Page 18-19 du Livre « Cinquantenaire  Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »

A partir du 10 mai, les armées françaises, aux prises avec le déferlement allemand, dont elles tentent d’enrayer l’avance, subissent des pertes en hommes et en matériels très importantes, elles doivent laisser, en outre, aux mains de l’envahisseur environ 1 900 000 prisonniers de guerre. Dans les semaines qui suivent l’armistice, ils seront dirigés sur l’Allemagne pour les interner dans 14 oflags (officiers) et 56 stalags (sous-officiers et soldats). Les conditions de captivité diffèrent selon les camps. Ils vivent dans des baraques implantées dans des camps surveillés par des sentinelles armées de mitrailleuses, dotés de projecteurs électriques pour la nuit. Soumis à l’obligation du travail, les hommes de troupe se rendent à l’usine. Le sport, les cours divers ou de langue, la préparation des fêtes, etc., constituent les rares distractions de tous les prisonniers. Pour échapper à l’ennui, beaucoup opteront pour le travail en commando dans les fermes. Plusieurs, malgré les risques, cachot ou camp de représailles de Rawa-Ruska, s’évaderont et s’intégreront après leur démobilisation à la légion des combattants ou dans les mouvements de résistance.

Sur le front, derrière la ligne Maginot et les frontières luxembourgeoise et belge, les opérations militaires sont statiques, il n’y a pas d’hostilités véritables. C’est la « drôle de guerre ». Cette situation a deux origines : du côté allemand Hitler voulait « faire pourrir l’armée française » en l’atteignant au moral ; du côté français, on pensait que les Alliés ne seraient prêts pour prendre l’initiative des opérations qu’en 1941, voire 1942.

Plusieurs dizaines de parlementaires communistes sont incarcérés, de nombreux militants arrêtés, le parti communiste ayant été dissous le 26 septembre.

De Montauban sont partis au front deux régiments prestigieux : le 16e tirailleurs sénégalais qui y tenait garnison depuis fort longtemps, le T spahis algériens qui depuis peu avait remplacé le 10e dragons.

Le 16e régiment de tirailleurs sénégalais quitte Montauban pour le front dans la nuit du 27 au 28 août 1939. Le 4 septembre, ses bataillons sont regroupés à Dettwiller sur la voie ferrée Saverne-Strasbourg et s’installe en avant-poste à Liederschiedt, dernier village français sur la frontière du Palatinat : divers coups de main et opérations de reconnaissance, étude du nouveau service en campagne qui vient de paraître, il embarque pour le midi de la France dans la nuit du 30 octobre au 1er novembre et débarque à Ollioule Sanary le 2 novembre où il est entièrement remanié et complété par un renfort en tirailleurs. Le 7 avril 1940 il s’embarque à Toulon pour Réding (Moselle). Au lendemain du 10 mai, il se déplacera vers l’Ouest et atteindra Amiens le 19 où il prend part à de nombreux combats avant qu’il ne reçoive la direction générale de repli prescrivant la retraite dont l’axe le dirige sur l’Oise et la région parisienne, le Loiret, l’Yonne et la Nièvre, Moulins et Montluçon puis Montauban où il arrive dans la soirée du 20 juin. Ces dures épreuves de la retraite pendant laquelle il s’est battu vaillamment l’ont quasiment détruit : pertes aux combats importantes et de nombreux sénégalais fusillés. L’un deux, Bountié-Diasso, repose au Mont-Valérien parmi les héros de la guerre 1939-1945.

Le T régiment de spahis algériens, qui appartenait à la 2e brigade de spahis algériens qui en comptait trois, embarque à Montauban fin août pour rejoindre, par voie ferrée, la frontière suisse à l’est de Seppois avec une mission de surveillance sur la ligne Belfort-Altkirch-Bâle. Le régiment de spahis est une troupe de métier, instruite, entraînée, disciplinée. Les chevaux, barbes entiers, sont l’objet de soins correspondant à l’usage que l’on fait de ces montures ; ils sont turbulents, robustes et endurants. A partir du 10 juin, la mission de ce régiment consiste à assurer l’écoulement des colonnes qui se retirent d’Alsace, la défense et la destruction des ponts du Doubs, la défense de Maîche où il constatera que la retraite des armées est commencée. Le 20 juin, après avoir exécuté une mission d’évacuation des blessés, il reçoit l’ordre de passer en Suisse où il est désarmé à Bierne. Il rentrera en France en janvier 1941. Il sera dissous et son étendard a été confié à la garde du 8e régiment de spahis algériens en garnison à Tlemcen pour son héroïsme et sa fidélité au devoir.

La drôle de guerre
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