Page 243-259 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »

A partir du 20 août 1944, la 7°Cie A.S. cantonne à l’école libre de Caussade, à côté de la gare. L’Etat-Major s’installe dans l’immeuble Malleville, au carrefour des Allées. La 4ème Cie bivouaque dans la région de Montauban, avant de rejoindre le quartier Doumer.

La période de la Libération qui prend fin le 25 août 1944 avec l’installation à la Préfecture du Comité Départemental de Libération pour assurer avec le nouveau Préfet le fonctionnement des institutions de la République, ne termine pas la guerre.

Les Forces Françaises de l’Intérieur continuent la lutte au-delà des frontières du département.

Mais il est évident qu’à la fin août, un bon nombre de problèmes subsistent.

*    Il est incontestable que l’insécurité demeure.

Déjà le 17 août Camille signale à Deville qu’une bande armée circule à Montalzat, procédant à la destruction des gerbières par le feu. Il lui enjoint de faire procéder à des patrouilles pour faire cesser ce genre d’opérations, en employant si nécessaire des moyens énergiques (document 1 ). Le 19 août, le chef de poste du P.C de la 7°Cie Robin, rend compte à Deville que, ce jour, à 11 h 05, le soldat Marcou se trouvant de garde, affirme avoir rencontré une voiture allemande près du pont de Brozes. Après avoir tiré une rafale de mitraillette sur ces occupants, ceux-ci ont riposté à coups de revolver. La rafale de mitraillette a été perçue très nettement au poste du P.C.

*    Le problème des arrestations et des détentions arbitraires fait l’objet d’une mise au point de l’Etat-Major.

Le 8 août, Camille reçoit de Maison l’ordre de faire arrêter à St-Antonin : Muller, chef de district de ravitaillement et Brousse, photographe. Ils prétendent faire partie d’un groupement inconnu et ont proféré des propos injurieux vis à vis du Général de Gaulle.

Le 18 août, ordre est donné de procéder immédiatement à l’arrestation des parents de miliciens et de francs-gardes (père, mcre, frères et soeurs). (Document 2).

Le 29 août, le Commandant Départemental des F.F.I. est prié de bien vouloir rappeler qu’il ne doit être procédé à aucune arrestation sans l’ordre de l’autorité civile mise en place par le Gouvernement Provisoire de la République.

Il doit être bien entendu, toutefois, que les militaires des F.F.I. ont le devoir de s’assurer de la personne de tout individu pris en flagrant délit, ou poursuivi par les clameurs publiques, et de le remettre sans délai entre les mains de la Brigade de Gendarmerie ou du Commissariat de Police le plus proche.

Le 30 août, le chef du 2ème bureau, le Capitaine Didier fait état «d’incidents regrettables qui se sont produits dans certaines communes du département. Des exécutions ont été opérées sans aucun jugement préalable. Des maisons ont été pillées. Ces abus doivent cesser immédiatement. Nous réprouvions hautement ces procédés employés par nos ennemis. Aussi devons-nous nous abstenir de les faire nôtres»(document 3).

Le 28 octobre, une enquête est ordonnée au sujet de Mr Arnal, de Puylaroque. Mr Freyssinet Jean, maire de la commune, déclare :

«Je sais que dans la nuit du 8 au 9 février 1944, Mr Arnal fut victime de l’enlèvement, de sa voiture automobile. Je n’en connais pas les circonstances, n’ayant moi même ni rien vu, ni rien entendu. Par conséquent, je ne puis dire si Mr Arnal tira sur les auteurs de l’enlèvement, de sa voiture, lesquels, je l ‘appris par la suite, faisaient partie du maquis.

Mr Arnal ne s’est jamais affiché pour avoir des idées anti-nationalistes, au contraire.

Quelques jours après l’enlèvement de sa voiture, alors que les autorités allemandes procédaient à la réquisition des véhicules automobiles de Puylaroque, j’entendis, moi-même, Mr ARNAL dire : «Je préfère que ce soit les autres, en parlant du Maquis, qui m’aient pris ma voiture, que les allemands. »

Mr Arnal a reçu assez souvent les autorités allemandes dans son établissement,mais je crois qu’il lui aurait été difficile de leur en interdire l’accès en raison de sa profession. » Cette déclaration faisait suite à une lettre adressée au Capitaine Camille :

«Je suis convaincu que Mr ARNAL a toujours été un ennemi du régime républicain, qu’il l’a combattu toute sa vie et continuera à le combattre dans l’ombre.

Il était, avant la guerre, un fervent royaliste, lecteur assidu de l’Action Française. Par la suite, il est devenu un PSF affirmé, avec le Colonel de la Roque.

Par contre, depuis la guerre, il ne s’est pas occupé de politique. Son activité s’est surtout exercée sur son industrie et son commerce.

Je suis certain qu’il était germanophile, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le constater. Moi-même, je le vois très peu et j’ai toujours été son ennemi politique.

Il y a quelques temps, j’avais essayé d’obtenir quelques renseignements sur ces sentiments germanophiles. Je n’ai pu recevoir qu’un seul témoignage, celui de Mr Petitjean, déjà transmis aux camarades de Caussade : «Visite à la vigne des officiers nazis, photographies…etc .

Il y avait eu d’autres témoins, notamment parmi les Lorrains. Mais ceux-ci se récusent. J’estime donc que les charges réunies contre Mr Arnal ne sont pas suffisantes pour le classer parmi les collaborateurs notoires.

Je demeure persuadé cependant qu’il n’a agi que par prudence et non pour suivre ses idées. Ma conscience m’interdit donc d’aller plus loin dans la voie des accusations. Mais mon devoir me dicte de le classer parmi les suspects.»

* Les problèmes de ravitaillement restent une priorité.

Le 20 août 1944, le chef de secteur F.F.I., Camille, écrit à Mr Cavaillé, propriétaire au «Gay», par Puylaroque :

«J’apprends de source autorisée que vous avez battu clandestinement une partie de votre récolte à la Commanderie. Ce blé ainsi battu est vraisemblablement destiné à être soustrait à tout contrôle. Les F.F.I. ne peuvent tolérer de telles pratiques frauduleuses. En conséquence, je vous prie de délivrer contre le présent bon de réquisition, la quantité de blé ainsi illégalement détenue, et vous préviens que, différemment, je serai dans l’obligation de prendre contre vous de graves sanctions. D’autre part, je vous prie de cesser immédiatement auprès de vos concitoyens toute propagande en faveur des organismes stockeurs, qui ne sont plus habilités par les F.F.I. pour le ramassage et le stockage des blés.

La présente lettre sera affichée par nos soins à la mairie de Puylaroque où elle devra rester huit jours au moins.»

Le même jour, Mr Cavaillé, maire de Puylaroque, accusait réception de la lettre de Camille :

«Vous me faites savoir qu’il a été porté à votre connaissance que je me désistais en ce qui concerne le ravitaillement de Puylaroque et que vous me rendez responsable, sous peine de sanctions graves du ravitaillement en pain et en viande de ma commune.

A ce sujet, je tiens à préciser ce qui suit :

La déclaration que j’avais affichée à la mairie vous a été inexactement rapportée.

Ce n’est pas sans motif sérieux que j’avais pris cette décision qui m’avait été dictée par mon indignation contre les accusations qui avaient été portées contre moi par vous-même, car c ‘est un de vos sous-ordres qui me les a communiquées. Ce dernier m’annonçait en même temps, que vous vous proposiez à titre de représailles de m’enlever toute ma récolte de blé. Tout ceci résulterait d’une lettre anonyme qu’on m’a montrée et qui m’accusait des faits suivants :

1    – avoir dépiqué clandestinement chez mon voisin.

2    – avoir fait de la propagande en faveur de la livraison de blé à l’échange.

J’oppose à ces accusations le démenti le plus formel et j’exige qu’une enquête soit faite à ce sujet et que je sois mis en présence de mes délateurs.

Comme chef vous devez comprendre que pour assurer le ravitaillement d’une commune dans des conditions aussi anormales et difficiles, il faut de l’autorité et du prestige, toute chose que vous me retirez en exerçant contre moi, au su et au vu de la population, des brimades injustifiées.

Malgré le risque d’être accusé une fois de plus, de faire la collecte de blé pour les organismes stockeurs, j’ai réussi aujourd’hui avec l’aide de propriétaires de la commune, à réunir une quantité de blé suffisante pour nourrir la commune de Puylaroque pendant 1 mois.

Je dois toutefois ajouter que je suis décidé à donner ma démission de maire, si je continue à être en butte à la malveillance de certains éléments de Puylaroque qui semblent avoir plus de crédit auprès de vous que moi-même. »(doc 4).

Le ravitaillement des villes doit être assuré. Dès le 18 août, l’Etat-Major F.F.I. du Tarn-et-Garonne adresse une note à tous les chefs de Compagnie, afin d’interdire immédiatement la réquisition des camions transportant des légumes, fruits, lait, et en général tout ce qui intéresse le ravitaillement des populations urbaines que nous devons laisser assurer.

Les denrées sont taxées. Ainsi le Comité de Libération de Caussade est-il amené à dresser une liste des principales productions légumiôres, en indiquant les prix à la production et au détail. Ces prix sont relativement élevés, (doc 5).

Enfin les trafiquants du marché noir sont poursuivis. Le 11 septembre 1944, un groupe de la 3èmc section de la 7èmeCic est désigné pour assurer surveillance et contrôle à la gare de Caussade. Ier train à 7 h 30 : RAS 2ème train vers midi :

Inspection des compartiments: une valise de tabac, environ 8 Kg, a été trouvée dans un compartiment de 3ème classe. Malgré les recherches, on n’a pu trouver le propriétaire.

Inspection du fourgon : une valise de tabac, environ 10 Kg, enregistrée au nom de Mme Dubois, rue des Petits Prés, Toulouse.

Vérification des cartes d’identité : pas de traces de Mme Dubois dans le train. 3ème train à 18 h 50 : prise de 4 valises de tabac

–    enregistrées à Mercuès, au nom de M. Mcstre, en gare de Lourdes : environ 20 Kg.

–    enregistrées à Mercuès, au nom de M. Couffin, en gare de Lourdes : environ 10 Kg.

Dans les mois qui suivent la Libération, apparaissent des problèmes multiples relatifs aux réquisitions effectuées par les unités du maquis pendant l’été 44. En général justifiées, certaines cependant, sont attribuées à tort aux Compagnies A.S, d’autres sont exagérément gonflées. Les exemples donnés montrent la diversité de ces réquisitions, parfois même la cocasserie de certaines réclamations.

Ainsi le 14 février 1945, M. RAUJOL Gaston, de LASSALLE, écrit au Colonel, commandant la subdivision militaire de Montauban :

«Après le débarquement du 6 juin, j’étais au chantier de jeunesse à Vitry-sur-Seine. Comme nous ne recevions plus aucun ordre et que c’était le sauve-qui-peut, j’ai décidé de rejoindre mon domicile à Lassalle (Tarn-et-Garonne).

Arrivé à Montauban, comme j’avais ma bicyclette chez un ami et qu’il n’y avait aucun moyen de locomotion, je récupérais mon vélo et je rentrais chez moi par les petites routes afin d’éviter les barrages qu ‘effectuaient les boches.

Au bout de mon voyage j’ai échoué le 8 juin à BROGES, commune de Puylaroque, où j’ai laissé ma bicyclette dans une ferme dont le propriétaire s’appelle Lacassagne Gaston qui a comme surnom «Le PAOUTUT.»

Je précise que j’avais laissé ma bicyclette pour regagner mon domicile, distant de 6 Km, à travers bois, pour éviter les patrouilles boches du camp de Caylus.

Quelques jours après, j’ai gagné le Maquis du Lot, et, de fait, n’ai pu aller chercher ma

bicyclette.

Après la Libération, et revenant du front, je suis retourné voir M. Lacassagne, pour reprendre mon bien. Mais celui-ci m’a certifié ne plus l’avoir. Sa femme a ajouté que c’était le Maquis de la 4ème ou 7ème compagnie A.S. du Tarn-et-Garonne, commandée par le Capitaine CAMILLE, qui l’avait réquisitionnée. Aucun bon n’a été délivré pour cette réquisition.

Je précise que cette bicyclette était en très bon état, avec de bons pneus. Je l’estimais à une valeur commerciale de 1800 francs environ.

Mon Colonel, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir me faire délivrer un bon de réquisition pour ma bicyclette, réquisition effectuée par le Maquis, alors que j’y étais moi-même.»

Le 20 novembre 1944, M. BROUSSES Paul, épicier à St ANTONIN, écrit au Préfet de Tarn-et-Garonne :

«J’ai l’honneur de vous déclarer que le 25 août 1944, vers 19 h, un groupe de 8 F.F.I., gradés et soldats, s’est présenté à mon dépôt de marchandise, sis place du Pradel à St ANTONIN, conduit par M. ROUMIEU, garde champêtre à St Antonin, et qu ‘ils ont procédé à l’enlèvement des marchandises suivantes :

–    essence

–    alcool dénaturé

–    huile

–    sucre

–    4 balayettes en paille de maïs

-10 paquets de cierges d’enterrement

–    mon ceinturon souvenir de ma guerre 14-18, et mes courroies de sac conservées pieusement. Ils n ‘ont pas osé prendre ma croix de guerre et ma fourragère qui se trouvaient ensemble. Je vous signale que cet enlèvement a été exécuté par le Capitaine CAMILLE en personne ( alias Cabarroques, gendre Mignot, chapelier à Caussade ) et qu’il ne m’a délivré aucun bon de réquisition, que ces marchandises ont été transportées avec la camionnette du boulanger CONTE à St ANTONIN, réquisitionnée. »

Le 21 février 1945, Mme Marcel M., épouse du docteur M. à St Antonin, réclame entre autre la restitution d’appareils de médecine appartenant à son mari.

A la même époque, M. K., dentiste à Monclar de Quercy, fait part aux gendarmes de Monclar, qu’un lot de fausses dents a été saisi dans son cabinet par une formation F.F.I.

Le 22 mars 1945, le chef de bataillon CABAROQUES, alias Camille, répond au Colonel, Commandant la subdivision militaire de Montauban :

«En réponse à vos différentes notes, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il est exact que le Dr M., sa bonne et Mr B., ont été arrêtés par mes soins le 24 août 1944, sur l’ordre du 2ème bureau.

Une perquisition a été opérée au domicile des intéressés sous la direction du Lieutenant Michel de la 6ime Compagnie.

Deux roues de voiture saisies chez Mr B. et quatre pneus saisis chez le Dr M. ont été en réalité réquisitionnés et montés sur des véhicules de mon unité.

Quant aux fausses dents appartenant à Mr K., ainsi que les appareils de médecine appartenant à Mr M, je n ‘en ai eu aucune connaissance.

Je m’étonne fort que Mr B. puisse donner de telles précisions, et que Mme M. ait attendu six mois pour déposer sa plainte. Depuis la date éloignée à laquelle la perquisition a été opérée, il est aussi difficile de retrouver les objets réclamés que de contrôler les affirmations des plaignants, qui d’ailleurs ne peuvent fournir aucun témoignage réellement valable, sauf ceux de personnes trop directement intéressées.

D’autant que la moralité des plaignants est très douteuse: leurs agissements antérieurs le prouvent, ainsi d’ailleurs que leur internement pendant 3 mois. Ils n’ont dû leur libération sans jugement qu’à l’intervention d’une puissance amie.»

Le 4 octobre 1944, Mr LARROQUE signale que son camion, chargé de 10 stères de bois et 100 fagots, a été réquisitionné le 19 août, lors de la traversée de Négrepelisse. Le Lieutenant TACHE, responsable de la 6ème Cie, rend compte au Capitaine CABAROQUES :

«Le 19 août 1944, jour de l’attaque contre le Bâche à Montauban, le camion de Mr LARROQUE passait à Négrepelisse se rendant à Montauban. Le camion était chargé de bois et de fagots. Les Corps-Francs du Capitaine DUMAS et ma compagnie reçurent l’ordre de se poster à Montauban pour prendre part aux opérations qui allaient libérer la ville.

Ils nous manquaient des véhicules. Celui-là que nous avions sous la main, fut déchargé de son contenu, puis servit à transporter les troupes à Montauban.

Le bois fut laissé sur la place publique, et, le soir même la délégation municipale organisait une cantine, se servant de ce bois pour la préparation des vivres pour les Compagnies engagées et pour les troupes de passage se rendant à leurs postes respectifs.

Ma compagnie, de retour à Négrepelisse, prit la direction de la cantine, servant 400 repas par jour: elle a ainsi utilisé le bois qui restait.

Le camion ayant été rendu à son propriétaire, il y aurait lieu d’adresser un bon de réquisition pour le règlement du bois.»

Le 27 septembre 1944, Salvador, dit TONY, F.F.I. à Montpezat, écrit au Commandant CABAROQUES :

«Il a été réquisitionné à Mr DEPEYRE, buraliste à Montpezat, dans la nuit du 1° au 2 juillet 1944, du tabac dont détail suit.

Le chef de groupe ayant procédé à l’enlèvement était M. DARO Alfred, actuellement adjudant-chef à la Compagnie MONFRINI à Septfonds. Il était accompagné de cinq personnes dont j’ignore totalement les noms.

Etant donné que M. DEPEYRE n ‘était pas collaborateur, qu ‘il n ‘a pas fait preu ve de mauvaise volonté lors de la réquisition, qu’il ne lui a pas été délivré de bon de réquisition alors que d’habitude nous payions le tabac que nous prenions, serait-il possible de régler ce petit différent, d’autant que ce Monsieur est mutilé de guerre et que la valeur de la marchandise réquisitionné relève de sa perte. »

Le 27 janvier 1945, M. ANDRIEU Gaston, Curé-doyen à Grisolles, fait la déclaration suivante en la gendarmerie nationale de Grisolles (document).

Le 30 janvier 1945, le Commandant CABAROQUES répond à l’Abbé ANDRIEU : «J’ai l’honneur de vous adresser une attestation concernant le matériel pris par le Maquis Bir-Hakeim, 7ème Compagnie, à la Colonie «L’Etoile», à RICHARD, par Caylus.

Seuls les objets enlevés effectivement par les F.F.I. figurent sur l’attestation.

Quant au reste du matériel manquant, j’ignore totalement les auteurs de cet enlèvement. » Le 25 janvier 1945, l’Intendant Militaire en résidence à Montauban, adresse au Commandant de la 7ème Compagnie du Maquis Bir-Hakeim, la correspondance suivante :

«J’ai été saisi d’une demande d’indemnité présentée par M. G, demeurant à Puylaroque, pour la réquisition de 124 Kg 600 de truffes, opérée à son encontre par votre unité.

Vous voudrez bien m ‘adresser d’urgence au sujet de cette réquisition, un rapport détaillé sur les circonstances dans lesquelles elle a été opérée et sur les motifs pouvant la justifier.»

Réponse du Lieutenant DUCLOS le 31 janvier 1945 :

«Etant au Maquis de Pech Sec (Camp de Caylus), sur les informations de nos indicateurs, nous avons effectué chez M. G à Puylaroque, collaborateur notoire, une réquisition de boites de conserve. Nous ignorions si ces boîtes contenaient de la truffe.

Pendant le transport de ces boîtes, un accident d’auto regrettable, où la voiture a été complètement carbonisée ainsi que son contenu, nous a entièrement privés des avantages de cette réquisition, et il nous est impossible de préciser le contenu des conserves, ainsi que le poids de la marchandise livrée par M. G. »

M. G s’adresse alors plus haut, au Ministère de la Guerre, Direction Générale de l’Intendance, qui ouvre alors une enquête désignée : «Réquisition abusive opérée par les F.F.I.»

Le 31 octobre 1945, un bordereau d’envoi est expédié au Directeur de l’Intendance de Toulouse qui mentionne : «D’après les déclarations de l’auteur responsable de la réquisition, la voiture qui transportait les boîtes de truffes représentant une valeur de 63 788 F, aurait été complètement carbonisée ainsi que son contenu à la suite d’une collision avec une autre voiture.

Les raisons que l’intéressé invoque pour justifier cette réquisition abusive, à savoir que   cette opération s’est effectuée rapidement, les hommes chargeant sur la camionnette toutes les boîtes qui leur tombaient sous la main, semblent pouvoir être retenues.

Si l’on considère l’époque à laquelle l’opération a eu lieu (juillet 1944), on peut admettre,   en effet, que les intéressés pressés par les événements n’ont pas eu le temps d’examiner le contenu des boîtes.

Cependant, le règlement de cette affaire ne pourra intervenir que si le commandement   reconnaît que la réquisition de denrées d’alimentation était nécessaire pour assurer les besoins nor-  maux de la troupe.

Sinon, les auteurs de la réquisition auraient commis une faute personnelle, détachable de la fonction, et, dans ce cas, le prestataire n’aurait que la ressource de poursuivre les coupables devant la juridiction de droit commun compétente, s’il l’estime opportun.»

Le Colonel VERDIER, Commandant le Groupe de Subdivision de Montauban transmet le bordereau au Lieutenant DUCLOS le 15 novembre 1945, en lui demandant «de bien vouloir lui faire connaître si la réquisition de truffes chez M. G à Puylaroque était nécessaire pour assurer les besoins normaux des hommes. »

Réponse définitive de DUCLOS faite le 22 novembre 1945 :

«Le 11 juillet 1944, il a été fait une réquisition de boîtes de conserve chez. M. G à Puylaroque – M. G, collaborateur notoire, était dénoncé par l’opinion publique, comme fournisseur de boîtes de conserve contenant du gibier, foie d’oie, porc truffé…etc, aux Officiers Allemands.

La réquisition ayant été opérée rapidement, les hommes ont chargé sur la camionnette «Peugeot» toutes les boîtes qui leur tombaient sous la main. Au retour, une collision malheureuse avec une autre voiture de la Compagnie qui se rendait près de la voie ferrée pour faire sauter la voie et arrêter ainsi les chars d’assauts de la Division «Das Reich», chargés en gare de Caussade, voulut que les deux véhicules prissent feu. Nous ne pûmes que dégager les quatre blessés dûs à l’accident, sans nous occuper des boîtes de conserve qui ont été perdues dans le feu. Ce n ‘est que plus tard que j’appris que ces boîtes contenaient de la truffe qui ne nous aurait été d’aucune utilité.

Cette réquisition avait été effectuée pour fournir à nos hommes des vivres de réserve en vue des opérations éventuelles des mois de juillet et août 1944.»

Restent les troupes F.F.I., considérablement grossies dans les derniers jours. Certains regagnent leurs foyers, peu nombreux. Le 29 août 1944, par ordre de la Région, les Régiments du 3ème Hussard et 23ème d’Infanterie sont en cours de reconstruction.

«Une place prépondérante doit être réservée dans ces unités d’élite aux membres des F.F.I. qui sont appelés à constituer les cadres de l’Armée de demain.

Les Commandants d’Unité devront diriger sans retard sur Montauban, un tiers au moins de leurs effectifs actuels.

Tous les hommes devront être armés. La moitié au moins des armes automatiques devront être versées aux Corps nouvellement constitués.

Chaque unité devra en outre s’efforcer de fournir au moins, un camion, une camionnette, deux voitures de tourisme et deux motocyclettes, en bon état de marche.

Les troupes dirigées sur Montauban devront être encadrées si possible.

Du fait de la mobilisation prochaine des classes 39 à 45, il est de l’intérêt des membres des F.F.I. de prendre place dans les Unités nouvelles avant le commencement des opérations de recrutement. »

En effet, des menaces de plus en plus précises, planent sur les F.F.I. Aussi le 23 septembre 1944, le Colonel RAVANEL, Chef de Région, signe l’ordre du jour suivant :

«Les chefs départementaux F.F.I. de la région de Toulouse réunis au Quartier Général sous la présidence du Colonel BERTHIER, chef régional par intérim, déclarent, au nom des 51 000 F.F.I de la région, ne pouvoir reconnaître d’autres autorités de commandement que celles qui seront régulièrement investies par l’Etat-Major de Paris et le COMAC

Ils proclament leur attachement à la forme de l’Armée Nationale Populaire, telle que l’ont forgée les F.F.I. au combat.

Ils dénoncent toute une série de mesures et de décrets qui visent à liquider leurs formations.

Ils affirment leur inébranlable détermination de combattre toute tentative ouverte ou larvée de dissoudre ou de fragmenter l’unité des F.F.I.» (doc 6).

AVANT QUE MEMOIRE NE MEURE Tome1Page248

Des feux mal éteints
Documents
1    – Note de service du 17 août 1944: destruction de gerbières

2    – Ordre du 18 août 1944: arrestation de parents de miliciens

3    – Ordre du 30 août 1944: exécutions abusives

4    – Lettre du 20 août 1944 du maire de Puylaroque

5    – Taxe des denrées par le Comité de Libération de Caussade

6    – Ordre du jour du 23 septembre 1944 du Colonel RAVANEL

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Ordre du 18 août 1944: arrestation de parents de miliciens

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Ordre du 30 août 1944: exécutions abusives

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lettre du 20 août 1944 du maire de Puylaroque

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Lettre du 20 août 1944 du maire de Puylaroque

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Lettre du 20 août 1944 du maire de Puylaroque

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Taxe des denrées par le Comité de Libération de Caussade

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Ordre du jour du 23 septembre 1944 du Colonel RAVANEL

Des feux mal éteints
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