Page 29-32 du Livre « Contre l’oubli Plaques et stèles de la résistance et de la déportation en Tarn et Garonne»
LA 8eme COMPAGNIE DE L’ARMEE SECRETE
Valmorane – Grand Val Montaigu – Lauzerte
Armand CABRIT est né le 17 septembre 1894. Il est commerçant à Miramont-de-Quercy quand il est contacté le 26 octobre 1941 par Noël DUPLAN « colonel NIL » afin de former un réseau de résistance au nord du département du Tarn-et-Garonne. Armand CABRIT accepte et prend le nom de « Raymond ». DUPLAN lui confie l’organisation de la Résistance dans les trois cantons de Bourg de Visa, Montaigu et Lauzerte.
Le 12 avril 1942, une réunion des quatre responsables de secteur, CABRIT, Albert CAILLAU (Montaigu-de-Quercy), Marius LACOSTE (Miramont-de-Quercy) et Etienne LAFFORGUE (Lauzerte), se tient chez Armand CABRIT. Le futur noyau de la 8ème compagnie de l’Armée Secrète est ainsi officialisé.
Fin septembre 1943, DUPLAN vient reconnaître les futurs terrains de parachutage choisis par les résistants. Leur préférence va à un premier terrain au lieu-dit Banel situé à deux kilomètres de Bouloc. La seule ferme à proximité est habitée par des gens sûrs. Ce terrain sera homologué sous le nom de « Tonneau ». Un second terrain est localisé près de Montaigu-de-Quercy à la Tuque de Pech-Bertier. Une ferme sûre peut servir d’abri. Ce terrain est connu sous le nom de « Manioc ».
Armand CABRIT et Albert CAILLAU assurent le commandement de la 8ème compagnie qui s’étoffe en hommes, jusqu’en mars 1944 où la compagnie compte alors une centaine de résistants.
Le 2 mars 1944, CAILLAU présente au « colonel NIL », Jean DOUET. Ce dernier est percepteur à Montaigu et officier de réserve. Il prend le commandement militaire de la compagnie sous le pseudonyme de « VINCENT ».
Un élément du Corps Franc constitué de quatre hommes, est créé sous les ordres d’Emile QUEMERE, venant du maquis du Lot. En 1943, celui-ci, âgé de 23 ans, refuse le S.T.O.. Avec deux de ses frères cadets, Jean et Christophe, il s’engage dans le maquis lotois France Liberté. Au cours d’un engagement à Larnagol, près de Cajarc, Christophe est tué avec dix camarades. Jean est fait prisonnier et déporté à Mauthausen où il périra. Emile rejoint alors la 8ème compagnie de l’Armée Secrète.
Le 26 avril 1944, après les deux messages précurseurs de la matinée, un dernier message annonce un parachutage. C’est le terrain de Banel qui a été choisi. Une vingtaine d’intervenants sont rassemblés peu après 22 heures. L’opération permet de récupérer 16 containers d’armes. C’est le seul parachutage effectué à cet endroit. Deux autres parachutages auront lieu le 30 mai et le 29 juillet 1944 sur le terrain de Pech Bertier. Au total six tonnes d’armes et d’équipements militaires ont été reçues au cours de ces trois parachutages. Les armes sont distribuées aux membres de la compagnie et le surplus est dispersé et caché dans les fermes du secteur.
Ces différents dépôts permettent d’apporter un supplément d’armement aux unités du secteur nord-est : 4ème et 7éme compagnie et maquis F.T.P. de Saint-Antonin.
Le 16 mai 1944, la Gestapo d’Agen, assistée d’une section de SS et conduite par les miliciens, lance une opération d’envergure sur Montaigu.
Dans le début de la matinée, Albert CAILLAU est parti apporter du ravitaillement à un groupe de maquisards faisant mouvement depuis Montpezat et se trouvant à la lisière du Lot. Les trois hommes sont arrêtés par la Gestapo suite à la dénonciation d’un milicien.
Parallèlement à cette arrestation vers 10 heures, le maquis de Grand Val est attaqué par une colonne allemande. Deux réfractaires du S.T.O., Pierre BAGET, né à Bordeaux le 21 mai 1921 et René AGIL, né le 24 mars 1920 à Montpellier, sont abattus.
Le 16 mai 1944, Montaigu vit dans la terreur. Les Allemands sillonnent les rues désertes. La boulangerie CAILLAU est fouillée sans ménagement. Le convoi allemand quitte Montaigu en début d’après-midi emmenant les prisonniers au siège de la Gestapo d’Agen. Albert CAILLAU subit de très durs interrogatoires et est violemment torturé mais il ne parlera pas. Après plus d’un mois, il est transféré le 24 juin 1944 à la prison Saint-Michel à Toulouse.
Montaigu -16 mai 1944 Les Fusillés
Grand Val-Montaigu : stèle située au lieu dit « Grand Val », plaque en mémoire de René AGIL et Pierre BAGET
BISMES est déporté vers Dachau dans le convoi de la mort du 2 juillet 1944 d’où il reviendra épuisé. Roger RIGAUD sera fusillé avec un grand nombre de prisonniers dans la forêt de Bouconne. En effet, pour faire face à l’arrivée de nouveaux prisonniers, les gardiens SS s’emparent au hasard de détenus qui sont ensuite fusillés.
Albert CAILLAU échappe à ces tueries jusqu’au 19 août 1944, date de la libération de Toulouse et de l’ouverture des portes de la prison.
En juin et juillet 1944, des membres de la 8ème compagnie sont dénoncés aux autorités allemandes par des miliciens et échappent de peu aux arrestations.
Depuis le 14 juillet 1944, un commando de parachutistes américains a été largué entre Saint-Céré et Padirac. Le 10 août, ces hommes s’installent au château de Chamy, près de Montcuq. Ce château sert de base à un maquis F.T.P. commandé par le lieutenant De GAUDUSSON.
Le chef du commando américain déclare qu’il a reçu la mission de saboter les lignes de communication, notamment entre Bordeaux et Toulouse. L’objectif choisi est le pont de chemin de fer sur la Barguelonne à Lamagistère. Les Américains sollicitent l’aide des maquisards. De GAUDUSSON n’est pas d’accord avec les soldats américains, néanmoins il met à la disposition du commando son spécialiste des sabotages : Emmanuel SALVADOR dit « MOSQUITO ».
Lauzerte : plaque en mémoire du maquis de la 8eme compagnie A.S à Valmorane
Le 15 août 1944, les hommes du commando et le petit groupe de Mosquito partent vers leur objectif. Ce groupe est constitué de 18 Américains dont 3 officiers et d’une dizaine de F.T.P..
A Lauzerte, la troupe entre en contact avec DOUET « Vincent » et trois membres du corps Franc : Emile QUEMERE, Roland AGUILERA et Yves FRIAND. «Vincent» a déjà reconnu les défenses allemandes et déconseille l’opération. Le major américain insiste et demande à « Vincent » de les accompagner et de les guider. Ce dernier accepte et prend la tête de la colonne constituée de trois tractions et de onze hommes.
Parvenu à proximité de l’objectif, Mosquito va reconnaître les lieux. Il essuie des rafales de fusil-mitrailleur. Touché en pleine poitrine, il s’effondre mort. Le sauve-qui-peut est général. Les américains s’étant perdus, certains sont récupérés le lendemain par Arnaud LAVENELLE.
Quelque temps avant la libération, la 8ème compagnie a pour mission avec d’autres formations, Corps Franc Pommiès, la 12èmecompagnie et les F.T.P., d’investir Moissac. La ville est occupée par les Allemands.
Le samedi 19 août 1944, vers 18 heures 30, un groupe de 14 hommes de la section de Miramont de la 8ème compagnie plus quatre membres de l’O.R.A. ouvre le feu sur environ 200 Allemands qui se préparent à quitter leur cantonnement. Une fusillade va suivre et on dénombrera trois victimes civiles.
Dans la nuit du 19 au 20 août 1944, tandis que les Allemands précipitent leur départ, les forces du maquis investissent les coteaux de Saint-Laurent et Mathaly. Au lever du jour la 8ème compagnie pénètre dans Moissac abandonnée par l’occupant.
C’est la joie dans la ville pendant que les groupes de maquisards arrêtent des soldats ennemis qui n’ont pas eu le temps de fuir : quarante prisonniers sont dirigés sur l’ancienne prison de Lauzerte.
La 8ème compagnie est dissoute le 2 septembre 1944. La plupart des hommes voulant participer à la libération de la France se sont engagés dans divers régiments pour la durée de la guerre.
Lamagistère : chemin de Miradoux au lieu dit « Laspcirrières », plaque à la mémoire d’Emmanuel SALVADOR