Page 100-104 du Livre « Contre l’oubli Plaques et stèles de la résistance et de la déportation en Tarn et Garonne»

CAMP DE JUDES
Septfonds

En juillet 1936, en Espagne, le coup d’état militaire du général FRANCO contre la République marque le début d’une longue attaque fasciste qui s’achève par la chute de Barcelone et la défaite républicaine en janvier 1939.

Février 1939-mars 1940. Camp de réfugiés espagnols

En février 1939, 500 000 Espagnols affluent vers les Pyrénées.

Le 25 février 1939, le gouvernement DALADIER pour décongestionner les camps des Pyrénées-Orientales choisit le Tarn-et-Garonne pour installer un « Centre d’hébergement » où seront concentrés 15 000 ouvriers.

Les réfugiés espagnols constituent un grand réservoir de main-d’œuvre. Des équipes sont affectées à l’entretien du camp ou détachées à l’extérieur pour des travaux d’utilité publique.

Le 1er mars 1940, le camp, cédé à l’autorité militaire, est évacué.

Mars 1940 – Janvier 1941. Camp militaire

Transformé en « Dépôt de Régiment de Marche des Volontaires Etrangers », le 15 mars 1940, le camp est utilisé pour l’instruction d’étrangers s’engageant dans l’armée française et reçoit des aviateurs de l’armée polonaise.

Après l’armistice, le camp devient centre de démobilisation pour les engagés volontaires étrangers. Des militaires français jugés « indésirables » présumés communistes ou syndicalistes et condamnés de droit commun y sont regroupés.

A l’automne 1940, en application de la loi créant les « Groupes Travailleurs Etrangers », les groupes numéros 533 et 552 composés d’Espagnols et le groupe numéro 302 réservé aux volontaires étrangers démobilisés (Allemands, Autrichiens, Sarrois et beaucoup de Juifs) sont formés au camp.

Janvier 1941-Août 1944

A partir de janvier 1941, le camp, cédé au Ministère de l’Intérieur comprend un centre d’hébergement pour étrangers à côté des Groupes de Travailleurs Etrangers.

Septfonds – Camp de Judes Stèle située en face de l’église de « La Lande »

Camp de triage et d’hébergement : prévu pour recevoir 2 500 personnes « en surnombre dans l’économie nationale », il occupe à sa création la majeure partie des installations.

Au mois d’avril 1941, des officiers des « armées ex-alliées » sont parmi les premiers internés. Après l’écrasement de la Pologne en 1939, des troupes de soldats polonais sont venues en France poursuivre la lutte contre les puissances de l’Axe.

Après l’armistice, on estime à 45 000 le nombre de Polonais qui participent activement à la Résistance. Un certain nombre est arrêté et interné au camp de Judes. C’est dans ces circonstances que vingt et un officiers et aspirants polonais édifient en juillet 1941 un oratoire.

A l’automne 1941, le camp ne compte plus que six baraques et assure le triage des étrangers à diriger vers d’autres camps ou dans les Groupes de Travailleurs Etrangers.

Camps de Travailleurs Etrangers : au mois de mars 1941, le Groupe de Travailleurs Espagnols numéro 552 quitte le camp.

Durant l’hiver 1941-1942, le gouvernement de Vichy accentue les mesures antisémites. Les juifs étrangers sont assignés à résidence, internés ou versés dans les groupes de Travailleurs Etrangers homogènes dits de « Palestiniens ».

Janvier 1942, le camp devient « Centre de Triage Régional » pour étrangers jugés « indésirables » ou en situation irrégulière.

Le 30 juin 1942, le camp est fermé.

Le 2 juillet 1942, le gouvernement de Vichy s’engage à livrer les juifs étrangers « apatrides » à l’Allemagne.

Les arrestations des Juifs ont lieu dans le département du Tarn-et-Garonne les 24 et 26

août 1942.

Un premier départ pour Drancy a lieu dans la nuit du 24 au 25 août, emportant dans un même wagon 84 internés qui appartiennent tous au Groupe de Travailleurs Étrangers numéro 302.

Le wagon est d’abord dirigé sur Toulouse où est constitué un convoi important regroupant des internés venant d’autres camps de la région.

Sur le trajet de Lyon, d’autres internés sont encore entassés dans les wagons à bestiaux.

Un second départ de Septfonds a lieu du 2 au 3 septembre emportant 211 internés jusqu’à la gare de Caussade. A nouveau, un convoi important est constitué avec des éléments provenant des départements de la région de Toulouse. Ce convoi a abouti à Drancy le 4 septembre.

Ces convois ont emporté 26 enfants qui furent gazés avec leurs parents à Auschwitz le 11 septembre 1942 :
Adèle KURZWEIL (17 ans), Esther MARKOWICZ (17 ans), Armand SIMONS (17 ans), Gérard SIMONS (14 ans), Ernest WEINELBERG (16 ans), Arnost ECQSTEIN (16 ans), Fanny SCHWARCBERG (16 ans), Bertha SCHWARCBERG (15 ans), Max FRYDLAND (16 ans), Antoinette FRYDLAND (12 ans), Hermann FRYDLAND (5 ans), Bernard ROTH (5 ans), Dieter BRAND (15 ans), Kurt MOSES (14 ans), Doris LOEWL (14 ans), Genia BLEJWAS (14 ans), Adolphe BLEJWAS (11 ans), Frédérique HIRCH (13 ans), Marguerite HIRCH (11 ans), Fanny LICHSZTEIN (13 ans), Roja JESIONOWIZ (10 ans), Dora JESIONOWICZ (3 ans), Freddy WERNER (5 ans), Charles ENGELHART (5 ans), Edith ENGELHART (3 ans) et Henri GRAU (2 ans).

Septfonds – La chapelle polonaise 1939 – 1944 L’oratoire polonais situé au lieu-dit « La Lande »

Le 9 septembre 1942, une trentaine d’autres internés de Septfonds sont transférés au camp de Rivesaltes où sont organisés de nouveaux convois régionaux pour Drancy.

Le 11 novembre 1942, la zone libre est envahie par les troupes allemandes. Le groupe numéro 302 périodiquement amputé de ses travailleurs par les autorités d’occupation est maintenu au camp rouvert.

Au printemps 1943, le camp sert aussi de lieu de rassemblement pour les étrangers astreints au « travail obligatoire » dans les chantiers de l’organisation TODT et est utilisé comme « Centre d’Accueil» pour femmes juives « sans ressources et sans emploi » à partir de septembre 1943.

Après le 19 août 1944 et la libération du département, le camp de Judes est utilisé dans le cadre de la « répression administrative » : environ 500 hommes et femmes accusés de collaboration y sont détenus.

Le camp sera rapidement démantelé après mai 1945.

Les panneaux de lave à l’entrée du camp de Judes

Septfonds Les Déportés Juifs 1939 -1944

Dans le village, la plaque des déportés juifs située boulevard des Mourgues

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