L’ARMEE SECRETE DE TARN ET GARONNE

Maquis de Sistels

La 13° Compagnie de l’A.S. de Tarn et Garonne est née le dimanche 20 juin 1943.

Ce jour-là, « PRUET », qui n’était autre que le commandant MAISON de l’Etat Major de l’A.S. de Tarn et Garonne, vint à LAGAMISTERE en compagnie de son ami GERMAIN, ancien directeur de l’école de LAGAMISTERE, en poste à MONTAUBAN.

Il contacta Georges TRENAC, instituteur à LAGAMISTERE avec son épouse, et avec son assentiment le chargea d’organiser la Résistance dans le secteur Ouest du département, comprenant la région de VALENCE D’AGEN, GOLFECH, LAGAMISTERE, DUNES, DONZAC, SISTEL, etc, ou rien encore n’existait à cette date-là.

C’est ainsi que le lieutenant Georges TRENAC fut chargé de créer sous le pseudonyme de « TELLIER » la 13° Compagnie de l’Armée Secrète du Tarn et Garonne, appelée par la suite à opérer dans le secteur Ouest.

Il fut bien aidé dans sa tâche d’organisation par un petit noyau de purs résistants qu’étaient CARRERE Robert, LOUIS René, IRRAGUE Jean, COUFFIGNAL André, LABOUYRIE (chef de gare), BLAQUIERES Emile …, tous de LAGAMISTERE.

Ce petit groupe devait s’agrandir rapidement par l’adhésion de Antonin VER, responsable de la section de valence D’AGEN, et de Pierre DEMATHIEU, son adjoint, de André BOURREIL, chargé du groupe de GOLFECH, de Daniel POUJADE, chargé de recruter à DONZAC et DUNES, de André MERLE, ayant la responsabilité de l’organisation du secteur de SISTELS, appelé à devenir, à son domicile, le Q.G. de la 13° Compagnie et à recevoir au « Bois Grand » le moment venu les futurs maquisards.

Pendant plusieurs mois, la 13° Compagnie vécut clandestinement, ignorée du grand public, mais active, se dotant d’une structure parfaitement organisée en vue de constituer une unité militaire apte à prendre le combat de guérilla prévu, après avoir été armée par les parachutages promis.

Ses membres avaient à s’occuper de placer dans des fermes de la région des réfractaires au S.T.O. et de cacher des résistants de l’extérieur recherchés avec
acharnement par la Milice d’AGEN et son sinistre chef, DELPUCH dit « Bouboule », gnome atroce paré de quelques oripeaux militaires du Reich, ne quittant jamais sa mitraillette, ainsi que par la Gestapo d’AGEN dont le chef était le scharführer ZORNN, ayant pour adjoint HANAK « le Balafré », ignoble tortionnaire qui a fait trembler la Gascogne et dont la tête valait pour l’Allemand la vie de cinquante otages. Il agissait surtout par haine de la France, «les Français me dégoûtent », disait-il, «je prends plaisir à faire souffrir cette sale race ! ».

C’est ainsi que Henri PUJOS de FALS (L-G), important chef communiste du Lot et Garonne dont la tête était mise à prix par l’occupant, fut caché et hébergé, d’abord par la famille COUFFIGNAL à LAGAMISTERE, puis durant de nombreux mois jusqu’à la libération par Roger BORDENEUVE dit « Pépé » dans la résistance à COUPET, près de VALENCE D’AGEN. Durant cette période, le père de PUJOS (Noël) qui commandait en Lot et Garonne une compagnie du Corps Franc POMMIES fut arrêté par la Gestapo et fusillé le 05 janvier 1944 à TOULOUSE.

LAJENTE Guy, de CAUDECOSTES, chef de section d’une compagnie du Corps Franc POMMIES en Lot et Garonne est recherché par la Gestapo. Il fut camouflé chez les époux GADACH, agriculteurs sur une propriété située dans les bois à SAINT ANTOINE (Gers). Il devait par la suite adhérer à la 13°Compagnie de l’A.S.

Durant cette période de transition, les futurs maquisards déjà recrutés ne restaient pas inactifs, s’occupant de fabriquer chez le « père » RISON, un ancien imprimeur de VALENCE D’AGEN ayant cessé toute activité professionnelle, des tracts, des journaux, de l’information, de la propagande anti-nazis, de récupérer celle lancée par l’aviation alliée sur le secteur, de distribuer le tout clandestinement, de nuit de préférence, malgré le danger que faisait courir le couvre-feu, afin de prouver à la population de nos villages et de nos campagnes la réalité de l’existence de la Résistance, bien décidée à aider les Alliés et le Général DE Gaulle à remporter la victoire qui nous libérerait de l’occupant et nous rendrait la liberté.

Ils avaient aussi à surveiller et parfois à déjouer les activités des miliciens et francs-gardes du secteur-au total plus de 30- placés sous les ordres du chef milicien René XXXX, commençant à valence, et du responsable local Léon XXXX; distillateur à LAGAMISTERE, spécialiste dans la chasse aux Juifs, nombreux camouflés dans le secteur de la 13° Compagnie et recherchés par la Gestapo d’AGEN et de TOULOUSE.

A ce sujet, il est bon de souligner l’importante participation de Robert CARRERE, à organiser et utiliser avec « VOLCAN »- une jeune Juive, agent de liaison du réseau de résistance « Eclaireurs Israélites de France », qu’il cachait chez lui et dont les parents et grands-parents avaient été déportés à DACHAU où ils moururent- une filière de dimension nationale, de placement de jeunes enfants juifs, pour la plupart orphelins, en provenance de diverses régions, qu’ils placèrent, aidés par Pierre DEMATHIEU, alias Marcel, dans la résistance, dans les familles amies et sûres, principalement dans le Gers « sauvage », région de MIRADOUX, FLAMARENS, GIMBREDE, SAINT CLAR, SAINT ANTOINE, MARSAN, etc, mais aussi à BARDIGUES, MANSONVILLE, LA CHAPELLE, en limite du Tarn et Garonne et du Gers.
AUVILLAR, grâce aux sœurs de son couvent et au docteur HIRCH Sigisnond-réfugié de la région parisienne avec sa famille, qui devait être arrêté par la Gestapo et déporté avec son épouse au camp de MATAHAUZEN où Mme HIRCH mourut au four crématoire-, devait servir de plaque tournante à ce réseau ayant des ramifications jusqu’à CHIRAC en Lozère. Il permis de sauver un très grand nombre d’enfants juifs orphelins du sort réservé à leurs parents.

Depuis cette époque, la gamine de 1944 est devenue Mme Andrée LEHMANN, scientifique éminente et collaboratrice du Professeur PUJOL, spécialiste renommé de la lutte contre le cancer, au centre anticancéreux de VILLEJUIF.

Pour armer l’unité, d’environ 60 volontaires et constituée après plusieurs mois d’un travail clandestin très dangereux, il fallait un terrain de parachutage.

Il fut trouvé à SISTELS, au lieu-dit « Beaumes », près de la ferme RIGAIL et du « Bois Grand », à la limite des 3 départements : Tarn et Garonne, Lot et Garonne, Gers. Ce terrain fut homologué par Londres début 1944 sous le nom de « YACHT » – 32 C, son message personnel étant « le bracelet est une imitation ».

Le 6 Avril 1944 à midi, le message tant attendu passe sur les ondes en provenance -de Londres. A 19 heures, même message. L’alerte est transmise aux intéressés. A 21 heures moins le quart, du micro venant de Londres, l’impératif retentit en sa phrase laconique deux fois renouvelée. Le parachutage destiné à la 13° Compagnie de l’Armée Secrète du Tarn et Garonne est définitivement confirmé pour ce soir.

Les différents groupes de 8 hommes mis en alerte à DUNES, SISTELS, LAMAGISTERE, VALENCE, atteignent sans encombre le terrain de parachutage. Le délégué de LONDRES est avec les Valenciens. A 23 heures, tout est en place suivant les consignes reçues et les équipes de sécurité, armées, peuplent les buissons d’alentour. Nous attendons les yeux rivés au ciel.

Soudain, de la pénombre, un grand oiseau vient de surgir, moteur muet, décrivant ses courbes. L’œil de notre lampe a déjà cligné le point-trait A qui caractérise notre terrain. L’appel est répété et la réponse ne se fait pas attendre, venant de l’aile gauche de l’Halifax annoncé. Un virage sur l’aile, en suivant la direction du vent, l’avion traverse tout en long la prairie à cent mètres d’altitude. Nouveau virage et, cette fois, une trappe s’ouvre sous la carlingue, juste au dessus du feu de paille rapidement allumé puis éteint, et nous voyons les premiers parachutes blancs, bleus, rouges poser leurs containers contenant armes, munitions, explosifs. Font également partis du parachutage un poste radio émetteur-récepteur et deux petits postes récepteurs. Au total, 15 containers sont réceptionnés.

L’ami RIGAIL a amené ses bœufs et déjà par équipe de quatre nous récupérons les lourds cylindres qu’un groupe range dans une cabane abandonnée, en plein bois, sous les ronces. Les parachutes sont également récupérés et enfouis en plein bois. Les postes sont pris en charge par RIGAIL et MERLE.

Le ramassage est presque terminé lorsque, tout à coup, un avion inconnu commence sa ronde au dessus de nos têtes. Grand émoi ! Chacun s’accroupit, cherchant un abri sous les buissons bordant le terrain ou dans les bois proches. Et l’avion tourne toujours sans répondre à nos appels répétés. Chacun, instinctivement, retient sa respiration lorsque la trappe s’ouvrit, et cette fois, nous avons bien reconnu un deuxième HALIFAX ( nous ne saurons que plus tard qu’il destinait sa livraison à un groupe du C.F.P., situé non loin dans la vallée embrumée de l’Arrats avec qui nous entretenons d’excellentes relations et à qui nous avons par la suite remis une partie de ce parachutage imprévu). Prenant certainement comme repère nos bœufs, dont le roux paraissait plus rouge sous la Lune, le pilote a largué avec une plus grande précision 14 containers contenant des armes, munitions, explosifs et autres équipements ; deux petits postes récepteurs figurent au tableau.

Soupirs de soulagement unanimes, puis nous commençons notre lourd travail de ramassage et de transport vers la ferme RIGAIL ou le tout, parachutes et postes compris, fut entreposé et camouflé sous des tonnes de paille.

Le jour commence à poindre et dernier détail, TRENAC et POUJADE entassent des colts et des mitraillettes qui se sont dispersés par la gueule ouverte d’un container trop brutalement atterri. L’on se sent déjà plus fort, avec ces armes que chacun manie pieusement. Tout enfin est en place. L’ami RIGAIL a préparé un bon petit déjeuner gascon arrosé du « rouge » de nos coteaux qui est le bienvenu.

Et tandis que le soleil a pris la place, au dessus du bois tout proche, des Halifax de la nuit, de petits groupes à bicyclettes reviennent vers leur domicile et leur travail, fourbus mais souriants et heureux du devoir accompli.

Maintenant, il faut passer à l’instruction des volontaires déjà enrôlés et leur apprendre le maniement des armes et explosifs parachutés : mitraillettes Sten, fusils anglais, fusils-mitrailleurs, grenades offensives et défensives, révolvers, plastic…Afin qu’ils deviennent une unité de « maquisards » efficace, il fallait également les former à la pratique de la guérilla, du combat et du sabotage.

Nous avons à la gendarmerie de VALENCE D’AGEN deux jeunes officiers de carrière, les lieutenants d’infanterie LECLER et DECHEYER, versés depuis l’armistice de Juin 1940, qui sont entièrement acquis à notre cause.

Contacté par Georges TRENAC, ils acceptent avec enthousiasme d’assurer l’instruction de nos recrues et de former l’encadrement.

L’instruction se fait au « Bois Grand » à SISTELS où se situe le maquis de la 13° compagnie ; André MERLE, dont la ferme est à proximité, abrite le Q.G de la compagnie.

Rapidement, au 15 mai 1944, une trentaine d’hommes peuvent être considérés comme opérationnels et placés par groupe de 8 à 10 sous les ordres du lieutenant TRENAC, dit « TELLIER » pour LAMAGISTERE, du capitaine VER, alias « NITO » pour VALENCE D’AGEN, de l’aspirant MERLE, dit « L’OISEAU » pour SISTELS, de l’adjudant POUJADE, alias « ? ? » pour DUNES.

Les lieutenants instructeurs LECLER et DECHEYER poursuivent leur rôle et prennent en charge, avec le concours du gendarme André TABARLY de la brigade de valence venu les rejoindre, les 20 à 30 volontaires restants.

Au début de Juin 1944, la 13° Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne compte une soixantaine d’hommes armés, bien encadrés, prêts à intervenir à l’appel des Alliés, dans des actes de guérilla et de sabotage.

Durant cette période de préparation, les actions clandestines de résistance à l’ennemi, entreprises depuis juillet- août 1943, se sont poursuivies et ont même pris une certaine ampleur avec le soutien moral des populations concernées et l’aide de personnes acquises à la cause que nous défendons. Monsieur Edouard SAZY, secrétaire de mairie à LAMAGISTERE, nous fournit de nombreux et précieux renseignements sur les troupes Allemandes occupant la ville, des cartes d’alimentation, des bons d’essence et d’autres carburants, etc, etc …

LAMAGISTERE hébergeait plus de 40 réfugiés israélites faisant l’objet de nombreuses rafles de la part de la Gestapo ( police anti-Juifs allemands) et de la Milice agenaise du sinistre « Bouboule ». Edouard SAZY nous aida à en sauver un grand nombre.

Mlle PRADVIEL, secrétaire générale de la Préfecture à MONTAUBAN, nous fut également d’un grand secours en nous fournissant de nombreuses fausses cartes d’identité destinées à des résistants ou réfractaires recherchés par la Gestapo et la Milice.

De janvier à fin mai 1944, sans qu’il soit possible d’en fixer une date exacte suite à l’absence de documents et du recul du temps, plusieurs actes de sabotage furent commis par des commandos de la 13° Compagnie, sous les ordres de André MERLE et Georges TRENAC, sur la ligne de trains BORDEAUX-VENTIMILLE, entre les gares de LAFOX et VALENCE D’AGEN : rails déboulonnés ou sectionnés, disques signaux abattus et détruits, ralentissant ou stoppant provisoirement la circulation des convois militaires allemands.

Ces sabotages furent réalisés de nuit, malgré la garde des voies ferrées par des civils réquisitionnés et placés sous la surveillance de militaires allemands.

D’autres sabotages importants, allant jusqu’au plasticage de pilonnes sont commis sur des lignes électriques à haute tension, ainsi que sur des lignes téléphoniques aériennes et souterraines, empêchant leur utilisation souvent pour plusieurs jours.

C’est ainsi que le câble téléphonique souterrain BORDEAUX-MARSEILLE, réservé au service des autorités allemandes, fut sectionné à plusieurs reprises par le même commando entre « LASPEYRE », à la limite du Tarn et Garonne et Lot et Garonne, et POMMEVIC (82).

Le 3 Mai 1944, VER, alias capitaine « Nito », responsable de la région de VALENCE D’AGEN, organise avec plusieurs de ses hommes la désertion d’André MELLY, un jeune Alsacien incorporé de force dans les Waffen SS de la division « das Reich » de sinistre mémoire, ayant commis en Tarn et Garonne le 23 juin 1944 le criminel triptyque « DUNES- SAINT SIXTE- CAUDECOSTE », avec au total 32 innocentes victimes.

André MELLY appartenait à la 110° compagnie d’infanterie de la division « das Reich » cantonnée au château de Lastours, entre AUVILLAR et VALENCE D’AGEN. Comme beaucoup de ses compatriotes, il n’acceptait pas le joug hitlérien et parlant parfaitement le français, il s’en ouvrit à VER, qui tenait à valence un studio de photos, où il était entré pour se faire photographier. NITO, avec beaucoup de précaution et après une longue conversation avec l’intéressé, lui proposa de l’aider à rejoindre le maquis, s’il le désirait. Après avoir longtemps hésité, MELLY prit la décision de déserter, avec tous les risques que cela représentait pour lui et sa famille.

Il fut décidé qu’il abandonnerait le château de Lastours le lendemain avant le couvre-feu, après s’être procuré une bicyclette, avec ou sans armes suivant les circonstances. Point de rendez-vous : Bar de la Marne à VALENCE, qu’il connaissait et dont le patron, Raoul AIGUILLE, était des nôtres. Ainsi fut fait et dès son arrivée, MELLY était pris en charge, dans l’arrière salle, par René BERTAL, dit « le commandant » qui le transformait en un civil muni d’une officielle carte d’état civil, qui en faisait un authentique Français.

Malgré tout, il fallait éloigner MELLY de valence le plus rapidement possible, avant que son absence ne soit découverte à sa compagnie où l’on n’allait pas manquer de le rechercher.

Les instructions données par VER à BERTAL furent mises en pratique sans tarder, puis André et René prirent chacun leur bicyclette pour gagner ensemble, par des chemins détournés, la ferme de la famille d’Armand GUERRE à ST CIRICE, en limite du Gers. Première cache chez des amis sûrs pour MELLY, avant le maquis.

Armand GUERRE, averti, qui hébergeait depuis quelques jours un Valencien,

« Robert GAYRAL », réfractaire au S.T.O., les attendait. Un solide repas, préparé par l’épouse d’Armand, fit rapidement oublier à BERTAL les émotions et fatigues du parcours aller. Malgré le couvre-feu, le retour se déroula pour lui sans difficulté, avec la satisfaction d’avoir accompli avec succès la mission que « NITO » lui avait confiée.

Cachés sous un petit pont désaffecté, recouvert d’une végétation qui le rendait invisible de l’extérieur, André et Robert passaient leurs journées à écosser petits pois et fèves que leur apportait, en même temps que leur nourriture, Rachel GUERRE, l’enfant de la maison. Le quatrième jour, ce fut pour nos deux amis le départ dans la TALBOT à gazogène de Pierre DEMATHIEU pour le Q.G. de la 13° Compagnie de l’A.S. de Tarn et Garonne, implantée chez André MERLE à SISTELS, qui avait mis sa maison, sa famille et ses biens au service de la Résistance, et dont la ferme avoisinait le « Bois Grand », où se situait le « Maquis » de la 13° Compagnie.

Après le débarquement en Normandie et la libération de notre secteur dans les rangs de la 13° Compagnie de l’A.S. de Tarn et Garonne, André MELLY, alias « Popof » au maquis, s’engage dans la première armée française. A MONTAUBAN, il participe à la formation de la Brigade Alsace-Lorraine, commandée par les colonels A. MALRAUX et JACOT. Il aura la joie et l’honneur d’être le premier soldat français à entrer dans son village alsacien de RUSS, délivré. « RHIN et DANUBE » le conduisit d’épopée en épopée jusqu’à la victoire finale.

Il s’engage pour poursuivre la lutte contre le Japon puis pour la campagne d’Indochine, où il gagna ses galons de sergent. En 1948, l’aventure terminée, rapatrié et démobilisé, il retrouve à MONTAUBAN l’ami Antonin VER qui l’aide à obtenir, par l’intermédiaire de Jean BAYLET, une place de garde-forestier dans les Vosges. Depuis, marié, cinq enfants, André MELLY a repris une vie tranquille et jouit actuellement d’une retraite bien méritée dans les environs de Toulon.

Dès le 1° Juin 1944, les unités de l’Armée Secrète du Lot et Garonne et du Tarn et Garonne sont mises en état d’alerte, dans l’attente du jour « J » qui ne saurait tarder.

Louis ROUZAUD, dit « sans fil », le radio du maquis, reste sans relâche à l’écoute dans l’espoir d’entendre le message de la B.B.C., avertissant la Résistance du prochain débarquement.

Il ne fut pas déçu et, le jeudi 1° juin 1944 à midi, enregistra venant de LONDRES la première partie du message VERLAINE : « Les sanglots longs des violons de l’automne ». Les alliés avertissaient à l’avance leurs alliés clandestins en France du prochain débarquement.

Le commandant de la 13° Compagnie en fut immédiatement informé, et ROUZAUD repris son écoute.

Il a fallu attendre le lundi 5 juin 1944 à 21 h15 pour entendre la B.B.C. émettre, à deux reprises, la seconde partie du message VERLAINE, tant attendu : « Blessent mon cœur d’une langueur monotone ». A partir de ce moment en France, les responsables de la Résistance et des Maquis surent que le débarquement était imminent,

Georges TRENAC, dit « TELLIER » de son nom de guerre, commandait la 13° Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne. Il réunit au Q.G., chez MERLE, ses proches collaborateurs : CARRERE, VER, MERLE, DEMATHIEU, BOURREIL, POUJADE, LECLER, DECHEYER, afin de décider de la marche à suivre, dans l’immédiat. A l’unanimité, il fut décidé d’attendre que le débarquement annoncé soit effectif avant d’entreprendre des actions qui mettraient en danger les populations civiles de la région. Il fallait tenir compte de la présence à LAMAGISTERE d’une unité d’infanterie de la WERMACH d’environ 450-500 soldats, à valence et au château de Lastours de trois compagnies de S.S. de la division « das Reich » totalisant 800 soldats, fanatisés et fortement armés.

Le mardi 6 juin 1944, l’opération « OVERLORD » était confirmée officiellement par la B.B.C. Le débarquement tant attendu était une réalité. Ce fut un soulèvement général que Daniel POUJADE de dunes dirigea sur la ferme de MERLE à SISTELS. Les gens poussés par un ardent patriotisme affluaient de partout. Nous étions débordés. En cette circonstance, la famille MERLE fut admirable de courage, de dévouement et d’abnégation.

C’est chez elle que nous voyons arriver le 10 juin 1944 les gendarmes de la brigade de VALENCE d’AGEN ( LECLER- DECHEYER- TABARLY ), qui avaient été les instructeurs de la 13° Compagnie, accompagnés de FOUACHE, ACCOCE, DUFFAU, qui, après avoir traversé la Garonne en bateau à LABAQUERE, grâce à l’un des nôtres, Jean CAUSSAT, pêcheur d’aloses, venaient rejoindre la 13° Compagnie de l’Armée Secrète, avec armes et bagages. Ils furent dirigés vers le lieu du maquis au « Bois Grand », où ils furent accueillis avec la joie que l’on devine.

Le 13 juin, une véritable bataille se déroule à ASTAFFORT ( 47 ) entre des unités du CORPS FRANC POMMIES et des troupes ennemies composées de miliciens et Allemands.

A 14 heures, une embuscade est tendue à un important convoi d’environ 30 miliciens à la sortie d’ASTAFFORT, qui devant l’attaque se replient à la ferme du « Château-Martin».

Craignant le pire, le chef des miliciens envoie un des siens avertir la garnison allemande d’AGEN.

Vers 16 heures, la 13° Compagnie A.S. de Tarn et Garonne, vivant au Maquis en « Bois Grand » à une vingtaine de kilomètres de là est alertée. Immédiatement, un groupe d’une vingtaine d’hommes, sous les ordres du lieutenant LECLER, dit « la Santé » partent en bus réquisitionné épauler leurs camarades du C.F.P.

Dès son arrivée, le lieutenant LECLER, en soldat de métier, a vite jugé la situation. Les miliciens, totalement encerclés, ayant subi de lourdes pertes, sont sur le point de se rendre.

Après avoir pris contact avec le lieutenant d’active Jean BISWANG, « capitaine Béranger » au maquis, qui commande un groupe du C.F.P., le lieutenant LECLER estime que le C.F.P. n’a pas besoin de son aide pour obtenir la rédition rapide des miliciens. Après les salutations cordiales entre maquisards, LECLER et son groupe se retirent et rejoignent le « Bois Grand ».

Nous tenons la suite des événements des survivants de la bataille qui suivit avec les Allemands.

Vers 18 heures, une centaine de soldats allemands, venant d’AGEN, arrivent en renfort des miliciens. Une bataille acharnée s’en suit entre les Allemands et les soldats du C.F.P. qui subissent de nombreuses pertes. Après avoir longtemps opposé une résistance héroïque à l’ennemi, ils parvinrent par la suite à se replier vers leur cantonnement, au « Petit- Bois » à CUQ et à la « cabane de FRIGOUL », situé au sud de CAUDECOSTE.

Les Allemands et les miliciens eurent de nombreux morts et blessés, sans que l’on puisse les chiffrer.

Du côté du C.F.P., 12 tués, dont le lieutenant d’active Jean BISWANG, et 6 blessés sont à déplorer. Ils seront soignés le 13 juin au soir par le docteur KLEYMAN de LAMAGISTERE, à l’école de CAUDECOSTE transformée en infirmerie. En cette circonstance, l’institutrice de CAUDECOSTE, Denise BARATZ, appartenant à la 13° compagnie de l’Armée Secrète du Tarn et Garonne, se transforma en une infirmière au courage admirable.

Craignant que l’ennemi ne déclenche de vastes opérations de contre- guérillas dans tout le secteur d’ASTAFFORT, les sections MAUQUIE et GIMET vont provisoirement se disperser ; les armes vont être camouflées à nouveau en attendant des jours meilleurs.

Les hommes non compromis vont retourner à leur domicile. Les autres vont se réfugier dans des fermes amies. Quelques- uns vont rallier des maquis de l’Armée Secrète, dont celui de la 13° compagnie, au maquis de SISTELS, au « Bois Grand ».

Peut- être en relation avec les combats d’ASTAFFORT, des avions allemands sont venus mitrailler la ville de LECTOURE, le 15 juin, où l’hôpital de la ville a été principalement pris pour cible.

La tragédie de dunes du 23 juin 1944 fut un crève- cœur pour la 13° Compagnie qui, située au « Bois Grand » à SISTELS à quelques kilomètres de là, ne put intervenir, de peur de provoquer la destruction du village par les 200 S.S. allemands de la division « das Reich », cantonnée à valence d’AGEN, très supérieur en nombre, équipés d’armes lourdes et d’artillerie, en tournée punitive dans la région.

Signalons que le capitaine HERMANN, commandant la compagnie S.S n° 29955, au repos à VALENCE D’AGEN, a dirigé le même jour avec le lieutenant Eric DWUZET les tueries de DUNES, de ST SIXTE, et de CAUDECOSTE.

Nous ne rentrons pas dans le détail des faits, qui virent 200 bêtes humaines ivres de tuer, fusiller, pendre, torturer, sans raison 30 innocentes victimes et 5 blessés.

–    CAUDECOSTE : 1 tué et 1 pendu.

–    Saint SIXTE : 14 tués et 3 blessés,

dont un enfant de 9 ans, un de 14 ans, un de 10 ans, un de 2 mois, un de 3 ans, une vieille femme de 75 ans.

Ce n’était que de simples forains, se rendant à la foire d’AGEN, qui pour leur malheur, s’étaient arrêtés pour passer la nuit dans leurs roulottes à l’entrée du village.

DUNES : devant la population assemblée du village. « 11 » martyrs furent pendus au balcon de la Poste.

Il s’agit de : Louis DUFOUR, Martial MARTIN, Jean PELERAN, Paul MASSON, Yvon DUBURE, Gaston SIEURAC, Franck SAINT MARTIN, Maurice MAUQUIE, Marcel TONNELE, Roger DUBLIN, Isodore MARTIN.

Deux furent abattus à la mitraillette : Jacques MOUSSARON et Jean JEAMBERT.

CARPUAT Georges fut tué à coups de sabre, Joseph VIDALOT et Guillaume LACAZE, sérieusement blessés, furent laissés pour morts.

L’œuvre de mort était terminée. Les Allemands se mettent à boire et à chanter. Ils dévalisent un café voisin, tandis que les 11 cadavres restent suspendus au balcon de la poste, si serrés que les corps se touchent.

Puis DUNES est mis à sac.

Mais une estafette motocycliste arrive, portant un ordre.

Les Allemands repartent pour VALENCE D’AGEN, leur cantonnement emportant tout ce qu’ils ont pillé sur un camion volé à M. ROUBELET, à qui, un moment auparavant, ils avaient passé la corde au cou pour le pendre, sans donner suite.

C’est en cette circonstance fortuite que les habitants de SISTELS, le village voisin qui abritait le « Maquis » où les Allemands avaient dit qu’ils allaient ensuite, échappèrent à leur terrible destin, et DUNES à la destruction.

Très douloureusement ressenti par la 13° compagnie qui eut plusieurs de ses amis parmi les suppliés, celle-ci participa avec acharnement à la recherche des responsables qui avaient rédigé la dénonciation sur un cahier d’écolier déposé à la Kommandantur de VALENCE D’AGEN et tombé entre nos mains. Il s’agissait de deux femmes, Mmes Carmen XXXX de DUNES et Marie XXX de MALAUSE.

Arrêtées le 20 août 1944 et jugées le plus régulièrement du monde par un Conseil de Guerre tenu au château de PIQUECOS, dans les environs de MONTAUBAN, et non par un Tribunal Populaire tenu à DUNES comme il a été écrit, elles furent condamnées à mort et la 13° Compagnie A.S. fut chargé de l’exécution de la sentence.

C’est le 1° septembre 1944, dans l’après-midi, que celle-ci fut réalisée par pendaison à DUNES, où elles furent conduites en suivant le trajet « VALENCE D’AGENLAMAGISTEREST SIXTECAUDECOSTEDUNES «emprunté par leurs « complices » S. S. le 23 juin 1944.

Une foule imposante, mais digne, assista à la pendaison des traites, non au balcon des « martyrs » comme certains l’ont écrit, mais à un platane de la place Roubelet.

Au moment de l’exécution, Mme Carmen XXXX demanda pardon pour le mal qu’elle a fait. Maria XXXX ne manifesta aucun remord, injuriant même sa complice, la rendant responsable de sa mort.

Le 30 juin 1944, à 2h30 du matin, sabotage du pont de ROUX sur la RN 113 BORDEAUX- TOULOUSE. L’ouvrage d’art enjambe le canal latéral à la Garonne ; il est situé en limite des communes de VALENCE D’AGEN et de GOLFECH. Il a une importance considérable pour le trafic routier. Trois charges explosives de plastic ont été déposées.

Les dégâts ont été très importants mais l’ouvrage n’a pas été détruit. La circulation a été interrompue durant plus de 5 mois, sauf pour les véhicules légers.- La remise en service du pont, après travaux effectués par l’entreprise BARDIN de MONTAUBAN, n’aura lieu qu’au mois de mars 1945.

Après le 23 juin 1944 et ses atrocités, le secteur est calme pour la 13° compagnie A.S., en dehors des actes de sabotage habituels contre les lignes d’électricité, de téléphone, de voie ferrée, avec celui de l’aqueduc de NEGUEVILLE, situé au PK sur la ligne BORDEAUX- MARSEILLE, sur la commune de LAMAGISTERE.

Le 10 juillet 1944, un commando de la 13° Compagnie reçoit l’ordre d’aller à CASTELSAGRAT afin d’arrêter un dangereux milicien de l’équipe Valencienne, ayant participé en Charente, avec des soldats allemands, à des expéditions contre des maquis.

Après avoir accompli, non sans difficulté, la mission commandée, la traction avant de la 13° Compagnie, ayant à son bord MERLE, BERNADET, BARNAC, LECLER et leur prisonnier ES… – dont nous ne citerons pas le nom en raison de la présence de membres proches encore vivants -, regagnait, drapeau tricolore déployé, le « Bois Grand », lorsque, au bas de ST ANTOINE, au lieu- dit « SEXERE », deux camions militaires allemands chargés de soldats obligèrent la voiture à stopper et ses occupants à engager le combat.

Celui- ci fut des plus violents, mais les Allemands, supérieurs en nombre et en armement, obligèrent nos maquisards à décrocher. Utilisant la connaissance du terrain, et en particulier les immenses champs de maïs bordant la route, ils atteignirent la rivière « LARRATZ » qu’ils franchirent sur un gué connu de MERLE. Cette manœuvre leur permit d’échapper à l’ennemi et de regagner le maquis, en portant Raymond BERNADET, blessé sérieusement par balle à un pied. Au cours de cet engagement, 5 soldats allemands furent tués et 2 blessés ; confirmation en fut faite par un Alsacien-Lorrain, ayant participé au combat, lors d’une conversation avec un réfugié civil alsacien domicilié à VALENCE d’AGEN depuis 1940.
Pour la 13° Compagnie A.S., le résultat final se soldait par la perte de la voiture, de la disparition du milicien, qui avait profité de cet événement imprévu pour fuir dans la nature, de la blessure de BERNADET, dit « TITI ». Menacé, au bout de quelques jours d’infection, il fut transporté à FLEURANCE, à la clinique du docteur PRINCE qui évita de justesse l’amputation du pied. En bref, opération négative, si ce n’est la mort de 5 Allemands.

Nous apprîmes le soir même de l’engagement que le groupe d’Allemands rencontré à « SEXERE » appartenait à la compagnie S.S. de pontonnier, secteur postal n° 29573, cantonné à VALENCE D’AGEN, qu’il revenait d’une expédition punitive contre la ferme de Charles CASTAREDE, située au lieu- dit « Ferrière » à FLAMARENS, alors qu’il appartenait à un maquis F.T.P. du Gers ; à défaut de trouver celui qu’ils recherchaient, ces brutes sanguinaires avaient pendu, à un arbre situé devant la maison, sa mère Jeanne CASTAREDE, la servante Clémentine LACOUTRE, et tué d’un coup de révolver, donné par l’adjudant-chef commandant ce groupe d’assassins, Albert LACOUTURE, l’employé agricole de la ferme.

Ce fut bien sur le pillage de la maison et les beuveries habituelles lors de ce genre d’opération.

Certainement insatisfaits, ils revenaient 8 jours après sur le lieu du crime pour mettre le feu à la maison et à l’étable, qui furent entièrement détruites.

Au bord de la route, une stèle rappelle ce triple crime commis par une horde sauvage de soldats nazis, le 10 juillet 1944.

Coïncidence ou vengeance, le lendemain 11 juillet 1944, une rafle, organisée par les miliciens du groupe du chef valencien René XXXX, mettait en état d’arrestation à VALENCE D’AGEN plusieurs membres de la 13° Compagnie A.S. : Gontrand DEBANDE, Raymond MOULIS, Raoul LAURENT, Georges LAGNES, Joseph MALLEVIALLE, Maurice MATISON.

DEBANDE, LAURENT, MALLEVIALLE furent dirigés sur la prison St Michel à TOULOUSE, les trois autres sur le lycée de MONTAUBAN, siège départemental de la milice.

Raymond MOULIS, Georges LAGNES, Maurice MATISSON, Joseph MALLEVIALLE furent relâchés du siège de la milice à MONTAUBAN dans les 3 jours, après un interrogatoire sévère, mais restant dans la limite de la correction.

Gontrand DEBANDE et Raoul LAURENT, envoyés à la prison St Michel à TOULOUSE, eurent moins de chance. Après des interrogatoires « musclés », ils retrouvèrent la liberté à la libération de Toulouse le 20 août, après avoir évité de peu la déportation.

Joseph MALLEVIALLE, envoyé lui aussi à TOULOUSE, retrouva la liberté dans les 5
jours.
Le 15 juillet 1944 fut marqué par l’arrestation de Juifs à LAMAGISTERE par la Gestapo venue D’AGEN. Il s’agit de : Jespas MAGERCHOTE née ZULTA- 35 ans, David RAUCHEWERGER- 47 ans, Juda SLUCKY- 43 ans, Taubas WEBER- 26 ans et sœur de Jacques WEBER, membre de la 13° Compagnie A.S., Anna ROSEMBLUM née ROTH- 36 ans, Jules ALEXANDER- 62 ans, Guillaume MORVAN- 28 ans. Tous furent déportés au camp d’AUCHWITZ, où ils moururent.

Vers la fin juillet 1944, le P.C. de la milice opérant dans la région de VALENCE D’AGEN, situé au lieu- dit « la glacière » sur la RN 113, près de la commune de
GOUDOURVILLE, est attaqué et mis à sac par un commando de la 13° Compagnie A.S. Le chef, Paul XXXX, est absent ; il échappe au châtiment qui lui était destiné. De nombreux documents importants sont récupérés, avec le fichier complet des miliciens et des francs-gardes de la compagnie. Le local est ensuite complètement détruit
En ce début du mois d’août 1944, le maquis du « Bois Grand » semble peu sûr, et les miliciens et Allemands cantonnés à AGEN projettent de l’attaquer avec de puissants moyens.
Ces renseignements nous sont fournis par des camarades du C.F.P. Cela oblige la 13° Compagnie A.S. de changer souvent d’endroit. Nous nous trouvons dans les bois près de SISTELS (82), tantôt dans les bois de CUQ (47) ou dans les bois de GIMBREDE (Gers).

Au mois d’août 1944, nous logions à la ferme des « Haïtes » dans le Gers. C’est là que le dimanche 20 août 1944, la 13° Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne se mit en route pour aller libérer VALENCE D’AGEN.

Depuis le 15 août 1944, les troupes allemands de la WERMARCHT cantonnées à VALENCE, au nombre d’environ 600 soldats, préparaient leur retraite, et les résistants valenciens, dont le chef était Antonin VER, alias capitaine « Nito », suivaient très attentivement l’évolution de la situation.
Voulant éviter le risque possible de représailles sur la population, un affrontement pouvant tourner au tragique pour la cité, il fut raisonnablement décidé par les responsables civils et militaires que les Forces Françaises de l’Intérieur ( FFI ) de la 13° Compagnie de l’Armée Secrète de Tarn et Garonne ( Maquis de SISTELS) commandées par Georges TRENAC, alias « TELLIER », instituteur de LAMAGISTERE, ne pénétreraient dans VALENCE qu’après le départ des Allemands.

L’ordre leur en fut donné le 20 août 1944 au matin et la population de VALENCE D’AGEN leur fit un accueil enthousiaste.
La ville administrée par les représentants reconnus de la résistance, placée sous la protection de la 13° Compagnie, appartenant aux F.F.I., pouvait fêter sa libération survenue sans effusion de sang.

Dès le samedi 19 août 1944, les officiers et les soldats allemands arrêtent dans la rue camions, voitures, bicyclettes, qu’ils réquisitionnent sous la menace de leurs révolvers ou de leurs mitraillettes. Ils perquisitionnent dans les maisons et garages à la recherche d’un moyen quelconque de transport.

Dans l’après-midi, une colonne d’environ 500 hommes venant D’AGEN fait son apparition. Les soldats sont encore en ordre par section, à pied ou à bicyclette.

La garnison se rassemble à la sortie de la ville, route de MOISSAC. Des équipes de soldats vident les cantonnements et jettent dans le canal des munitions, des armes brisées, des grenades, etc.

Vers 19 heures, la garnison quitte VALENCE et se dirige vers MOISSAC. L’arrière-garde partira vers 22 heures, à pied, pour rejoindre le bataillon stationné au stade de Lantourne, où il passera la nuit.
La nouvelle du départ éclair des troupes ennemies se propage rapidement, mais attention, elles sont encore tout prêt. La nuit se passe calmement. On entend dans les environs de nombreuses explosions et des coups de feu d’armes automatiques et individuelles.
Le lendemain dimanche 20 août, les troupes qui stationnaient à LANTOURNE sont sur le départ. Le drapeau nazi flottant sur la mairie de VALENCE est enlevé et remplacé par le drapeau tricolore sur lequel figure de nouveau: « République Française ».
Vers 10 heures, une patrouille du maquis comprenant deux voitures fait son apparition dans les rues de valence. Les F.F.I. sont acclamées. Après avoir opéré à diverses opérations de contrôles et l’arrestation du chef milicien René XXXX et du milicien XXXX qui sera jugé à TOULOUSE par un tribunal militaire et condamné à mort, ils rejoignent leurs camarades stationnés aux portes de la ville.
A 14 heures, la 13° Compagnie F.F.I., forte de 130 soldats de l’ombre et comprenant de nombreux Valenciens, fait son entrée dans la ville, sous la conduite du capitaine « NITO » et du lieutenant « la SANTE ». Sous les acclamations enthousiastes de la population, elle se rend au monument aux morts, où le capitaine « NITO » dépose une gerbe aux couleurs tricolores et harangue la foule qui entonne une vibrante « Marseillaise ».
Accompagné d’un détachement, Antonin VER se rend à la mairie, déjà occupée par un commando du F.T.P. venu du Lot pour s’en emparer. Devant la détermination des hommes de la 13° Compagnie A.S. et de leur chef, ils se retirent, non sans mal. L’affrontement a été évité de justesse.

Antonin VER, alias capitaine « Nito », chef de la Résistance à VALENCE D’AGEN, s’adresse alors, d’une fenêtre de la mairie, à l’immense foule massée rue de la République.

Au nom des pouvoirs dont il est investi, il proclame la déchéance de l’Etat Français du Gouvernement de VICHY, et de l’avènement de la IV° République. Il prononce un vibrant discours patriotique, chaleureusement et longuement applaudi par la population.

Pendant ce temps, un groupe de F.F.I. de la 13° Compagnie A.S., sous les ordres de Georges TRENAC, alias « TELLIER » dans la Résistance, presse vivement les Allemands, encore dans les environs, dans leur retraite.

Après un bref engagement, nos maquisards font 22 prisonniers dans les bois de ST VINCENT.

En retour possible de l’ennemi, l’ordre est donné de ne pas pavoiser encore, ni de fêter la libération. Des barrages sont établis à toutes les entrées de la ville et des sentinelles les surveillent en permanence.

Les F.F.I. s’installent à l’école des filles. Le lendemain, Antonin VER nomme le comité local de la libération :

–    Président : Antonin VER

–    Membres : Louis LABATUT, Pierre DEMATHIEU, Georges KRINGS, André BACONNET, René BERTAL, Raymond MOULIS,

placé sous la présidence d’honneur de M. Bernard BAYLET, père de Jean BAYLET, maire de valence D’AGEN, arrêté par la Gestapo et actuellement déporté en Allemagne.

En résumé, la libération de VALENCE D’AGEN s’est faite sans heurt et sans dégât. La 13° Compagnie des F.F.I. composée en majeure partie de Valenciens à fait preuve, sous le commandement de Georges TRENAC, d’un excellent esprit de discipline.

Sous la direction d’Antonin VER, le Comité Local de Libération ( C.L.L) a fait dans l’ordre du bon travail au sein du Conseil Municipal. Il est prêt à continuer son œuvre en attendant la victoire des Alliés et le retour de Jean BAYLET, maire de VALENCE D’AGEN.

Le C.L.L. devait rester en fonction jusqu’au 8 septembre 1944, date de la nomination, par arrêté préfectoral, du nouveau Conseil Municipal de VALENCE. Ses membres furent tous nommés conseillés municipaux avec les 13 conseillés déjà en place n’ayant pas démérité qui furent maintenus dans leurs fonctions. Monsieur Jean BAYLET ayant été lui aussi nommé par arrêté préfectoral, l’administration de la commune pouvait reprendre normalement.

Le secteur libéré, la 13° Compagnie de l’Armée Secrète du Tarn et Garonne- unité F.F.I., réputée combattante du 6 avril 1944 au 25 août 1944, n’avait plus aucune raison d’être maintenue. Elle est donc dissoute par la nouvelle autorité militaire qui règne sur la V° région. Car il ne faut pas oublier que si l’Allemand bat en retraite, il laisse derrière lui de nombreuses poches de résistance, et que la guerre n’est pas finie.

Certains de ses membres, comme à regret, rentrent dans leur foyer. D’autres signent leur engagement pour la durée des hostilités dans l’une des unités F.F.I. constituées par les Etats-Majors dans la 17° région militaire. Beaucoup optent pour le 1° bataillon de marche du Tarn et Garonne qui s’illustra à la pointe de Grave et en Médoc, avant de devenir le 2° Bataillon du 38° Régiment d’infanterie.
Mais l’année de Résistance à l’ennemi passée ensemble, avec ses bons et mauvais jours, les risques pris en commun ou individuels,les dangers encourus par leur famille et leurs biens, les longues journées et surtout les interminables nuits passées au Maquis, tout cela dans le seul but, de participer à la défaite du nazisme, de délivrer la FRANCE de l’immonde envahisseur, de lui redonner sa liberté et sa dignité, ont fait des  » maquisards  » de la 13° Compagnie A.S. de T.et des soldats de l’ombre que seule la mort peut séparer.

Signature Demathieu

La 13eme Compagnie de l’armée secrète de Tarn et Garonne
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