Pages 7-27 du Livre « La mémoire : Heurs et Malheurs »

Tome3-Memoire-heurs-et-malheursPage7Le 23 août 1939 l’Allemagne et l’URSS signe un pacte de non agression.

Le Royaume Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre.

Le 6 octobre Joseph Staline et Adolphe Hitler se partagent la Pologne.

Un décret est pris le 26 septembre portant dissolution du PCF et la suspension des maires et conseillers communistes de leurs fonctions. Le gouvernement ordonne également l’ouverture d’une information pour intelligence avec l’ennemi pour les parlementaires communistes.

Entre le 5 et le 10 octobre, 33 parlementaires communistes sont arrêtés et le journal « L Humanité » saisi.

Le 9 janvier 1940 la Finlande est attaquée par les soviétiques.

L armée finlandaise ne résiste pas à l’offensive massive de l’Armée Rouge.

Le 12 mars 1940 la Finlande se résout à demander la paix

Le 20 mars s’ouvre le procès de 44 parlementaires communistes; le 4 avril ils seront condamnés pour avoir constitué un nouveau parti : le GOPE préconisé une paix sous les auspices de l’Union Soviétique et propagé les mots d’ordre de la troisième internationale, à des peines allant de 2 à 5 ans de prison et une lourde amende, à la privation des droits civiques, civils et de la famille. Neuf députés en fuite dont Maurice Thorez sont condamnés aux mêmes peines par défaut. Les 44 seront internés dans un camp en Algérie.

Le 7 avril 1940 la Norvège est attaquée par les Allemands et le 15, les forces alliées débarquent près de Narwik dans le nord de la Norvège.

La Belgique est envahie le 10 mai par les troupes du Reich allemand. Elle capitule le 28. Le 15 mai les Allemands pénètrent en France par Sedan.

Dunkerque est évacué le 15 juin, la Norvège le 6 et le 10 juin le gouvernement français quitte Paris pour Bordeaux. Paris est occupé le 14, Philippe Pétain est nommé chef du gouvernement le 16 en remplacement de Paul Reynaud. Le nouveau gouvernement repousse la proposition britannique de fusion des deux pays. Pétain qui vient d’être nommé chef du gouvernement s’adresse le 17 juin aux Français en ces termes : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ».

Le 18 le général De Gaulle lance son fameux appel. « Quoi qu’il arrive la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s ‘éteindra pas ».

Larmistice est signé le 22 à Rethondes. Il entre en vigueur le 25 après la signature de l’armistice franco-italien. Lun et l’autre sont signés pendant la débâcle de l’armée française et l’exode général de la population. Cet armistice nous oblige à accepter.

–    l’occupation des deux tiers du territoire : les côtes de la Manche et celles de l’Atlantique sont occupées;

–    le désarmement des armées françaises et leur démobilisation ;

–    la livraison des réfugiés politiques allemands ;

–    le versement quotidien d’une somme de 400 millions de francs réglant les frais d’entretien des troupes d’occupation allemandes ;

–    de livrer 10 000 têtes de bétail par semaine, 1000 tonnes de beurre par semaine, 700 000 tonnes de charbon par mois et ainsi de suite pour tous les produits de l’industrie et de l’agriculture…

Sur le plan politique cet armistice sert copieusement l’économie de guerre du Reich tout en ruinant celle de notre pays. Cette situation engendrera l’institution du marché noir, les tickets de rationnement ne couvrant pas parfaitement les besoins minima des individus et ce malgré la réputation établie du mythe de la riche terre de France.

Par précaution le gouvernement Daladier, dès la déclaration de guerre, l’agriculture pouvant être amputée des bras des agriculteurs mobilisés se préoccupe des divers procédés de production des denrées alimentaires et de celles propres au bon fonctionnement de l’économie nationale.

En effet, les cartes d’alimentation sont introduites le 15 janvier 1940 en raison de la pénurie alimentaire qui s’installe. Cette situation s’aggravera à partir du blocus des britanniques dès juillet de la même année afin de bloquer les importations et les denrées coloniales pour qu’elle n’alimente pas la machine de guerre nazie. Les cartes d’alimentation sont réparties en huit catégories : E, enfant de moins de 3 ans ; J2 de 3 à 6 ans ; J2 de 6 à 13 ans ; J3 de 13 à 21 ans ; A de 21 à 70 ans ; T travailleurs de force ; C travailleurs agricoles ; V plus de 70 ans. Le sucre, les pâtes alimentaires, le savon de Marseille, les graisses et huiles végétales seront contingentées à partir du 30 juillet 1940. Les cartes de viandes et de pain, des pommes de terre, du tabac, du charbon et des chaussures seront mises en circulation à partir du 23 septembre. Par la suite tous les produits agricoles ou industriels seront contingentés. Les rations sont établies avec l’autorité occupante et applicables à tous les citoyens. Le journal « La Croix du Tam-et-Garonne » publie le 29 septembre les rations suivantes :

–    pain : 300 gr. /jour, ticket n°l ;

–    sucre : 300 gr. /mois – 750 gr./mois pour les enfants, ticket n°2 ;

–    café : 300 gr. de mélange / mois, enfant excepté, ticket n°3 ;

–    pâtes alimentaires : 250 gr. / mois, ticket n°4 ;

–    riz : 100gr. /mois, ticket n°5 ;

–    fromage : 50 gr./semaine, ticket n°6 ;

–    matières grasses : 100 gr. / semaine, ticket n°7 ;

–    viandes de boucherie, viandes de porc, produits de charcuterie et conserves de viandes : 350 gr. / semaine, ticket n°8 ;

–    savon : 200 gr. / mois, ticket n°9;

Le coupon n°10 sera utilisé pour la répartition du lait aux enfants et aux seniors. Le rationnement ira régulièrement en diminution sur tout le territoire jusqu’à la libération.

Le 16 juillet les juifs naturalisés sont privés de la nationalité française.

Le gouvernement de Vichy dissout la franc-maçonnerie le 19 août 1940, le 1er septembre il supprime les écoles normales, le 3 octobre il promulgue le statut des juifs et le 7 abroge le décret Crémieux de 1870 donnant la nationalité française aux juifs d’Algérie. Le 9 novembre il dissout toutes les centrales syndicales ouvrières et patronales.

« A cela, il faut ajouter la baisse de la production agricole consécutive au manque de main-d’œuvre (80 000 paysans furent tués lors de la campagne de France, 700 000 autres furent faits prisonniers) mais aussi au manque d’engrais, de machines neuves, d’essence et de semences sélectionnées. Il n’est donc pas étonnant que de 1940 à 1944 les surfaces cultivées diminuent.

Enfin, l’instauration de la ligne de démarcation multiplia les difficultés d’échanges commerciaux entre la France du Nord et la France du Sud traditionnellement complémentaires.

Les effets de la pénurie se firent sentir dès octobre 1940 touchant des denrées telles que le sucre et les matières, grasses.

Néanmoins, cette pénurie alimentaire atteignit différemment le territoire français et ce durant toute la durée de l’occupation.

Si l’approvisionnement des urbains s’avérait difficile, par contre les habitants des campagnes bénéficiaient de conditions de ravitaillement nettement meilleures pratiquant traditionnellement l’auto-consommation, reposant sur l’élevage de volailles et la culture d’un potager ».

Tome3-Memoire-heurs-et-malheursPage11Feuillet mensuel de la carte d’alimentation

MES CHERS AMIS.

VOUS VENEZ DE VOIR CE QU’A ÉTÉ LE NAZISME. C’EST CONTRE CELA QUE NOUS, VOS AÎNÉS, NOUS NOUS SOMMES BATTUS. C’EST DANS CE COMBAT QUE TANT DE NOS CAMARADES SONT MORTS ET, AINSI QUE VOUS VENEZ DE LE VOIR, BIEN SOUVENT DANS DES CONDITIONS ATROCES. MAIS NOUS NE SOMMES PAS DE CES HOMMES QUE VOUS POURRIEZ APPELER « GENRE ANCIENS COMBATTANTS » ET QUI. UNE FOIS LEUR GUERRE FINIE, S’EN VONT DÉFILER RITUELLEMENT A DES CÉRÉMONIES. POUR NOUS, RIEN N’EST FINI ET LES LUTTES DE L’ANTI-FASCISME AUXQUEL-LES1 NOUS AVONS PRIS PART CONTINUENT. IL Y A TOUJOURS ET ENCORE DANS LE MONDE DES ENDROITS OU IL FAUT ET OU IL FAUDRA DÉFENDRE LA LIBERTÉ. ET EN FRANCE, DANS NOTRE PAYS, DES OCCASIONS SE PRÉSENTERONT OU ELLE SERA ENCORE MENACÉE ET OU IL FAUDRA DE NOUVEAU RISQUER POUR ELLE LA MORT. C’EST DONC AU NOM DE CEUX DES NÔTRES QUI ONT RISQUÉ LA MORT POUR LA LIBERTÉ ET QUI, POUR ELLE, ONT AFFRONTÉ LES PIRES SOUFFRANCES, QUE NOUS VOUS DEMANDONS, A VOUS, CEUX DES JEUNES GÉNÉRATIONS, D’ETRE VIGILANTS. NOUS VOUS PASSONS LE FLAMBEAU. A VOTRE TOUR DE VOUS BATTRE, QUAND IL LE FAUDRA, COMME IL LE FAUDRA, POUR LA JUSTICE. LA DIGNITÉ HUMAINE,

LA LIBERTÉ.

JEAN CASSOU

De la jeunesse résistante à la jeunesse citoyenne : une logique d’engagement
…de la Résistance à la déportation

L’Appel à la Résistance

Le 18 juin 1940, un ancien secrétaire d’Etat à la guerre du Cabinet Paul Reynaud, le Général de Gaulle, sur les antennes de la B.B.C. à Londres mises à sa disposition par le Premier Ministre britannique, Winston Churchill, lance son appel à la Résistance, appel se terminant par :

« Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver à se mettre en rapport avec moi,

« Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.

« Demain, comme aujourd’hui je parlerai à la radio de Londres. »

Peu de Français, à vrai dire, et même parmi ceux qui s’engagèrent dans la Résistance, l’entendirent. Beaucoup étaient sur les routes de l’exode, et l’on n’avait pas alors l’habitude d’écouter les radios étrangères. Cependant, l’événement et l’homme furent vite connus.

C’est alors que commença l’épopée de la Résistance.

La Résistance

L’appel du 18 juin est le début historique de la Résistance.

Celle-ci revêt, dès les premiers jours, différents aspects, et les « Résistants », dispersés sur tout le territoire, et même dans le monde entier, travaillent dans l’ombre et en secret, s’ignorant les uns les autres. Mais ils veulent tous maintenir la France dans la guerre et lutter jusqu’à la victoire, jusqu’au rétablissement des valeurs de la République.

Certes, ce n’est pas la grande foule : les Français sont abasourdis par l’ampleur du désastre. Une propagande pernicieuse (moins efficace en Zone occupée, qui souffre directement de l’occupation, qu’en zone « libre »), qui vante la purification par l’épreuve de la défaite et les bienfaits de la «collaboration», aveugle bon nombre de gens pourtant sincèrement patriotes, d’autant plus facilement que les apparences sont sauves : nous avons une capitale en zone libre « Vichy », un gouvernement, une diplomatie ; nous conservons nos colonies, nous avons même une « armée d’armistice ». Les soucis de la plupart sont d’ordre alimentaire, car le ravitaillement est insuffisant, les Allemands réquisitionnant une grande partie de la production du pays. Dans un domaine moins terre à terre, on s’inquiète surtout d’avoir des nouvelles des parents qui sont de l’autre côté de la « ligne de démarcation » qui sépare les deux zones, ou dans les camps de prisonniers de guerre.

La Résistance cependant s’organise, se développe et travaille.

…la Résistance Extérieure
Dès l’appel du 18 juin, les premiers « volontaires de la France Libre » se présentent à Londres au « Quartier général » du Général de Gaulle. Ce sont les Français qui résident en Angleterre, des soldats ramenés de Norvège ou évacués de Dunkerque, qui préfèrent continuer à se battre plutôt que retourner en France (beaucoup, cependant, choisissent de rentrer chez eux).

L’Île de Sein : En juin 1940, peu de jours après l’appel du Général de Gaulle, tous les hommes de la petite île, en âge de faire la guerre, s’embarquèrent sur leurs bateaux de pêche.

Les Pyrénées : La route des évasions de France passe aussi par les Pyrénées et la Suisse. Non sans difficultés, les volontaires finissent par arriver en Angleterre, après un séjour dans les prisons espagnoles, en particulier au camp de concentration de Miranda.

Dans le monde : La plupart des Français établis dans le monde entier s’engagent pour libérer leur patrie.

L’empire colonial : Celui-ci est intact, riche en hommes et en matières premières. 11 représente un potentiel de guerre important, offre des bases stratégiques de valeur. Et son appoint permettra à la France Libre d’être prise au sérieux et respectée par les alliés.

Sous la direction de Félix Eboué, le Tchad se rallie le 26 août. Rapidement, l’A.E.F tout entière, en fait autant ; puis en août et septembre les établissements de l’Inde, d’Océanie, la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles-Hébrides.

Mais le succès n’est pas partout immédiat. Les gouverneurs et résidents n’ont pas tous l’attitude souhaitée. Et l’affaire de Mers El-Kébir (bombardement de la flotte française par les Anglais, le 3 juillet 1940) a durci bien des positions. Une opération sur Dakar, le 23 septembre 1940, connaît l’échec et retarde le ralliement de l’A.O.F Cependant, au cours des années, ce sera tout l’empire qui reprendra la lutte.

Leclerc : Avec Leclerc la France continue à se battre. Les exploits des soldats de Leclerc, Koenig, de Larminat, Monclar, emplissent le monde d’admiration. Les troupes de Leclerc, traversant le Sahara du Sud au Nord, multiplient les raids contre les positions italiennes de Lybie. C’est l’expédition de janvier 1941 devant Mourzouk, où tombe le Colonel dOrnano ; c’est la prise de Koufra en février 1941. Leclerc prononce alors son fameux serment: « Nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera à nouveau sur Metz et sur Strasbourg ».

Koenig et Bir-Hakeim : Le Général Koenig a reçu la mission de gêner l’offensive déclenchée le 27 mai par l’Afrika Korps et les Italiens contre l’Egypte. 11 faut qu’il tienne au moins neuf jours. Mais ses troupes encerclées soutiennent, pendant quinze jours, les assauts d’un adversaire déchaîné. Un ultimatum de Rommel est repoussé, le 3 juin. Enfin, dans la nuit du 10 au 11 juin, la sortie est tentée et réussie. L Héroïque défense de Bir-Hakeim a contribué à sauver l’Egypte, et elle a prouvé au monde que les Français se battent toujours.

Les F.F.L. : Les Forces Françaises Libres se battent en Tunisie, se réorganisent et, grossies de l’Armée d’Afrique, stationnée en Afrique du Nord, poursuivent la guerre aux côtés des alliés. Le corps expéditionnaire français participera efficacement à la campagne d’Italie sous les ordres du Général Juin. La 2e D.B. de Leclerc se couvrira de gloire lors de la campagne de France, après le débarquement du 6 juin en Normandie. La première armée française de Lattre de Tassigny débarquera en Provence avec les Américains et remontera rapidement vers le Nord, à travers les Alpes et le long de la vallée du Rhône.

Les F.N.F.L et les F.A.F.L : Les éléments de la marine de la France Libre s’appelaient les Forces Navales Françaises Libres, celles de l’Air les Forces Aériennes Françaises Libres. Elles combattirent pendant toute la guerre. Le groupe aérien « Normandie-Niémen » se battit sur le front de l’Est avec l’aviation russe.

Tome3-Memoire-heurs-et-malheursPage15…la Résistance Intérieure
Plus obscur, moins spectaculaire peut-être, mais non moins éfficace, tant du point de vue moral que du point de vue matériel, fut le travail de la Résistance intérieure. Il commença dès l’été 1940, inorganisé au début, car les «combattants sans uniforme», tous volontaires, évidemment, comme leurs compagnons d’armes des « théâtres extérieurs » n’étaient, eux, pas du tout préparés à la tâche qu’ils s’étaient imposée.

Les relations avec la Résistance extérieure : La Résistance intérieure ne pouvait évidemment vivre, que grâce à ses rapports avec la Résistance extérieure ou les alliés, de même que les résultats de son travail de renseignements ne pouvaient être utilisés que s’ils étaient communiqués hors du territoire. Ceci explique l’importance de ces relations absolument indispensables.

La radio : Le premier lien fut la radio. Chaque jour, la B.B.C. anglaise accordait quelques minutes de ses émissions. Des speakers s’adressaient dans toutes les langues européennes aux habitants des régions occupées. Lémission « Les Français parlent aux Français » qu’annonçaient quatre coups de gong et qu’écoutaient en secret des auditeurs, chaque soir plus nombreux, malgré le brouillage, malgré aussi les représailles, apportait des nouvelles que n’arrêtait aucune censure vichyssoise ou allemande et, avec elles, l’espoir et le réconfort. Elle diffusait, en outre, à l’intention des Résistants, ses fameux « messages personnels », dont le sens secret n’était connu que de leurs seuls destinataires.

Les groupes de résistance devaient, eux aussi, communiquer avec Londres. Ils avaient à leur disposition quelques rares postes émetteurs, souvent lourds et encombrants, dont l’utilisation était extrêmement dangereuse car les services de détection allemande étaient sans cesse sur le qui-vive. Il fallait pourtant, malgré tout, envoyer, selon un « code » convenu, les renseignements recueillis, demander armes et matériel.

Le courrier : Les plans, les photos, les longs rapports, devaient être transportés, et c’étaient des agents de liaison qui se chargeaient de ce périlleux travail : liaisons à l’intérieur du territoire, liaisons au-delà des frontières. Le courrier circulait ainsi, à travers les Pyrénées vers l’Espagne, à travers les Alpes et le Jura vers la Suisse, sur des barques de pêche, quelquefois dans des sous-marins. De temps à autres, des avions atterrissaient de nuit sur des terrains clandestins, apportant ou remportant les «agents secrets» et se chargeant des sacs de documents.

Les parachutages : En dehors de l’armement « récupéré », les armes nécessaires étaient apportées d’Angleterre ou d’Afrique du Nord par avions et parachutées. Lorsqu’un « message personnel (par exemple) » Le Mille-pattes s’est cassé la jambe … je répète : « le Mille-pattes s’est cassé la jambe ! » avertissait les destinataires, on préparait le parachutage. Cela consistait à baliser un terrain, le plus loin possible de tout indiscret, au moyen de feux de pailles, de lampes électriques ou de lampes à carbure.

Quand l’avion arrivait, c’était un échange de signaux. Puis les « containers » contenant les armes étaient largués. Ils étaient vidés, puis cachés ou enterrés, ainsi que les parachutes. Parfois, au lieu d’armes, atterrissaient un agent de liaison, un instructeur, un « envoyé spécial » qui étaient immédiatement pris en charge par un « comité de réception », et aiguillés vers la destination prévue.

Réseaux et mouvements : Bien que leur combat, et parfois leurs activités aient été les mêmes, il convient de distinguer les réseaux et les mouvements.

Les réseaux furent créés par des chefs souvent venus de Londres et recrutant progressivement (Confrérie Notre Dame, Buckmaster). Travaillant, soit pour les services de renseignement de la France Libre (Bureau Central de Recrutement de l’Action ou B.C.R.A.), soit pour l’Intelligence Service ou les services secrets Américains, ils recherchaient et transmettaient des renseignements, organisaient des filières d’évasion.

Les mouvements se formèrent spontanément, en particulier par affinités de pensée, souvent autour d’un journal clandestin. Beaucoup disparurent rapidement, détruits par l’ennemi. Les Administrations possédaient un organisme clandestin, le « Noyautage des Administrations Publiques » ou N.A.P Ces mouvements avaient un recrutement plus étendu que les réseaux, et un plus grand souci de propagande. Ils voulaient constituer les cadres, former les organismes de la Résistance ; ils créèrent des groupes de combat et de sabotage, organisèrent les maquis.

Le renseignement : Ce travail n’était pas sans danger. Les agents de renseignement et de liaison étaient traqués et de nombreux réseaux furent, à plusieurs reprises, décapités ou décimés.

Evasions : Les méthodes ne manquaient pas : passage par les Pyrénées ou la frontière suisse, évasion par bateaux et par sous-marins, ou à l’aide d’avions qui se posaient clandestinement.

Faux papiers : Les résistants qui travaillaient dans l’ombre, les agents de liaison qui circulaient sans cesse, les évadés ou les réfractaires qui se cachaient, vivaient le plus souvent sous de fausses identités. Il fallait donc établir de faux papiers qui étaient parfois «presque» aussi authentiques que les autres, lorsqu’ils avaient été établis dans les mairies ou les commissariats par des fonctionnaires résistants.

Presse clandestine : Celle-ci faisait de la propagande, diffusait des nouvelles, cherchait à répandre son esprit. C’est pourquoi elle ronéotypa, puis imprima des journaux, des tracts et même des livres. Les imprimeurs ont payé un lourd tribu à la France, car leur tache n’allait pas sans risques.

La Résistance avait ses organes de presse, que l’on transportait dans les valises et diffusait « sous le manteau » (« Résistance », « Combat », « Libération », « Franc-Tireur », « L ‘Humanité », « Le Populaire », etc.) Les écrivains, les intellectuels, participaient avec leur moyens propres au combat des Français, grâce aux publications clandestines (Revue « Les Lettres Françaises », « Editions de Minuit ») ou à la complicité de certains éditeurs.

Sabotage : Le sabotage était la principale activité de certains réseaux. il y en eu de toutes sortes dans les usines et les ateliers. Parfois, quand un bombardement aurait risqué d’être inefficace ou de provoquer des destructions inutiles ou des morts, il était fait appel à des volontaires qui allaient déposer au coeur même de cet objectif la dynamite ou le plastic qui devait le détruire ou l’endommager.

Résistance-Fer. : Les cheminots avaient leur propre réseau, « Résistance-Fer » : ils pouvaient donner de précieux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes, aider les transports de courrier, de journaux, de tracts, de matériel, favoriser les évasions et même organiser le sabotage ferroviaire.

Quant aux agents des P.T.T., ils ont eux aussi joué un rôle important grâce à leur réseau « Erable » : contrôle du courrier et des communications ennemies, sabotage de certaines lignes réservées aux troupes d’occupation.

Les « réfractaires » : L Allemagne en guerre, dont tous les hommes en âge de porter les armes se battaient dans toute l’Europe et en particulier à l’Est, avait besoin de main-d’oeuvre qu’elle réclama aux pays occupés. Elle avait proposé à la France la « relève », c’est-à-dire l’échange de trois ouvriers spécialisés contre un prisonnier. Mais la formule n’obtenant aucun résultat, elle fit instituer par le Gouvernement de Vichy une véritable mobilisation de plusieurs classes, le « Service du Travail Obligatoire » ou S.T.O. Un certain nombre de jeunes gens partirent ainsi travailler dans les usines d’Outre-Rhin. Mais beaucoup de réfractaires au S.T.O. passèrent dans la clandestinité. Quelques-uns se cachèrent dans des maisons ou des fermes amies. La plupart furent à l’origine des « maquis ».

Les maquis : On appela ainsi les groupes de jeunes gens, volontaires pour la lutte armée ou réfractaires au S.TO. qui « prenant le maquis », s’installèrent dans des régions montagneuses ou boisées. Ils menaient une existence hasardeuse et connaissaient, malgré la complicité des populations, de grandes difficultés matérielles. Les maquis gardaient en réserve les futurs combattants de la libération et procédaient à des opérations de nettoyage. Certains engagèrent ou soutinrent de véritables batailles, comme aux Glières, Mont-Mouchet ou au Vercors. En Tarn-et-Garonne ceux de Bir-Hakeim, Cabertat, Ornano furent dénoncés et attaqués par les troupes d’occupation et la milice.

Arrestations et prisons : Les résistants et les otages arrêtés étaient jetés dans les prisons. Les conditions d’existence y étaient très dures.

Les otages, choisis parmi les notables, les personnes arrêtées au hasard ou « ramassées » dans les rafles, fournissaient les victimes que les Allemands exécutaient par représailles, lorsque des sabotages avaient détruit leur matériel ou gêné leurs communications, lorsque leurs soldats avaient été blessés ou tués dans une embuscade.

Les résistants, eux, étaient souvent condamnés à mort, la plupart du temps sans même un simulacre de jugement. Après quelques jours ou quelques semaines de détention, certains étaient passés par les armes.Les autres étaient déportés.

Tome3-Memoire-heurs-et-malheursPage19Tract contre la résistance distribué par Vichy

…La Déportation
Pour le régime nazi, la déportation ne consistait pas seulement à transporter des populations d’un pays dans un autre. C’était aussi le moyen d’avoir continuellement « sous la main », enfermés dans des camps, des hommes, des femmes et même des enfants, pour les surveiller, les faire travailler, ou les exterminer. Les camps furent créés en Allemagne dès l’avènement du régime nazi. La chronologie est éloquente. Hitler prit le pouvoir en 1933 ; Dachau fut ouvert en 1934. LAnschlass (annexion de l’Autriche) eut lieu en 1936 ; Buchenwald fut créé en 1937… Puis ce furent Mauthausen en 1938, Ravensbruck en 1939, le Struthof, Auschwitz en 1940… et combien d’autres !

Les nouveaux maîtres de l’Allemagne voulaient ainsi éliminer tous ceux qui les gênaient, soit parce qu’ils s’opposaient à leur politique ou à leur idéologie (communistes, sociaux-démocrates, chrétiens protestants ou catholiques), soit parce qu’ils appartenaient à des races considérées comme inférieures. Le racisme (et plus particulièrement l’antisémitisme) était, en effet, bien qu’il n’en fût pas l’inventeur, une des théories fondamentales du nazisme ; tous ceux qui n’étaient pas « aryens » devaient être éliminés systématiquement.

Les condamnés de droit commun étaient aussi envoyés dans des camps de concentration.

Les camps : Les camps, qu’il serait trop long d’énumérer, sont dispersés dans toute l’Europe : en Alsace, le Struthof et Schirmeck, en Moselle, le fort de Metz-Queuleu et Woippy, en Pologne, Auschwitz et Maidanek ; en Allemagne du Nord, Neuengamme, Ravensbruck, BergenBelsen, Oranienburg ; Buchenwald, au centre ; Dachau, en Bavière ; Mauthausen, en Autriche, Flossenburg et Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Les emplacements ont été choisis de préférence dans les régions au climat le plus rude et aux conditions de vie difficile (le Struthof au sommet des Vosges, Birkenau au milieu des marais, Buchenwald sur un plateau exposé à tous les vents, Dora dans la montagne du Harz).

Chaque camp a « essaimé » en « Kommandos » ou camps secondaires, souvent aussi tristement célèbres que les camps principaux, Dora, Ellrich (Buchenwald), Falkensee (Oranienburg), Kempten, Allach (Dachau), Gusen, Melk, Ebensee (Mauthausen), Birkenau (Auschwitz).

Il y a des camps ou des commandos d’extermination (le Struthof Maidanek, Birkenau, le château d’Hartheim) ; le camp d’Auschwitz-Birkenau est « réservé » aux israélites ; celui de Ravensbruck aux femmes. Les prêtres furent rassemblés à Dachau à partir de 1944.

Comment on y arrive : Les déportés transportés dans des wagons à bestiaux du modèle « Hommes 40 » étaient entassés à 100 ou à 120. Les trains étaient étroitement gardés. Alors commençait un infernal voyage, qui durait souvent plusieurs jours : sans manger, sans boire, debout ou couchés dans les ordures, attendant parfois des heures en plein soleil, sur les voies de garage, le passage des convois de troupes ou de matériel, retardés par les bombardements.

Quand ils arrivaient à destination, accueillis par des cris et des coups, ils s’écroulaient sur les quais. Mais beaucoup étaient déjà morts ou avaient perdu la raison. Certains camps possédaient leur gare. Pour parvenir à d’autres, il fallait marcher sous le soleil, dans la poussière, dans la boue ou dans la neige glacée. Les S.S. frappaient et les chiens mordaient … Les arrivées nocturnes étaient particulièrement spectaculaires, car les nazis aimaient la mise en scène.

Description d’un camp : Un camp comprenait un ensemble de baraques ou « bloks ». Certains étaient de dimensions relativement réduites ; d’autres formaient d’immenses cités qui pouvaient contenir jusqu’à 40 000 détenus. Sur la place d’appel ou « APPELPLATZ » avaient lieu les rassemblements, les punitions et les exécutions publiques. Un ou plusieurs réseaux de barbelés électrifiés faisaient une barrière infranchissable. De place en place des « miradors » sur lesquels veillaient des sentinelles qui tiraient sans sommation, souvent par simple jeu. A côté du camp, la villa du commandant, son jardin, sa piscine, les habitations des gardiens. Parfois, dans le camp ou à côté, des bâtiments aux destinations particulières : la prison, la chambre à gaz, le four crématoire.

L’organisation : Lorganisation était méticuleuse. A son arrivée, le déporté était enregistré, immatriculé ( à Auschwitz, le numéro-matricule était tatoué sur l’avant-bras), douché, rasé, habillé de cet étrange vêtement aux rayures bleues, semblable à un pyjama, et envoyé au blok de quarantaine qui allait l’initier à la vie du camp.

Il faisait connaissance avec le monde de la déportation, dont la population était répartie en catégories que distinguait un triangle de couleur, cousu sur la poitrine: rouge pour les « politiques » (déportés de la résistance, otages, raflés), vert pour les criminels de droit commun, violet pour les objecteurs de conscience, etc … Une lettre indiquait la nationalité.

Les déportés français, au triangle rouge des politiques marqués d’un F; étaient d’origines diverses : résistants actifs, arrêtés pour « crime » de résistance (gaullistes, communistes, etc …), suspects, arrêtés sur simple présomption, otages, raflés au hasard ou populations de villages entiers arrêtées en représailles d’attentats ; israé-lites de nationalité française, apatrides, ou ressortissants d’Allemagne ou de pays d’Europe Centrale, réfugiés en France depuis le début de la guerre et systématiquement pourchassés.

Les S.S. étaient les maîtres, mais déléguaient une partie de leur pouvoir et de leur travail à des déportés presque toujours de droit commun, appelés « kapos », qui faisaient régner la discipline et la terreur. Les « politiques » arrivèrent parfois à supplanter les « verts » et à obtenir certaines responsabilités pour la satisfaction de leurs camarades.

La journée commençait de bonne heure. En pleine nuit le réveil chassait brutalement les déportés d’un sommeil toujours trop court et souvent impossible, car ils dormaient â deux ou trois dans des lits étroits . Ils se lavaient où ils pouvaient ; ils absorbaient le breuvage baptisé «café» et ils allaient à l’appel qui durait parfois des heures.

Arbeit (travail) : Sous la pluie, dans la neige, l’appel s’égrenait, recommençait en cas d’erreur, une fois, deux fois, plusieurs fois ; si tel était le bon plaisir des gardiens, les détenus devaient se dévêtir entièrement, il leur arrivait de soutenir ceux qui chancelaient, et parfois ceux qui venaient de mourir.

Puis c’était le départ pour le travail : extraction et charroi de pierres, extraction de sel, construction de routes ou de voies ferrées, aménagement d’usines (usine souterraine de Dora), travail dans les usines d’armement ou de produits chimiques. Les femmes étaient astreintes aux mêmes travaux que les hommes.

Malgré la sévère surveillance, les tentatives de sabotage étaient fréquentes. Combien de machines s’arrêtèrent subitement de manière … inexplicable ; combien de pièces d’armement furent livrées avec des « malfaçons ». C’étaient encore entre les mains des ennemis, et sous leurs yeux, des actes de résistance, immédiatement punis de mort, s’ils étaient découverts.

Le travail était dur, rendu plus dur encore par les conditions dans lesquelles il était effectué : journées interminables, quelles que fussent les conditions atmosphériques, coups des kapos, nourriture dérisoirement insuffisante. Très rapidement, les déportés devenaient de véritables squelettes.

Le « revier » (l’hôpital) : Dans le camp, une baraque était réservée à « l’hôpital », où entraient, dans la mesure des places disponibles ou selon la fantaisie du responsable, les déportés les plus malades.

Il y avait bien un « médecin », mais celui-ci ne l’était pas toujours réellement. Là dans une promiscuité effroyable, à deux ou trois par lit, croupissaient, presque sans soins et sans médicament, des malheureux dont beaucoup s’acheminaient vers la mort.

Et bien souvent, celle-ci était hâtée par une piqûre de pétrole ou d’essence!

La mort : En fait tout déporté était un condamné à mort. La fin du système concentrationnaire était l’extermination, et les moyens ne manquaient pas.

Beaucoup étaient tués dès leur arrivée au camp. Il s’agissait en particulier d’israélites. A Auschwitz, à leur descente des wagons, ils étaient répartis en deux colonnes. Ceux qui étaient capables de fournir quelque travail étaient envoyés dans le camp. Les autres, malades, vieillards, enfants, femmes enceintes, étaient immédiatement dirigés vers la chambre à gaz.

La chambre À gaz : Celle-ci était une baraque dont l’intérieur était aménagé comme une salle de douches. Les malheureux croyaient d’ailleurs souvent qu’ils allaient à la douche; mais, au lieu d’eau, c’était du gaz qui arrivait par les canalisations, le gaz « zyclon » qui tuait en quelques minutes. Les cadavres étaient alors évacués par un kommando spécial et charriés dans des fours crématoires ou, quand ceux-ci étaient insuffisants, sur d’immenses bûchers.

N.N. (Nacht und Nebel Nuit et Brouillard) : Les lettres N.N. signifiaient, pour celui qui les portait peintes sur son vêtement, la condamnation à mort inévitable. Mais, en fait, personne n’était à l’abri, et ceux qui ne mourraient pas immédiatement rencontraient, à chaque instant, l’occasion de mourir : un S.S. désoeuvré « faisait un carton » sur un détenu ; un kapo ivre rouait de coups un malade que la dysenterie entraînait, la nuit, vers les latrines.

Torture : La torture était fréquemment appliquée. Tout manquement à la discipline était sévèrement puni par une bastonnade. Punitions et exécutions étaient accompagnées d’une remarquable mise en scène Au Struthof en 1943, on offre deux pendus comme «cadeau» de Noël. Flossenburg, à Noël 1944, un magnifique sapin est planté au milieu du camp. Six suppliciés y sont pendus.

Expériences : Dans certains camps, avaient lieu des « expériences médicales ». Les chirurgiens ( ou les S.S.) pouvaient pratiquer la vivisection, les greffes d’organes, l’inoculation expérimentale de maladies comme le paludisme ou le typhus, qui permettait de faire l’essai de nouveaux vaccins. Les usines de produits chimiques achetaient des déportés pour étudier l’effet de leurs gaz ou de leurs poisons. Les usines aéronautiques étudiaient les phénomènes de décompression. Des femmes étaient stérilisées ou inséminées artificiellement. Et tous ces cobayes étaient évidemment autant de condamnés à mort.

Toujours la mort : il n’y avait pas que la mort brutale pour éliminer tous ces « indésirables ». Beaucoup tombaient au travail : combien de déportés sont morts en construisant la route qui mène au Struthof et que suivent maintenant les touristes insouciants ; combien dans le tunnel de Dora (où certains sont restés plus de 6 mois sans revoir la lumière du jour) ; combien dans les mines de sel de Neu-Strassfurt ou dans l’escalier de la carrière de Mauthausen.

La sous-alimentation, la soif, le froid, les maladies, tuaient de nombreux déportés. Les longs appels dans les matins glacials ont été fatals à beaucoup. Souvent, ils se réveillaient auprès de cadavres de camarades qui s’étaient éteints pendant la nuit. En 1945, la surpopulation provoqua de terribles épidémies de typhus.

Certains, découragés, se laissaient tout à coup aller, car, pour « tenir », il fallait un effort continuel de volonté… Alors, ils tombaient et ne se relevaient plus. D’autres allaient délibérément au-devant du suicide : ils se précipitaient vers les fils électrifiés qui les électrocutaient si les sentinelles ne les avaient pas arrêtés auparavant d’une rafale.

Les déportés ne servaient pas seulement le Grand Reich par leur travail, les habits et les chaussures étaient soigneusement « récupérés ». Les cheveux des femmes, tondues à ras comme les hommes, servaient à faire des tissus. Après la mort, des « dentistes » arrachaient les dents en or et les appareils de prothèse. A Buchenwald, on transformait les peaux tatouées en abat-jour ou en reliures. On employait les cendres comme engrais.

Pour en finir vous ne pourrez pas oublier :
–    Que c’est à Caylus (camp militaire du Tarn-et-Garonne) que le général Delestraint, qui deviendra l’organisateur de l’Armée Secrète, contraint de quitter son commandement, s’exprima en ces termes : « si nous conservons la foi dans les destinés de notre pays, si nous nous comportons en Français, et non avec une mentalité de chiens battus ou d’esclaves, si nous savons vouloir, la France ressuscitera un jour du calvaire présent », le 10 juillet 1940 ;

–    Que dans la nuit du 1er au 2 mai 1944 les S. S. montent une opération contre le maquis Bir-Hakeim situé à Montpezat-de-Quercy : 7 victimes et 16 personnes déportées en Allemagne ;

–    Qu’à Perche Haut dans la même commune, le 6 juin, la « Das Reich » se rua sur quatre fermes tuant tous les habitants, hommes, femmes, vieillards et enfants;

–    Qu’au cours d’un combat inégal après le parachutage sur le terrain « Volcan » d’un nombre important de containers, le maquis d’Ornano perd 6 hommes, dont deux furent jetés dans une citerne et trois périrent carbonisés ;

–    Que le 20 juin, c’est au tour du maquis de la 6ème compagnie de l’A.S., le maquis de Cabertat à être attaqué par une forte colonne de S. S. et de miliciens : une ferme incendiée avec ses occupants autres fermes brûlées et 6 maquisards torturés et abattus ;

–    Qu’à Dunes, le 23 juin 1944, 11 habitants sont pendus au balcon de la poste, qu’un autre est abattu dans une ruelle, et ce, suite à la dénonciation de deux femmes de l’endroit, par une compagnie de S.S. de la division Das Reich venant du Lot-et-Garonne et encore stationnée pour quelques jours à Valence d’Agen;

–    Qu’à Montauban des civils et des maquisards ont attaqué et repoussé une colonne des troupes d’occupation formée de cadres Allemands, d’Azéris et de Turkmènes, libérant le 19 août 1944 la ville. Une stèle rappelle leur sacrifice sur laquelle on peut lire : « En ce lieu, le 19 août 1944, une poignée de patriotes volontaires ont repoussé une colonne allemande. 17 sont morts. Passant, incline-toi, ils sont morts pour que tu vives libre ».

La ville de Montpezat-de-Quercy est décorée de la Croix de Guerre.

1941 a été l’aube de la Résistance ; 1942 a vu naître les mouvements, les réseaux et les formations qui constituèrent l’armée clandestine; 1943 a été la période d’organisation et de manifestations contre les occupants et de mise en garde de la population par la publication de tracts et de journaux clandestins, de prospection de terrains de parachutages, de recherches de fermes abris et de refuges maquis, de planques ; 1944 a été la période de l’action contre les troupes d’occupation, la milice, la division S.S. Das Reich.

En Tarn-et-Garonne, 19 terrains de parachutages ont été utilisés ; il a reçu 254 containers pour l’A.S., 36 pour le mouvement Libérer et Fédérer, dépendant du réseau Alphonse Buckmaster, 264 pour l’O.R.A.-C.F.P ; 102 installations ferroviaires, 2 dépôts de locomotives, 29 lignes électriques, 8 lignes de transmissions souterraines, 4 ponts, 3 usines, soit 148 sabotages, presque tous par engins explosifs et 34 actions de guérilla dont 5 en dehors du département, y ont été effectuées.

Tome3-Memoire-heurs-et-malheursPage26-bisTome3-Memoire-heurs-et-malheursPage27-bis25 août 1944 : à la population de Tarn et Garonne

Avant ! pour aller vers la suite après la défaite…
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