Pages 31-42 du Livre « La mémoire : Heurs et Malheurs »

Dès 1940 la révolte dans les villes, les villages, les communes est le plus souvent due aux adolescents de toutes conditions, apprentis, paysans, étudiants…

Les jeunes, qu’ils appartiennent aux mouvements de jeunesse de l’époque, au scoutisme, adolescents ou plus âgés, dans bien des cas peu nombreux, sont aux premiers rangs des « volontaires de la nuit « dont parle Henri Frenay dans son livre « La Nuit Finira », les stèles et plaques de rues en témoignent. Le 16 août 1940 certains d’entre eux furent arrêtés porte Maillot et fusillés à la cascade du bois de Boulogne sans jugement. Le 11 novembre 1940 première manifestation publique à l’ARC de Triomphe à Paris contre l’occupant organisée par des lycéens et des étudiants pour protester contre l’arrestation du professeur Paul Langevin.

En juin 1941 à Vérone, banlieue d’Agen, le groupe Montalbanais du Centre Laïque des Auberges de la Jeunesse refuse l’affiliation du groupe aux mouvements de jeunesse d’inspiration Vichiste récemment créés ; il reste autonome et indépendant de toute influence gouvernementale et ses membres animés d’un sentiment patriotique sincère rejoindront des mouvements de la Résistance. Plusieurs de ces mouvements seront par la suite regroupés au sein des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (F.U.J..P.) dont, en Tarn et Garonne, le responsable était Louis Olivet.

Retenons maintenant l’engagement des lycéens de Buffon qui donnèrent leur vie pour faire triompher leur refus.

Le 16 avril 1942, après l’arrestation du professeur Burgard, chef du mouvement « Valmy », ces élèves du lycée Buffon forment avec d’autres jeunes gens un cortège de protestation sévèrement réprimé par la police. Jean Arthus, Jacques Baudry, Pierre Benoit, Pierre Grelot et Lucien Legros animateurs de manifestations, distributeurs de journaux clandestins, auteurs d’une attaque à la grenade d’une vedette allemande amarrée à un quai de la Seine, puis de l’incendie au sol de dix avions, traqués par la gestapo seront arrêtés le 22 août 1942. Condamnés à mort le 15 octobre par un tribunal de la. Luftwaffe, ils seront fusillés le 8 février 1943. Voici ci-après quelques extraits des lettres qu’ils ont écrites avant de tomber sous les balles du peloton allemand :

Jean Arthus à son frère :

« On nous a appris ce matin que c’était fini. Alors adieu. Je sais que c’est un coup très dur pour toi, mais j’espère que tu es assez fort et que tu sauras continuer à vivre en gardant confiance en l’avenir… Pense que je meurs en Français pour ma Patrie…».

Jacques Baudry à ses parents :

« On va m’arracher cette vie que vous m’avez donnée et à laquelle je tenais tant… Mes pauvres chéris, j’ai accepté le combat, vous le savez. Je serai courageux jusqu’au bout. Vous serez quand même heureux dans la paix, un peu grâce à moi… j’aurais voulu vivre encore pour vous aimer beaucoup. Hélas ! je ne le peux pas …».

Pierre Benoît à ses parents et amis :

« C’est la, fin. On vient nous chercher pour la fusillade… Mourir en pleine victoire, c’est un peu vexant. Mais qu’importe ! La vie sera belle pour ceux que j’ai aimés et qui m’aimaient tous, partons en chantant ».

Pierre Grelot à ses parents :

« Tout est fini maintenant. Je vais être fusillé ce matin à 11 heures. Pauvres parents chéris, sachez que ma dernière pensée sera, pour vous. Je saurai mourir en français. Gardez toujours dans votre coeur mon souvenir…».

Lucien Legros à ses parents :

« Je vais être fusillé à 11 heures avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres, car c’est pour le plus bel idéal… Je meurs pour la France, donc je ne regrette rien…».

Ils avaient formé le groupe des « cinq étudiants du lycée Buffon » animé de la foi patriotique la plus pure et la plus agissante comme tous les groupes et mouvements qui avaient accepté l’action directe en refusant Vichy, la collaboration et l’occupation allemande.

Jean MOULIN

Jean moulin, préfet d’Eure et Loire, tente de se suicider après avoir été arrêté par la troupe allemande envahissant notre pays pour ne pas signer un texte portant atteinte à l’honneur de l’armée française accusant un régiment de tirailleurs sénégalais de sévices à (‘encontre de la population civile, le lundi 17 juin 1940 ; révoqué par Vichy le lundi 2 novembre suivant, il se retira Saint-Andiol ( Bouches du Rhône ), entre dans la clandestinité et ouvre avec la collaboration d’une de ses amies, Colette Pons, la galerie « Romarin » (son nom d’artiste) au 22, rue de France, où il exposera à partir de l’été 1942 ses dessins, ses peintures, ses gravures avec les œuvres de maîtres contemporains : Renoir, Utrillo, Picasso, Valadon, etc…

Durant l’année 1941 les mouvements de Résistance :

•    combat, créé par Henri Frenay, regroupant d’anciens militaires et des gens n’acceptant pas Vichy et anti-nazis ;

•    Libération, créé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, recrutant dans les milieux socialistes et syndicalistes ;

•    Franc-Tireur, créé par Jean-Pierre Lévy, s’adressant en premier lieu aux démocrates chrétiens et aux radicaux lyonnais ; Ils confectionnent des tracts et des journaux clandestins mais n’ont aucun lien entre eux de propagande ou de stratégie. Jean Moulin multiplie les rencontres avec leurs responsables, les évalue, estime leurs besoins en armes avant de songer à les fédérer. Ce travail accompli, il acquiert la certitude que l’unité doit se faire autour du chef de la France Libre en se mettant à son service. Et pour le joindre, en possession d’un passeport américain, il franchira les Pyrénées pour atteindre Lisbonne d’où il partira après un séjour de six semaines, sur lequel on ne sait rien, pour Londres. Il y arrivera le 20 octobre 1941.

Le général de Gaulle le reçoit le 25 et après leur entretien il juge ce haut fonctionnaire apte à unifier la Résistance Intérieure, le nomme délégué du Comité National Français en zone libre, l’investit d’une mission politique et d’une mission militaire en le désignant comme son représentant.

Le premier janvier 1942 Jean Moulin est parachuté près de sa propriété de Saint-Andiol pour remplir les missions qu’il vient de recevoir avec l’aide d’Yvon Morandat qui l’a précédé en zone libre dans la nuit du 6 au 7 novembre 1941 sur le terrain de « Lamartinette » du réseau Bertaux, dont certains membres constitueront le mouvement « Libérer et Fédérer », près de Fonsorbes Haute-Garonne.

Le 30 novembre 1942, grâce à eux, est créé le comité de coordination des mouvements de la zone sud, incluant la participation d’Henri Frenay, d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, de Jean Pierre Lévy et du général Delestaint. Ce Comité prendra le 26 janvier 1943 le nom de mouvements unis de la Résistance (M.U.R.)

Le mandat de Jean Moulin était de réunir la Résistance Intérieure dans le but de la placer sous l’autorité du général de Gaulle pour que celui-ci obtienne une plus grande audience sur le plan internatinal. Et les réserves à cet égard, étaient grandes de la part des responsables des mouvements car il leur était apparu « que les hommes politiques que Jean Moulin estimait nécessaires de mettre en place n ‘avaient rien à faire car ils n’avaient pas mené le même combat à l’exception des socialistes qu’animait Daniel Mayer » selon Jean-Pierre Lévy.

Malgré la partie la plus difficile de sa tâche il touche néanmoins au but. Le 27 mai 1943 se tient à Paris, 48, rue du Four, sous sa présidence, la première réunion du Conseil National de la Résistance composé par les M.U.R., l’O.C.M., Libération-nord, ceux de la Libération, le Front national, le PC.F, la S.FI.O., les Radicaux, les Démocrates populaires, l’Alliance démocratique, la Fédération républicaine, la C.G.T et la C.F.D.T. Le 21 juin 1943, il est pris avec ses camarades dans un coup de filet dirigé par Klaus Barbie a Caluire où se tenait, près de Lyon, une réunion du C.N.R.

Il sera identifié sous la torture et décédera à Metz lors de son transfert en Allemagne le 8 juillet 1943 puis incinéré aussitôt à Paris au Père Lachaise. Il repose au Panthéon depuis le 19 décembre 1964.

Bertie Albrecht


Bertie ALBRECHT est née à Marseille dans une famille bourgeoise de  religion protestante.

Elle vécut après son mariage avec un banquier dans les milieux les plus huppés d’Europe. Humaine, généreuse et passionnée, revenue en France, elle entreprit, à plus de quarante ans, la préparation de l’examen d’entrée à l’école des surintendantes d’usine, où elle entra et en sortit diplômée. Ce qui lui permit d’obtenir un emploi dans une usine d’appareils d’optiques pour la marine, puis chez Fulmen à Clichy.

Comme quelques uns d’entre nous elle accueillit avant la guerre les étrangers n’acceptant pas le nazisme ou chassés de chez eux, sans aucun préjugé, pour les aider. Réfugiée en zone dite libre après l’armistice qu’ elle ne peut admettre, elle est embauchée au commissariat du chômage féminin à Vichy et entre en Résistance au côté d’Henri Frenay auquel elle était liée bien avant la guerre. Pour lui, elle dactylographie les tracts, les papillons à coller, les articles du journal clandestin « Combat », organe de leur mouvement. Engagée dans la Résistance, elle quête des subsides, recherche l’appui des militants du milieu qui est devenu le sien : la classe ouvrière. Cette activité était aussi la sienne pour le mouvement qui éditait le journal clandestin « Les Petites Ailes » précurseur du journal « Combat ».

Soupçonnée, elle quitte son travail. Réfugiée dans un appartement « ami » la police française vient frapper à la porte qu’elle n’ouvrira, qu’après avoir fait disparaître, en les brûlant, les documents compromettant en sa possession. Elle aurait dit à la poignée de policiers lui faisant face : « J’ai fait mon métier. Faites le vôtre. Mais laissez-moi vous dire que je préfère le mien ».

Placée en résidence surveillée en mai 1942 dans un hôtel de Vais les Bains, elle entend être emprisonnée et jugée. Pour obtenir satisfaction elle fait la grève de la faim ; Vichy la fait alors transporter dans un hôpital puis en prison, la prison Saint-Joseph à Lyon.

Elle comparait, en octobre 1942, devant un tribunal qui la condamne à six mois de prison. Elle sera par la suite internée à l’asile de Bron après avoir simulé la folie où, en décembre 1942 ( nuit de Noël ), un commando de huit hommes envoyés par Henri Frenay la fait évader. Son chef et ses amis lui conseillent de quitter la France. Elle refusa. Mais accepta que sa fille rejoigne une planque en Suisse.

Au cours d’une importante mission, elle est arrêtée à Macon, le 28 mai 1943, par la gestapo ; affreusement torturée et presque inconsciente, elle est quelques jours plus tard transférée à la prison de Fresnes où elle trouvera la mort. Son décès est obscur car personne ne sait si elle a été décapitée à la hache, fusillée ou si elle s’est suicidée. Elle serait morte le 31 mai 1943. En 1945 elle a été inhumée au mont Valérien et admise dans l’ordre de la Libération.

Daniel Mayer

Venu à la S.P.I.O. en 1927, trois mois après avoir adhéré à la Ligue des Droits de l’Homme qu’il servira avec honneur pendant 56 ans comme ligueur et comme président, du 9 mars 1958 à mars 1975. Son militantisme a pour origine l’affaire Sacco et Vanzetti, le désintéressement, l’intérêt général et le sens de l’Etat, l’amélioration des conditions sociales, l’horreur de l’injustice.

D’humour gouailleur, voire polémiste à la limite de l’agitation populaire, il entre au journal « Le Populaire » en 1933 et y reste jusqu’en 1939 à la tête de sa rubrique sociale. Avec ses camarades Léo Lagrange, Pierre Bloch et Brossolette il anime la tendance antimunichoise de la S.F.I.O.

Responsable national pendant l’occupation du Comité d’Actions Socialistes et de son organe clandestin paraissant sous tous les formats en zone occupée comme en zone dite libre dont le titre « Le Populaire » était encadré par « faites circuler ce journal de mains en mains » à sa gauche et par « ne dites jamais de qui vous le tenez » à sa droite. Il part pour Londres quelques jours avant la constitution du Conseil National de la Résistance, en avril 1943, pour assurer au général de Gaulle le concours de la Résistance Intérieure et des partis politiques permettant d’asseoir son autorité auprès des alliés et notamment du président Roosevelt.

Secrétaire-général de la S.FI.O. clandestine, et après la Libération jusqu’en 1946, il est nommé ministre du travail dans plusieurs gouvernements jusqu’en 1949. C’est à ce titre qu’il fut reçu à deux reprises en Tarn et Garonne dont une fois par la municipalité de Castelsarrasin.

Pendant l’agitation sociale, les grèves et les manifestations contre la guerre d’Indochine, il vécut le douloureux conflit opposant les fédérations de la C.G.T. au sujet de leurs orientations pour régler les problèmes du monde du travail. Le 19 décembre 1947, il tenta une médiation entre Léon Jouhaux et Benoit Frachon qui ne put aboutir, d’où la naissance de la C.G.T.-Force Ouvrière avec les Bothereau, Delamarre, Neuméyer et Léon Jouhaux.

A côté de Léon Blum, son père spirituel, il participe à la réalisation du programme du Front Populaire : large amnistie, semaine des quarante heures, contrats collectifs, congés payés, grands travaux, nationalisation de la fabrication des armes, office du blé, prolongation de la scolarité et le statut de la Banque de France.

Malheureusement presque tous les partis en 1940 sont antimunichois, pour la Paix. C’est ce qui explique que seulement un cinquième des députés socialistes ont vôté contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy.

Malgré cela et grâce à Daniel Mayer la. S.F.I.O. n’a pas à pâlir au lendemain de la Libération. En effet engagée bien avant les autres partis dans le combat clandestin et prêchant l’exemple, n’a-t-elle pas appelé en zone occupée les ouvriers à la grève, les français à la lutte armée dans les maquis et contre la déportation, à saboter les transports, les communications et les fabrications de guerre. Elle n’a été absente d’aucune forme de lutte, même la plus violente, pour la construction d’une République forte et juste.

Daniel Mayer dont le parcours est un exemple renonce en 1958 à son mandat de député et se consacre pendant 17 ans à la présidence de la Ligue des Droits de l’Homme. En 1983, il reçoit de François Mitterrand la présidence du conseil constitutionnel. Vercors qui était son ami disait de lui « Le petit est un grand bonhomme ».

« Ne pas s’accrocher au pouvoir. Ne pas vouloir y demeurer quoiqu’il arrive. Et surtout ne pas se prendre au sérieux ». Tel était son conseil.

Pierre BROSSOLETTE

Pierre brossolette nait à Paris le 25 Juin 1903.  est élevé par son père veuf très jeune selon des principes stricts mais dans une atmosphère bienfaisante, entouré d’une grande affection par ses sœurs plus âgées.

Il a 19 ans quand il est reçu major à l’école normale supérieure et 22 quand il est agrégé d’histoire. Ses études terminées, il s’engage en politique et devient journaliste. En 1928, il adhère à la S.F.I.O. contre le gré de son père, radical à la manière de Clémenceau.

Il s’exprime dans divers journaux sur la politique internationale provoquant des courants d’envie et de haine mais laissant chez tous ses lecteurs de fortes impressions, qu’il s’agisse de ceux du « Quotidien », de « L’ Europe nouvelle », du « Progrès civique » , de « L!Impartial » ou du « Populaire » dans lequel il présente Munich comme étant une capitulation.

Deux fois candidat de la S.F.I..O. (aux cantonales de 1934 et au législatives de 1936), il entre au cabinet du ministre des colonies et de celui de la marine après la victoire du front populaire et à la radio ; d’où il est exclu en janvier 1939, sanctionné pour ses prises de positions contre les accords de « Munich ». C’est alors qu’il fonde avec Daniel Mayer, Léo Lagrange, Pierre Bloch, Georges Izard l’organe de la minorité antimunichoise de la S.F.I.O.. A la mobilisation, il interrompt ses activités politiques et obtient, étant lieutenant de réserve, une affectation dans une unité combattante. Placé à la tête d’une compagnie, il est promu, en mars 1940, capitaine et cité à l’ordre de l’armée.

Après la défaite de 1940 une poignée d’hommes, dont Pierre Brossolette, prennent la résolution de ne pas subir, de lutter contre l’envahisseur, du refus, s’organisant malgré les risques pour éditer, diffuser des tracts et des journaux clandestins, créer des réseaux en zone occupée. Les mêmes faits se produisent en zone dite libre avec d’autres hommes.

Pierre Brossolette, en relation avec le groupe du Musée de l’homme, participe à la rédaction du journal clandestinn « Résistance » avec Jean Cassou alors qu’il s’est établi comme libraire face au lycée Janson de Sailly, rue de la Pompe, après s’être vu refuser un poste d’enseignant, où il reçoit, avec sa femme Gilberte, des clandestins, des plans, du courrier et des secrets. Le réseau « Castille » de la Confrérie « Notre-dame » qu’anime « Rémy » le contacte en novembre 1940. Il adhère à ce réseau sous le nom de « Pédro » et il y poursuit jusqu’en avril 1942 tous ses engagements se chargeant plus particulièrement de l’information et de la propagande. Le 26 avril il part pour Londres. Le 7 juin, il est parachuté en Bourgogne. Repart pour Londres en juillet et devient l’adjoint de « Passy », chef du B.C.R.A. (bureau central des renseignements et de l’action). Envoyé en France en Janvier 1943, il reçoit la mission « Brumaire-Arquebuse » de coordination en zone nord des actions de la Résistance, de la mise en place des organismes et services qui devront fonctionner après la libération, en compagnie de « Passy » et de Yéo Thomas dit Shelley, envoyé spécial de sa majesté Britannique.

Ses efforts ne sont pas vains et unis à ceux de Jean Moulin, le Conseil National de la Résistance est créé.

Il est arrêté le 3 février 1944 par la gendarmerie d’Audierne, en même temps qu’Emile Bollaert, à Plogoff Torturé pendant plusieurs jours son identité et celle de son compagnon Bollaert sont découvertes le 15 mars. Pour éviter de parler, il se jette d’une fenêtre du cinquième étage de l’immeuble qu’occupe la gestapo au 86, de l’avenue Foch.

Les Résistants n’ont jamais accepté d’être soumis aux ordres nazis ni à ceux de Vichy. Ils se sont révoltés. Ils se sont battus dans les maquis malgré tous les inconvénients liés à leur existence. Ils l’ont fait sans aucune pensée matérielle individuelle, avec acharnement pour leur pays et pour les générations qui leur succéderont.

Le Lieutenant de vaisseau : d’Estienne d’Orves

Honoré    D’Estienne D’Orves,     un     des     premiers      fusillé    de la Résistance   avec    deux

de ses compagnons de combat pour un monde libre du réseau « Nemrod », est arrêté le 25 ou 26 février 1941 ; jugé par la cour martiale du « Gross Paris », il sera condamné à mort après quatorze jours de débats, fin mai et fusillé le 29 août 1941.

Ce lieutenant de vaisseau, embarqué sur le Duquesne, bateau amiral, se trouve à Alexandrie à côté de l’amiral Godfroy, commandant de la force X, depuis le 23 juillet 1940, il prend comme pseudonyme « Châteauvieux » en hommage à une de ses aïeules. Et quelques jours après, il annonce à Aden la création du 1er groupe marin pour répondre à l’appel du général de Gaulle et à celui du gouvernement britannique pour, continuer le combat. Lui et le groupe qu’il vient de constituer n’acceptent pas d’abandonner la lutte, et ce, en opposition avec l’amiral Godfroy D’Aden, il cherchera à rejoindre Londres où il arrivera avec son groupe après un périple autour de l’Afrique.

A Londres, l’amiral Muselier, qui a un grand besoin d’officiers, affecte « Châteauvieux » au 2ème bureau de l’état major et avant de devenir l’adjoint de « Passy », chef du service de renseignement, le nomme capitaine de corvette. « Passy », informé sur l’existence du réseau « nemrod », premier groupe marin dont « Châteauvieux » est le chef considère qu’il doit l’aider en le développant, le renforçant, l’équipant pour permettre à D’Estierne D’Orves, qui ne tient pas en place, les tâches de l’état-major : statistiques et paperasserie, sont l’opposé de son tempérament. Ce dernier, fort de ses atouts décide que son devoir est de se rendre sur place, en France.

Malgré les réserves émises par le général de Gaulle et l’amiral Muselier sur son projet, accompagné d’un opérateur radio, il met les pieds en Normandie le 22 décembre 1940, prend contact avec M. Barlier et Y. Doormik avec lesquels il recueille un flot d’informations de tous genres, que son radio du nom d’Alfred Gaessler, pseudonyme « Georges Marty », transmet en Grande Bretagne en passant par l’organisation mise en place « Passy » jusqu’en fin janvier 1941, date de la trahison de son radio d’origine alsacienne et germanophile.

Henri, Louis, Honoré comte D’Estienne D’Orves était né à Verrières le Buisson (91) le 5 juin 1901. Il est mort comme il avait vécu, d’une façon exemplaire après un procès le condamnant à mort mais dont les juges déposèrent eux-mêmes un recours en grâce qui ne pouvait être accordée que par le fuhrer. Les démarches entreprises au lendemain de la condamnation (11 juin 1941) laissaient entrevoir une affaire en bonne voie. La mort de l’aspirant Moser abattu sur le quai du métro Barbès-Rochechouart le 21 août 1941, fit qu’il se trouva inclu du fait de sa détention, au nombre des otages qui furent fusillés au Mont Valérien en représailles de cet attentat.

Le réseau « Nemrod » est décapité, les membres des groupes qu’il connaît dans la région parisienne sont capturés avec lui, ainsi que les agents envoyés par Londres se trouvant sur le chalutier la « Marie-Louise », le patron du bateau Jean-François Follic et tout l’équipage par des patrouilleurs allemands à leur arrivée en vue des côtes de France.

La jeunesse dans la résistance
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