Pages 39-50 du Livre « Afin que Mémoire Demeure »

Le Tarn-et-Garonne sous l’Occupation Allemande
Tract du mouvement « Combat » de 1942
Les agents britanniques du Colonel Buckmaster
Le S. O. E.
Le mouvement « Libérer et Fédérer « 
Manifestation gare Villebourbon 16 Mars 1943- 19 décembre 1943
Les jalons de la gloire

Tract du Mouvement Combat – 1942

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page40LE TARN-ET-GARONNE
SOUS L’OCCUPATION ALLEMANDE
1942 -1944

Le 19 août 1994 était commémoré le 50e anniversaire de la Libération de Montauban.
La presse relatait ainsi une longue journée de commémorations.

« Voici cinquante ans, les forces de la Résistance libéraient Montauban de l’occupation nazie. Pas moins de douze dépôts de gerbes ont lieu en divers endroits de la ville. Trois « tractions-avant » d’époque, drapeaux tricolores accrochés aux portières, ouvrent le cortège. Tous les représentants d’associations de résistants, de combattants, de déportés, ont rendu hommage à la mémoire de leurs camarades tombés lors des combats du 19 août 1944. En présence de personnalités civiles et militaires, une gerbe a été déposé devant chaque stèle commémorative. Parti de l’Hôtel de ville, le cortège s’est ainsi arrêté devant ces lieux de mémoire.

Plaque Louis Sabatié – rue Jules Ferry

Résistant FTP, créateur de la phalange anti-nazie (P.A.N.) arrêté le 3 février 1944 dans une classe du lycée Ingres, fusillé par la milice le 17 février, à la prison Saint-Michel de Toulouse. Il avait vingt ans. Gare de Villebourbon

Plaque posée à la mémoire des cheminots résistants, en souvenir du 16 mars 1944, date à laquelle eut lieu une manifestation d’opposition au départ d’un train de jeunes gens requis pour le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) et du 19 décembre 1943 qui a vu le sabotage des installations et du matériel ferroviaire au dépôt des machines en gare de Villebourbon, en application du plan Vert.

Mémorial des Martyrs de la Déportation – Cours Foucault

« L’espoir enchaîné », du sculpteur montalbanais Marc Dautry, a été élevé à la mémoire des morts en camps de concentration.

Caserne Doumerc – quartier Dompeyre – Cours Foucault Deux plaques :

–    l’une à la mémoire des quatre victimes fusillées à la caserne Doumerc transformée en prison pour les hommes arrêtés lors des rafles de Figeac en mai 1944

–    l’autre rappelle le souvenir des quatre victimes fusillées le 18 août 1944 par les nazis avant de quitter Montauban.

Plaque André Etcheverlepo – place Lefranc de Pompignan.

André Etcheverlepo, militant syndical chrétien, ouvrier ajusteur, résistant, membre du mouvement « Libérer et Fédérer » en Tarn-et-Garonne et du S.A.E, assassiné par la milice dans la nuit du 1er au 2 juin 1942 au pont des Consuls, alors qu’il tentait d’échapper à son arrestation.

 Cour de la gare de Villenouvelle.

Plaque à la mémoire de Georges Allain, du Corps Franc Pommiès, tué alors qu’il prenait d’assaut avec quatre camarades la gare occupée par des soldats de la colonne allemande qui tentait de traverser Montauban dans l’après-midi du 19 août 1944.

Plaque Jean Moulin – avenue Jean Moulin

Jean Moulin, « Max », ancien préfet, résistant, gagne l’Angleterre. Parachuté en France le 1er janvier 1942, ministre délégué du général de Gaulle, et unificateur des mouvements de Résistance, fondateur du Conseil National de la Résistance, arrêté à Calluire le 21 juin 1943, torturé, mort dans le train qui le conduit en Allemagne dans la nuit du 8 juillet 1943.

Stèle Marius Valério – chemin de Matras.

Marius Valério, fils des fermiers du château de Teilhac. Abattu par les soldats S.S. dans l’après-midi du 19 août 1944 en bordure d’un pré, à Aussonne. Il avait quinze ans.

Plaque ferme Marmiesse – au Ramier.

Poste central de l’Armée Secrète, la ferme Marmiesse a servi d’hébergement aux réfractaires au S.TO., de relais pour des aviateurs américains en transit vers l’Espagne, de camouflage d’un impressionnant matériel parachuté, et pour les innombrables réunions des plus hautes instances de la Résistance. A ces différents titres, Adrien Marmiesse a été décoré de la médaille de la Résistance et félicité par le général Eisenhower pour le gouvernement américain et par le général Marshall pour le gouvernement anglais.         Plaques de la Résistance – Rue de la résistance.

Deux plaques honorent la mémoire des résistants morts pour la liberté de 1939 à 1945.

Place des martyrs

Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1944, après avoir été arrêtés par la milice le 17 juillet 1944, André Castel, 37 ans de Nègrepelisse, Henry Jouany, 39 ans, André Huguet, 49 ans de Montricoux, et Michel Mélamed, 39 ans de Caussade, sont pendus aux deux acacias après avoir été fusillés par les soldats SS. Hugues Lespinet 33 ans, de Montricoux, criblé mortellement de balles et retrouvé rue des Doreurs, mourra à l’hôpital. Lucien Lespinet et André Jouany seront enterrés, encore vivants, en lisière de la forêt de Montech.

Stèle du Rond – place de la Libération.

Une stèle porte le nom de dix-sept victimes tuées avant et pendant le combat du Rond livré par les résistants contre une colonne allemande qui tente de traverser la ville le 19 août 1944, jour de la libération de Montauban. Cette stèle occupait le centre de la place et a été déplacée à l’entrée du boulevard Biaise Doumerc en 1984.

Chaque année, un texte lu rappelle à l’assistance les faits qui s’y sont déroulés en 1944, l’âpreté des combats et l’engagement des hommes qui, au prix de leur vie, ont permis à Montauban de recouvrer la liberté.

Au soir, les célébrations des combats du 19 août 1944 s’achèvent par une prise d’armes, place de la Libération. Partis du pont de l’avenue Jean Moulin, une trentaine de jeunes, garçons et filles, portant le brassard des F.F.I., avancent dans la fumée de leur flambeau rouge ou blanc. L’ensemble compose une croix de Lorraine vivante qui fend le public venu assister à cette cérémonie empreinte de solennité. Les jeunes, flambeaux à la main, s’arrêtent au pied du monument commémorant les Résistants morts lors des combats du 19 août 1944, face aux nombreux résistants et porte-drapeaux venus rendre hommage à leurs camarades tombés pour la liberté. Trois « tractions-avant » aux portières peintes du sigle des F.F.I. et quelques jeeps, drapeaux tricolores au vent entament une ronde autour de la place. Des gerbes sont déposées au pied du monument. Le chant des Partisans retentit suivi d’une sonnerie aux morts. Une minute de silence fige l’assistance. Après une vibrante Marseillaise, les anciens Résistants viennent par petits groupes se recueillir devant la stèle. La cérémonie s’achève sur cet instant solennel consacré au souvenir de ceux qui sont tombés pour la Libération de Montauban. »

Mais… Y a-t-il eu vraiment libération ?
Prétextant le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les Allemands réalisent l’occupation totale de la France le 11 novembre 1942,sauf le camp retranché de Toulon. Avec curiosité et appréhension, les montalbanais assistent, passifs, à l’entrée des troupes hitlériennes dans la ville. Vers 14 heures, un storch-filer, avion léger d’observation, survole l’agglomération montalbanaise en décrivant plusieurs cercles au-dessus des toits de tuiles brunes.

Un premier convoi de voitures automobiles allemandes traverse Montauban à vive allure, de la route de Bordeaux vers celle de Castres. Une heure plus tard, un deuxième convoi pénètre dans la ville. Lavant recouvert d’un drapeau rouge à croix gammée, les véhicules débouchent sur le quai Montmurat qu’ils suivent avant de s’engager sur le pont Vieux, pour descendre vers l’avenue de Mayenne dans les quartiers bas de la ville. La colonne avancent, à pas d’homme, sur la chaussée déserte, dans le demi-jour d’un après-midi gris. Le silence morne des rues sans vie et la grisaille de cette fin de journée de novembre accueillent, dans Montauban atterré, les troupes d’occupation ennemies.

La kommandantur s’installe aussitôt à l’Hôtel Terminus, en face de la gare de Villebourbon, tandis que les camions sont rangés au bord des trottoirs, sous les platanes. Plus tard, le siège de la kommandantur sera transféré à l’Hôtel du Midi, place de la cathédrale, lorsque le bombardement des gares s’intensifiera.

Dans les jours qui suivent, les autorités occupantes réquisitionnent les principaux hôtels de la ville haute pour y loger les officiers de la Wehrmacht, puis plus tard, au printemps 1944, les S.S. et la Gestapo.

D’autres réquisitions touchent également des immeubles et des villas. Les troupes sont cantonnées dans les casernes. Toutefois, le quartier Doumerc est laissé à l’armée d’armistice et la caserne Guibert, occupée par les G.M.R. du Quercy. Au moment de la dissolution de l’armée française, des canons allemands ont été braqués devant la caserne Doumerc, mais aucun incident ne s’est produit. Dès l’entrée des allemands dans Montauban, l’Hôtel du Marché, 8, place Lalaque est réquisitionné et aménagé en foyer des soldats (soldatenheim).

Les premières garnisons sont formées de jeunes soldats parmi lesquels des éléments tchèques et polonais dominent. Seuls, les cadres sont allemands. Peut-être est-ce à cause des rapports amicaux qui s’établissent entre les populations de l’Europe centrale fixées en Tarn-et-Garonne, et les jeunes recrues étrangères qui portent l’uniforme vert, que ces premiers contingents ont été déplacés à l’automne 1943. L’état-major et les bureaux sont restés pendant quelques mois, d’octobre 1943 à février 1944, les seuls représentants des « autorités occupantes ». Les nouvelles formations ont commencé d’arriver au début de l’année 1944. Ce sont de tout jeunes gens qui manifestent une grande frayeur à l’idée d’un départ sur le front de l’Est.

Vers le mois d’avril 1944, les troupes d’occupation dans le département augmentent. Des formations de S.S. sont envoyées. Il semble que la Gestapo établit un quartier général à Montauban. L’état-major S.S. s’installe quai Montmurat, à l’Institut Jean Calvin, ancienne faculté théologique protestante. La Gestapo réquisitionne l’ancien hôtel de la division, 3, faubourg du Moustier. Elle fait murer les soupiraux donnant sur la rue et évacuer les 5 immeubles qui lui font face.

Jusqu’à l’arrivée des S.S., les relations entre français et troupes d’occupation sont restées distantes mais correctes. Il faut cependant noter la vive réprobation de l’opinion publique lorsque le 16 août 1943 la Feldgendarmerie a intimé l’ordre à la police de sécurité française d’interdire aux « gens de couleur » d’utiliser la baignade du Treil.

Avec l’arrivée des S.S., les incidents entre population civile et troupes d’occupation se multiplient. Les célèbres divisions blindées « Das Reich » et « Herman-Goering » stationnent dans le département, avant de gagner le front de Normandie après le débarquement allié en juin 1944.

Des manoeuvres ont lieu aux environs immédiats de Montauban. Les unités motorisées forment de jeunes recrues à la conduite des véhicules blindés et des auto-chenilles dans les rues les plus sinueuses de la ville haute. Des chars lourds Panzer roulent dans les principales artères, entraînant des dégradations importantes de la chaussée.

Une formation sanitaire de l’armée Vlassov cantonne à la caserne Pomponne.
Les autorités occupantes trouvent auprès des groupements nouveaux des sympathi-
sants et aussi des collaborateurs. Une partie de la bourgeoisie montalbanaise croit à la victoire des armées hitlériennes, en ignorant la force de la Résistance française. Beaucoup encore, parmi la population laborieuse, acceptent le fait accompli et se retranchent dans le seul souci des tâches quotidiennes dont les difficultés s’accroissent par le problème du ravitaillement familial, de plus en plus compliqué pour les nombreuses bourses moyennes.

Des noms nouveaux et des personnalités inconnues à la région apparaissent dans l’administration locale. La municipalité nommée par le gouvernement de Vichy est formée de notables jusqu’alors éloignés des questions d’administration municipale. À la préfecture, un service des relations franco-allemande est instauré. Le Conseil Général de Tàrn-et-Garonne est dissous.

Les partis républicains quittent la scène politique, remplacés par les groupements de la « Révolution Nationale » qui créent à Montauban des sections plus ou moins actives.

Le « francisme » reste inorganisé. L »Action Française » se contente d’une activité de propagande anti-alliés. Seuls ont une certaine vitalité, le « Rassemblement National Populaire » (R.N.P), le « Parti Populaire Français » (RPF), la « Légion Des Combattants » et surtout la « Milice Française ». A ces groupements, il faut ajouter la « Légion des Volontaires Français » (L.V.F) qui recrute des personnels pour combattre sur le front russe.

Dans le courant du premier semestre de l’année 1944, devant l’avance continue des armées alliées, tous ces mouvements connaissent une profonde désaffection.

La L.V.F, dont le siège est successivement 9, rue du Greffe, puis 28, rue Saint-Louis, enfin rue porte du Moustier, devient inexistante à partir de mars 1944.

La Milice Française, créée le 30 janvier 1943, constitue une section à Montauban. Les chefs départementaux, qui se sont succédés, ne sont pas originaires du département. En octobre 1943, le mouvement subit une profonde réorganisation. Le chef départemental, Jacques Pissard, né en 1903, est un industriel, de tendance P.S.F, originaire de Villeneuve-sur- Lot. Son adjoint, chef des Francs-Garde, Robert Gilles, né en 1915, est directeur de contentieux, de tendance Action Française, originaire de Marmande.

Le discrédit pèse sur cette formation paramilitaire et parapolicière dés sa formation. Des opérations de police, dans les rues de la ville, et une propagande collaboratrice à l’extrême accentuent la désapprobation de l’opinion publique montalbanaise. Des cour-ronnes mortuaires et des faire-part de décès prématurés sont envoyées aux principaux membres de la milice à Montauban et dans les communes du département. En décembre

1943,    il est question d’armer les miliciens en vue de combats de rue et de répression militaire du « terrorisme » local. Le siège, 75, faubourg du Moustier, est l’objet d’une garde renforcée. Cependant, à plusieurs reprises, il est l’objectif de sérieux attentats.

Jusqu’en mai 1944, l’activité milicienne est dirigée dans le Tarn-et-Garonne vers la recherche d’armes parachutées et celle des membres et sympathisants F.F.I. Mais sous l’impulsion d’un nouveau chef D’Artenset de la Farge, arrivé à la mi avril 1944, la politique d’entente pratiquée entre miliciens et S.S. se développe. Le château de Capou, aux environs de Montauban est réquisitionné dans le courant du mois de mai. Des prisonniers faits par la milice lors d’opérations de police exécutées souvent en collaboration avec les allemands, y sont conduits pour y subir une premier interrogatoire, avant leur transfert généralement vers la prison Saint-Michel à Toulouse.

L’histoire militante de ce chef milicien est exemplaire.

Frank D’Artenset de la Farge, né le 2 août 1890 à Moncrabeau (Lot-et-Garonne), propriétaire-cultivateur au château de « Lahitte », mais aussi à « Luquestranny » près de Réaup, est officier de réserve et membre de la légion d’honneur. Organisateur du S.O.L. (Service d’Ordre Légionnaire), puis de la Milice dans la région de Sos, il préside de nombreuses réunions d’information et de propagande. Il était également chef de la troisième cohorte dans la région de Nérac. Fin avril 1944, il quitte Moncrabeau pour exercer les fonctions de chef départemental de la Milice du Tarn-et-Garonne à Montauban. Le 13 juin

1944,    peu de temps après son arrivée, il effectue une mission d’inspection dans le département. Il est accompagné du capitaine Renard, chef de centaine de la Milice pour la région de Moissac – Valence d’Agen – Lauzerte – Montaigu de Quercy. Ce dernier, né le 12 octobre 1897 à Roquecor s’est illustré tragiquement début juin en organisant plusieurs actions en vue de capturer les chefs de la Résistance en pays de Serres.

Or, depuis le 7 juin 1944, un groupe Résistance-Police a été créé sous la direction du deuxième bureau de l’Etat-Major A.S. Il est alors sous la responsabilité de René Andrieu (pseudonyme: Didier) qui resserre les liens déjà établis avec l’inspecteur de police Mallet et le brigadier de police Calmette. Ainsi « Didier » peut surveiller au jour le jour les activités des chefs et des membres de la Milice. Le 13 juin 1944, « Didier » est averti dans la matinée du déplacement du chef départemental de la Milice. Un contact est aussitôt pris avec le chauffeur de la traction qui doit conduire les deux responsables. Celui-ci donne tous renseignements sur le trajet. « Didier » informe immédiatement le chef départemental de l’A.S., Noël Duplan (pseudo: Nil) qui se trouve alors à Cabertat, près de Vaïssac, à une vingtaine de kilomètres de Montauban, avec des membres de l’Etat-Major A.S. « Nil » donne ordre de capturer les deux hommes. « Didier » confie la mission à la 3e Cie A.S., stationnée à Léojac, près de Montauban, commandée par Bousquet et Castro. Une embuscade est montée sur la commune de Montbeton, dans la côte du Touron, sur la route de Castelsarrasin. En fin de matinée, la voiture se présente sans protection. Stoppée, les chefs miliciens n’ont pas le temps de réagir. Menottés, ils sont emmenés à Cabertat, siège de la 6e Cie A.S. et du Corps Franc Dumas. Ils y arrivent dans l’après-midi et sont tout de suite enfermés dans une ferme abandonnée: Panegro, commune de Vaïssac, et gardée par des sentinelles. Un tribunal de circonstance est aussitôt constitué, présidé par Duplan, assisté de Delplanque (pseudo : capitaine Dumas), de Fossat (responsable du secteur de Bessières en Haute-Garonne), de Lambert. Le Tribunal se réunit vers 18 heures. La décision est rapide: condamnation à mort. Un prisonnier allemand, détenu au maquis, a commencé à creuser la fosse. Tremblant de peur, il craint que ce ne fut pour lui. Mais bientôt il laisse la place aux deux condamnés pour terminer l’angoissante besogne. D’Artenset, très digne, accomplit son dernier labeur. Renard pleure, se lamente, implorant la pitié. Vers 21 heures, Duplan demande deux volontaires parmi les maquisards pour l’exécution. Deux se présentent : L.M. (juif allemand anti-nazi, réfugié en France en 1939) qui déclare (il a dix-huit ans) que « le plus jeune du maquis, il doit prendre cette responsabilité », et X.D.

Devant une dizaine de maquisards, D’Artenset et Renard restent droits dans la fosse. D’Artenset est le premier exécuté d’une balle de revolver dans la nuque. Avant le coup de feu, il crie : « vive la France ! ». Renard meurt misérablement, sans courage. Les deux corps sont recouverts de terre par le prisonnier allemand. Ce n’est qu’après la Libération que Duplan révélera l’endroit où reposent les corps des deux chefs miliciens. L’exhumation demandée par le chef de la section judiciaire de Montauban est effectuée peu après. Les deux cadavres seront identifiés grâce à une chevalière portant un blason et reconnue par la femme D’Artenset. Les corps seront ensuite enterrés au cimetière de Monclar-de-Quercy.

À la suite de la disparition du chef départemental, la section montalbanaise de la Milice s’installe au lycée Michelet, où, après arrestations de suspects, elle pratique des interrogatoires musclés calqués sur ceux de la Gestapo.

Le jeudi matin 17 août 1944, au lever du jour, la Milice française évacue précipitamment les locaux scolaires qu’elle occupait pour se diriger vers Toulouse et la vallée du Rhône.

La collaboration franco-allemande se manifeste encore à Montauban par l’installation d’un « office de placement allemand », d’abord rue du Vieux Poids, puis à l’angle de la rue de la République et de la rue du Greffe.

L’entrée des troupes allemandes dans Montauban le 11 novembre 1942 stoppe pendant quelques temps l’activité de la Résistance clandestine en voie d’organisation. Les membres locaux des divers groupes en formation restent dans l’expectative pendant cette courte période, avant de continuer leur œuvre, avec un dynamisme accru par la présence des troupes d’occupation. L’action ne cesse plus de s’intensifier jusqu’à la Libération.

D’origines idéologiques, politiques ou religieuses diverses, la Résistance civile a un même but : créer et entretenir l’esprit de résistance parmi la population. Avec des moyens identiques : impression et diffusion de tracts et de journaux clandestins, soutien matériel des différentes catégories traquées par les autorités occupantes et par le gouvernement de Vichy, fabrication de fausses cartes d’identité, distribution de cartes alimentaires soustraites aux organismes détenteurs, recherche de planques pour les réfractaires au Service du Travail Obligatoire, renseignements donnés aux jeunes gens et aux militaires en congé d’armistice qui veulent s’évader de France, grâce à des filières qui permettent de rejoindre, par l’Espagne, les Forces Françaises Libres.

Aucun lien organique, jusqu’à la formation des « Mouvements Unis de la Résistance » de la zone sud, en 1943, ne relie entre eux les groupes locaux. Mais des contacts personnels ont lieu entre leurs membres montalbanais. De l’échelon national, la coordination se fait sur le plan régional, puis départemental. Pour le Tarn-et-Garonne, après plusieurs réunions préliminaires dans une villa de l’allée des Réservoirs à Saint-Michel, la réunion constitutive se tient au début d’août 1943, dans le quartier de la Bastiole. Plusieurs immeubles particuliers abritent les délibérations des M.U.R. : n° 64, faubourg du Moustier, n° 73, avenue Gambetta, puis à partir de novembre 1943 au n° 39, Grand Rue Villenouvelle.

Après le débarquement allié du 6 juin 1944, un comité départemental de la Résistance est créé. Il groupe, outre les trois mouvements des M.U.R. : Libération, Franc Tireur et Combat, les représentants de l’A.S., du Comité d’Action Socialiste et du Mouvement Ouvrier Français. En août 1944, il englobe le Front National et le Parti Communiste. Pour une action plus efficace, discrète et rapide, le C.D.L., conformément aux directives du Conseil National de la Résistance transmet ses pouvoirs à un comité restreint, noyau actif de la résistance. Les réunions se tiennent alors au centre même de Montauban, numéro 41, rue Michelet., avant de siéger à la Maison du Peuple. Le C.D.L. restreint met au point l’organisation administrative et économique du département, pour la période de la Libération. Il installe les Comités de Libération Locaux dans les communes du Tarn-et-Garonne.

Si pour la résistance civile, il est difficile de préciser la date exacte de l’origine de son organisation, il semble que ce soit au moment de la venue à Montauban des colonels « Jordy » fin 1941 et « Divona » début 1942, que se situent les premiers contacts en vue de la création des formations militaires. Ces tentatives ont pris corps quelques mois plus tard. Il est certain que l’entrée des allemands en zone sud a accéléré la réalisation de ces éléments militaires dès l’automne 1942.

Cependant, l’ancienne Armée Régulière, devenue Armée de l’Armistice, qui donnera plus tard naissance à l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A.), dès juin 1940, se préoccupe de monter une organisation ayant pour but de soustraire à l’ennemi tout le matériel de guerre possible. Ce matériel pourrait être remis à la disposition des unités de l’armée française au moment de la reprise du combat. Le chef d’escadron Mollard est chargée par l’Etat-Major de cette organisation qui représente une tâche énorme.

Il fallait :

•    récupérer tous les matériels disséminés sur le territoire abandonnés par les unités en retraite, de même que les matériels stockés dans les usines de fabrication ou dans les dépôts et arsenaux inconnus des allemands ou non inventoriés par eux mais également des matériels dérobés dans les dépôts officiels avec la complicité des responsables de ces dépôts.

•    stocker ces matériels dans des caches tenues secrètes, c’est-à-dire ignorées des allemands, des collaborateurs ou simplement des bavards et des peureux. Ces dépôts devront être nombreux et disséminés dans les villes et dans les campagnes.

•    organiser des équipes de maintenance de ces matériels pour qu’ils soient utilisables au jour du soulèvement.

•    constituer des lots complet pour petites unités (armes, munitions, moyens de transport, matériel d’optique… Etc..). Ces lots sont de peu d’importance pour éviter les grosses pertes, en cas de découverte par les commissions d’armistice.

Il faut se rendre compte de l’énormité de la tâche qui consiste à gérer des milliers d’armes individuelles ou collectives, des centaines de véhicules blindés ou non, des tonnes de munitions, des volumes considérables de carburants et d’ingrédients.

Il y a lieu aussi de considérer les dangers que ces actions font courir aux exécutants et aux stockeurs, soit pendant les transports soit par les commérages ou les dénonciations. Les dépôts « grillés » doivent être déménagés rapidement, la plupart du temps de nuit. La multiplicité des dépôts les rendent particulièrement sensibles.

Si le camouflage des personnels (agents de renseignement, maquis, réfractaires au S.T.O.) est comparativement plus aisé, en « noyant » les individus dans la population des grandes villes, il n’en est pas de même pour le déplacement des dépôts clandestins qui nécessite la mise en œuvre de personnels de chargement et de moyens de transport souvent de fort tonnage, se déplaçant sur des routes quasiment désertes et, par suite, facilement repérables.

Enfin il faut trouver les fonds pour payer les personnels, louer des garages ou des entrepôts, et également rémunérer les garagistes qui effectuent des remises en état des véhicules.

Dans chaque région militaire, le chef d’escadron Mollard doit trouver un chef régional capable de s’entourer de cadres militaires ou civils. En outre, celui-ci doit trouver dans toutes les administrations militaires ou civiles des complicités très secrètes.

Chaque région militaire prend une désignation clandestine. La 17e région militaire (Toulouse) devient R4 avec juridiction sur les départements de la 19e région augmentés des territoires de la région de Bordeaux (ex. 18e) coupée par la ligne de démarcation.

C’est le chef d’escadron d’artillerie Rison qui est désigné comme « patron » de R4. Il a deux adjoints: le capitaine Cavarrot et le capitaine Pointurier.

Dans le Tarn-et-Garonne, tous les officiers supérieurs qui se succèdent au commandement de l’annexe militaire de Montauban participent à l’organisation du camouflage du matériel. Parmi ces officiers, les commandants Pinat et Simonnot terminent la mise en place de ce matériel fin octobre 1941 avec l’aide d’officiers et de personnels de l’annexe militaire et du 3e Hussard, tel le lieutenant Morin, officier mécanicien de l’annexe, puis chef du service automobile du 3e Hussard à Montauban – le lieutenant Sauvage, commandant l’annexe militaire de Labastide Saint Pierre – le lieutenant Cottaz du 3e génie à Castelsarrasin.

Il y a lieu de mentionner à part, le camp de Caylus qui relève directement du responsable régional et dont le chef le commandant Mouy a des relations très suivies avec des officiers, devenus civils, employés dans les sociétés de transport en commun, en particulier la S.T.C.R.T (Société de Transports en Commun de la Région Toulousaine).

AFIN QUE MEMOIRE DEMEURE Tome2 Page50Macpherson – 1944

au maquis Bir-Hakeim (camp de Caylus)

Tract du mouvement « Combat » de 1942
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