Page 37-49 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »
L’attaque du maquis d’Ornano
C’est à la ferme de GARRHAN, vieille gentilhommière du XVIIIème siècle, située dans un vallon du Causse, sur la rive droite de l’Aveyron, entre Penne et Cazals, que le premier réfrac -taire au S.T.O. arriva le 23 août 1943.
Au cours des semaines suivantes, il fut rejoint par d’autres jeunes, réfractaires comme lui, venus de toutes les régions de France, mais plus particulièrement du sud-ouest.
Le 10 octobre 1943, ce groupe devient la 4ème Section des Corps Francs de Libération du Tarn-et-Garonne, et homologué sous le nom de «Maquis d’ORNANO M.P-1.».
Après un bref séjour, du 24 au 28 octobre, dans les bergeries de la ferme Albert, le groupe s’installe plus au Nord, sur le plateau qui surplombe l’Aveyron, en aval de Cazals, près de la forêt de la Garrigue. Il occupe alors des abris divers (fermes, granges, bergeries) : La Bouriette, Lautanel, La Revelle, Caminade.
Le Causse se présente là, sous forme d’un plateau calcaire, recouvert d’une végétation de genévriers et de chênes rabougris, d’où l’on peut descendre dans la vallée de l’Aveyron par le «Chemin des Loups» qui donne accès sur la rive gauche de la rivière au Causse-de-Roy.
Dès Octobre 1943, le maquis d’Ornano devient donc maquis militaire avec à sa tête, d’abord Roger RIGAUD (René), puis Jacques RABIT (Jacques).
Dès le 8 décembre 1943, l’équipe régionale du S.A.P. (Service des Atterrissages et Parachutages) apporte six mitraillettes STEN, trente grenades et des explosifs. Le maquis s’organise lentement en unité de guerre, avec mission principale de recevoir des armes et des hommes (Arma-Homo) sur un terrain reconnu sur le plateau de Vinchet, au-dessus de Serres-La-Rivière, et homologue par Londres sous le nom de «Volcan». La liaison avec Londres se faisait par radio. Aux heures prévues, quelqu’un était toujours à l’écoute pour capter les «messages personnels». Pour indicatif, le maquis d’Ornano avait : «Il pleurait comme une fontaine». Plusieurs parachutages ont lieu en février et début mars.
Cependant plusieurs alertes rendent le séjour à La Bouriette dangereux. C’est pourquoi une grotte est explorée, en bordure du plateau de Roy, pour y cacher les armes reçues et préparer un éventuel cantonnement.
Le 13 mars 1944, le danger se précise. Les hommes sont regroupés à la ferme de Lautanel. Des renforts sont demandés aux maquis voisins, Arnaud et Bir-Hakeim, qui prennent position au cours de la nuit. Ils passeront la journée du 14 à Ornano, avant de se retirer.
Correspondance de Jacques à Camille du 13 mars 1944, dans l’après-midi :
«L’état d’alerte du samedi à dimanche est passé. J’ai été prévenu par KOLLER, de Montauban, par l’intermédiaire de Petit Paul. Il s’agirait de plusieurs camions de G.M.R qui étaient en partance pour la région. Une liaison a été envoyée à Montauban qui m’a confirmé que ce n ‘était pas pour nous.
Je profite de l’occasion pour faire savoir qu ‘il m’est impossible de « planquer » le matériel ; mais je pense que M. PERRIN va venir bientôt nous en débarrasser. J’ai donc pris mes précautions et, s’il le fallait, nous ferions sauter le matériel, mais cela à la dernière minute, bien entendu.
On me signale, à l’instant, que deux camions de G.M.R se trouvaient ce matin à Penne. Ils se seraient dirigés sur Vaour pour vérifier les faits et gestes de la Gendarmerie de Vaour. Le brigadier aurait été dénoncé comme ne faisant pas son service. Maintenant ils sont partis direction route de Saint-Paul de Mamiac. Néanmoins, je prends mes dispositions. »
Le même jour, vers 19 h 20, nouvelle correspondance urgente de Jacques à Camille :
«Je suis prévenu à l’instant par le Brigadier de Gendarmerie de Vaour, que cette nuit nous pourrions être inquiétés vers 24 h à 2 h, ou de 4 h à 7 h. Voici ma position exacte:
LA BOURRIETTE côte 549,0; 201,2 LA UTANEL côte 549,0; 200,9
Si Denis et Gilbert pouvaient se trouver sur les points plus bas indiqués, nous risquons de trouver le matériel.
DENIS
Objectif : Sanchet – avec ses hommes en groupe ne se déployant en tirailleurs Nord par rapport à Sanchet, qu’à 2 h du matin. A ce moment-là, se tenir prêt à se rabattre sur nous par une marche Nord-Est, direction Lautanel, à 6 h 30, si rien ne s’est passé.
S’il entend des coups de feu, se rabattre immédiatement.
Mission principale : contrôle de la route Sanchet à Penne. Prendre les assaillants dans le dos s’ils viennent sur son secteur. Couper leur retraite dans la forêt de La GARRIGUE.
Faire sauter leurs camions se trouvant sur la route.
GILBERT
Objectif : Saint Génies – avec ses hommes en groupe ne se déployer en tirailleurs Sud-Est par rapport à Saint Génies qu ‘à 2 h du matin. A ce moment-là, se tenir prêt. Ne se rabattre sur nous par une marche Sud-Est, direction Lautanel, à 6 h 30, si rien ne s’est passé.
S’il entend des coups de feu, se rabattre immédiatement.
Mission spéciale: contrôle de la route Saint-Antonin.
Prendre les assaillants à revers s’ils viennent dans son secteur.
Couper la retraite possible sur la route de Saint-Antonin.
Faire sauter les camions pouvant être sur la route.
Je pense qu’avec la nuit noire et le temps qu’il fait, il n’y a pas de danger pour cette nuit. Néanmoins, voici les dispositions que je prends pour moi : triple la garde, et je conserve un groupe pour me porter sur un point éventuellement attaqué. A la dernière minute, je fais sauter le matériel et me replie au lieu-dit » » ROY » de l’autre côté de l’Aveyron.
Mon mot de passe sera dit par le porteur de cette lettre. Mes postes de garde sont échelonnés:
1 Route de Cazals
2 Route de Penne à Sanchet
3 Croisement de Moncéré»
Le lundi 20 mars, à midi, la B.B.C. transmet un message : «Il pleurait comme une fontaine. Un ami viendra ce soir». A 23 h 15, l’avion annoncé est là, fait ses deux tours de reconnaissance, largue ses parachutes et s’éloigne.
Le parachutiste, un officier français, est aussitôt amené au camp, tandis que les maquisards s’occupent activement à récupérer les lourds containers. Au fur et à mesure les armes sont chargées sur le camion Delpech qui devait les transporter dans les fours à chaux de Saint-Antonin.
Mais, vers 4 h 30, ce mardi 21 mars 1944, alors que les maquisards continuent à récupérer les armes descendues du ciel, l’on entend des bruits de moteur insolites sur la route qui va de Saint-Antonin vers Montricoux.
Albert TRISTCHLER (Bébert), un jeune alsacien de 20 ans, de garde à la Caminade, a bien entendu des bruits de camion. D’abord il ne s’en étonne pas, croyant à des gazogènes transportant du bois. Puis il perçoit les ordres en allemand. Il réalise immédiatement la situation: le maquis est attaqué. Aussitôt il s’avance courageusement et tire une rafale de mitraillette sur les phares du premier camion, rafale qui résonne sur le Causse et qui donne l’alerte sur le terrain de parachutage.
Les allemands ripostent : Bébert, blessé, s’écroule. Fait prisonnier, il sera exécuté quelques heures plus tard.
Les agents du S. A. P. donnent alors l’ordre d’évacuer le terrain, tandis qu’il est impossible de faire démarrer le camion chargé d’armes. Le repli est vital face à un ennemi tellement plus nombreux et tellement mieux armé.
Venues de Gaillac, les forces allemandes avaient formé deux colonnes, l’une passant par Saint-Antonin, l’autre descendant par Vaour et Penne, pour opérer une manœuvre d’encerclement des fermes occupées par le maquis d’Ornano.
Le regroupement des maquisards s’effectue à la Bouriette. En l’absence de Jacques, son second, Georges (Molinier) prend le commandement.
Rapport de Georges du 22 mars 1944 sur les événements du maquis d’Ornano : affaire dite du «VOLCAN».
«Vers 4 heures et demie, on entend un fort ronflement de camions sur la route de Saint-Antonin. A ce moment-là, nous préparions un chargement de containers pour le conduire au maquis, l’étais près du camion qui venait de tourner pour aller charger, lorsque je vois GABY arriver en courant : «Je viens d’arrêter un camion de boches, me dit-il, ils ont tiré. René est blessé ; Bébert est tombé et il en arrive d’autres ; il y en a au moins cinq. Ils descendent tous : les uns se mettent sous les camions, les autres prennent position à côté».
Aussitôt, je fais réunir tous les hommes autour du camion et je prends conseil des sous-officiers ou officiers qui étaient venus sur le terrain de parachutage et qui étaient là. Les respon-sables de l’opération n’étaient pas avec nous, M. PRAT, membre du COPA suggère un repli rapide au camp. Notre infériorité en nombre et en armement ne nous permet pas de résister, pas même de défendre ou même defaire sauter le matériel parachuté. Il n ‘est même pas possible d’essayer de porter secours à Bébert qui est tombé auprès du camion boche.
Je fais alors évacuer tous les hommes vers le camp. Seul, Le Sabre et Joé (les radios) sont restés sur le terrain de parachutage avec les COPA, M. MAURY et M. LOUIS. Il n’est pas possible de les prévenir: les lignes boches sont déjà placées entre eux et nous. Cependant M. PERRIN qui était aussi avec eux a réussi à passer et est venu nous rejoindre. Il me donne alors les ordres suivants: prendre alors la tête des hommes, les conduire au camp et, déjà, évacuer aussitôt vers la position de repli.
Tout le monde est déjà parti. Charlemagne, Bertrand et moi, nous restons un moment pour essayer de sauver le camion, mais peine inutile : nous tentons de le faire démarrer pendant trois fois : il n’y a rien à faire ; et nous devons à notre tour partir à pied sans pouvoir l’amener.
Nous arrivons au camp vers six heures moins le quart .Sur le chemin, je rencontre Marc, de garde à l’embranchement de Cazals et auquel je donne les directives suivantes : tirer une rafale de mitraillette dès qu’il verra soit un camion soit un boche monter vers le camp, ne pas essayer de résister et gagner aussitôt l’Aveyron et, de là, le chemin de repli en passant à travers bois. Je passe la même consigne à tous les hommes de garde qui étaient échelonnés sur le chemin du camp : Ignace, Maurice, Richard, Benoît, ainsi qu’Henri, Léon et Toto qui devaient effectuer une ronde et me rendre compte de ce qu ‘ils auraient vu.
Arrivé au camp, je fais boucler tous les sacs et préparer toutes les armes. Je fais rassembler tout le monde au P. C. aux Autanels pour être prêt à partir le plus tôt possible. Aux Autanels je donne Yves au parachutiste pour qu ‘il le conduise au maquis de Gilbert. M. PERRIN qui était encore là, assiste aux derniers préparatifs avant notre départ et me conseille, une dernière fois, d’évacuer le plus tôt possible.
Bientôt tout le monde va être prêt. Je jette un dernier coup d’œil partout et je fais porter par Bertrand les papiers importants au fond du gouffre : il y a la serviette des papiers du camp et celle de M. LOUIS.
Je descends à la cuisine pour voir quel était le ravitaillement que nous pouvions emporter. Mais à peine entré, on vient me prévenir : des rafales de mitraillettes. C’était le petit jour. Des coups de mitraillette partaient de tous les coins de tout autour du camp. Nous étions cernés ; une seule solution se présentait : s’égailler rapidement dans les bois. C’est ce que je commande aussitôt à tous les hommes : partir en s’éparpillant dans les bois de façon à réduire le plus possible la cible qu offre une colonne en marche. Charlemagne prend donc les hommes et se dirige vers la route de Montcere. Moi-même, je monte rapidement au P. C. pour prendre une mitraillette, ayant donné la mienne à un homme de garde. Les hommes sont déjà un peu en avant et les balles pleuvent déjà sur te perron. Je réussis à rejoindre la troupe. On nous suit un moment en tirant sur nous, mais personne n ‘est touché et bientôt ayant rejoint les bois, nous sommes hors de danger. D’ailleurs, on ne tire plus sur nous.
Je m ‘arrête alors un moment et remonte vers le camp dans le but d’enrayer une poursuite si elle avait lieu. Mais la garde du camp tire dans la direction de Cazals : elle est entourée et doit se défendre. D’un autre côté, François ayant fui vers la garrigue, attire le feu sur lui et ainsi le groupe Charlemagne peut passer sans crainte. Ce groupe passera la route sans danger et se dirigera vers la Madeleine ; seuls deux hommes, Yvan et Charlie, n’ont pas suivi ; mais quand je les ai quittés, ils étaient déjà hors de danger : ils ont pu se sauver facilement.
Je reste donc seul autour du camp, assistant en vain spectateur au terrible combat que livre la garde. Celle-ci tire coup par coup tandis que les boches tirent par rafales. Des coups de grenade retentissent partout ; les explosions se succèdent. Bientôt, on aperçoit deux épaisses fumées noires montant vers le ciel ; c’est le feu qui brûle nos deux maisons. Il est dix heures environ. C’est la deuxième phase du combat qui durera jusque vers midi. A la fin, les coups diminuent ; ils sont plus espacés et plus éloignés. On entend plus souvent un bruit de formidable explosion. On distingue même parfois des coups de revolver : c’est la garde qui n ‘ayant plus de grenades, ni de balles de mitraillettes, doit tirer au revolver.
L’après midi est plus calme : le combat paraît terminé. Je descends alors vers les bois de Montcere pour essayer de rejoindre ou de rechercher mes camarades, mais je ne trouve personne nulle part. J’apprends qu’il en est passé sept le matin à la Madeleine: ce sont les hommes de Charlemagne ; un blessé est passé à Garrhan ; c’est René. Un autre a suivi la route : c’est Gérard. Léon aussi est passé par là. C’est tout ce que je peux savoir. Je ne sais rien des autres. Je me prépare à passer la nuit dans une bergerie au milieu des bois. Le soir, je rencontre Loulou, Biffin et Bolchevik qui venaient essayer de voir ce qui se passait et je rentre au P.C. avec eux où j’arrive vers minuit et où je fournis les renseignements que je puis donner au sujet de l’attaque boche qui, d’après ce que j’ai pu savoir, était ainsi dirigée :
Cinq camions venant de Saint-Antonin devaient nous attaquer au petit jour, en partant de la route de Cazals et descendant vers le camp de la route nationale de Cazals jusqu ‘à la Garrigue. D’autres postes adverses partis depuis Penne, par groupe de vingt hommes (six groupes), devaient nous fermer notre chemin de repli c’est-à- dire notre descente à l’Aveyron. En effet, des lignes de boches étaient disposées tout le long de la falaise surplombant l’Aveyron, de façon à surprendre la colonne. Le commandement boche était même disposé sur la position haute de la falaise d’où il dominait à la fois l’attaque du camp et l’arrêt de notre colonne si elle était passée sur le chemin de repli que nous avions choisi.
Il semble donc, d’après l’emplacement des positions boches que ceux-ci connaissaient parfaitement nos directives puisqu ‘ils avaient même fermé notre retraite.»
Le 22/3/44.
Signé: Georges.
Confirmation de l’heure de l’attaque est donnée dans un rapport de Francis à Georges du 21 mars :
«5 h 15 attaque du camp.
Parti en direction de Montcere avec quelques types dont : René – Louis Baptiste – Emile – Gérard.
Je fais un mouvement tournant et, attaqué, me dégage à la grenade. Me dirige sur Moncéré et sur les hauteurs dominant. La Madeleine.
12 h Arrivée à La Madeleine. 7 gars passés avant moi.
15 h Arrivée à Penne. Point de chute : Ségala. Pars en direction de Couyrac.
Devant la porte, Bernard, tué, une balle à la figure – balles à la poitrine. 18 h Ne peux passer l’Aveyron. Patrouille allemande sur les rives. Passe l’Aveyron à La Madeleine. Rejoins PC départemental vers 21 h. »
Le 22 mars 1944, BIFFIN effectue une mission de reconnaissance dans la région de Saint-Antonin pour Camille :
«-1- Ayant été à la gendarmerie, le brigadier, qui s’était rendu sur les lieux, m’a déclaré :
– avoir trouvé sur le terrain de la ferme de la Bouriette trois morts dont deux ont été fusillés (un identifié BEBERT).
– avoir aussi trouvé un autre camarade tué devant la ferme du passeur à Couyrac.
-2- Après avoir pris tout le ravitaillement, les boches ont brûlé les fermes de la Bourriette et de Lautanel.
-3- Les pertes des attaquants sont évaluées à 30 à 40 blessés ou morts.
-4- Voici la liste des traîtres qui nous auraient vendus: Le Général en retraite … DE …, …, …, un Espagnol et BENONI, dont la voiture aurait été aperçue le mardi matin tournant autour du camp. »
Le 23 mars 1944, Gilbert, chef du maquis Bir-Hakeim, adresse le rapport suivant à CAMILLE sur les journées des 21-22-23 mars 1944 :
«Le Mardi 21, à la pointe du jour, les Allemands attaquent le camp de Penne. L’alerte est donnée par un gars du maquis et un parachutiste. Y étant parti en voiture, je reviens d’urgence après avoir essuyé quelques coups de feu qui ont détérioré la voiture: celle-ci est abandonnée dans un taillis.
A midi, je pars en reconnaissance avec quelques hommes sur les lieux même du combat : je trouve la maison encore en flammes et complètement détruite. Des douilles et des chapeaux de grenades GAMON montrent la vive résistance qu ‘ont offerte aux assaillants les hommes du Maquis.
Ensuite, avec deux hommes, je suis descendu chez, le passeur où j’ai trouvé tout sans dessus dessous et le corps en sang d’un homme: BERTRAND, tué d’une balle à la bouche ; ce qui, au premier abord, montre qu ‘on s’est battu à cet endroit.
Après avoir mis à couvert le corps du mort dans un buisson, je suis remonté rejoindre mes hommes et sommes rentrés au M.B.3. Là, j’apprends que les Allemands ont fait sauter ma voiture.
Par sécurité, dans la journée, tout mon camp a été déménagé et caché en divers endroits. Le soir, nous couchons dans une bergerie assez éloignée de notre logement habituel. Au cours de la journée aucune liaison n ‘a pu être faite avec le PC départemental.
Le mercredi 22, au matin, alerte non confirmée est donnée par la garde que les Allemands patrouillent dans la région du M.B.3. Immédiatement je pars en reconnaissance avec quelques hommes.
La liaison est assurée l’après-midi avec le PC départemental. Le soir, je prépare notre départ, et nous partons de nuit à trois heures. Nous arrivons à Foury à la pointe du jour et nous nous installons au lieu-dit Bouyssounados.
Le Jeudi 23, installation du camp et arrivée du matériel et des vivres dans la soirée. »
Le 24 mars 1944, correspondance de Georges à Jacques, qui fait le point sur les conséquences de l’attaque du maquis :
«Arrivé depuis hier matin (jeudi), je vais faire immédiatement le nécessaire. J’ai déjà commencé à prendre des renseignements, et je pense que, dès demain, je pourrai caser ceux qui sont avec moi. Nous sommes huit : JOE, LE SABRE, YVES, GERARD, CHARLIE, PIERRE, LOULOU et moi. Quand nous sommes arrivés le matin au ROY, nous avons appris que IGNACE et BENOIT en étaient partis la veille. Un bonhomme est venu les prendre en auto et les a emmenés dans un maquis du côté de Cordes.
J’établirai, lorsque je pourrai, une liaison avec CHOUASTRAC. Tu sais aussi que tous ceux qui sommes ici, n ‘avons absolument rien comme linge, chaussures ou couvertures. Tout a été perdu…
J’ai obtenu des renseignements précis et intéressants à Penne. Tu sais que les six tués sont : BEBERT et OLIVE (dans la citerne), HENRI (au réfectoire), MARIUS et ANDRE (dans le hangar), BERTRAND (à l’enterrement duquel j’ai assisté et dont j’ai le portefeuille).»
Trente cinq hommes environ purent fuir selon les plans prévus et, suivant un itinéraire établi, rejoindre divers points du département :
– la région de Mouillac, où une base de repos les attendait chez l’institutrice Lucienne BAUDET (SIM).
– Saint-Amand, près de l’Honor-de-Cos, où s’installe le P.C. avec un groupe de combat.
– les autres groupes étant dispersés sur Montaigu-de-Quercy et Lauzerte.
Cet épisode sanglant marque la fin dramatique du maquis d’Ornano
Stèles Commémoratives
1 – Stèle VOLCAN
Localisée au bord de la route Saint-Antonin-Montricoux, sur le plateau de Vinchet, au dessus de Serres-la-Rivière.
Parachutages des 9 et 21-03-44 : 32 containers.
2 – Mémorial d’ORNANO
Elevé près de l’emplacement de la Bouriette, en bordure du chemin communal qui, depuis le carrefour de la Caminade, surplombe la vallée de l’Aveyron.
3 – Mémorial d’ORNANO (détail)
Stèle Volcan
Volcan
parachutages
maquis d’Ornano
Mémorial d’Ornano
GRANIER Henri LABROUSSE Elie LARTIGUES René BARAONA Louis MARTEL Bernard RIGOBERT André TRISTSCHLER Albert RIGAUD ROGER PERNAUD Auguste
Ici reposent ensemble unis dans la mort comme au combat les restes calcinés et glorieux de Henri GRANIER Elie LABROUSSE René LARTIGUES
Ici repose le premier héros du maquis d’Ornano tombé sous les balles allemandes Albert TRISTSCHLER