Page 20-21 du Livre « Cinquantenaire Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »
Avant la démission du gouvernement Paul-Reynaud dont il était le secrétaire d’État à la guerre, le général de Gaulle quitte la France par avion en compagnie du général anglais Spears et, de Londres, à la B.B.C., adresse un message refusant l’armistice : « Moi, général de Gaulle, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver à se mettre en rapport avec moi ».
Ce message, peu entendu, reproduit par la presse britannique et quelques journaux français, annonce : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».
Seule une poignée de volontaires (environ 7000) purent le rejoindre ou gagner l’Angleterre où se constituaient les Forces françaises libres.
Avec de Gaulle, la France libre refuse la défaite militaire, la collaboration de Vichy, qu’elle estime être une trahison ; elle fait le pari de la victoire des Alliés pour que la France retrouve son rang de grande puissance.
L’appel du 18 juin est le début historique de la Résistance. Celle-ci revêt, dès les premiers jours, différents aspects, et les résistants, dispersés sur tout le territoire, et même dans le monde entier, travaillent dans l’ombre et en secret, s’ignorant les uns les autres. Mais ils veulent tous maintenir la France dans la guerre et lutter jusqu’à la victoire, jusqu’au rétablissement des valeurs de la République.
Certes, ce n’est pas la grande foule : les Français sont abasourdis par l’ampleur du désastre. Moins efficace en zone occupée, qui souffre directement de l’occupation, qu’en zone « libre », une propagande pernicieuse vante la purification par l’épreuve de la défaite et les bienfaits de la « collaboration » ; bon nombre de gens pourtant sincèrement patriotes, sont aveuglés par les apparences : nous avons une capitale en zone libre « Vichy », un gouvernement, une diplomatie ; nous conservons nos colonies, nous avons même une « armée d’armistice ». Les soucis de la plupart sont d’ordre alimentaire, car le ravitaillement est insuffisant, les Allemands réquisitionnant une grande partie de la production du pays. Dans un domaine moins terre à terre, on s’inquiète surtout d’avoir des nouvelles des parents qui sont de l’autre côté de la « ligne de démarcation » qui sépare les deux zones, ou dans les camps de prisonniers de guerre. La Résistance, cependant, s’organise, se développe et travaille avec la volonté de défendre et de restaurer les libertés, la dignité et les valeurs humaines.