Page 92-106 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »

Mémorial élevé à l’entrée du Camp militaire de Caylus

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A la Mémoire des Résistants du maquis «Bir-Hakeim» des 7ème et 8ème Cies (Armée Secrète) cantonnées à Pech-Sec
de la 4ème Cie (A.S.) cantonnée à Pech-Vert 1943 . 1944
Intégration à l’Armée Française et participation aux combats de la Pointe-de-Grave et campagne d’Allemagne jusqu’à la fin des hostilités.

Les compagnies A.S à Pech-Sec et Pech-Vert

Après les événements du 2 mai à Montpezat, les hommes du maquis Bir-Hakeim étaient retournés dans leur cantonnement de Vieille. Ils y restent peu de temps. Sur injonction de l’Etat Major départemental F.F.I., ils gagnent des refuges plus sûrs, d’abord en bordure du Camp Militaire de Caylus, à Ganiole, Richard, La Verrière, puis dans le Camp même à Pech Sec et Pech Vert.
Témoignage C. SOCCOL :

«Je suis monté au maquis au mois de mai 1944. J’avais dix-huit ans et demi. Les hommes étaient logés dans une grange au dessous de chez Mignot, à Ganiole. Un camion était en panne, et Tataouine m’a dit : «Tu es mécanicien ? Ah ! putain de chance. Au moins on aura un mécano pour nous dépanner.» Il a ajouté : «Tu fais le treizième.»

On n’est resté à Ganiole qu’un jour ou deux. Puis on est allé sur Richard où on n’est pas resté longtemps non plus: peut-être 7 à 8 jours. Et puis on nous a dit : «direction le Camp. » On est parti en dessous de Mouillac en venant de Puylaroque. Puis à l’Araignée, on a pris le chemin de la Verrière. On a garé le camion et les voitures, et on est remonté à pied jusqu’à Pech Vert.»

Certes il fallait connaître l’endroit, mais Mignot, le beau-frère de Cabarroques, connaissait le coin pour y avoir chassé.

Et comme les événements devenaient de plus en plus violents, c’était pas le moment de se faire coincer. Ici, il y avait des échappatoires partout. On pouvait se défiler facilement en cas d’attaque.»

Témoignage L. OLIVET :

«Après le Débarquement allié du 6 Juin, l’augmentation des effectifs entraîne une réorganisation des maquis. Tataouine commandait jusque là. Il a con tinué à être responsable du maquis Bir-Hakeim jusqu’au jour où la 7èmeCie A. S. est montée, commandée d’abord par Cabarroques (Camille), puis par Duclos (Deville). Quand on a constitué l’état-major du secteur Nord-Est, fin Juin, Cabarroques est passé responsable du secteur et c’est Duclos qui a pris le commandement de la 7èmeCie. Le maquis Bir-Hakeim a été alors intégré à la 7èmeCie.Tataouine était promu chef de section.

On est resté environ une dizaine de jours à Pech Vert. Puis on nous a demandé de céder la place à la 4ème Cie A.S. et on est descendu à Pech Sec.

La 4èmeCie avait été constituée en partie avec les maquisards d’Ornano, après l’attaque de ce maquis le 21 mars 1944. Elle était basée à l’Honor de Cos. Ne pouvant rester là, on l’a envoyée à Pech Vert, probablement sur l’ordre de Nil. A ce moment là c’est Jacques RABIT qui commande. Après les événements de Cabertat le 20 Juin 1944, une partie des hommes de la 3ème Cie localisée à Léojac, rejoint Pech Vert sous la direction de TRAPP (Théophile). Ce dernier prend alors le Commandement de la 4ème Cie.

Cette disposition définitive était réalisée en Juillet 44. Ainsi, fin Juillet, les effectifs se montent à:

–    Pech Sec (7ème Cie et Section de la 8èmeCie) = 144 hommes (doc 1 ).

–    Pech Vert (4èmeCie) = 70 hommes.

Maquis Bir-Hakeim
Localisations successives après les événements de Montpezat le 2 mai 1944
1 – GANIOLE
2 – RICHARD
3 – Ecole de Mouillac (SIM)
4 – Moulin de la Veyrière
5 – PECH VERT
6 – Grange de TOULET
Itinéraire fléché : progression du Maquis vers le Camp de Caylus.

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Avec un effectif de plus de 200 hommes (doc 2); il faut prendre des mesures de sécurité rigoureuses. Ainsi des postes de guet tournants sont installés aux abords des cantonnements (chemin de la Boutiguette – Moulin de la Veyrière – Combe de Cahors – Côte de St-Alby).

Le poste de commandement de la 7<meCu est situé à Pech Sec même, à la ferme Combes. Les hommes sont logés dans les granges de Toulet, sur le plateau de Cantayrac. La 4>m’C’ est localisée aux bergeries de Pech Vert, au sud des bois dAubrelong. Les deux Compagnies restent certes en liaison, mais conservent leur indépendance: c’est l’application du principe de cloisonnement.

A Pech Sec, avec Deville et Tataouine, il y avait Pied de Biche et quelques hommes pour assurer la garde. Cabarroques venait épisodiquement Responsable de la 7>mtO’ avant son arrivée à Pech Sec, il supervisait l’ensemble du secteur Nord Est. Sa femme avait été arrêtée en même temps que lui en novembre 1943 à Caussade. Lui s’était évadé de l’Hôtel Terminus à Cahors quelques jours après. Camillette, emprisonnée à Toulouse, ayant été libérée en Juin 44, se cachait alors chez des paysans de la région. Cabarroques allait souvent rencontrer sa femme et je l’accompagnais souvent.

A Pech Sec on recevait aussi les chefs de la Résistance : le Colonel Nil, le Commandant Dumas, toutes les liaisons. Jacques Chapou n ‘est. jamais venu à Pech Sec à ce moment-là, quoiqu ‘il ait effectué en Décembre 43 un commando sur le camp de Septfonds avec Tataouine. Le maquis France dont il était le chef, résidait alors dans les granges de Cagnac, tout près de Jamblusse. Plus tard début Juillet, Chapou fera une liaison avec Duclos à Caussade, dans la rue qui porte son nom, quelques semaines avant qu’il ne soit tué. Au début le maquis France était A.S. Lorsqu’il est passé aux F.T.P., Cabarroques s’est alors fâché avec Chapou.

Un matin, vers la côte de St-Alby, en bas de Pech Sec, les hommes de garde voient arriver une voiture Peugeot de couleur rouge, arborant le drapeau français et le drapeau anglais. Les deux occupants demandent à parler à Cabarroques. C’était le major Mac Pherson, accompagné d’un radio. Reconnus sur présentation d’une moitié de journal déchiré qui devait correspondre à l ‘autre moitié détenue par Camille, ils sont restés deux à trois jours avant de descendre sur Montauban. Ils faisaient partie des équipes Jetburg, organisation militaire qui s’occupait des parachutages.» (doc 3).

A Pech Sec, sont détenus aussi quelques prisonniers : des précisions intéressantes sur les jugements, sur les circonstances de leur exécution et le lieu d’ensevelissement sont évoquées dans le témoignage suivant :

O – Le premier prisonnier a été BROER, responsable des événements sanglants de Montpezat.

F – Il a été exécuté ici début juillet 44.

O – Plus tard, à un mois d’écart environ, fin juillet-août 44, ont été détenus deux autres individus.

S – Il y en avait un qui était G.M.R. Il faisait une enquête pour savoir où était le maquis. On Ta arrêté dans un autobus au moment où il repartait de Puylaroque pour rapporter des renseignements. Dans le village, il avait interrogé de nombreuses personnes pour savoir où on se trouvait. Il avait même un pied à terre à Puylaroque.

F – Ce G.M.R., c’est moi qui l’ai arrêté.

O – Le troisième, c’est DAVES, le manchot, qui était à Caussade. C’était un type qui travaillait pour les allemands.

S – II a été arrêté au saut du lit. Je crois que c’était un Belge, qui s’était réfugié à Caussade.

0 – C’est Rasdusol qui avait fait les tombes.

S – Quand ils ont été faits prisonniers, le dossier a été transmis au deuxième bureau à Montauban. Et c’est eux qui ont décidé de l’exécution.

0 – On les a jugé dans la grange de Pech Sec. Pour le procès du manchot, j’avais été désigné auprès du tribunal comme greffier. Le tribunal était composé de sept personnes: un président, deux assesseurs et quatre juges. Il y avait trois étrangers au maquis, des juristes, membres importants de la Résistance, venus de Toulouse. Il y avait aussi Cabarroques, Duclos, Charlie Montfrini et Doumerc. On faisait comparaître le suspect devant le tribunal. L’acte d’accusation était prononcé par un procureur qui était désigné. Un procès-verbal était établi, transmis aux autorités compétentes qui délivraient la sentence. Après l’exécution, les corps ont été inhumés dans la Combe de Pech Sec. Ce n’est que plus tard qu’ils seront transportés au cimetière de St Projet ou repris par les familles. On a dit et écrit que Tune de ces exécutions avait été fort sordide. La tombe s’avérant trop petite pour contenir entièrement le corps, l’un des exécuteurs avait tranché la tête du cadavre. D’autres ont prétendu que les jambes avaient été brisées à coup de pioche. La vérité commande d’affirmer que si, effectivement, le sol pierreux ne permettait pas de creuser profondément une tombe afin d’enfouir totalement un corps, aucune mutilation n ‘a été effectuée, même si des témoins oculaires assurent avoir vu des chaussures dépasser du sol. (Témoignage DELSOL Edouard).

Témoignage OLIVET :

«L’armement fourni (fusils, revolvers, mitraillettes, fusils-mitrailleurs, mortiers) vient de deux origines différentes :

–    les armes françaises ont été récupérées dans des grottes et des phosphattères du Camp de CAYLUS (probablement de l’armement caché sous les ordres du Commandant NORMAND en 1943, avant son arrestation), mais également à proximité de la ferme Gandil, près de Lassalle, dans une igue (doc 4). Madame Gandil recevait et soignait les malades du maquis.

–    les armes d’origine anglaise ont été reçues par parachutage: en Novembre 43, à Cayriech, chez le beau-frère de Cabarroques qui était charcutier à Puylaroque: Burg, avec deux équipes de réception dirigées par Duplan et Meauzac, et dans la même période, à St Georges-Lavaurette. Plus tard, en Juillet 44, le maquis reçoit des armes provenant d’un parachutage important qui a eu lieu à Pech Berthier, à l’Est de Montaigu (60 containers), (doc 5).

Pour l’apprentissage des armes, nous avions un sous officier de la garde mobile : LAC AS-SAGNE (La Tulipe), qui connaissait le fonctionnement des différents types d’armes.

Avec l’entraînement des recrues, il s’agissait aussi de les vêtir et de les nourrir. Des actions de récupérations étaient organisées: ainsi une descente sur une fabrique de vêtements est exécutée à Caussade. Un camion, conduit par Soccol, est chargé de blousons de cuir et de pantalons destinés aux chantiers de jeunesse. Ainsi équipée, avec des casques récupérés dans les postes de guet de l’aviation, une section complète a défilé à Caylus pour le 14 Juillet, avec Touby en tête portant le drapeau, moi et un autre résistant l’encadrant. Cabarroques et le major observaient depuis le Calvaire Bellevue. Il y avait beaucoup de monde. On avait cependant pris toutes les précautions en plaçant des gendarmes sur toutes les routes, et le téléphone avait été coupé. Ce jour-là Jannot a cassé à coup de masse la statue du Maréchal Pétain qui avait été élevée en bas de Caylus.

1995

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Louis OLIVET (Oscar) et André FIQUET (Tataouine)
devant les ruines de Pech-Sec

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A. FIQUET, L. OLIVET, Cirio SOCCOL (Cambouis)
à Pech-Vert

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La Croix de la Boutiguette

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Fontaine de Saint Alby

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Des réquisitions de vivres et de tabac sont effectuées. A chaque fois, un bon de réquisition est établi et remis à l’agriculteur ou au buraliste. On prenait ce dont on avait besoin. On leur disait : «Vous serez remboursé à la Libération.» On allait souvent chez les gens qui n’étaient pas de notre bord. Comme on le savait, il fallait ainsi qu’ils participent quand même, (doc 6).

Le Camp de Caylus était alimenté par Montauban. Le ravitaillement était assuré par un camion gazogène. On prenait ce camion à la course. On voyait ce qu’il transportait. On l’emmenait alors dans les bois. On déchargeait barriques et denrées. On bloquait les convoyeurs dans une cabane. On attendait plusieurs heures avant de les libérer, pour faire croire qu’on était plus loin.

Dans le courant de Juillet 44, les Services de Ravitaillement Général de Vichy effectuent une réquisition de boeufs, moutons et porcs sur le marché de Puylagarde. Avant que le bétail ne put être emmené, le maquis récupérait les bêtes et les transportait à Pech Sec. Les animaux abattus, les quartiers de viande étaient alors entreposés dans la grotte-tunnel de la fontaine de St-Alby qui jouait le rôle de chambre froide naturelle.

Le 11 Juillet au soir, une traction avant, chargée d’explosifs avec quatre hommes descendait vers Borredon pour effectuer le sabotage de la voie ferrée. Le même jour, nous avions prévu de réquisitionner chez Gaillard à Puylaroque des boîtes de conserve pour pouvoir fêter le 14 Juillet, en améliorant l’ordinaire, après avoir défilé à Caylus. Nous circulions à l’époque tous feux éteints. La camionnette qui était partie sur Puylaroque et qui revenait à la nuit, sans éclairage naturellement, nous est rentrée dedans, à la sortie d’un virage, prés de Belmont Ste Foy, au lieu-dit Entraygues. Il y a eu des accidentés. Le feu s’est mis aux véhicules. Je suis parti à pied jusqu’à Pech Sec pour prévenir et obtenir du renfort pour pouvoir dégager la route afin que tout passe inaperçu. Nous avons amené les blessés d’abord au château de Belmont puis à l’école de Mouillac dont l’institutrice était Lucienne Baudet (Sim) qui les a recueillis, (doc 7).

Des coups de main dans les bureaux de poste sont également exécutés pour se procurer de l’argent qui servira soit à payer directement des réquisitions exceptionnelles, réglées de la main à la main, soit à distribuer aux hommes à charges de famille. L’agent des postes ou du trésor recevait dans ce cas un bon de réquisition, (doc 8).

Parfois les coups de main tournent mal. Le 20 Juillet, le C.F.L. Le r mite propose au chef Camille une action à Mazerac. Après la réquisition de barriques de vin, le groupe tombe sur les allemands qui détruisent le camion, le mardi 25 Juillet. L’accrochage a lieu dans l’agglomération de Caylus entre un groupe de C.F.L. de la 4’m’C’, qui transporte les barriques de vin sur un camion, et une colonne allemande arrivant de Villefranche de Rouergue : trois maquisards sont tués, (doc 9).

A partir de Juillet 44, les actions de résistance se multiplient. Le maquis réalise plusieurs sabotages sur la voie ferrée Caussade – Cahors, du côté de Borredon. Les voies étaient gardées tous les trois cents ou quatre cents mètres par des requis, auxquels on ne voulait pas faire supporter de représailles. Aussi agissait-on généralement la nuit, (doc 10).

Fin Juillet – début Août, on avait arrêté Mme Dameron qui dirigeait la partie féminine du Camp de Septfonds. Dans ce camp après les réfugiés espagnols, on avait interné des juifs. Je ne sais dans quelles circonstances elle est arrivée à Pech Sec. Je pense que c’est Pied de Biche qui l’a ramenée. Cabarroques a été accusé de coucher avec cette femme, de faire de bons gueuletons et de n ‘être jamais au maquis. Et comme les gars manquaient de beaucoup de choses et qu ‘ils imaginaient ce qui pouvait se passer par ailleurs, cela n’a pas été accepté. Ils l’ont toléré un moment, puis ils se sont insurgés. Ils ont arrêté Cabarroques, Tataouine et quelques autres. »

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Photo prise en juillet 1944 dans les bois de Pech-Sec

(Remarquer l’habillement : blouson de cuir, brassard à croix de Lorraine, calot… et l’armement : mitraillette STEN)

Témoignage FIQUET :
«Moi, j’ai été désarmé par mon adjoint: La Tulipe sans explication. J’étais en dehors du Camp. Mais je leur ai dit: « Si vous arrêtez Cabarroques, c’est mon chef. Et je suis rentré avec Cabarroques et les autres, dans Pech Sec.

C’est Taché, l’estafette, qui est allé voir Dumas chez Ricard aux Ombrails. Dumas a aussitôt envoyé le groupe Fantôme et une section de la 6°Cie, une trentaine d’hommes en tout. Cela se passe le matin, le soir à neuf heures tout est rentré dans l’ordre.»

Témoignage SOCCOL :

«Je ne sais pas quand ils sont arrivés. Tout à coup ils étaient autour du camp: on était cerné. Ils ont parlementé pour essayer d’arranger les affaires avant qu’on ne se tire dessus. Dans le fond, les gars ont compris. On se réunit alors autour du drapeau, au garde à vous, un «speech» très court, et tout est terminé.

Cette rébellion était due à une période où la situation était vraiment difficile. Depuis un certain temps ça poussait, ça poussait et à un moment ça explose.

Je crois aussi que se manifestaient des rivalités. Ainsi, DARO, qui poussait pour prendre la/ place. Ils nous montaient la tête. Il y avait aussi Doumer qui nous disait: «Les gars, vous voyez. On ne fait rien.» Et nous, les jeunes, on s’est dit: «Si les chefs ne veulent pas qu ‘on se batte, on préfère aller avec les autres.» On ne comprenait pas qu’ils nous freinaient parce qu’ils connaissaient les dangers, plus que nous. Finalement ça s’est bien arrangé, car il y avait des gens sensés comme Montfrini, Cabarroques, Doumer, Paul, La Tulipe qui approchaient la quarantaine.»

«Il y avait de tout monde au maquis. Aussi une commission d’enquête avait été créée. L’adjudant Carroux, de la brigade de Gendarmerie de Caylus, assurait la police des maquis pour dévoiler les imposteurs et les indésirables.

Ainsi un jour arrive un jeune de 17 ans qui venait du Cantal. Il avait quitté son pays car il avait brûlé les pieds des paysans pour leur soutirer leur or. C’est son beau-père qui l’a amené en disant: « il a volé la tenue d’un officier allemand dans un bistrot. Il faut le cacher. Surveillez le.

« Certains avaient fait la Guerre d’Espagne en 36. »

D’autres constituaient de faux maquis, bandes de trois à quatre individus, qui dévalisaient les paysans, profitant des circonstances, (doc 11).

Il y avait aussi des «aviateurs», au nombre d’une demi-douzaine. C’était des gars qui venaient des postes de guet de la S.A.P. Ainsi, au dessus de Caussade, sur les hauteurs qui conduisaient vers Molières, il y avait un poste de guet. C’était un baraquement tenu par des gars habillés en aviateurs. Pourvus de téléphone, s’ils voyaient des avions anglais, ils signalaient le passage de ces appareils. On les appelait les gardes-barrières de l’aviation. Au bout d’un moment, avec armes et bagages, ils nous ont rejoint.»

Avant l’installation des postes de guet sur les hauteurs de Caussade, la S.A.P. était cantonnée à la ferme de SALTRE – le bureau du lieutenant était à Caussade – COURBIER, dit LECLAIR, en était le secrétaire, en relation permanente avec le maquis par l’intermédiaire de la famille DUCLOS.

S.A.P. – Sécurité Aérienne Publique

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Cantonnement de la S.A.P. 31/72 : Route d’AUTY CAUSSADE

AVANT QUE MEMOIRE NE MEURE Tome1Page105-2Inauguration du poste de guet de CAUSSADE

Témoignage FIQUET :
«Quant aux suspects, il fallait agir avec discernement.

Un nommé Nègre habitait un petit hameau près de Mouillac. C’était un agriculteur. Il nous donnait. Il a été arrêté et envoyé à l’Etat Major. Puis c’est la Gendarmerie qui l’a pris en compte. Jugé après la libération, condamné, après sa peine il s’est expatrié en Algérie.

D’autres s’étaient manifestés dans l’exercice de leur fonction. Ainsi lAdjudant-Chef CARRE-RE de la brigade de Gendarmerie de Caussade qui exécutait avec trop de zèle les ordres de Vichy sans se soucier des conséquences.

Parfois des miliciens cherchaient à entrer dans les maquis pour espionner.

Enfin certains se livraient à un marché noir à grande échelle qu’il fallait réprimer.»

(Document 12)

Témoignage OLIVET :

«Les noms de guerre sont des surnoms qui ont été donnés aux maquisards ou qu’ils se sont choisis eux-mêmes pour différentes raisons.

Ainsi, André FIQUET prend le surnom de Tataouine en souvenir des chantiers de Jeunesse où on leur faisait chanter le chant de la Légion: «de Biribi à Tataouine».

Cirio SOCCOL est appelé Cambouis, car mécanicien, il avait toujours les mains sales.

Pour LACROUX, l’anecdote mérite d’être contée. Le garçon habitait Septfonds. Quand il a été requis pour le S.T.O, il n’a pas voulu partir. Il s’est alors caché dans la grotte de St Symphorien où il vivait en solitaire. Il avait monté sur le ruisseau une petite turbine pour l’éclairage de la grotte. Fortuitement Tataouine et Deville passent par là. Ils voient un fil électrique et découvrent l’installation. Suivant le fil, ils arrivent à la grotte où se cache le gars. Ils l’ont ramené au maquis où il a pris le surnom de l’Ermite.
En général, le surnom commence toujours par l’initiale du nom de famille:
Duplan -► Daniel

Cabarroques-► Camille

Duclos -► Deville

Olivet    -► Oscar
Parfois l’origine étrangère joue un rôle: ainsi Alborgheti, un Italien, qui faisait le pain à Mouillac pour le maquis, prit-il le surnom de Bartali. « 

Ce dernier recevait tous les deux jours 160 à 200 Kg de farine, transportés de nuit en voiture à cheval par Ernest DELRIEU, meunier à PECH POUJOL. Les sacs étaient cachés chez ALMA à PERRUFFE.

Témoignages
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