Page 44-47 du Livre « Contre l’oubli Plaques et stèles de la résistance et de la déportation en Tarn et Garonne»
MAQUIS D’ORNANO
21 mars 1944
Saint-Antonin-Noble-Val Penne – Laguépie
Le 10 octobre 1943 le groupe de réfractaires au S.T.O. réunis à la ferme de Garrhan devient la 4ème section des Corps Francs de la Libération du Tarn-et-Garonne sous le nom de « maquis Ornano M.P-1 ».
Le groupe s’installe plus au nord à la fin du mois d’octobre, sur le plateau qui surplombe l’Aveyron. A cette date, le maquis d’Ornano est devenu un maquis militaire avec à sa tête Roger RIGAUD.
Roger RIGAUD est né le 27 avril 1914. Parti en Allemagne au titre du S.T.O., il profite d’une permission pour rejoindre le maquis fin août 1943. Il est fait prisonnier le 16 mai 1944 et fusillé par la Gestapo dans la forêt de Buzet le 17 août 1944.
Durant l’hiver 1943, le maquis s’organise en unité de guerre, avec mission principale de recevoir des armes et des hommes sur un terrain sur le plateau de Vinchet : « Volcan ». Deux parachutages ont eu lieu sur ce terrain les 9 et 21 mars 1944. Cinq hommes sont parachutés lors de ces deux dates.
Le lundi 20 mars 1944, la BBC transmet un message : « Il pleurait comme une fontaine. Un ami viendra ce soir ». A 23 heures 15, l’avion annoncé largue ses parachutes. L’officier français est amené au camp, tandis que les maquisards s’occupent de récupérer les containers.
Ce mardi 21 mars 1944 vers 3 heures 30, alors que les maquisards continuent à récupérer les armes, des bruits de moteur se font entendre sur la route qui va de Saint-Antonin vers Montricoux. Deux colonnes allemandes opèrent une manœuvre d’encerclement : une monte par Penne et Couyrac et l’autre passe par Saint-Antonin et par la route nationale 658.
Albert TRISTCHLER, jeune Alsacien de 20 ans, originaire de Malshein, de garde à la Caminade, a entendu les bruits de camion. Quand il réalise que le maquis est attaqué, il s’avance et tire sur le premier camion. Les Allemands ripostent. Albert TRISTCHLER, blessé, est fait prisonnier, il sera exécuté quelques heures plus tard.
Le repli du maquis est vital face à un ennemi tellement plus nombreux et mieux armé. Les forces allemandes tentent d’encercler le maquis et le regroupement des maquisards s’effectue à la Bouriette. Elie MOLINIER prend le commandement.
Bernard MARTEL (20 ans) se porte volontaire pour camoufler les documents du maquis, en bordure du plateau de Roy, et avertir le passeur de Couyrac de se tenir prêt pour des passages rapides de la rivière.
Mais dès 4 heures 30, la maison du passeur a été cernée par les Allemands. Le père, menottes aux mains, a dû conduire l’ennemi vers le maquis. Le jeune MARTEL est fusillé au moment où il pénètre dans la maison du passeur.
Monument sur le causse de Penne (Tarn)
Texte inscrit sur la plaque située en bas au centre du monument
• Maquis d’ORNANO •
Premier maquis militaire de l’Armée Secrète en Tarn-et-Garonne. Fondé le 25 août 1943 à Garran pour la lutte contre les Allemands. La sauvegarde de l’indépendance et la liberté de la Patrie. Reçoit d’importants parachutages d’hommes et d’armes.
21 mars 1944
Combat nocturne farouche mais inégal de 29 hommes contre des SS au terrain Volcan et au camp de La Bouriette : six patriotes trouvent une mort glorieuse. 6 mai 1944 engagement de Montaigu-du-Quercy. 16 août 1944 engagement de Perches. 19 et 20 août 1944 combat pour la Libération de Montauban et du Tarn-et-Garonne Poursuit la lutte pour la Libération totale du territoire avec le 3ème régiment de Hussards ( Vosges-Alsace).
HONNEUR A CEUX QUI SE SONT SACRIFIES POUR LA LIBERTE GLOIRE A CEUX QUI SONT MORTS POUR QUE VIVE LA FRANCE
Plaque sur les ruines de la ferme de « La Bouriette » derrière le monument
Les deux colonnes ennemies font jonction autour des cantonnements du maquis. La Bouriette est certainement cernée avant Lautanel.
A la Bouriette trois maquisards résistent mais ne peuvent rien faire face à une attaque au mortier. On retrouvera un brasier où se consument les corps de Henri GRANIER, Elie LABROUSSE et René LARTIGUE.
André RIGOBERT, fait prisonnier sur la falaise et Albert TRISTCHLER seront fusillés contre le mur de la ferme. Leurs corps seront jetés dans la citerne que font sauter les Allemands.
Le combat se poursuit sur le Causse pour se terminer vers midi. Trente-cinq hommes peuvent fuir selon les plans prévus :
– région de Mouillac
– Saint-Amand près de L’Honor-de-Cos
– autres groupes dispersés sur Montaigu-de-Quercy et Lauzerte.
C’est la fin du maquis d’Ornano.
On peut faire plusieurs constatations :
• La miraculeuse coïncidence du parachutage et de l’attaque de la Bouriette et de Lautanel. Sans le parachutage, le camp était surpris par les deux colonnes ennemies qui auraient eu le temps de se réunir.
• L’importance des troupes attaquantes et des moyens mis en œuvre. Le village de Penne est cerné dès le début de l’attaque. Sur les lieux du combat, tous les Mongols étaient armés de mitraillettes, de grenades, de mortiers et de fusils-mitrailleurs.
• Cinq camions sont venus porter les troupes ennemies à pied d’œuvre par la route de Saint-Antonin. Six groupes de 20 hommes interdisaient le chemin prévu pour le repli. Le commandant allemand est juché sur le point culminant du chemin des Loups d’où il peut surveiller à la fois l’attaque du camp et la route vers l’Aveyron qui constitue le chemin de retraite.
Stèle « Volcan » sur le terrain de parachutage à Saint-Antonin situé sur la D 958 à gauche en direction de Montricoux
VOLCAN PARACHUTAGE 1944 MAQUIS D’ORNANO
Penne