LA DÉPÊCHE DU MIDI VALENCE-D’AGEN
Sur la photo (de gauche à droite) : M. BOUSQUET maire de Valence d’Agen, Nicole VER, fille d’Antonin VER, M. Jean-Michel BAYLET ancien ministre.
Mémoire. Inauguration de l’exposition
sur la 13e cie dans les locaux de l’intercommunalité
L’épopée fraternelle pour la liberté
Entre les larmes et le sang qui ont coulé à la suite des exactions commises par l’armée allemande dans le secteur, et je pense notamment aux martyrs de Dunes, c’est toute l’épopée de ces hommes qui éprouvaient le même besoin de liberté que nous content les panneaux qui défilent sous nos yeux.»
En quelques mots, au moment d’inaugurer hier matin l’exposition consacrée à la 13e compagnie de l’armée secrète de Tarn-et-Garonne et à la Libération de la ville de Valence-d’Agen le 20 août 1944, le président de la communauté de communes des Deux-Rives, Jean-Michel Baylet, a cerné les sentiments qui traversent l’esprit du visiteur, partagé entre la gravité, à la lecture de certains extraits, et le bonheur de lire sur certaines photos toute la fraternité qui unissait ces hommes de l’ombre qui ont maintenu en eux éclairée la flamme d’un lendemain meilleur.
.LA FLAMME INTÉRIEUR ET CELLE DU TERRAIN
Une flamme intérieur qui se concrétisait parfois sur le terrain en pleine nuit, sur la commune de Sistels, pour signaler aux avions britanniques les lieux de largages des armes et munitions. Car si le secteur connut «peu de batailles», comme le soulignait Nicole Ver, l’instigatrice de cette exposition, il y eut toutefois «beaucoup de sabotages».
Une exposition également présente pour «transmettre la mémoire de cette période trouble aux plus jeunes et poursuivre la lutte contre toutes les formes d’intégrisme et de nationalisme» ajoutait Jean-Michel Baylet tout en émettant le vœu quelle puisse «être présentée dans les mairies du secteur afin que le plus grand nombre en prenne connaissance.» Parmi l’assistance, quelques témoins de l’époque, tels Pierre Demathieu et Robert Trabarel, que Nicole Ver et Jean-Michel Baylet n’ont pas manqué de remercier tout en saluant la mémoire de Jacques Oulé, l’un de leur camarade récemment disparu.
Nul doute que les Valenciens devraient être nombreux à se déplacer pour consulter des panneaux dont certains dévoilent pour la première fois des extraits du «Registre des délibérations du comité civil provisoire» installé au lendemain de la Libération pour organiser la vie quotidienne, le ravitaillement…
«Le tout en attendant le retour de déportation de Jean Baylet» se devait d’ajouter Nicole Ver.
Une confiance en un homme qui partageait les mêmes valeurs illustrée au cœur de l’exposition par l’affiche placardée dans Valence à l’époque et cosignée par Antonin Ver et Jean Lauzin.
B.G.
Exposition Armée secrète avec la participation de Louis Olivet
Aujourd’hui samedi à 11 heures, Jean-Luc Deprince, maire de Beaumont, invite, salle de conférences ( 1cr étage), au vernissage de l’exposition comprenant, d’une part, l’histoire de la 13e compagnie de l’Armée secrète en Tarn-et-Garonne, doublée d’une autre très belle exposition sur la vie de Jean Moulin.
De nombreux invités seront présents, dont certains anciens résistants de la région de Valence-d’Agen. Louis Olivet, ancien résistant lui aussi, nous présentera Jean Moulin?
Et Nicole Ver, la fille d’Antonin Ver, nous racontera l’épopée de la 13e compagnie.
Un pot d’amitié vous sera offert.
Hommage à Louis DUFOUR
Louis Dufour
D’ici au 23 juin, chaque jour de semaine, « La Dépêche du Midi » rend hommage à l’un des 14 martyrs de Dunes, victimes de représailles d’une troupe de SS de la division « Das Reich », le 23 juin 1944.
Une silhouette sportive, un visage qui inspire de la sympathie, un naturel calme et réfléchi ; c’est Louis Dufour, le forgeron de la rue principale. Dans sa jeunesse il prit une grande part à la vie associative locale. Musicien dans la célèbre Fanfare indépendante dunoise, il fut aussi un excellent élément de plusieurs clubs de rugby dont celui de Dunes des années 30. Le 23 juin 1944, comme tous les jours, il fait son métier. Un habitant du village vient le prévenir de l’arrivée des Allemands. Durant sa captivité, il a appris à s’exprimer correctement en allemand. S’adressant à son jeune client du jour, Roger Bourgade, il lui dit : « On verra bien, n’aie pas peur, je leur parlerai. » Le dialogue espéré, il n’en est pas question. Il sera regroupé avec les prisonniers dans un premier temps, puis dirigé avec les otages. Courage extrême, sublime dernier geste, Louis Dufour devancera la main de son bourreau pour se passer lui-même la corde du supplicié.
L’armée secrète au grand jour
Exposition. À partir de samedi, la 13e compagnie et la Libération se dévoilent.
L’armée secrète au grand jour
A partir de samedi, le hall d’entrée de la communauté de communes des Deux-Rives accueillera une exposition consacrée à la 13e compagnie de l’armée secrète de Tarn-et-Garonne et à la libération de la ville de Valence-d’Agen. Son instigatrice n’est autre que Nicole Ver, la fille d’Antonin Ver dit « le capitaine Nito » pour ses compagnons résistants. En avant-première, elle nous dévoile ses raisons et son contenu. Pourquoi cette exposition ? À la mort de mon père, j’ai retrouvé dans sa maison de nombreux documents, dont certains inédits, sur la 13e compagnie et sur la Libération, j’ai jugé bon de les faire partager au plus grand nombre. Cela a dû représenter une certaine charge émotionnelle ? Toute mon éducation a été basée sur le grand respect de cette époque. Nous devions à ces personnes qui ont fait acte de résistance de leur rendre cet hommage. Je me remémore encore la réponse de mon père lorsque je lui ai demandé la raison de son engagement, et ce malgré le décès de ma mère en 1943 et ses 2 enfants à charge : « Je savais ma responsabilité, mais vous laisser une France où vous n’auriez pas eu la liberté eut été terrible ! »
Quels sont les temps forts de cette exposition ? Le premier concerne le reportage réalisé le jour de la Libération à Valence-d’Agen par le photographe d’origine juive que mon père avait installé pour gérer le studio suite au décès de ma mère. Le second a été réalisé à partir des archives du comité local de libération qui m’ont permis de retracer la façon dont Valence s’est organisée au lendemain de la guerre pour survivre via le système débrouille.
Les 8 panneaux se décomposent ainsi : rappel sur la résistance en France, la 13e compagnie, le maquis de « Las Haïtès », l’évasion de Melly, le parachutage de Sistels, la libération de Valence, les exactions de l’armée allemande autour de Valence, le Tarn-et-Garonne et la Libération.