’avance leurs alliés clandestins en France du prochain débarquement.

Le commandant de la 13e Cie en fut immédiatement informé, et Rouzaud repris son écoute.

II a fallu attendre le lundi 5 juin 1944 à 21 h 15 pour entendre la B.B.C. émettre, à deux reprises, la seconde partie du message Verlaine, tant attendu :  » Blessent mon cour d’une langueur monotone « . A partir de ce moment en France, les responsables de la Résistance et des Maquis surent que le débarquement était imminent. Georges Trenac, dit  » Tellier  » de son nom de guerre, commandait la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne. Il réunit au Q.G., chez Merle, ses proches collaborateurs : Carrère, Ver, Merle, Demathieu, Bourreil, Poujade, Lecler, Decheyer, afin de décider de la marche à suivre, dans l’immédiat. A l’unanimité, il fut décidé d’attendre que le débarquement annoncé soit effectif avant d’entreprendre des actions qui mettraient en danger les populations civiles de la région. Il fallait tenir compte de la présence à Lamagistère d’une unité d’infanterie de la Wermach d’environ 450-500 soldats, à Valence et au château de Lastours de trois compagnies de S.S. de la division  » Das Reich  » totalisant 800 soldats, fanatisés et fortement armés.

Le mardi 6 juin 1944, l’opération  » OVERLORD  » était confirmée officiellement par la B.B.C. Le débarquement tant attendu était une réalité. Ce fut un soulèvement général que Daniel Poujade de Dunes dirigea sur la ferme de Merle à Sistels. Les gens poussés par un ardent patriotisme affluaient de partout. Nous étions débordés. En cette circonstance, la famille Merle fut admirable de courage, de dévouement et d’abnégation.

C’est chez elle que nous voyons arriver le 10 juin 1944 les gendarmes de la brigade de Valence d’Agen ( Lecler- Decheyer- Tabarly), qui avaient été les instructeurs de la 13e Cie, accompagnés de Fouache, Accoce, Duffau, qui, après avoir traversé la Garonne en bateau à Labaquère, grâce à l’un des nôtres, Jean Caussat, pêcheur d’aloses, venaient rejoindre la 13e Cie A.S., avec armes et bagages. Ils furent dirigés vers le lieu du maquis au « Bois Grand », où ils furent accueillis avec la joie que l’on devine.

Le 13 juin 1944, une véritable bataille se déroule à Astaffort (47) entre des unités du Corps Franc Pommies et des troupes ennemies composées de miliciens et d’Allemands.

A 14 heures, une embuscade est tendue à un important convoi d’environ 30 miliciens à la sortie d’Astaffort, qui devant l’attaque se replient à la ferme du « Château-Martin ».

Craignant le pire, le chef des miliciens envoie un des siens avertir la garnison allemande d’Agen.

Vers 16 heures, la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne, vivant au Maquis au  » Bois Grand  » à une vingtaine de kilomètres de là est alertée. Immédiatement, un groupe d’une vingtaine d’hommes, sous les ordres du lieutenant Lecler, dit  » la Santé  » partent en bus réquisitionné épauler leurs camarades du C.FR

Dès son arrivée, le lieutenant Lecler, en soldat de métier, a vite jugé la situation. Les miliciens, totalement encerclés, ayant subi de lourdes pertes, sont sur le point de se rendre.

Après avoir pris contact avec le lieutenant d’activé Jean Biswang, « capitaine Béranger  » au maquis, qui commande un groupe du C.FR, le lieutenant Lecler estime que le C.FR n’a pas besoin de son aide pour obtenir la reddition rapide des miliciens. Après les salutations cordiales entre maquisards, Lecler et son groupe se retirent et rejoignent le  » Bois Grand « .

Nous tenons la suite des événements des survivants de la bataille qui suivit avec les Allemands.

Vers 18 heures, une centaine de soldats allemands, venant d’Agen, arrivent en renfort des miliciens. Une bataille acharnée s’en suit entre les Allemands et les soldats du C.FR qui subissent de nombreuses pertes. Après avoir longtemps opposé une résistance héroïque à l’ennemi, ils parvinrent par la suite â se replier vers leur cantonnement, au  » Petit- Bois  » à Cuq et à la  » cabane de Frigoul « , situé au sud de Caudecoste.

Les Allemands et les miliciens eurent de nombreux morts et blessés, sans que l’on puisse les chiffrer.

Du côté du C.FR, 12 tués, dont le lieutenant d’activé Jean Biswang, et 6 blessés sont à déplorer. Ils seront soignés le 13 juin au soir par le docteur Kleyman de Lamagistère, à l’école de Caudecoste transformée en infirmerie. En cette circonstance, l’institutrice de Caudecoste, Denise Baratz appartenant à la 13e Cie A. S. du Tàrn-et-Garonne, se transforma en une infirmière au courage admirable.

Craignant que l’ennemi ne déclenche de vastes opérations de contre-guérillas dans tout le secteur d’Astaffort, les sections MAUQUIE et GIMET vont provisoirement se disperser ; les armes vont être camouflées à nouveau en attendant des jours meilleurs. Les hommes non compromis vont retourner à leur domicile. Les autres vont se réfugier dans des fermes amies. Quelques- uns vont rallier des maquis de l’Armée Secrète, dont celui de la 13e Cie, au maquis de Sistels, au  » Bois Grand « .

Peut-être en relation avec les combats d’Astaffort, des avions allemands sont venus mitrailler la ville de Lectoure, le 15 juin, où l’hôpital de la ville a été principalement pris pour cible.

La tragédie de Dunes du 23 juin 1944 fut un crève-cœur pour la 13e Cie qui, située au  » Bois Grand  » à Sistels à quelques kilomètres de là, ne put intervenir, de peur de provoquer la destruction du village par les 200 SS allemands de la division  » das Reich « , encore cantonnés à Valence d’Agen , très supérieurs en nombre, équipés d’armes lourdes et d’artillerie, en tournée punitive dans la région.

Signalons que le capitaine Hermann, commandant la compagnie S.S. n° 29955, au repos à Valence d’Agen , a dirigé le même jour avec le lieutenant Eric Dwuzet les tueries de Dunes , de St Sixte, et de Caudecoste.

Nous ne rentrons pas dans le détail des faits, qui virent 200 bêtes humaines ivres de tuer, fusiller, pendre, torturer, sans raison 30 innocentes victimes et 5 blessés.

Caudecoste : 1 tué et 1 pendu.

Saint Sixte : 14 tués et 3 blessés, dont un enfant de 9 ans, un de 14 ans, un de 10 ans, un de 2 mois, un de 3 ans, une vieille femme de 75 ans.

Ce n’était que de simples forains, se rendant à la foire d’Agen, qui pour leur malheur, s’étaient arrêtés pour passer la nuit dans leurs roulottes à l’entrée du village.

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Il contacta Georges Trenac, instituteur à Lamagistère avec son épouse, et avec son assentiment le chargea d’organiser la résistance dans le secteur ouest du département, comprenant la région de Valence d’Agen, Golfech, Lamagistère, Dunes, Donzac, Sistels, etc…, ou rien encore n’existait à cette date là. C’est ainsi que le lieutenant Georges Trenac fut chargé de créer sous le pseudonyme de » Tellier » la 13e Cie de l’A.S. du Tarn-et-Garonne, appelée par la suite à opérer dans le secteur ouest. Il fut bien aidé dans sa tâche d’organisation par un petit noyau de purs résistants qu’étaient Carrère Robert, Louis René, Irrague Jean, Couffignal André, Labouyrie (chef de gare), Blaquières Emile…, tous de Lamagistère. Ce petit groupe devait s’agrandir rapidement par l’adhésion d’Antonin Ver, responsable de la section de Valence d’Agen, et de pierre Demathieu, son adjoint, d’André Bourreil, chargé du groupe de Golfech, de Daniel Poujade, chargé de recruter à Donzac et Dunes, d’André Merle, ayant la responsabilité de l’organisation du secteur de Sistels, appelé à devenir, à son domicile, le Q.G. de la 13e Cie et à recevoir au » Bois Grand » le moment venu les futurs maquisards. Pendant plusieurs mois, la 13e Cie vécut clandestinement, ignorée du grand public, mais active, se dotant d’une structure parfaitement organisée en vue de constituer une unité militaire apte à prendre le combat de guérilla prévu, après avoir été armée par les parachutages, promis. Trois figures emblématiques de la 13ème Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn-et-Garonne Maquis de Sistels, sans qui la résistance n’aurait pas existé dans la région de Valence d’Agen Golfech – Lamaglstère – Donzac – Dunes Sistels. Georges Trenac, instituteur à Lamagistère, alias « Trellier », puis « Rhodes » André Merle, alias « l’Oiseau » Ver Antonin, alias » Capitaine Nito » né a Lafrançaise le 11 juillet 1904 débuta sa carrière d’instituteur a Cuq (Lot et Garonne) pour la poursuivre a St Loup (Tarn-et-Garonne), tout en gérant a Valence d’Agen le studio photo de son épouse décédée. Entré dans la résistance, à la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne, en août 1943, sous le pseudonyme de » Capitaine Nito « , il se vit confier par le commandant Trenac la responsabilité de la résistance à Valence d’Agen. Antonin Ver est décédé a l’âge de 93 ans, le 3 janvier 1997. Ses membres avaient à s’occuper de placer dans des fermes de la région des réfrac-taires au S.T.O. et de cacher des résistants de l’extérieur recherchés avec acharnement par la milice d’Agen et son sinistre chef Delpuch dit » Bouboule « , gnome atroce paré de quelques oripeaux militaires du Reich, ne quittant jamais sa mitraillette, ainsi que par la gestapo d’Agen dont le chef était le scharfùhrer Zornn, ayant pour adjoint Hanak » le balafré « , ignoble tortionnaire qui a fait trembler la Gascogne et dont la tête valait pour l’allemand la vie de cinquante otages. Il agissait surtout par haine de la France, « les français me dégoûtent « , disait-il, « je prends plaisir à faire souffrir cette sale race ! « . C’est ainsi que Henri Pujos de Fals (L-G), important chef communiste du Lot et Garonne dont la tête était mise a prix par l’occupant, fut caché et hébergé, d’abord par la famille Couffignal à Lamagistère, puis durant de nombreux mois jusqu’à la libération par Roger Bordeneuve dit » Pépé » dans la résistance à Coupet, près de Valence d’Agen. Durant cette période, le père de Pujos (Noël) qui commandait en Lot et Garonne une compagnie du corps franc Pommies fut arrêté par la gestapo et fusillé le 5 janvier 1944 à Toulouse. Lajente Guy, de Caudecostes, chef de section d’une compagnie du Corps Franc Pommies en Lot et Garonne est recherché par la gestapo. Il fut camouflé chez les époux Gadach, agriculteurs sur une propriété située dans les bois à Saint-Antoine (Gers). Il devait par la suite adhérer à la 13e Cie A.S. Durant cette période de transition, les futurs maquisards déjà recrutés ne restaient pas inactifs, s’occupant de fabriquer chez le » père » Rison, un ancien imprimeur de Valence d’Agen ayant cessé toute activité professionnelle, des tracts, des journaux, de l’information, de la propagande anti-nazis, de récupérer celle lancée par l’aviation alliée sur le secteur, de distribuer le tout clandestinement, de nuit de préférence, malgré le danger que faisait courir le couvre-feu, afin de prouver à la population de nos villages et de nos campagnes la réalité de l’existence de la résistance, bien décidée à aider les alliés et le Général De Gaulle à remporter la victoire qui nous libérerait de l’occupant et nous rendrait la liberté. Ils avaient aussi à surveiller et parfois à déjouer les activités des miliciens et francs-gardes du secteur – au total plus de 30 – placés sous les ordres du chef milicien René Bertrand, commençant à Valence, et du responsable local Léon Bassard, distillateur à Lamagistère, spécialiste dans la chasse aux juifs, nombreux camouflés dans le secteur de la 13e Cie et recherchés par la gestapo d’Agen et de Toulouse. A ce sujet, il est bon de souligner l’importante participation de Robert Carrère, à organiser et utiliser avec » Volcan » – une jeune juive, agent de liaison du réseau de résistance » Eclaireurs Israélites de France « , qu’il cachait chez lui et dont les parents et grands-parents avaient été déportés à Dachau où ils moururent – une filière de dimension nationale, de placement de jeunes enfants juifs, pour la plupart orphelins, en provenance de diverses régions, qu’ils placèrent, aidés par Pierre Demathieu, alias Marcel, dans la résistance, dans les familles amies et sûres, principalement dans le Gers « sauvage », région de Miradoux, Flamarens, Gimbrede, Saint-Clar, Saint-Antoine, Marsan, etc, mais aussi à Bardigues, Mansonville, La Chapelle, en limite du « Tarn-et-Garonne et du Gers. Auvillar, grâce aux soeurs de son couvent et au docteur Hirch Sigisnond réfugié de la région parisienne avec sa famille, qui devait être arrêté par la gestapo et déporté avec son épouse au camp de Matahauzen où Mme Hirch mourut au four crématoire, devait servir de plaque tournante à ce réseau ayant des ramifications jusqu’à Chirac en Lozère. Il permis de sauver un très grand nombre d’enfants juifs orphelins du sort réservé à leurs parents. Depuis cette époque, la gamine de 1944 est devenue Mme Andrée Lehmann, scientifique éminente et collaboratrice du professeur Pujol, spécialiste renommé de la lutte contre le cancer, au centre anticancéreux de Villejuif Pour armer l’unité, d’environ 60 volontaires, constituée après plusieurs mois d’un travail clandestin très dangereux, il fallait un terrain de parachutage. Il fut trouvé à Sistels, au lieu-dit » Beaumes « , près de la ferme Rigail et du « Bois Grand », à la limite des 3 départements : Tarn-et-Garonne, Lot et Garonne, Gers. Ce terrain fut homologué par Londres début 1944 sous le nom de » Yacht » 32 C, son message personnel étant » le bracelet est une imitation « . Le 5 mai 1944 à midi le message tant attendu passe sur les ondes en provenance de Londres. A 19 h même message, l’alerte est transmise aux intéressés, à 20 h 45 du micro venant de Londres, l’impératif retentit en sa phrase laconique deux fois renouvelée le parachutage destiné à la 13e Cie A.S. du Tarn-et-Garonne est définitivement confirmé pour ce soir. Les différents groupes de 8 hommes mis en alerte à Dunes, Sistels, Lamagistère, Valence, atteignent sans encombre le terrain de parachutage. Le délégué de londres est avec les valenciens. A 23 h tout est en place suivant les consignes reçues et les équipes de sécurité, armées, peuplent les buissons d’alentour. Nous attendons les yeux rivés au ciel. Soudain, de la pénombre, un grand oiseau vient de surgir, moteur muet, décrivant ses courbes. L’oeil de notre lampe a déjà cligné le point-trait A qui caractérise notre terrain. L’appel est répété et la réponse ne se fait pas attendre, venant de l’aile gauche de l’halifax annoncé. Un virage sur l’aile, en suivant la direction du vent, l’avion traverse tout en long la prairie à cent mètres d’altitude. Nouveau virage et, cette fois, une trappe s’ouvre sous la carlingue, juste au dessus du feu de paille rapidement allume puis éteint, et nous voyons les premiers parachutes blancs, bleus, rouges poser leurs containers contenant armes, munitions, explosifs. Font également partis du parachutage un poste radio émetteur-récepteur et deux petits postes récepteurs. Au total, 15 containers sont réceptionnés. Lami Rigail a amené ses boeufs et déjà par équipe de quatre nous récupérons les lourds cylindres qu’un groupe range dans une cabane abandonnée, en plein bois, sous les ronces. Les parachutes sont également récupérés et enfouis en plein bois. Les postes sont pris en charge par Rigail et Merle. Le ramassage est presque terminé lorsque, tout à coup, un avion inconnu commence sa ronde au dessus de nos têtes. Grand émoi ! Chacun s’accroupit, cherchant un abri sous les buissons bordant le terrain ou dans les bois proches. Et l’avion tourne toujours sans répondre à nos appels répétés. Chacun, instinctivement, retient sa respiration lorsque la trappe s’ouvrit, et cette fois, nous avons bien reconnu un deuxième halifax ( nous ne saurons que plus tard qu’il destinait sa livraison à un groupe du C.F.P., situé non loin dans la vallée embrumée de l’Arrats avec qui nous entretenons d’excellentes relations et à qui nous avons par la suite remis une partie de ce parachutage imprévu). Prenant certainement comme repère nos boeufs, dont le roux paraissait plus rouge sous la lune, le pilote a largué avec une plus grande précision 14 containers contenant des armes, munitions, explosifs et autres équipements; deux petits postes récepteurs figurent au tableau. Soupirs de soulagement unanimes, puis nous commençons notre travail de ramassage et de transport vers la ferme Rigail ou le tout, parachutes et postes compris, fut entreposé et camouflé sous des tonnes de paille. Le jour commence à poindre et dernier détail, Trenac et Poujade entassent des colts et des mitraillettes qui se sont dispersés par la gueule ouverte d’un container trop brutalement atterri. L’on se sent déjà plus fort, avec ces armes que chacun manie pieusement. Tout enfin est en place. L’ami Rigail a préparé un bon petit déjeuner gascon arrosé du » rouge » de nos coteaux qui est le bienvenu. Et tandis que le soleil a pris la place, au dessus du bois tout proche, des Halifax de la nuit, de petits groupes à bicyclettes reviennent vers leur domicile et leur travail, fourbus mais souriants et heureux du devoir accompli. Maintenant, il faut passer à l’instruction des volontaires déjà enrôlés et leur apprendre le maniement des armes et explosifs parachutés : mitraillettes Sten, fusils anglais, fusils-mitrailleurs, grenades offensives et défensives, révolvers, plastic… afin qu’ils deviennent une unité de « maquisards » efficace, il fallait également les former à la pratique de la guérilla, du combat et du sabotage. La maison de la famille d’André MERLE qui servi de Q.G. et de point de rassemblement à la 13ème Compagnie A. S. de Tarn-et-Garonne. Photographie prise le matin des réjouissances du cinquantenaire du débarquement du 6 juin 1944, regroupant plus de 100 anciens de la 13e Cie A la gendarmerie de Valence d’Agen deux jeunes officiers de carrière, les lieutenants d’infanterie Lecler et Decheyer, versés depuis l’armistice de juin 1940, sont entièrement acquis à notre cause. Contactés par Georges Trenac, ils acceptent avec enthousiasme d’assurer l’instruction de nos recrues et de former l’encadrement. L’instruction se fait au « Bois Grand » à Sistels où se situe le maquis de la 13e Cie ; André Merle, dont la ferme est à proximité, abrite le Q.G. de la compagnie. Rapidement, au 15 mai 1944, une trentaine d’hommes peuvent être considérés comme opérationnels et placés par groupe de 8 à 10 sous les ordres du lieutenant Trenac, dit » Tellier » pour Lamagistère, du capitaine Ver, alias » Nito » pour Valence d’Agen, de l’aspirant Merle, dit » l’Oiseau » pour Sistels, de l’adjudant Poujade, pour Dunes. Les lieutenants instructeurs Lecler et Decheyer poursuivent leur rôle et prennent en charge, avec le concours du gendarme André Tabarly de la brigade de Valence venu les rejoindre, les 20 a 30 volontaires restants. Au début de juin 1944, la 13e Cie A. S. de Tarn-et-Garonne compte une soixantaine d’hommes armés, bien encadrés, prêts a intervenir a l’appel des alliés, dans des actes de guérilla et de sabotage. Durant cette période de préparation, les actions clandestines de résistance à l’ennemi, entreprises depuis juillet- août 1943, se sont poursuivies et ont même pris une certaine ampleur avec le soutien moral des populations concernées et l’aide de personnes acquises à la cause que nous défendons. Monsieur Edouard Sazy, secrétaire de mairie à Lamagistère nous fournit de nombreux et précieux renseignements sur les troupes allemandes occupant la ville, des cartes d’alimentation, des bons d’essence et autres carburants etc… etc… La plaque souvenir apposée au fronton de La maison de la famille MERLE pour les anciens de la 13ème Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne, reconnaissante. Lamagistère hébergeait plus de 40 réfugiés israélites faisant l’objet de nombreuses rafles de la part de la gestapo ( police anti- juifs allemands) et de la milice agenaise du sinistre « Bouboule ». Edouard Sazy nous aida a en sauver un grand nombre. Mlle Pratviel, chef de division à la préfecture à Montauban, nous fut également d’un grand secours en nous fournissant de nombreuses fausses cartes d’identité destinées à des résistants ou réfractaires recherchés par la gestapo et la milice. De janvier à fin mai 1944, sans qu’il soit possible d’en fixer les dates exactes suite à l’absence de documents et du recul du temps, plusieurs actes de sabotage furent commis par des commandos de la 13e Cie, sous les ordres d’ André Merle et de Georges Trénac, sur la ligne Bordeaux-Vintimille, entre les gares de Lafox et Valence d’Agen : rails déboulonnés ou sectionnés, disques signaux abattus et détruits, ralentissant ou stoppant provisoirement la circulation des convois militaires allemands. Ces sabotages furent réalisés de nuit, malgré la garde des voies ferrées par des civils réquisitionnés et placés sous la surveillance de militaires allemands. D’autres sabotages importants, allant jusqu’au plasticage de pylônes sont commis sur des lignes électriques à haute tension, ainsi que sur des lignes téléphoniques aériennes et souterraines, empêchant leur utilisation souvent pour plusieurs jours. C’est ainsi que le câble téléphonique souterrain Bordeaux-Marseille, réservé au service des autorités allemandes, fut sectionné à plusieurs reprises par le même commando entre « Laspeyre », à la limite du Tarn-et-Garonne et Lot et Garonne, et Pommevic (82). Le 3 mai 1944, Ver, alias capitaine » Nito « , responsable de la région de Valence-d’Agen, organise avec plusieurs de ses hommes la désertion d’André Melly, un jeune alsacien incorporé de force dans les Waffen S.S. de la division » das Reich » de sinistre mémoire, ayant commis en Tarn-et-Garonne le 23 juin 1944 le criminel triptyque » Dunes-Saint Sixte-Caudecoste », avec au total 32 innocentes victimes. André Melly appartenait à la 110e Cie d’Infanterie de la division » Das Reich » cantonnée au château de Lastours, entre Auvillar et Valence d’Agen. Comme beaucoup de ses compatriotes, il n’acceptait pas le joug hitlérien et parlant parfaitement le français, il s’en ouvrit à Ver, qui tenait à Valence le studio de photos de sa femme, où il était entré pour se faire photographier. » Nito », avec beaucoup de précaution et après une longue conversation avec l’intéressé, lui proposa de l’aider à rejoindre le maquis, s’il le désirait. Après avoir longtemps hésité, Melly prit la décision de déserter, avec tous les risques que cela représentait pour lui et sa famille. Il fut décidé qu’il abandonnerait le château de Lastours le lendemain avant le couvre-feu, après s’être procuré une bicyclette, avec ou sans armes suivant les circonstances. Point de rendez-vous : Bar de la Marne à Valence, qu’il connaissait et dont le patron, Raoul Aiguille, était des nôtres. Ainsi fut fait et dès son arrivée, Melly était pris en charge, dans t’arrière-salle, par René Bertal, dit » le Commandant » qui le transformait en un civil muni d’une officielle carte d’état civil, qui en faisait un authentique Français. Malgré tout, il fallait éloigner Melly de Valence le plus rapidement possible, avant que son absence ne soit découverte à sa compagnie où l’on n’allait pas manquer de le rechercher. Les instructions données par Ver à Bertal furent mises en pratique sans tarder, puis André et René prirent chacun leur bicyclette pour gagner ensemble, par des chemins détournés, la ferme de la famille dArmand Guerre à St. Cirice en limite du Gers. Première cache chez des amis sûrs pour Melly, avant le maquis. Armand Guerre, averti, qui hébergeait depuis quelques jours un Valencien, « Robert Gayral « , réfractaire au S.TO., les attendait. Un solide repas, préparé par l’épouse d’Armand, fit rapidement oublier à Bertal les émotions et fatigues du parcours aller. Malgré le couvre-feu, le retour se déroula pour lui sans difficulté, avec la satisfaction d’avoir accompli avec succès la mission que  » Nito  » lui avait confiée. Cachés sous un petit pont désaffecté, recouvert d’une végétation qui le rendait invisible de l’extérieur, André et Robert passaient leurs journées à écosser petits pois et fèves que leur apportait, en même temps que leur nourriture, Rachel Guerre, l’enfant de la maison. Le quatrième jour, ce fut pour nos deux amis le départ dans la Talbot à gazogène de Pierre Demathieu pour le Q.G. de la 13e Cie A. S. de Tarn-et-Garonne, implantée chez André Merle à Sistels, qui avait mis sa maison, sa famille et ses biens au service de la Résistance, et dont la ferme avoisinait le  » Bois Grand « , où se situait le  » Maquis  » de la 13e Cie. Après le débarquement en Normandie et la libération de notre secteur dans les rangs de la 13e Cie de l’A.S. de Tarn-et-Garonne, André Melly, alias  » Popof » au maquis, s’engage dans la première armée française. A Montauban, il participe à la formation de la Brigade Alsace Lorraine, commandée par les colonels A. Malraux et Jacot. Il aura la joie et l’honneur d’être le premier soldat français à entrer dans son village alsacien de Russ, délivré. « Rhin et Danube », le conduisit d’épopée en épopée jusqu’à la victoire finale. Il s’engage pour poursuivre la lutte contre le Japon puis pour la campagne d’Indochine, où il gagna ses galons de sergent. En 1948, l’aventure terminée, rapatrié et démobilisé, il retrouve à Montauban l’ami Antonin Ver qui l’aide à obtenir, par l’intermédiaire de Jean Baylet, une place de garde-forestier dans les Vosges. Depuis, marié, cinq enfants, André Melly a repris une vie tranquille et jouit actuellement d’une retraite bien méritée dans les environs de Toulon. Dès le 1er juin 1944, les unités de l’Armée Secrète du Lot et Garonne et du Tarn-et-Garonne sont mises en état d’alerte, dans l’attente du jour  » J  » qui ne saurait tarder. Louis Rouzaud, dit  » Sans Fil « , le radio du maquis, reste sans relâche à l’écoute dans l’espoir d’entendre le message de la B.B.C., avertissant la Résistance du prochain débarquement. Il ne fut pas déçu et, le jeudi 1er juin 1944 à midi enregistra venant de Londres la première partie du message Verlaine:  » Les sanglots longs des violons de l’automne « . Les alliés avertissaient à l’avance leurs alliés clandestins en France du prochain débarquement. Le commandant de la 13e Cie en fut immédiatement informé, et Rouzaud repris son écoute. II a fallu attendre le lundi 5 juin 1944 à 21 h 15 pour entendre la B.B.C. émettre, à deux reprises, la seconde partie du message Verlaine, tant attendu :  » Blessent mon cour d’une langueur monotone « . A partir de ce moment en France, les responsables de la Résistance et des Maquis surent que le débarquement était imminent. Georges Trenac, dit  » Tellier  » de son nom de guerre, commandait la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne. Il réunit au Q.G., chez Merle, ses proches collaborateurs : Carrère, Ver, Merle, Demathieu, Bourreil, Poujade, Lecler, Decheyer, afin de décider de la marche à suivre, dans l’immédiat. A l’unanimité, il fut décidé d’attendre que le débarquement annoncé soit effectif avant d’entreprendre des actions qui mettraient en danger les populations civiles de la région. Il fallait tenir compte de la présence à Lamagistère d’une unité d’infanterie de la Wermach d’environ 450-500 soldats, à Valence et au château de Lastours de trois compagnies de S.S. de la division  » Das Reich  » totalisant 800 soldats, fanatisés et fortement armés. Le mardi 6 juin 1944, l’opération  » OVERLORD  » était confirmée officiellement par la B.B.C. Le débarquement tant attendu était une réalité. Ce fut un soulèvement général que Daniel Poujade de Dunes dirigea sur la ferme de Merle à Sistels. Les gens poussés par un ardent patriotisme affluaient de partout. Nous étions débordés. En cette circonstance, la famille Merle fut admirable de courage, de dévouement et d’abnégation. C’est chez elle que nous voyons arriver le 10 juin 1944 les gendarmes de la brigade de Valence d’Agen ( Lecler- Decheyer- Tabarly), qui avaient été les instructeurs de la 13e Cie, accompagnés de Fouache, Accoce, Duffau, qui, après avoir traversé la Garonne en bateau à Labaquère, grâce à l’un des nôtres, Jean Caussat, pêcheur d’aloses, venaient rejoindre la 13e Cie A.S., avec armes et bagages. Ils furent dirigés vers le lieu du maquis au « Bois Grand », où ils furent accueillis avec la joie que l’on devine. Le 13 juin 1944, une véritable bataille se déroule à Astaffort (47) entre des unités du Corps Franc Pommies et des troupes ennemies composées de miliciens et d’Allemands. A 14 heures, une embuscade est tendue à un important convoi d’environ 30 miliciens à la sortie d’Astaffort, qui devant l’attaque se replient à la ferme du « Château-Martin ». Craignant le pire, le chef des miliciens envoie un des siens avertir la garnison allemande d’Agen. Vers 16 heures, la 13e Cie A.S. de Tarn-et-Garonne, vivant au Maquis au  » Bois Grand  » à une vingtaine de kilomètres de là est alertée. Immédiatement, un groupe d’une vingtaine d’hommes, sous les ordres du lieutenant Lecler, dit  » la Santé  » partent en bus réquisitionné épauler leurs camarades du C.FR Dès son arrivée, le lieutenant Lecler, en soldat de métier, a vite jugé la situation. Les miliciens, totalement encerclés, ayant subi de lourdes pertes, sont sur le point de se rendre. Après avoir pris contact avec le lieutenant d’activé Jean Biswang, « capitaine Béranger  » au maquis, qui commande un groupe du C.FR, le lieutenant Lecler estime que le C.FR n’a pas besoin de son aide pour obtenir la reddition rapide des miliciens. Après les salutations cordiales entre maquisards, Lecler et son groupe se retirent et rejoignent le  » Bois Grand « . Nous tenons la suite des événements des survivants de la bataille qui suivit avec les Allemands. Vers 18 heures, une centaine de soldats allemands, venant d’Agen, arrivent en renfort des miliciens. Une bataille acharnée s’en suit entre les Allemands et les soldats du C.FR qui subissent de nombreuses pertes. Après avoir longtemps opposé une résistance héroïque à l’ennemi, ils parvinrent par la suite â se replier vers leur cantonnement, au  » Petit- Bois  » à Cuq et à la  » cabane de Frigoul « , situé au sud de Caudecoste. Les Allemands et les miliciens eurent de nombreux morts et blessés, sans que l’on puisse les chiffrer. Du côté du C.FR, 12 tués, dont le lieutenant d’activé Jean Biswang, et 6 blessés sont à déplorer. Ils seront soignés le 13 juin au soir par le docteur Kleyman de Lamagistère, à l’école de Caudecoste transformée en infirmerie. En cette circonstance, l’institutrice de Caudecoste, Denise Baratz appartenant à la 13e Cie A. S. du Tàrn-et-Garonne, se transforma en une infirmière au courage admirable. Craignant que l’ennemi ne déclenche de vastes opérations de contre-guérillas dans tout le secteur d’Astaffort, les sections MAUQUIE et GIMET vont provisoirement se disperser ; les armes vont être camouflées à nouveau en attendant des jours meilleurs. Les hommes non compromis vont retourner à leur domicile. Les autres vont se réfugier dans des fermes amies. Quelques- uns vont rallier des maquis de l’Armée Secrète, dont celui de la 13e Cie, au maquis de Sistels, au  » Bois Grand « . Peut-être en relation avec les combats d’Astaffort, des avions allemands sont venus mitrailler la ville de Lectoure, le 15 juin, où l’hôpital de la ville a été principalement pris pour cible. La tragédie de Dunes du 23 juin 1944 fut un crève-cœur pour la 13e Cie qui, située au  » Bois Grand  » à Sistels à quelques kilomètres de là, ne put intervenir, de peur de provoquer la destruction du village par les 200 SS allemands de la division  » das Reich « , encore cantonnés à Valence d’Agen , très supérieurs en nombre, équipés d’armes lourdes et d’artillerie, en tournée punitive dans la région. Signalons que le capitaine Hermann, commandant la compagnie S.S. n° 29955, au repos à Valence d’Agen , a dirigé le même jour avec le lieutenant Eric Dwuzet les tueries de Dunes , de St Sixte, et de Caudecoste. Nous ne rentrons pas dans le détail des faits, qui virent 200 bêtes humaines ivres de tuer, fusiller, pendre, torturer, sans raison 30 innocentes victimes et 5 blessés. Caudecoste : 1 tué et 1 pendu. Saint Sixte : 14 tués et 3 blessés, dont un enfant de 9 ans, un de 14 ans, un de 10 ans, un de 2 mois, un de 3 ans, une vieille femme de 75 ans. Ce n’était que de simples forains, se rendant à la foire d’Agen, qui pour leur malheur, s’étaient arrêtés pour passer la nuit dans leurs roulottes à l’entrée du village.

13ème Compagnie, cantons de Valence d’Agen et Auvillar (première partie)
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