Page 106-107 du Livre « Cinquantenaire  Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »

Arbeit (travail). Sous la pluie, dans la neige, l’appel s’égrenait, recommençait en cas d’erreur, une fois, deux fois, plusieurs fois ; si tel était le bon plaisir des gardiens, les détenus devaient se dévêtir entièrement. Il leur arrivait de soutenir ceux qui chancelaient, et parfois ceux qui venaient de mourir.

Évasions. Les méthodes ne manquaient pas : passage par les Pyrénées ou la frontière suisse, évasion par bateaux et par sous-marins, ou à l’aide d’avions qui se posaient clandestinement.

Expériences. Dans certains camps, avaient lieu des « expériences médicales ». Les chirurgiens (ou les S.S.) pouvaient pratiquer la vivisection, les greffes d’organes, l’inoculation expérimentale de maladies comme le paludisme ou le typhus, qui permettait de faire l’essai de nouveaux vaccins. Les usines de produits chimiques achetaient des déportés pour étudier l’effet de leurs gaz ou de leurs poisons. Les usines aéronautiques étudiaient les phénomènes de décompression. Des femmes étaient stérilisées ou inséminées artificiellement. Et tous ces cobayes étaient évidemment autant de condamnés à mort.

Faux papiers. Les résistants qui travaillaient dans l’ombre, les agents de liaison qui circulaient sans cesse, les évadés ou les réfractaires qui se cachaient, vivaient le plus souvent sous de fausses identités. Il fallait donc établir de faux papiers qui étaient parfois « presque » aussi authentiques que les autres, lorsqu’ils avaient été établis dans les mairies ou les commissariats par des fonctionnaires résistants.

La chambre à gaz. Celle-ci était une baraque dont l’intérieur était aménagé comme une salle de douches. Les malheureux croyaient d’ailleurs souvent qu’ils allaient à la douche ; mais, au lieu d’eau, c’était du gaz qui arrivait par les canalisations, le gaz « zyklon » qui tuait en quelques minutes. Les cadavres étaient alors évacués par un kommando spécial et charriés dans des fours crématoires ou, quand ceux-ci étaient insuffisants, sur d’immenses bûchers.

La mort. En fait, tout déporté était un condamné à mort. La fin du système concentrationnaire était l’extermination, et les moyens ne manquaient pas.

Beaucoup étaient tués dès leur arrivée au camp. Il s’agissait en particulier d’Israélites. A Auschwitz, à leur descente des wagons, ils étaient répartis en deux colonnes. Ceux qui étaient capables de fournir quelque travail étaient envoyés dans le camp. Les autres, malades, vieillards, enfants, femmes enceintes, étaient immédiatement dirigés vers la chambre à gaz.

Les maquis. On appela ainsi les groupes de jeunes gens, volontaires pour la lutte armée ou réfractaires au S.T.O. qui, « prenant le maquis », s’installèrent dans des régions montagneuses ou boisées. Ils menaient une existence hasardeuse et connaissaient, malgré la complicité des populations, de grandes difficultés matérielles. Les maquis gardaient en réserve les futurs combattants de la libération et procédaient à des opérations de nettoyage. Certains engagèrent ou soutinrent de véritables batailles, comme aux Glières, au Mont-Mouchet ou au Vercors. En Tarn-et-Garonne, ceux de Bir-Hakeim, Cabertat, Ornano furent dénoncés et attaqués par les troupes d’occupation et la milice.

Les réfractaires. L’Allemagne en guerre, dont tous les hommes en âge de porter les armes se battaient dans toute l’Europe et en particulier à l’Est, avait besoin de main-d’œuvre qu’elle réclama aux pays occupés. Elle avait proposé à la France la « relève », c’est-à-dire l’échange de trois ouvriers spécialisés contre un prisonnier. Mais la formule n’obtenant aucun résultat, elle fit instituer par le gouvernement de Vichy une véritable mobilisation de plusieurs classes, le « Service du travail obligatoire » ou S.T.O. Un certain nombre de jeunes gens partirent ainsi travailler dans les usines d’Outre-Rhin. Mais beaucoup de « réfractaires » au S.T.O. passèrent dans la clandestinité. Quelques-uns se cachèrent dans des maisons ou des fermes amies. La plupart furent à l’origine des « maquis ».

Le renseignement. Ce travail n’était pas sans danger. Les agents de renseignement et de liaison étaient traqués et de nombreux réseaux furent, à plusieurs reprises, décapités ou décimés.

Le « revier » (l’hôpital). Dans le camp, une baraque était réservée à « l’hôpital », où entraient, dans la mesure des places disponibles ou selon la fantaisie du responsable, les déportés les plus malades.

Il y avait bien un « médecin », mais celui-ci ne l’était pas toujours réellement. Là, dans une promiscuité effroyable, à deux ou trois par lit, croupissaient, presque sans soin et sans médicament, des malheureux dont beaucoup s’acheminaient vers la mort.

Et, bien souvent, celle-ci était hâtée par une piqûre de pétrole ou d’essence !

N.N. (Nacht und Nebel : Nuit et Brouillard). Les lettres N.N. signifiaient, pour celui qui les portait peintes sur son vêtement, la condamnation à mort inévitable. Mais, en fait, personne n’était à l’abri, et ceux qui ne mourraient pas immédiatement rencontraient, à chaque instant, l’occasion de mourir : un S.S. désœuvré « faisait un carton » sur un détenu ; un kapo ivre rouait de coups un malade que la dysenterie entraînait, la nuit, vers les latrines.

Presse clandestine. Celle-ci faisait de la propagande, diffusait des nouvelles, cherchait à répandre son esprit. C’est pourquoi elle ronéotypa, puis imprima des journaux, des tracts et même des livres. Les imprimeurs ont payé un lourd tribu à la France, car leur tâche n’allait pas sans risques.

La Résistance avait ses organes de presse, que l’on transportait dans les valises et diffusait « sous le manteau » (Résistance, Combat, Libération, Franc-Tireur, L1 Humanité, Le Populaire, etc.). Les écrivains, les intellectuels, participaient avec leurs moyens propres au combat des Français, grâce aux publications clandestines (revue Les Lettres Françaises, Éditions de Minuit) ou à la complicité de certains éditeurs.

Résistance-Fer. Les cheminots avaient leur propre réseau, « Résistance-Fer » : ils pouvaient donner de précieux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes, aider les transports de courrier, de journaux, de tracts, de matériel, favoriser les évasions et même organiser le sabotage ferroviaire.

Quant aux agents des P.T.T., ils ont eux aussi joué un rôle important grâce à leur réseau « Érable » : contrôle du courrier et des communications ennemies, sabotage de certaines lignes réservées aux troupes d’occupation.

Sabotage. Le sabotage était la principale activité de certains réseaux. Il y en eut de toutes sortes dans les usines et les ateliers. Parfois, quand un bombardement risquait d’être inefficace ou de provoquer des destructions inutiles ou des morts, il était fait appel à des volontaires qui allaient déposer sur les lieux mêmes la dynamite ou le plastic qui devait détruire l’objectif ou l’endommager.

Tortures. La torture était fréquemment appliquée. Tout manquement à la discipline était sévèrement puni par une bastonnade. Punitions et exécutions étaient accompagnées d’une remarquable mise en scène. Au Struthof, en 1943, on offre deux pendus comme « cadeau » de Noël. Flossenburg, à Noël 1944, un magnifique sapin est planté au milieu du camp. Six suppliciés y sont pendus.

Glossaire
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