Page 21-22 du Livre « Cinquantenaire Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »
Dès l’appel du 18 juin, les premiers « volontaires de la France libre » se présentent à Londres au « Quartier général » du général de Gaulle. Ce sont les Français qui résident en Angleterre, des soldats ramenés de Norvège ou évacués de Dunkerque, et qui préfèrent continuer à se battre plutôt que de retourner en France.
Dès juin 1940, peu de jours après l’appel du général de Gaulle, tous les hommes de la petite île de Sein, en âge de faire la guerre, s’embarquent sur leurs bateaux de pêche.
La route des évasions de France passe aussi par les Pyrénées. Non sans difficultés, les volontaires finissent par arriver en Angleterre, après un séjour dans les prisons espagnoles, en particulier au camp de concentration de Miranda.
La plupart des Français établis dans le monde entier s’engagent pour libérer leur patrie.
Notre empire colonial est intact, riche en hommes et en matières premières. Il représente un potentiel de guerre important, offre des bases stratégiques de valeur.
Sous la direction de Félix Eboué, le Tchad se rallie le 26 août. Rapidement, l’A.E.F. tout entière, en fait autant ; puis en août et septembre les Établissements de l’Inde, d’Océanie, la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles-Hébrides.
Mais le succès n’est pas partout immédiat. Les gouverneurs et résidents n’ont pas tous l’attitude souhaitée. L’affaire de Mers El-Kébir (bombardement de la flotte française par les Anglais, le 3 juillet 1940) a durci bien des positions. Une opération sur Dakar, le 23 septembre 1940, connaît l’échec et retarde le ralliement de l’A.O.F.. Cependant, au cours des années, ce sera tout l’empire qui reprendra la lutte.
Les exploits des soldats de Leclerc, Kœnig, de Larminat, Monclar, emplissent le monde d’admiration. Les troupes de Leclerc, traversant le Sahara du Sud au Nord, multiplient les raids contre les positions italiennes de Lybie. C’est l’expédition de janvier 1941 devant Mourzouk, où tombe le colonel d’Ornano ; c’est la prise de Koufra en février 1941. Leclerc prononce alors son fameux serment : « Nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera à nouveau sur Metz et sur Strasbourg ».
Le général Kœnig a reçu la mission de gêner l’offensive déclenchée le 27 mai par « l’Afrika Korps » et les Italiens contre l’Égypte. Ses troupes encerclées soutiennent, à Bir Hakeim, pendant quinze jours, les assauts d’un adversaire déchaîné. Un ultimatum de Rommel est repoussé, le 3 juin. Enfin, dans la nuit du 10 au 11 juin, la sortie est tentée et réussie. L’héroïque défense de Bir Hakeim a contribué à sauver l’Égypte, et elle a prouvé au monde que les Français se battent toujours.
Les Forces françaises libres luttent en Tunisie, se réorganisent et, grossies de l’armée d’Afrique, stationnées en Afrique du Nord, poursuivent la guerre aux côtés des Alliés après le débarquement de novembre 1942. Le corps expéditionnaire français participera efficacement à la campagne d’Italie sous les ordres du général Juin. La 2e D.B. de Leclerc se couvrira de gloire lors de la campagne de France, après le débarquement du 6 juin en Normandie. La première armée française de De Lattre de Tassigny débarquera en Provence avec les Américains et remontera rapidement vers le Nord, à travers les Alpes et le long de la vallée du Rhône.
Les éléments de la marine de la France libre s’appelaient les Forces navales françaises libres, celles de l’air les Forces aériennes françaises libres. Elles combattirent pendant toute la guerre. Le groupe aérien « Normandie-Niémen » se battit sur le front de l’Est avec l’aviation russe.
La Résistance intérieure
Plus obscur, moins spectaculaire peut-être, mais non moins efficace, tant du point de vue moral que du point de vue matériel, fut le travail de la Résistance intérieure. Il commença dès l’été 1940, inorganisé au début, car les « combattants sans uniforme », tous volontaires, évidemment, comme leurs compagnons d’armes des « théâtres extérieurs », n’étaient, eux, pas du tout préparés à la tâche qu’ils s’étaient imposée.
La Résistance intérieure ne pouvait évidemment vivre que grâce à ses rapports avec la Résistance extérieure ou les Alliés, de même que les résultats de son travail de renseignements ne pouvaient être utilisés que s’ils étaient communiqués hors du territoire.
Le premier lien fut la radio. Chaque jour, la B.B.C. anglaise accordait quelques minutes de ses émissions à la chronique « Les Français parlent aux Français » qu’annonçaient 4 coups de gong et qu’écoutaient en secret des auditeurs, chaque soir plus nombreux, malgré le brouillage, malgré aussi les représailles. Elle apportait des nouvelles que n’arrêtait aucune censure vichyssoise ou allemande et, avec elles, l’espoir et le réconfort. Elle diffusait, en outre, à l’intention des Résistants, ses fameux « messages personnels », dont le sens secret n’était connu que de leurs seuls destinataires.
Les groupes de résistance devaient, eux aussi, communiquer avec Londres. Ils avaient à leur disposition quelques rares postes émetteurs, souvent lourds et encombrants, dont l’utilisation était extrêmement dangereuse car les services de détection allemande étaient sans cesse sur le qui-vive. Il fallait pourtant, malgré tout, envoyer, selon un « code » convenu, les renseignements recueillis, demander armes et matériel.
Les plans, les photos, les longs rapports, devaient être transportés. Des agents de liaison se chargeaient de ce périlleux travail : liaisons à l’intérieur du territoire, liaisons au-delà des frontières. Le courrier circulait ainsi, à travers les Pyrénées vers l’Espagne, à travers les Alpes et le Jura vers la Suisse, sur des barques de pêche, quelquefois dans des sous-marins. De temps à autre, des avions atterrissaient de nuit sur des terrains clandestins, apportant ou remportant les « agents secrets » et se chargeant des sacs de documents.
En dehors de l’armement « récupéré », les armes nécessaires étaient apportées d’Angleterre ou d’Afrique du Nord par avions et parachutées. Lorsqu’un « message personnel » (par exemple : « Le mille-pattes s’est cassé la jambe… je répète : le mille-pattes s’est cassé la jambe ! ») avertissait les destinataires, on préparait le parachutage. Cela consistait à baliser un terrain, le plus discrètement possible, au moyen de feux de paille, de lampes électriques ou de lampes à carbure.
Quand l’avion arrivait, c’était un échange de signaux. Puis les « containers » chargés d’armes étaient largués. Ils étaient vidés, puis cachés ou enterrés, ainsi que les parachutes. Parfois, au lieu d’armes, atterrissaient un agent de liaison, un instructeur, un « envoyé spécial » qui étaient immédiatement pris en charge par un « comité de réception », et aiguillés vers la destination prévue.
Bien que leur combat, et parfois leurs activités, aient été les mêmes, il convient de distinguer les réseaux et les mouvements.
Les réseaux furent créés par des chefs souvent venus de Londres et recrutant progressivement (Confrérie Notre-Dame, Buckmaster). Travaillant, soit pour les services de renseignement de la France libre (Bureau central de recrutement de l’action ou B.C.R.A.), soit pour l’Intelligence Service ou les services secrets américains, ils recherchaient et transmettaient des renseignements, organisaient des filières d’évasion.
Les mouvements se formèrent spontanément, en particulier par affinités de pensée, souvent autour d’un journal clandestin. Beaucoup disparurent, détruits par l’ennemi. A l’intérieur des administrations s’était constitué un organisme clandestin, le « Noyautage des administrations publiques » ou N.A.P. Ces mouvements avaient un recrutement plus étendu que les réseaux, et un plus grand souci de propagande. Ils voulaient constituer les cadres, former les organismes de la Résistance ; ils créèrent des groupes de combat et de sabotage, organisèrent les maquis.