Page 92- 97 du Livre « Cinquantenaire Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »
En Extrême-Orient de 1940 à 1946
Pendant que la Résistance se formait en France occupée et qu’en Afrique les troupes fidèles au général de Gaulle constituaient « La Force française libre », en Indochine envahie par les Japonais avec l’accord du gouvernement de Vichy, pays à des milliers de kilomètres du sol natal, la Résistance s’organisait aussi.
Elle était formée par les militaires des troupes coloniales, les civils de l’administration française et de la population locale.
Celle-ci transmettait aux armées alliées qui combattaient sur les fronts de Birmanie et dans les îles du Pacifique, les renseignements concernant tous les mouvements de navires et de troupes.
Les ports indochinois constituaient la plaque tournante pour le transit des matériels japonais nécessaires aux combats qui se déroulaient dans le Pacifique, en Malaisie et aux Philippines.
A Midway, la flotte américaine détruisait la majeure partie des navires japonais. Cette défaite japonaise mettait fin aux intentions d’envahir l’Australie et l’Amérique.
Pendant ces années, les représailles faites sur les résistants capturés par la Kampetaï « Gestapo japonaise » étaient atroces.
Le coup de force japonais du 9 mars 1945 surprit les troupes françaises où de nombreux soldats furent massacrés, décapités et internés dans des camps de la mort dont les méthodes étaient celles des camps nazis (voir par exemple celui de « Hoa-Bing »).
De nombreux soldats échappèrent aux massacres et, après mille périples à travers la brousse, rejoignirent la Chine. Par la suite, ils constituèrent les troupes de libération d’Indochine avec celles venues de France en 1946, commandées par le général Leclerc.
Après une guerre de 9 ans, de 1946 à 1954, contre le Viêt-minh et malgré l’opposition d’une partie de l’opinion française, l’Indochine fut perdue à jamais pour la France.
Le corps expéditionnaire français en Italie
(1943 -1944)
Dès le mois de juillet 1943, après la déroute allemande en Afrique du Nord, la mise sur pied d’une armée française moderne est proposée conjointement par les généraux de Gaulle et Giraud au commandement allié. Son principe en est accepté, l’armement en matériels modernes de plusieurs divisions est décidé et sa participation à la campagne de libération de l’Europe et de la France en particulier, est retenue.
Cette force interviendra d’abord en Italie au sein de la 5e armée américaine et le détachement qui y participera sera
appelé « corps expéditionnaire français » et sera placé sous les ordres du général d’armée Alphonse Juin qui en sera le commandant en chef, après avoir commandé nos troupes en Tunisie où les forces allemandes ont capitulé le 13 mai 1943.
Le corps expéditionnaire français en Italie comprendra 5 divisions auxquelles il faut ajouter les éléments non endivisionnés tels que : tanks, destroyers, éléments d’artillerie lourde de corps d’armée, groupes d’ambulanciers, bataillons médicaux et antennes chirurgicales mobiles ; soit un total de 140.000 hommes de toutes confessions et ethnies de notre empire colonial de l’époque, y compris les jeunes engagés volontaires ayant rejoint l’A.F.N. au cours de l’année 1942 et les Français évadés de France après leur séjour dans les geôles espagnoles.
Vaincue et humiliée en 1940, notre armée se devait de retrouver sa fierté et son honneur, et de prouver à nos Alliés qu’elle était digne de prendre rang dans son corps de bataille.
C’est donc au général Juin et à son corps expéditionnaire qu’est confiée cette redoutable mission sur le front italien.
Engagée la première dès novembre 1943 au sein de la 5e armée américaine, c’est à la 2e division d’infanterie marocaine de relever le défi de 1940 dans un hiver démentiel et sur un terrain difficile.
Rejointes par la 3e division d’infanterie algérienne et quelques groupes de tabors marocains, ces unités livrent de durs et sanglants combats sur le front de Cassino où brillent en lettres de sang : Les Abbruzzes – Le Pantano -La Mainarde – Le Mona Casale – Le Mona Aquafondata – Le Belvédère, autant de glorieux et douloureux sacrifices consentis par le corps expéditionnaire français sur un terrain aride et inhospitalier où chaque piton est un piège.
Au cours de ces quelques semaines, le corps expéditionnaire français vient de faire preuve de son courage et de son ardeur manœuvrière, montrant ainsi à nos Alliés la valeur de nos armes retrouvées.
Mais devant un ennemi fortement ancré sur ses défenses articulées autour de Cassino, malgré les nombreux et furieux assauts des troupes alliées, et les violents et destructeurs bombardements des 15 février et 15 mars 1944, le verrou tient toujours et Cassino paraît imprenable.
Devant cette situation, le général Juin conçoit et fait adopter par l’état-major allié, un audacieux plan de bataille qui consiste à déborder par l’Ouest les défenses de Cassino. Ce plan de bataille débutera sur le Garigliano, et ouvrira une page épique et mortelle terriblement méconnue et pratiquement ignorée encore aujourd’hui.
Fin avril, début mai 1944, un réaménagement du front est mis en place et le général Juin obtient enfin son créneau uniquement français qu’il demande depuis plusieurs mois.
En ce mois de mai 1944, il dispose de toutes ses unités placées sur les rives du Garigliano, face aux monts Aurunci et Leppini que nos troupes auront à franchir pour ouvrir aux Alliés la route de Rome. C’est un honneur que le corps expéditionnaire français a réclamé. Il s’élancera en tête de l’assaut et inscrira en lettres de feu et de sang l’épopée française d’Italie, première victoire de l’armée française en Europe.
Le 11 mai 1944 à 23 heures, appuyé par le feu de 2000 pièces d’artillerie, le corps expéditionnaire français tout entier s’élance d’un même élan à l’assaut de la ligne Gustav. Il s’élance avec ardeur, avec courage et détermination pour l’honneur de nos armes et sur un terrain culminant, parfois, à plus de 1000 mètres.
Malgré un échec relatif des premières heures, l’attaque est à nouveau reprise le 13 mai avec la même ardeur et la même foi. Dès lors, c’est une fresque historique qui jalonnera sa route : elle va du général en chef au simple tirailleur, de la petite ambulancière au téléphoniste qui, tous, inscriront sur nos drapeaux et étendards, les noms flamboyants du Garigliano – Castelforte – San Giorgio – Mont Majo où, le 13 mai, sera hissé un immense drapeau tricolore visible de tout le front – Pico – Esperia et ses chasseurs de chars – Pontecorvo – avec une pensée aux volontaires des bataillons de marche du Liri, aux brûlés au lance-flammes du Cerasola, aux voltigeurs des monts Aurunci et Leppini, à tous ceux qui, par leur sacrifice, leur courage, nous conduiront aux portes de Rome le 5 juin 1944 où le corps expéditionnaire français sera stoppé pour permettre aux Alliés d’entrer en vainqueurs dans la ville éternelle.
Notre chef, le général Juin, sera invité par le commandant de la 5e armée américaine, le général Clark, à entrer avec lui dans cette capitale libérée où il recevra l’hommage du commandement allié qui lui déclarera : « Sans vous, général Juin, nous ne serions pas là aujourd’hui. ».
Après quelques jours de repos mis à profit pour remettre en état hommes et matériels, le corps expéditionnaire français reprendra, au nord de Rome, sa place dans le corps de bataille allié, et ce seront à nouveau de durs et sanglants affrontements avec un ennemi en retraite mais toujours vigilant et dangereux.
Toutes les divisions participeront à cette poursuite. De nouveaux sacrifices seront consentis et de nouveaux noms viendront jalonner cette page héroïque de notre histoire : Lac de Bolsena – Viterbo – San Lorenzo – Poggibonsi et enfin Sienne, qui sera atteinte et libérée le 4 juillet 1944.
Les Algériens et Tunisiens du général de Montsabert, les Marocains des généraux Dody et Sevez, les goums du général Guillaume, les Français libres du général Brosset. les engagés volontaires, les évadés de France, après la boue et les rigueurs de l’hiver, la glorieuse poussière de l’été, connaîtront leur apothéose sur la Piazza Del Campo à Sienne, le 14 juillet 1944, à 400 kilomètres de leur base de départ, après avoir jalonné leur prodigieuse aventure d’une multitude de petits cimetières qui attestent de leur souffrance, de leur gloire et de l’honneur de nos armes dans les combats pour la libération de notre pays.
C’est sur les rives de l’Arno, aux portes de Florence, que le corps expéditionnaire français terminera cette campagne. Il passera, en entier, sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, en vue du débarquement sur les côtes de Provence, et ces divisions aguerries formeront le fer de lance de la future première armée française.
Mais cette glorieuse campagne fut également terriblement meurtrière. En 8 mois de combats, sur un effectif de 140.000 hommes, le corps expéditionnaire français aura perdu 41.150 des siens : blessés, tués, disparus, soit près du tiers de ses effectifs.
Cette campagne fut aussi ingrate car demeurée pratiquement inconnue des Français. En effet, occupée par les Allemands qui ne laissaient passer que très peu de nouvelles, la France ignora longtemps que des Français tombaient pour elle en pays étranger, pour sa libération.
Au lendemain de la prise de Rome, le 5 juin 1944, le général de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire de la République, adressait au général Juin le message suivant :
« L’armée française a eu une grande part dans la victoire de Rome. Il le fallait. Vous l’avez fait, général Juin. Vous-même et les troupes sous votre commandement êtes dignes de la Patrie ».
1943 : Débarquement et libération de la Corse
Après le débarquement allié en Afrique du Nord et l’arrivée de Scamaroni pour préparer une insurrection, les dirigeants des mouvements de résistance jusque-là isolés se fondirent en un « Front national » pour chasser l’envahisseur (Italiens et Allemands) et liquider le régime de Vichy. Scamaroni, capitaine du B.C.R.A., était en liaison avec le sous-marin Casablanca, sauvé du sabordage de Toulon par le commandant L’Herminier, pour préparer l’insurrection.
En février 1943, Scamaroni arrêté par l’O.V.R.A. (gestapo italienne) se donnera la mort et c’est le capitaine Colonna d’Istria (Césari) envoyé par Alger qui coordonnera l’action de tous les mouvements de patriotes.
La préparation militaire relative au débarquement, préparée par les généraux Giraud et Juin, débouchera sur un plan prévoyant 2 hypothèses :
• celle où les troupes se heurteraient aux 80 000 Italiens et aux 10 000 Allemands ;
• celle où elles n’auraient à combattre que les Allemands.
8 septembre 1943, signature d’un armistice avec l’Italie et envoi par le commandant Colonna d’Istria d’un ultimatum au général Magli, commandant le 7e corps d’armée italien cantonné en Corse ainsi conçu :
« Vous me direz sans phrase, ce soir avant minuit, si vous êtes avec nous, contre nous ou neutres. »
Réponse dans la soirée : « avec vous ».
Le même jour, les dirigeants du Front national décident de déclencher l’insurrection.
Le problème posé par les Italiens est réglé, reste celui posé par la présence des troupes allemandes.
Du 8 au 24 septembre, les insurgés corses, les tirailleurs marocains et les commandos de chocs arrivés en renfort, les troupes italiennes (nouvel allié) sont unis contre les Allemands auxquels ils livrent de rudes combats, leurs troupes s’étant enrichies de celles qui se trouvaient en Sardaigne après avoir débarqué à Bonifacio.
Le 24 septembre, les troupes régulières venant d’Afrique du Nord débarquent à Ajaccio, transportées par les bâtiments Jeanne-d’Arc, Montcalm, Fantasque et Terrible.
Ainsi, en 27 jours, la Corse a été libérée, et libérée par des Français. Le général Giraud a su saisir l’occasion et la fortune lui a souri. Mais, à l’origine de sa décision, il y eut le patriotisme des Corses, leur soulèvement spontané et leur appel au secours, auquel le commandant en chef répondit sans hésiter, malgré les objections et malgré la faiblesse des ses moyens.
1944 – Débarquement de Normandie
C’est à Québec, en août 1943, qu’est adopté le plan de l’opération « Overlord » (débarquement en France). Ce geste des Alliés est fait pour apaiser Staline qui réclame l’ouverture d’un deuxième front, ayant supporté seul, durant l’été 1942, tout l’effort de guerre allemand sur le continent. Et, pour rassurer l’opinion publique impatiente, les Anglo-Américains montent l’opération « Torch » sur l’Afrique du Nord en novembre 1942. Cette dernière permettra en mai 1943, d’offrir, en attendant de débarquer en Europe, une grande victoire sur les forces de l’axe en Tunisie et l’enchaînement des opérations de Sicile et d’Italie.
L’opération de débarquement en Europe est connue des Allemands. Mais, ces derniers trompés par des messages radio truqués, des rassemblements de troupes dans le nord de l’Ecosse et le sud de l’Angleterre (région de Douvres), avec l’aide de leurres et enfin l’intoxication, la veille du 6 juin, ne savent plus s’il aura lieu en Norvège, au Danemark, dans les Balkans ou en France.
Eisenhover, général américain commandant en chef, et ses officiers constatant que les conditions atmosphériques ne sont pas bonnes, décident de reporter le débarquement au 6 juin alors qu’ils l’avaient prévu pour le 5. Cette décision de dernière heure a été prise parce que l’officier chargé du service météo leur indiqua que la ligne marquant la séparation entre des masses d’air chaud et des masses d’air froid amenait un changement de temps favorable dans la zone de débarquement, pour 24 heures, et qu’ensuite le temps se détériorerait à nouveau.
Pour annoncer le débarquement à la Résistance intérieure, la B.B.C. répétait depuis plusieurs jours les vers de Verlaine : Les Sanglots longs des violons… connus des Allemands. Cette périodicité fit qu’ils ne réagirent pas au moment du dernier message.
Dans l’opération « Overlord », la France était présente grâce à « la France libre ». Elle fournit dans cette opération :
• les parachutistes S.A.S. largués dans le Morbihan et les Côtes-du-Nord dans la nuit du 5 juin, à 23 heures, avec comme mission de contenir les troupes allemandes cantonnées en Bretagne pour les empêcher de rejoindre la Normandie (475 hommes). Les S.A.S. soutiendront de sévères engagements aux côtés notamment du maquis Saint-Marcel ;
• les 177 hommes du commando Kieffer débarqués dans le secteur anglais Sword (Ouistreham – Riva – Bella) commandé par le général Dempsey ;
• des unités navales incorporées au sein de la Royal-Navy : 4 frégates, 4 corvettes, des dragueurs et chasseurs, le torpilleur La Combattante, les croiseurs Montcalm et Georges-Leygues du groupe de soutien (3 sections d’appui) affecté au groupe d’assaut de la plage d’Omaha, commandé par le général Bradley ;
• des unités aériennes incorporées au sein de la R.A.F. : squadrons 346 et 347 équipés de Tralifax ; squadron 342 équipé de Boston ; squadrons 329, 340, 341, 345 équipés de Spitfire.
6 juin 1944, journée mémorable qui reste gravée dans la mémoire de tous ceux qui ont participé aux opérations du débarquement tant attendu par les Français résistants et ceux qui se sont, durant les quatre ans d’occupation, détournés, au fur et à mesure des événements favorables aux Alliés, du régime imposé et collaborateur de Vichy.
Cette journée est celle de la brillante prise du casino d’Ouistreham par le commando Kieffer ; de l’utilisation de la plus grande armada amphibie au sein de laquelle opèrent des bateaux de guerre français ; de la dernière mission confiée au vieux cuirassé Courbet, coulé volontairement pour servir de brise lame à la zone du débarquement et permettre la construction du port artificiel d’Arromanches ; du torpilleur La Combattante devant Courseulles-sur-Mer ; des frégates et corvettes participant aux escortes contre les sous-marins allemands ; des deux croiseurs Montcalm et Georges-Leygues qui, avec le cuirassé américain Arkansas, riposteront aux batteries allemandes de 155 des blockhaus de Longue pendant que les troupes américaines arrivent par chalands sur les plages d’Omaha de Port-en-Bessin à la pointe de la percée ; de l’escadrille Lorraine passant toutes les dix minutes entre l’armada et les défenses côtières allemandes pour créer un rideau de fumée.
Le 9 juin, dans la matinée, les marins du Georges-Leygues font une visite à Port-en-Bessin libéré.
A peine débarqués de leur bateau, des cris de joie retentirent. Ce sont des Français… des cols bleus… ; des embrassades et une très grande émotion chez les marins et la population. Elle devient encore plus grande lorsqu’ils hissent le pavillon de leur bateau sur le clocher de l’église.
Oui, ces deux journées sont historiques : La France retrouvait la France et sa devise Liberté, Egalité, Fraternité.
Le débarquement de Normandie c’est 6 697 bateaux, 14 600 bombardiers et chasseurs, 86 divisions, 619 000 soldats, 95 000 véhicules et 218 000 tonnes de matériel.
Au cours de la bataille de Normandie (6 juin, fin août) la célèbre 2e D.B. du général Leclerc, qui a fait à ses hommes après la prise de Koufra, le 2 mars 1941, le serment de ne plus cesser le combat tant que le drapeau français ne flottera pas sur Metz et Strasbourg, vient prendre part aux combats après son débarquement (1er août à Saint-Martin-de-Varreville) en se dirigeant vers la Sarthe par la trouée d’Avranches. Elle est composée de 15 000 volontaires de toutes origines ethniques, religieuses, sociales, politiques. Par son mouvement vers la Sarthe, elle rejoint les troupes américaines du Mans, puis remonte vers le Nord pour atteindre l’Orne et entre dans Alençon le 12 août ; livre de durs combats dans la forêt d’Ecouves et participe aux combats de la « poche de Falaise » qui furent, le mot n’est pas exagéré, terribles puis son épopée sur Paris où le détachement Dronne arrivera devant l’hôtel de ville de Paris, le 24 août à 22 heures.
15 août 1944
Les troupes franco-américaines débarquent en Provence
Juin 1940, l’armée française de métropole est écrasée par la puissance de feu de l’armée allemande. (Des millions de prisonniers, des milliers de tués ou de blessés.)
Et, dans les territoires d’outre-mer, en particulier en A.F.N., elle n’est pas intervenue dans la bataille.
Novembre 1942 ; les troupes anglo-américaines débarquent en Algérie et au Maroc.
L’armée française, avec un matériel désuet, se porte à leur côté au-devant de l’Africa-Korps en Tunisie.
Devant la détermination des troupes françaises d’A.F.N à poursuivre la lutte, le gouvernement des U.S.A. décide de les doter d’un matériel moderne et sophistiqué. Il équipe 3 divisions blindées (lre, 2e et 5e D.B.) et 9 divisions d’infanterie (lre D.F.L., lre D.I., 2e D.I.M., 3e D.I.A., 4e D.M.M., 9e D.I.C., 10e D.I., 14′ D.I., 21′ D.I.A.).
Suite au débarquement allié en Afrique, les Allemands ont occupé la zone dite libre en France. De nombreux volontaires (anciens officiers de 1940, résistants recherchés par la Gestapo ou la police de Vichy) rejoignent les troupes d’A.F.N. après un long périple à travers l’Espagne, avec séjour obligatoire au trop fameux camp de Miranda.
En novembre 1943, les présidents Roosevelt, Staline et Churchill, réunis à Téhéran, décident l’ouverture d’un second front pour prendre les forces nazies en tenailles, en France, après le débarquement de Normandie. La Provence est choisie. L’opération, baptisée tout d’abord du code « Anvil », devient « Dragoon » en 1944.
Dans le même temps, la 2′ D.B., ayant achevé son équipement au Maroc, est dirigée sur la Grande-Bretagne pour participer, à la suite des Alliés, au débarquement de Normandie.
Le général de Lattre de Tassigny, évadé de France, de la prison de Riom, est nommé commandant en chef des troupes françaises (armée B) qui débarqueront en Provence à Cavalaire.
A partir du 6 août 1944, les troupes alliées commencent à embarquer sur une formidable armada de navires de tous types, dans les ports de Tarente, Brindisi, Oran, Mers-El-Kébir, Bastia, Ajaccio.
Cette force qui est composée du 6e corps d’armée U.S. (général Patch) et de la lre armée française (armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny), est placée sous le haut commandement du maréchal britannique Maittland-Wilson.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, les forces spéciales U.S. (First Force Spécial Service), le groupe de commandos d’Afrique du colonel Bouvet, et une fraction du groupe naval d’assaut du capitaine de frégate Seriot, débarquent sur les deux flancs d’attaque pour neutraliser les batteries allemandes et opérer des destructions. La division aéroportée U.S. Rugby est larguée à l’aube aux alentours du Muy, pour bloquer la vallée de l’Argens et interdire aux renforts ennemis, venus du Luc ou de Draguignan, d’arriver.
Ensuite l’assaut principal est mené par tout l’ensemble du 6′ corps d’armée U.S. avec trois de ses divisions qui se sont illustrées à Anzio, Salerne et en Sicile, le tout renforcé par un groupement blindé de la lrc D.B. sous les ordres du général Sudre.
La tête de pont bien ancrée, la lre armée française débarque à son tour le 16 août.
Les forces U.S. prennent en charge le flanc droit du dispositif (la côte d’Azur et l’aile droite du Rhône aux Alpes) ; les troupes françaises la partie gauche avec, comme objectif : Toulon, Marseille et la vallée du Rhône.
L’élan franco-américain est irrésistible. La progression est partout satisfaisante. Seule, la plage de Saint-Raphaël, bien que martelée par l’artillerie navale et l’aviation militaire française et alliée, et écrasée sous 350 tonnes de bombes,
réagit avec violence. A Cavalaire, La Nartelle, La Garonnette, Le Dramont, Anthéor, les 3e, 45e, 36e divisions U.S. avec des éléments français, délogent les 242° et 148e divisions nazies.
Le général de Lattre lance alors son offensive en direction de Toulon. L’opération est confiée au général de Montsabert et comprend la 3e D.I.A., les tabors marocains du général Guillaume, renforcés par le bataillon de choc et les commandos d’Afrique.
Solies-Pont et La Valette sont investies par la 1″ D.F.L. du général de Larminat.
Mais, pour aborder Toulon, il y a le Faron et le Coulon, deux barrières abruptes qui défendent l’accès au port militaire. Le bataillon de choc s’illustrera au Faron et les commandos au Coulon.
Toulon est le poste de commandement du fanatique contre-amiral Ruhfus, responsable de toute la côte française du Sud.
Le Faron et le Coulon enlevés, après des combats d’une rare violence, Toulon est progressivement investie et libérée le 26 août. Nos troupes s’illustrèrent dans des accrochages quartier par quartier, maison par maison.
Pendant que les troupes U.S. progressent dans l’arrière-pays, le général de Lattre lance son offensive en direction de Marseille, ville très fortement défendue par la 244° division d’infanterie allemande, avec 200 canons allant du 75 au 220, et de nombreuses casemates.
Après de sévères combats retardateurs à Cuges-les-Pins, col de l’Ange, la colonne, composée du 2e Regimental Combat Team, de la 3e D.I.A., du 7e R.T.A. et des tabors, arrive à Aubagne, proche banlieue de Marseille. Le 29 août, bien renseignée et guidée par les résistants marseillais, après des combats sans merci livrés par les troupes du général Schaeffer, la garnison allemande se rend sans condition.
Ainsi, en treize jours de combats intenses et ininterrompus, les troupes françaises ont réalisé les prévisions du haut commandement allié, qui avait alloué au général de Lattre trente jours pour les mener à bien.
Ensuite, une fantastique chevauchée, lancée sur les deux rives du Rhône par nos 2 divisions blindées et nos 9 divisions d’infanterie auxquelles étaient intégrées des unités des Forces intérieures françaises, les conduira dans les Vosges, en Alsace, conquérir 5 provinces allemandes, en Autriche, détruire 2 armées allemandes et faire plus de 300 000 prisonniers.