Page 260-267 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »
Président de l’Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance
prononcée lors de la commémoration du cinquantenaire de la Libération de Caussade le 20 août 1994
Monsieur le PREFET Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, chers Amis
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, au nom de l’Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance j’ai l’honneur de vous présenter nos remerciements pour avoir accepté d’honorer ce jour nos camarades « Camillette » et « Camille ».
Votre décision d’appeler désormais la rue des écoles, où ils vécurent, rue Jeanne et Pierre CABAR-ROQUES c’est rendre hommage à deux Caussadais pour leur civisme et leur courage pendant l’occupation par les troupes nazies de notre pays, il y a maintenant plus de cinquante ans.
L’un et l’autre ont été torturés après avoir été arrêtés ensemble le 13 décembre 1943 pour avoir affiché leur patriotisme, leur refus de la défaite de nos armées en 1940 et du régime de Vichy, leur espoir en la France incarné par le Général de GAULLE.
Jeanne Gabrielle Hélène MIGNOT était née à Caussade le 28 décembre 1904 dans une famille de chapeliers républicains ; son époux Pierre CABARROQUES était né à Bordeaux, passage Bardos, le 10 janvier 1902, dans un foyer d’aubergistes laïques et républicains originaires de Puylaroque et Belfort en Quercy.
Jeanne CABARROQUES fut une compagne exemplaire et discrète, toujours sur la brèche, partageant les espoirs, les joies et les soucis de son époux, ce qui lui valut d’être arrêté, torturé et interné à la prison St Michel à Toulouse jusqu’au 28 juin 1944.
Pierre CABARROQUES est incorporé le premier mai 1922 au 9èmc Régiment d’Artillerie de Campagne puis affecté au 31lème RACP en occupation en Allemagne ; le 2 septembre 1939 il est rappelé à l’activité par la mobilisation générale; incorporé au 317èmc RALP il participe à la « drôle de guerre » jusqu’au 15 juillet 1940, jour de sa démobilisation.
Peu de temps après il prendra conscience que la République et ses idéaux de justice, de liberté et de fraternité ont été trahis à Vichy. Auprès de Jeanne et de quelques amis il s’insurge, tempête, dénonce autour de lui le nouveau gouvernement, Pétain et Laval et leurs actions.
Il n’est pas de ceux qui ont entendu l’appel du 18 juin 1940 lancé de Londres par le Général de GAULLE sur les antennes de la B.B.C. Mais il est de ceux qui prendront à leur compte le « quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
En effet, en 1941 et 1942 avec ses amis CAIN, TALBOT, OLIVE, ANCELET, DUCLOS, VER-BIER, MOISSET, MONFRINI et MEYNIER ils font de la propagande en faveur de la Résistance en distribuant notamment des tracts, des journaux clandestins.
Le 14 juillet 1942 ils organisent une manifestation gaulliste au monument aux morts de Caussade et Pierre CABARROQUES y dépose une gerbe. Par ce geste, il se dévoile comme étant pour le Maire de l’époque, chef de l’opposition. Ce dernier le convoqua en mairie et le fit assigner à résidence à Montaigu du Quercy pendant 40 jours, du 16 juillet au 26 août.
A son retour de Montaigu du Quercy contacté par Daniel (Noël Duplan, Colonel NIL dans la Résistance), ils créent la 7eme Compagnie de l’armée secrète dont le commandement est confié à Ancelet. Dès ce moment et jusqu’au 13 décembre 1943 Pierre CABARROQUES accomplit de nombreuses missions: reconnaissance de terrains de parachutages (St-Georges, St-Cirq, Puylaroque), parachutages et transports d’armes (les Ombrails, St-Georges, Montauban, assure des liaisons, participe à la création du maquis Bir-Hakeim, à son organisation, à son recrutement et à son ravitaillement.
L’arrestation de Fred du service des atterrissages et parachutages à Mirande début décembre 1943 est à l’origine de l’arrestation de Jeanne et Pierre CABARROQUES, de celle du docteur Olive et d’Ancelct (les papiers trouvés sur Fred par la Gestapo ont « parlé ».
Arrêté avec son épouse après une résistance à main armée contre ceux qui venaient l’arrêter (Gestapo et feld-gendarmerie), ils seront séparés : Jeanne sera dirigée sur la prison Saint-Michel à Toulouse où elle restera jusqu’au 28 juin 1944, Pierre sur l’hôtel terminus de Cahors, siège de la Gestapo d’où il s’évadera le 17, menottes aux mains d’une chambre du 3emeétage de l’immeuble en empruntant le tuyau de descente des eaux de ce bâtiment.
Dans la nuit, libre les mains menottées, pieds nus, son réflexe est de se rendre chez Madame DEL-FAU qui habite Cahors. Celle-ci avec l’aide de Charles CABARROQUES, gendarme au chef lieu du Lot et du chef de brigade de gendarmerie de Saint-Géry demandera à un serrurier de le délivrer de ses biens encombrants bracelets. De retour chez Madame DELFAU, tante de Jeanne et Renc MIGNOT, il est conduit par le chef de gendarmerie au maquis « FRANCE » de Jacques CHAPOU, connu sous le pseudonyme de Capitaine Philippe, tué à Bourganeuf (Creuse) le 16 juillet 1944 il pourra rejoindre la 7ème Compagnie, cantonnée à Pech-sec (Camp de CAYLUS). Il y retrouvera plus particulièrement ceux du maquis Bir-Hakeim dont la responsabilité avait été confiée à Tataouine (André FIQUET) et ses responsabilités : chef de la 7ème Compagnie, puis du secteur nord-est des Forces Françaises de l’Intérieur, la mise en place des comités locaux de la libération dont le rôle était d’assurer le fonctionnement des collectivités locales pour éviter que ce dernier ne soit assuré par les américains comme ils le prévoyaient par leur plan ANGOT, plan rejeté par le gouvernement provisoire de la République Française proclamée par le Général de GAULLE le 3 juin 1944 la veille du débarquement allié en Normandie, l’animation et la coordination des actions des unités (4ème, 6ème, 7ème, 8èmeCies A.S, £oupe F.T.P. de Saint-Antonin placés sous ses ordres. Après son exploit de Cahors, en janvier 1944 la radio de Londres diffusa le texte de la citation que voici :
Service des atterrissages et parachutages : « Camille, adjoint au Commandant de la 5èmc Cie A.S. chef d’un comité de réception de parachutage, s’est « barricadé dans sa maison le jour où la police allemande est venue pour l’arrêter, s’est défendu avec son « revolver jusqu’à sa dernière cartouche, blessant trois policiers allemands. Fait prisonnier, a réussi à « s’enfuir menottes aux mains, pieds nus, descendants d’un troisième étage par la gouttière malgré ses « menottes et une blessure du poignet. » A peine rétabli, a repris le combat au milieu de ses camarades des maquis.
Par décision du chef départemental F.F.I. « NIL » il est nommé capitaine et chef du secteur nord-est composé par les cantons de Caussade, Montpezat du Quercy ? Caylus, Saint-Antonin et Nègrepelisse et c’est alors que le commandement de la 7ème Compagnie échoit à Raymond DUCLOS, « DEVILLE » dans la Résistance.
En étroite liaison avec le major MacPherson, officier de coordination britannique des équipes Jetburg il fait exécuter les consignes reçues et met sur pied l’exécution du plan vert dans son secteur.
En août les unités placées sous son commandement participent d’une façon très active à la libération de son secteur, de Montauban, Toulouse et Albi.
Sur proposition du Colonel LARRIVIERE et par décision du Colonel BERTHIER il est promu le 13 octobre 1944 chef de bataillon, commandant le 2ème bataillon F.F.T. du Tarn et Garonne désigné sous le nom de bataillon Camille. Ce bataillon constituera avec le bataillon Louis SABATIE, le bataillon de la Pointe de Grave, sous les ordres des Colonels de MILLERET et REVERDY.
En inaugurant les plaques de la rue Jeanne et Pierre CABARROQUES nous fêtons aujourd’hui le couple exemplaire qu’ils ont été parce que c’est leur vie entière qui a été marquée par leur refus d’abdiquer, le refus de toute humiliation. Et pour eux comme pour nous le combat clandestin n’était qu’un aspect du combat pour la libération de l’homme.
LA PREFECTURE DE TARN & GARONNE EN 1944 Le comité Départemental
de Libération siégeait dans l’aile gauche
LE COMITÉ DÉPARTEMENTAL DE LIBÉRATION
Composition au 24 août 1944
MM. ALLAMELLE (C.G.T.) BARREAU BLANCHI (P.C.F.)
Irénée BONNAFOUS, journaliste (Parti Radical) COSTES, pharmacien (Parti démocrate-chrétien) FOUSSARD (M.I.N.) Mme GAUBIL
MM. Alexandre GLASBERG, prêtre catholique GUIRAL, magistrat en retraite S. JORDAN, pasteur de l’Eglise Réformée RESSIGEAC, professeur ROUERE (C.G.T.) H. SERRES, avocat (M.L.N.) TOURNOU (S.F.I.O.)
M. H. SERRES a été élu président par ses pairs. En outre le 25ème nouveau préfet M. Auguste ROUANET, le nommera aux fonctions de secrétaire général de la Préfecture afin de favoriser la coopération entre les deux organismes.
Modifications le 1er décembre 1944
Mlle Marie-Rose GINESTE, secrétaire des Oeuvres sociales (C.F.T.C.), est nommée membre du C.D.L. par arrêté préfectoral.
M. Alexandre GLASBERG (dit l’abbé CORVIN), appelé par le gouvernement provisoire à Paris, quitte le Tarn & Garonne.
BOSC (6ème Cie A.S.) X GUIRAL (C.D.L.) ROUERE Louis (C.D.L.) ALLAMELLE Jules (C.D.L.)
1940-1945
25 juin 1944
Le 25 juin 1944, bonbardement des aérodromes de Blagnac et Francazal, dépôt d’essence de Montbartier alors aux mains des Allemands, il s’agissait d’un raid Anglo-Américains avec 240 Boeings B17 « Flying Fortresses » et de groupe de chasse de 291 appareils P-47 « Thunderbolts » P-38 « Lightings » P-59 « Mustang ». Les pertes furent de 6 B17 et 1 avion de chasse (sur Montbartier).
1940-1945
25 juin 1944
Récit de l’opération mentionnant, l’heure de tombée des bombes, les altitudes de passage, les unités et type de bombardement, type de bombardiers, escorte groupe de chasse, nombre d’avions, tonnage de bombes, pertes, etc.