Pages 61-69 du Livre « Afin que Mémoire Demeure »
Le Tarn-et-Garonne sous l’Occupation Allemande
Tract du mouvement « Combat » de 1942
Les agents britanniques du Colonel Buckmaster
Le S. O. E.
Le mouvement « Libérer et Fédérer »
Manifestation gare Villebourbon 16 Mars 1943- 19 décembre 1943
Les jalons de la gloire
Une de couverture du N° 6 et 7 de février-mars 1943
LIBERER et FEDERER en Tarn-et-Garonne
L’ibérer et Fédérer » n’est pas un mouvement de résistance comme les autres.
C’est d’abord le rassemblement autour de l’ancien député socialiste au parlement de
Venise, Sylvio Trentin, réfugié en France après avoir refusé de prêter serment en 1926 au régime de Mussolini et de Pierre Bertaux. C’est dès le lendemain de la défaite des troupes françaises, que d’anciens élus de gauche, des militants de l’ex S.FI.O. et du mouvement de la jeunesse socialiste, des syndicalistes de la C.G.T et des syndicats chrétiens, des républicains espagnols et des réfugiés italiens antifascistes, des réfugiés du Nord de la France et de Belgique n’étant pas rentrés chez eux après l’armistice, se rendent dans les cafés de la place du Capitole à Toulouse, à la bourse du travail, à la librairie qu’avait ouverte Sylvio Trentin, 10, rue du Languedoc, eux qui n’acceptaient ni la défaite, ni le régime de Vichy fondent le réseau Bertaux.
Ce réseau recevra deux parachutages dès 1941.
Le premier le 13/14 octobre 1941 sur un terrain de Fonsorbes au lieu-dit « Lamortinette » avec deux agents : Monsieur Forman et Pierre Périou; le second dans la nuit du 6/7 novembre de la même année, au même endroit, réceptionnant Yvon Morandat.
Ces deux exploits sont à mettre au crédit d’un agent de la France Libre, parachuté en Normandie les 8/9 juillet 1941 près de Caen, Henri Labit, alias « Leroy » ou « Lassale », entré fortuitement en contact avec le réseau Bertaux pour rejoindre Londres par l’Espagne.
Les armes reçues ont été camouflées provisoirement dans un caveau du cimetière de Terre Cabade par le gardien-chef de ce lieu Jean Magnas.
Le réseau Bertaux fut par la suite démantelé fin novembre, après les arrestations opérées suite à la trahison de Fernand Bernard, bras droit de Pierre Bertaux. Ses membres seront jugés le 24 juillet 1942 par une juridiction française et condamné à des peines relativement légères.
Lorsqu’il fut démantelé, il avait des contacts avec le mouvement « Vérités », qu’animait André Hauriou, professeur à la faculté de droit de Toulouse et le mouvement « Liberté » de Léo Hamon.
Encouragés par Sylvio Trentin, les socialistes et les militants syndicaux de la C.G.T, des syndicats chrétiens de la Haute-Garonne qu’il reçoit et qu’il contacte, manifestent une volonté de rénovation politique et celle de création d’un mouvement autonome par rapport aux mouvements qui acceptaient la reconnaissance politique du Général De Gaulle.
Page n°5 publiant la première liste des militants ayant versé leur obole au mouvement
pour la publication du journal
Ceux qui se retrouvaient avec Sylvio Trentin et ceux de l’ex-réseau Bertaux qui n’ont pas été arrêtés (les autres les rejoindront après leur sortie de prison) seront à l’origine en janvier 1942 du mouvement régional « Libérer et Fédérer », qui se donne pour responsables Gilbert Zacksas et Paul Descours mais qui ne sera reconnu comme appartenant aux Forces Françaises Combattantes de l’Intérieur qu’en 1946, le 22 octobre.
Gilbert Zacksas et Paul Descours mettent au point le programme du mouvement exprimant le fédéralisme imprégné des idées de Pierre Joseph Proudhom, sous forme de tracts d’abord, puis par le journal clandestin qu’ils créent avec pour titre le nom de leur mouvement « Libérer et Fédérer « .
Tous les membres du comité directeur du mouvement se connaissent sauf un, Gilbert Zacksas, ce qui facilite la cohésion de l’organisation dans laquelle on trouve des militants comme Achille Auban, Adolphe Coll, Georges Delpech, Maurice Fonvielle, Clément Laurent, dit « Pato » .
Cette cohésion permettra l’édition et la publication de seize journaux clandestins aujourd’hui réunies dans une plaquette du commerce, (voir la Une de couverture du n°6 et 7 de février-mars 1943 et une page du n°5 publiant la première liste des militants ayant versé leur obole au mouvement pour la publication du journal)
Les journaux et les tracts sont imprimés chez les frères Lion, l’un et l’autre dirigeant un atelier d’imprimerie : Henri Lion au 23 de la rue Croix Baragnon, Raoul Lion rue Romiguère.
Le 4 février 1944, ils sont arrêtés avec tout leur personnel, dont Georges Seguy qui deviendra par la suite secrétaire général de la C.G.T et déporté.
Des journaux, des tracts, des faux papiers ont été imprimés dans les ateliers de la rue Sainte Ursule N° 6 et 1, rue Tripières, ateliers que dirigeait Raymond Castelvi.
Jusqu’au mois d’août 1943, dix numéros auront pour sous titre « Organe du mouvement révolutionnaire pour la libération et la reconstruction de la France », à partir du numéro 11 le sous-titre devient , en octobre 1943, « Organe du mouvement révolutionnaire pour la république socialiste et fédéraliste » et après la fusion avec le mouvement lyonnais « l’Insurgé », le journal prend le titre « Libérer et Fédérer – L’insurgé » et pour sous-titre « Organe du mouvement révolutionnaire socialiste ».
Les ressources provenaient des cotisations des membres de « Libérer et Fédérer » jusqu’au moment de son rapprochement avec « Pimento » du réseau Alphonse Buckmaster dont le responsable britannique était Antony Moriss Brooks, le plus jeune des agents du S.O.E. envoyé en France après y avoir vécu, parachutés en Limousin sur la propriété de Pierre Vomécour, ingénieur de la S.N.C.F
Les imprimeurs et leur personnel travaillaient pour le journal bénévolement, seuls étaient réglés les achats de papier et les autres matériaux utiles à sa fabrication, le prix de revient du premier numéro qui s’élevait à 6.000 francs, a été réglé par le professeur Camille Soula.
E/M F.F.I. Tarn-et-Garonne
Toutes unités F.F.I. 16 Août 1944
Secret à détruire après lecture
Nous vous communiquons ci-dessous les phrases de déclenchement des opérations dans la région sud :
1 – « L ‘air est sur la route est large » – Destruction des câble téléphoniques aériens.
2 – « la terre tremble sous leur pas » – Sabotages des câbles téléphoniques souterrains.
3 – « ne bouscule pas les estropiés » – intensification sabotage du rail
4 – « L ‘apprenti fait des vers » – actions contre les communications routières de 1’ennemi.
5 – « le saindoux et mauvais » – action contre les communications routières de 1’ennemi.Intensification de la guérilla.
Les phrases 1 2 3 sont déjà passées, surveillez les missions des autres phrases et agissez au mieux selon les moyens dont vous disposez. Nous espérons recevoir des parachutages cette semaine même, mais vous devez agir même sans armes pour les sabotages qui n’en nécessitent pas. (Couper des câbles téléphone, enlèvement des panneaux de signalisation routière.
Sans attendre la phrase de sabotage des communications routières veuillez enlever tous les panneaux de signalisation routiers (français et Allemands, en particulier MR. I et badigeonner de goudron les bornes kilométriques et les bornes Michelin).
Dès le déclenchement de la phrase 5 mettez des arbres en travers des voies de grandes communications sur des tronçons de 100 m au moins.
Si vous en avez les moyens, embuscades à dresser en des points idoines.
FIRMIN
DESTINATAIRES : toute unité C.F.L. – F.T.P. – U.N.E.
N.B. En dernière heure les 5 phrases sont passées, entrez immédiatement en action.
L’intervenant radio était un Canadien né au Québec exerçant dans le triangle Montauban, Lavaur, Toulouse avec comme point de chute Lavaur et le nom de code « Emmanuel nom radio Bracés ».
» « Libérer et Fédérer » disposait en Tarn-et-Garonne de six terrains de parachutage : A Montauban chez Gaston Fraysse à Rouge, route de Montech dont la phrase message était « les documents français sont prêts » et le nom du terrain « Brioches », au Bareyrous, à Saint-Etienne de Tulmont, repéré par le chef de la première compagnie A. S., nom de code « Cacahuètes », phrase : « les amis de la tarte aux pommes s’entendent bien ».
À Montauban chez Emile Cadenne, père du gendre de Jules Alamelle, membre du mouvement et du C.D.L. (Comité Départemental de la Libération) au Carreyrat, terrain « Dinde », phrase : « » « » le général a retrouvé sa baïonnette ».
À Villebrumier, près du cimetière, lieu dit Camarios, phrase : » les amis de la tarte aux pommes sont là » nom de code pour la B.B.C. : « » » Paris »
Entre Villebrumier et Varennes, à la Belette, commune de Villebrumier le nom de code pour la B.B.C. « Brésil » , phrase » Tartempion visitera le Brésil «
Toujours à Villebrumier , au lieu Santusans, nom de code B.B.C. : » Canada » , phrase : « » enfile ton caleçon ».
» « Libérer et Fédérer » a reçu deux parachutages sur le terrain Canada le 2/3 août, l’autre entre Corbarieu et Montauban le 20/21 août 1944 avec cette fois comme phrase « » enfile ton caleçon une seconde fois » .
Le contenu des containers a été équitablement réparti entre « Libérer et Fédérer » et la 2e Cie de A.S. commandée par Maurice, comme cela se passait lorsque les armes étaient réceptionnées par Henri Mascarade en gare de Montauban sous le commandement de Sarda, pseudo Sorel .
Cette répartition des armes était réalisée le plus souvent chez les responsables : Louis Dutilleux, 35; rue Barbazan à Montauban, Vonflie Paul, 8, rue Courtaud, Marcel Delpech et Raymond David de Villebrumier, sur les points d’attaches et de refuge de Montauban, Reyniès, Orgueil, Nohic, Villebrumier, une ou deux fois chez Paul Rolland, 53, rue de la République où se tenaient en général les rencontres entre membres du mouvement et ceux des autres organisations de la Résistance Départementale, à La Bastiole, chez Jacques Rastouin, ainsi que l’instruction sur leur usage et l’utilisation du plastic et dans divers cantonnements autour de Montauban : au Carreyrat, à Vignarnaud à la ferme Ramandou à Verlhac Tescou, à la ferme Clarios de Villebrumier.
La distribution des tracts et des journaux s’opérait dans tout le département et à Montauban principalement à La Bastiole, Le Petit Paradis Rouge, Villebourbon et Sapiac
(voir extrait du rapport de la légion des combattants de mars 42 – page 72 et 73)
En plus des sabotages effectués de conserve avec des éléments de la 2e Cie A.S. et le groupe de Monclar-de-Quercy sur la ligne Montauban – Castres, sur les transformateurs électriques et les poteaux soutenant les fils, certains militants de « Libérer et Fédérer » procédèrent au camouflage du matériel militaire provenant de l’armée d’armistice, matériel qui, par la suite, profita au mouvement et à la résistance en général, au sabotage des coussinets et patins des locomotives en transit au dépôt des machines de Montauban, à des actions contre la milice avec Amiot et Peretti de l’O.R.A., en janvier 1944, au blocage par explosifs d’une douzaine de machines à vapeur dans les locaux du dépôt de la S.N.C.F de Montauban, à l’établissement avec le chef du centre électrique de Verlhaguet André Lundy, dès réception des messages « les trois diamants brilleront un jour » et « nous mangerons la tarte aux pommes », d’un plan de blocage du transport de l’énergie électrique et de la traction électrique de la S.N.C.F ; le réseau Buckmaster préférant cette solution délicate à un bombardement aérien qui aurait perturbé l’économie montalbanaise, la ruine d’un quartier, des morts et des souffrances inutiles.
Après le débarquement de « Provence », le 15 août 1944 l’Etat-major départemental F.F.I. adresse à toutes les unités se trouvant sur son territoire une note secrète signée de Firmin donnant des instructions, mettant en ordre le harcèlement de l’ennemi et les actions de guérilla, datée du 16 août (reproduite page 64).
Le mouvement ne put participer aux combats du 19 août à Montauban, l’ordre de l’E.M.F.F.I départemental lui intimant de mobiliser tous ses membres et de fusionner avec la 2e Cie A.S. est arrivé trop tard. Néanmoins sur la route de Saint-Sulpice après Nohic un barrage est établi par Marcel Delpech de Villebrumier.
« » Libérer et Fédérer » se trouvant dans le sud-est du département où se trouve aussi la 2e Cie A.S. et le groupe de Monclar de Quercy cette situation géographique favorisera grandement la fusion nécessaire pour la consolidation des Forces Françaises de l’Intérieur. Ensemble elles exécuteront l’ordre de Nil (reproduite page 103) du 20 août 1944 : de rejoindre aux sapinettes, route de Gaillac à Saint-Nauphary, pour barrer la route à la colonne, à l’aide d’abattis et de la combattre.
Comme d’autres compagnies de l’Armée Secrète, de O.R.A. et de divers mouvements, « Libérer et Fédérer » n’a connu qu’un seul cantonnement situé dans la banlieue de Montauban, Vignarnaud-bas, ferme Salomon, qui n’était pas permanent mais qui permit à son effectif divers rassemblements pour maintenir le moral des hommes et mettre au point les actions collectives envisagées contre l’occupant, son ravitaillement, son armement. Sur le plan militaire, elle dépendait du chef du secteur sud-est, le capitaine F.F.I., Jean Baptiste Sarda , speudo Sorel.
Liquidateur national du mouvement, ancien chef du maquis de Sainte-Croix (31 )
Tract de « Libérer et Fédérer »
adressé par ce mouvement de Résistance à tous les Présidents des comités locaux de la Légion des combattants