Page 104-105 du Livre « Cinquantenaire Libération de Montauban et du Tarn et Garonne »
(selon F.L. Féral et A. Ressigeac)
La période de la Libération, close le 25 août 1944, ne termine ni la guerre, ni l’action des F.F.I.
Si des résistants rentrent dans leurs foyers, ou sont rappelés dans leurs fonctions d’intérêt public, de nouveaux volontaires s’enrôlent. Anciens et nouveaux signent leur engagement pour la durée des hostilités. Les états-majors dans la 17e région militaire restaurée, procèdent à une refonte progressive et totale des unités F.F.I. Les unes disparaissent ; certaines subsistent plus ou moins modifiées ; d’autres sont créées prenant une nouvelle dénomination. Ce brassage s’opère durant tout le dernier trimestre 1944.
Les unités constituées sont groupées dans les principaux centres du département. Couvrant les nouvelles autorités civiles, elles procèdent à la surveillance du territoire, sont affectées à la garde des camps d’internement, assurant la protection des installations diverses, des parcs à essence, de la forêt de Montech transformée par les Allemands en un immense dépôt de munitions et explosifs où la compagnie Dillon, formée dans ce but, s’emploie aux opérations de déminage. Le camp de Cantayrac se transforme en grand camp d’instruction. Des unités de combat sont mises sur pied de guerre.
Trois formations entrent dès le début de septembre, dans la poursuite des opérations :
• Le bataillon « Charles » du Corps franc Pommiès, venu de Gourdon, concentré à Ardus les 20-22 août, rejoint Toulouse où, transformé en demi-brigade, il s’incorpore dans la colonne volante du colonel Schneider, prend part aux combats d’Autun, aux campagnes des Vosges, d’Alsace, au cours d’un hiver particulièrement rude.
• Le 3e régiment de hussards formé à Montauban, le 28 août, arme deux escadrons qui, détachés dans cette même colonne Schneider, participent aux mêmes opérations sur ce même front de l’Est. »
• Le bataillon « Claude » du Corps franc Pommiès, renforcé par le groupe de Beaumont, se transforme en demi-brigade à Saint-Aignan (Sud de Castelsarrasin), reçoit, en septembre, mission de boucler la frontière espagnole dans la région de Hendaye ; puis, en octobre, rejoint le C.F.P. sur la ligne des Vosges.
Ces trois formations, au cours de la campagne, s’intègrent dans la I »‘ armée française (chef : général de Lattre de Tassigny) et, avec elle, pénètrent au cœur de l’Allemagne jusqu’à la victoire finale.
Une quatrième formation F.F.I. : le bataillon du Tarn-et-Garonne provenant de la fusion d’un bataillon A.S. et d’un bataillon F.T.P., est, à son tour lancé dans la mêlée. Le 4 décembre, il rejoint la demi-brigade Carnot opérant dans le Médoc (première poche de l’Atlantique) et mène de décisifs combats à la Pointe de Grave. Devenu le 2e bataillon du 38e régiment d’infanterie, il opère, successivement, sur le front de Lorient et en Alsace. Le régiment dissous, ses divers éléments dilués en d’autres unités, poursuivent la lutte en Allemagne.
Bataillon de marche du Tarn-et-Garonne
Devenu le 2e bataillon du 38e régiment d’infanterie dans les opérations de la Pointe de Grave.
Ce bataillon est formé à Montauban le 1er décembre 1944 par la fusion du bataillon Louis-Sabatié (jeune résistant fusillé le 17 février 1944 à Toulouse) et du bataillon Camille (pseudonyme de Pierre Cabarroques, chef du secteur nord-est F.F.I. du Tarn-et-Garonne).
Du 1″ au 11 décembre 1944, il sera procédé aux régularisations individuelles et aux engagements pour la durée de la guerre contre l’Allemagne des personnels le constituant.
Ces opérations terminées, il prendra la direction de Lesparre en empruntant la voie ferrée, constituant un convoi de 48 wagons, le 12 décembre 1944.
Mal vêtus, mal chaussés, les hommes durent endurer la pluie et le froid se trouvant dans une région marécageuse souvent inondée par suite de ruptures des digues par l’ennemi disposant, en outre, d’une quantité impressionnante d’ouvrages bétonnés, d’artillerie de gros calibre, de champs de mines, de réseaux de fil de fer barbelés, d’obstacles antichars.
Pour lui permettre de donner aux hommes une bonne instruction militaire, en vue des combats futurs et leur permettre de partir en permission, il fut mis pour quelques jours au repos à partir du 15 février 1945.
Aussi, avec les autres forces de la brigade Médoc, il est prêt à entrer en action et. le 14 avril, il participe à la conquête des avant-postes allemands jusqu’au fossé antichars, mission permettant l’établissement d’une tête de pont dans la partie nord vers Mayan. Tous attendaient impatiemment le combat. Il enregistre malheureusement à partir de cette date ses premiers blessés par suite des tirs déclenchés par l’artillerie allemande. Le 15, l’objectif fixé (pont de la Traverse) est atteint sans perte. Le 17, il progresse sur la route de Soulac jusqu’au terrain d’aviation de Grayan. Le 18 avril, l’ordre est donné de déclencher l’attaque, et dans un élan magnifique, avec un courage exemplaire, enlève la position sans l’appui des chars. Sans fléchir, bravant les tirs de mitrailleuses, pousse toujours de l’avant le long de la voie ferrée et de la route du Verdon où il est arrêté par un violent bombardement d’artillerie à hauteur du cimetière de Soulac.
Le lendemain, nouveau bombardement provenant de la même batterie mettant à mal les positions conquises. Le bataillon par bonds successifs arrive au Verdon, s’empare d’un blockhaus, de l’hôpital et réduit tous les nids de résistance, notamment celui de la gare très fortement défendu.
22 avril 1945, fin des combats et victoire de l’armée du peuple née du soulèvement de la Libération. La brigade « Carnot » à laquelle a été incorporé le bataillon de marche du Tarn-et-Garonne était commandée par le dynamique et fougueux colonel de Milleret, né à Montauban le 19 mars 1908.
Les effectifs allemands ont pu être évalués à 4 500 hommes, dont 30 % environ de kriegsmarine, 30 % de wehrmarcht, 40 % de Tchèques et Polonais.
Le 25 avril 1945, le général de corps d’armée de Larminat dans son ordre général n° 102 cite à l’ordre de la division la brigade de marche Médoc en ces termes :
« A mené pendant sept jours dans la Pointe de Grave, du 14 au 20 avril, un combat exceptionnellement dur contre un ennemi enragé à se défendre, allant jusqu’à se faire sauter plutôt que de se rendre, très fortement armé et appuyé sur des ouvrages cuirassés à toute épreuve, couvert par un terrain d’inondation dont les passes étroites étaient littéralement bourrées de mines. »
« A tué 947 allemands, pris 100 ouvrages bétonnés et 90 pièces de canon, fait 3 300 prisonniers. »
« Fait d’armes qui mérite de prendre rang dans les annales de cette guerre. »
« Cette citation comporte l’attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec l’étoile d’argent. »