Page 164-165 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »
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• Le maquis F.T.P.F. Louis SABATIE (d’après Jean VIGNOBOUL)
C’est en juillet 1943 que va se constituer le noyau du futur maquis. La direction interrégionale des Francs tireurs et partisans Français (F.T.P.F.), sur proposition d’André Delacourtic dit « Arthur » a pris cette décision pour étendre le champ d’action de l’organisation. Les premiers éléments en seront d’une part des résistants du Lot-et-Garonne dont Lucien Naulet et, d’autre part, des membres de la Phalange antinazie (P.A.N.) organisée à Montauban par Louis Sabatié.
Le choix du lieu est dicté par les conditions favorables à la clandestinité du groupe ; de surcroît à Saint-Antonin se trouve une organisation clandestine du P.C.F. qui est en mesure d’apporter son aide au ravitaillement.
Les premiers mois sont difficiles. Deux problèmes : d’abord la pénurie alimentaire malgré l’aide apportée par les militants locaux, ensuite l’insuffisance d’armement et de matériel, réduisant le groupe à une relative inactivité.
Devant cette situation sera décidée fin septembre 1943 une dispersion provisoire. Début 1944, le retour se fera dans le cadre d’un maquis F.T.P-M.O.I (M.O.I : main-d’œuvre immigrée). Dès lors, les progrès sont rapides : 200 kg d’explosifs sont récupérés à la cimenterie de Lexos ; des aides extérieures dont celle de l’abbé Glasberg permettent d’obtenir des mitraillettes, des munitions et du plastic. Des mousquetons et des cartouches sont récupérés à la suite de coups de mains sur la gendarmerie.
A la fin du premier trimestre 1944, les effectifs s’accroissent.
Le maquis, d’abord appelé «réduit MOCQUET», du nom d’un jeune communiste pris en otage et fusillé par les Allemands à l’âge de 17 ans à Châteaubriand en Loire Atlantique, en 1941, prend en février 1944 le nom de Louis SABATIE, en l’honneur du jeune résistant, chef de la Phalange antinazie, fusillé par la milice après arrêt de la cour martiale de Toulouse le 27 février 1944, à l’âge de 19 ans.
Une discipline stricte, des changements de lieux d’implantation assez fréquents (six en une année) lui assurent une sécurité relative en même temps que s’améliorent ses moyens de déplacement grâce à un camion et des voitures récupérées dans le secteur.
Localisé d’abord sur le plateau de Vinchet, au sud-ouest de Saint-Antonin, après le débarquement du 6 juin, il occupe au lieu-dit «Vidal» un hameau en ruine, et à la fin du mois de juillet, il s’installe sur l’autre rive de l’Aveyron dans une ferme abandonnée du ROC d’ANGLARS jusqu’à la Libération.
Ses premières actions sont essentiellement des sabotages répétés à l’explosif notamment d’une ligne à haute tension dans la région de Caylus puis, à partir de juin 1944, c’est le tour des voies ferrées, en particulier la ligne Toulouse-Paris sur plusieurs kilomètres entre Albias et Réalville, rendue inutilisable dès la fin juillet.
Dans la nuit du 12 au 13 juin, un détachement du maquis participe à l’attaque de la prison de Gaillac (Tarn) pour libérer une quarantaine de résistants menacés de déportation et du 14 au 18 juillet un de ses groupes est engagé à Carmaux pour appuyer la grève insurrectionnelle des mineurs.
Le 18 août 1944, un détachement commandé par Lucien NAULET et Georges ESTIVAL, informé par des cheminots, se dirige vers Lavilledieu. Au matin de ce jour, une douzaine de jeunes Francs-tireurs et partisans effectue un coup de main heureux sur un train militaire de l’organisation TODT, qui stationne en gare.
L’expédition fut couronnée de succès : 21 prisonniers, 1 tonne et demie d’armes et de matériel saisie, la locomotive sabotée, l’aiguillage détruit.
En fin de matinée, 3 camions prennent le chemin du retour, via Meauzac, Lafrançaise, Leribosc, Mirabel. Vers 17 heures, dans Réalville, en traversant le passage à niveau, les maquisards sont accrochés par un camion allemand venant de Caussadc. Le combat est inégal. Les Francs-tireurs décrochent, abandonnant leurs prisonniers et leur butin. C’est au cours du décrochage que Jacques RODRIGUEZ (17 ans) était tué sur la route de Mirabel, un peu avant le pont sur la Lere, et que Jacques VIRAZEL (18 ans) était fait prisonnier. Conduit d’abord à la Kommandatiir de Montauban pour être interrogé, puis à Caussade où il fut torturé, malgré la souffrance des blessures et des coups, ce dernier ne livre pas ses camarades et fut fusillé en bordure de la route nationale entre Réalville et Caussade.
Le 19 août, le groupe F.T.P Louis SABATIE est chargé par l’Etat-Major F.F.I. de se porter sur la nationale 658 entre Saint-Antonin et Laguépie pour interdire tout déplacement ennemi en direction de l’est.
Ce même jour, vers 15 heures, une colonne allemande forte d’environ 400 hommes, arrive aux portes de Montauban. Le combat s’engage et dure jusqu’à la nuit.
Le 20 aôut, à 3 heures 45, le Colonel NIL et le Colonel LARZAC donnent ordre aux F.T.R d’occuper des emplacements définis avant midi par tous moyens. Le groupe se placera dans la zone s’étendant du Rond au passage à niveau de Lalande, prendra liaison à gauche avec DUMAS au Rond et à droite avec BRISEFER à la lisière est du champ de manœuvre : mise en place à 5 heures 30.
Mais, pendant la nuit, les Allemands décrochent. Au matin, la colonne allemande est à nouveau repérée, se dirigeant vers la vallée de la Tauge. Elle est accrochée à la descente de la Clare, près de Genebrières, sur la Salvetat-Belmontet par la 3ème Compagnie A.S., le groupe M.O.I. et le groupe F.T.P. « TOM » qui aura un tué : le jeune DOMPEYRE. Nouvel accrochage sur la Vinousc. Elle tran-chit le Tescou au crépuscule, monte sur Puylauron, tourne à Varennes, descend sur Villebrumier qu’elle atteint à minuit, franchit le Tarn et passe le reste de la nuit à Nohic.
Le 21 aôut, au matin, elle entre en Haute-Garonne.
Après la libération du Tarn-et-Garonne, le maquis sera le noyau constitutif du bataillon Louis SABATIE sous les ordres du Commandant Sylvère. Il participera aux combats pour la libération de la pointe de Grave.