Pages 151-158 du Livre « Afin que Mémoire Demeure »
Dès l’automne 1940, le bourg de Monclar-de-Quercy, situé à une vingtaine de kilomètres de Montauban, entre dans une après-guerre d’attente et d’inquiétude. Monsieur Urbain Roques, 72 ans, est le maire de la commune. Commune qui a vu le nombre de ses habitants augmenter du fait de l’arrivée de réfugiés et d’israélites de différentes nationalités, en recherche de camouflage.
Ainsi Raymond Marx, né en 1903 à Chabanges dans l’Aube, et sa femme née Lévy en 1911 à Saint-Mihiel dans la Meuse, israélites français, mariés, trois enfants, résident à Monclar dès 1942 où ils sont propriétaires cultivateurs.
De même Ernst Wildangel, né en 1891 â Cologne (Allemagne), apatride, vivant aux Farguettes, propriété de Simone Delorme, sa compagne. La vie de ce combattant antifasciste est exemplaire. Réfugié en France, Ernst Wildangel est interné dès le début de la drôle de guerre. Evadé d’un camp lors de l’avance des troupes allemandes, il se trouva en juillet 1940 à Montauban. C’est là que sa compagne le rejoint. Il était, comme la plupart des réfugiés, dans le dénuement le plus complet, mangeant à la cantine des quakers et couchant dans une école qui avait été transformée en dortoir, servant d’asile à tant de réfugiés belges et français, mais aussi espagnols et allemands. Fin décembre 1940, Simone quitte son mari pour aller voir son père gravement malade, qui habitait un village dans le Jura (zone rouge) à quelques kilomètres de la ligne de démarcation. A la mort de son père, Simone Wildangel retourne, en septembre 1941, auprès de son mari, qui se trouvait alors à Monclar-de-Quercy. Il y faisait du travail occasionnel dans l’agriculture, mais restait toujours menacé d’un nouvel internement par les autorités de Vichy et d’une éventuelle livraison à la Gestapo. Tous deux prennent alors contact avec la Résistance locale. Ainsi Ernst Wildangel s’occupait de confection de photographies d’identité pour les cartes destinées aux réfractaires et maquisards de la région. Il sera, d’ailleurs, à la suite d’une dénonciation, arrêté par la Gestapo de Montauban le 8 mai 1944. Passant par Fresnes et Compiègne, il fut ensuite traîné de prison en prison, pour être finalement incarcéré dans la geôle terrible de l’Alexanderplatz à Berlin. En mai 1945, il sera l’un des rares survivants.
Il faut aussi noter la présence de :
• Simone Silberstein, née Thomas, 30 ans, israélite,
• Léonce Meyer, 71 ans, israélite polonais,
• Irène Salomon, née Holezwiller en 1894 à Budapest, apatride israélite,
• Yvonne Léger, 55 ans, expulsée de Pologne.
Les premières années s’écoulent sans trop de problème. Ainsi le 14 novembre 1943, la municipalité de Monclar-de-Quercy organise une cérémonie commémorative des morts des deux guerres. A cet effet, un service religieux est célébré ce jour-là à 11 heures. Le cortège, formé dès 10 heures 30, place de la mairie, se rend à l’église, puis, après l’office, au monument aux morts. La cérémonie, autorisée, se déroule sans incident.
Mais dès le début de l’année 1944, l’atmosphère change radicalement Monclar devient le centre d’un groupe de résistance : le groupe autonome n° 3, dont le chef est Roger Rignac (qui, après la libération, deviendra maire et conseiller général). Ce groupe fut en juin 1944, rattaché à la 2e Cie A.S. Il prit alors le maquis, mais ne participa à aucun combat, se bornant à des opérations de détail. Cependant, le 4 mai 1944, il prend part à la réception d’un parachutage de 15 containers, destiné à la 2e Cie A.S., au lieu dit » La Bessède » (terrain Langouste).
Par ailleurs, dans la région de Monclar, dès 1944, se sont implantés des groupes appartenant au maquis d’Arnaud, puis, plus tard, au Corps Franc Dumas.
Ainsi, le 8 mars 1944, un coup de main est opéré par les hommes du maquis d’Arnaud, dit aussi maquis de Puygaillard, cantonné à l’époque à la ferme Trégan, commune de Puygaillard. Ce jour, à 14 heures 30, un camion appartenant à monsieur Viatgé, de Montauban, et transportant du ravitaillement (épicerie du mois de mars : sucre, chocolat, confiture, pâtes), pour les communes de la région de Monclar, est arrêté sur le chemin de grande communication n° 8 entre La Salvetat et Monclar, par cinq hommes armés de mitraillettes et de revolvers. Les occupants du camion sont sommés de descendre, puis amenés sous surveillance de deux des agresseurs, dans une cabane située en bordure de route. Le chauffeur, escorté des trois autres hommes, continue sur Revel. Là, il est prié de descendre, puis conduit à l’intérieur d’un bois, pendant que le camion est conduit vers une destination inconnue. Deux heures plus tard environ, le camion réapparaît et remis à la disposition de ses occupants. Ayant demandé le prix global de la marchandise ainsi détournée et le nom du propriétaire, le chef du groupe indiqua qu’il serait payé sous peu par la banque Giraud.
Dans le courant du mois de janvier 1944, le frère d’André Archippe, boulanger de Monclar, est arrêté à Toulouse, après dénonciation. Les époux Archippe, André et Françoise, sont membres du réseau de renseignements Cottre. Après l’arrestation du frère d’André, Françoise et André Archippe sont inquiets. Ils vivent à présent dans leur domicile, rue de la Comédie, à Montauhan. André fait régulièrement le trajet.
Or, le samedi 6 mai 1944, Stotz, chef de la Gestapo, est informé vers 10 heures par Charles Stephan, commerçant en tissus à Monclar, de l’arrivée d’André Archippe à Montauban, en voiture, aux environs de 14 heures, place du marché couvert. Ce dernier est arrêté, conduit au siège de la Gestapo où il subit un interrogatoire avec atrocité. A-t-il parlé ? Ou a-t-on voulu influencer la population?
Deux jours après, le lundi 8 mai, vers 7 heures 30, le village de Monclar-de-Quercy est cerné par les troupes allemandes, fortes d’environ 300 soldats. Ils sont commandés par 3 officiers, assistés de civils de la police de sûreté allemande. Ils procèdent à des perquisitions, des arrestations et des vérifications d’identité. Ils cherchent en particulier certains habitants de la localité dont ils avaient une liste.
Les témoignages sont formels : André Archippe est traîné dans les rues du village, boitant péniblement, les mains brisées, souffrant horriblement.
Les Allemands procèdent à l’arrestation de 13 personnes sur Monclar :
• Bent Philippe, 56 ans, docteur à Monclar,
• Solladié Raymond, 30 ans, docteur à Monclar,
• Pailhès Adrien, 65 ans, pharmacien à Monclar,
• Galinier Louis, 56 ans, percepteur à Monclar,
• Delpeyroux Louis, 18 ans, de La Sauzière (Tarn), ouvrier boulanger chez A. Archippe,
• Wildangel Ernst, 52 ans, travailleur étranger du groupe de Réalville,
• Alves Antonio, 38 ans, Portugais, réfugié à Monclar,
• Marx Raymond, 40 ans, propriétaire à Monclar, israélite,
• Marx Jeanne, née Lévy, 33 ans, épouse du précédent,
• Meyer Léonce, 73 ans, réfugié à Monclar, israélite,
• Silberstein Simone, née Thomas, 30 ans, réfugiée à Monclar, israélite.,
• Salomon Irène, née Holeiwler, 50 ans, réfugiée à Monclar, israélite,
• Léger Yvonne, 55 ans, expulsée de Pologne.
A cette liste, il faut ajouter :
• Archippe André, boulanger à Monclar, arrêté le 6 mai à Montauban,
• Talou Raymond, 22 ans, d’abord ouvrier boulanger chez André Archippe, puis passé au maquis d’Arnaud et camouflé chez monsieur Lala, buraliste à Verlhac-Tescou, où il a été arrêté le 8 mai.
Au total, 15 personnes sont emmenées en camion vers Montauban. Il est 12 h30 environ.
4 personnes également recherchées n’ont pas été découvertes :
• Rignac Roger, électricien à Monclar,
• Torrès Prosper, garagiste à Monclar,
• Monbrun Roger, transporteur à Monclar,
• Lescure André, limonadier à Monclar.
4 personnes arrêtées seront libérées par la suite :
Le même jour : Pailhès Adrien, pharmacien et Léger Yvonne, le 10 mai. Alves Antonio et Silberstein Simone, le 11 mai.
Restent 11 détenus qui seront déportés :
• A Dachau : Archippe, Bent, Solladié, Galinier, Delpeyroux.
• A Berlin-Alexanderplatz : Wildangel,
• Destination inconnue pour les israélites, probablement Auschwitz : les époux Marx, les époux Salomon, Meyer.
A partir de 12 h 45, il ne reste plus qu’une trentaine de soldats allemands regroupés sur la place de la mairie. Vers 18 heures, un camion militaire arrive, embarquant une quinzaine de soldats. Après ce départ, les Allemands restants entreprennent des visites domiciliaires non seulement dans les habitations dont les propriétaires avaient été arrêtés, mais également dans les maisons voisines. Au cours de ces perquisitions, les soldats emportent nombre d’objets, plus particulièrement des postes T.S.F, mais aussi de l’argent, du linge, des vêtements, des produits alimentaires. Deux automobiles appartenant l’une à monsieur Rignac, l’autre remisée au garage Monbrun, sont saisies.
Peu après 20 heures, une camionnette commerciale de couleur noire équipée au gazogène, stationnée à l’entrée d’une allée privée joignant la propriété de monsieur Blanc à la route de Montauban, fut amenée et les soldats y chargèrent leur butin. Ce véhicule était conduit par un civil français inconnu.
Les opérations prennent fin vers 22 heures, provoquant une vive émotion dans la population. Il est alors évident qu’elles sont le fruit de dénonciations. Les soupçons sont réels et circonstanciés. Les événements qui vont suivre, donnent force à ces suspicions.
Le 8 juin 1944, vers 13 heures, le gendarme Piquemal est de permanence au bureau de la brigade de Monclar. Des coups sont frappés à la porte d’entrée de la caserne. La porte ouverte, le gendarme Piquemal se trouve en présence d’un autre gendarme inconnu. Croyant avoir à faire à un camarade, il l’invite à entrer. Au moment où il demande à l’inconnu l’objet de sa visite, des individus armés de mitraillettes font irruption dans le couloir. Trois pénètrent dans le bureau et désarment le planton. Pendant ce temps, trois autres font irruption dans le logement du chef de brigade qui achève de déjeuner. Surpris, ce dernier ne peut opposer de résistance. Les hommes armés montent alors au premier étage et désarment les gendarmes Rigail, Bouisset et Vallet qui se trouvaient là.
Les agresseurs s’emparent des armes et des munitions de la brigade : 5 mousquetons avec 100 cartouches, 5 revolvers avec 100 cartouches. Ils tirent plusieurs rafales de mitraillette et s’enfuient en automobile après avoir coupé les fils téléphoniques. Pendant cette intervention d’autres individus également armés mettent au pillage deux débits de tabac du bourg.
Cette opération a vivement impressionné la population de Monclar. Elle est réalisée par le groupe Fantôme du Corps Franc Dumas.
Elle précède de peu les exécutions du samedi 10 juin 1944 : Ce jour, vers 19 heures, deux hommes jeunes (environ 20 à 25 ans) se présentent chez monsieur Charles-Henri Stephan, né le 4 Janvier 1880 à Vissenbourg (Bas-Rhin), commerçant en tissus à Monclar. Après s’être introduits dans l’immeuble, les deux hommes ayant écarté la bonne, se rendent dans la salle à manger où les époux Stéphan prennent leur repas. Ils les exécutent sur place de plusieurs coups de révolver, puis quittent immédiatement les lieux.
Monsieur et madame Stéphan, celle-ci née Louise Cayla le 28 mars 1887 à Monclar, étaient tous deux inscrits au P.P.F., et monsieur Stéphan était de plus milicien.
Vers la même heure, deux hommes, probablement les mêmes, se rendent chez monsieur Victor Chevalier, né le 30 octobre 1896 à Retaud (Charente inférieure), garagiste mécanicien à Monclar. A son domicile, ils se trouvent en présence de madame Chevalier, née Amélie Gabilaud le 20 octobre 1894 à Cognac (Charente). Ils réclament son mari. Madame Chevalier, accompagnée par les deux hommes se rend alors au lieu-dit « Pont de Livron » où son mari travaillait au jardin. Arrivés, sur les lieux, les deux individus sortent leurs pistolets et abattent les époux Chevalier, puis s’enfuient.
Monsieur Chevalier, trésorier-secrétaire de la Légion des Combattants de Monclar, et madame, étaient des relations des époux Stéphan.
La rumeur publique accusait ces quatre personnes d’avoir fourni, des renseignements ayant permis à l’autorité allemande de procéder précédemment aux arrestations à Monclar-de-Quercy.
Les quatre corps furent inhumés le dimanche 11 juin, après autopsie, vers 18 heures 30. La population s’est refusée à accompagner les victimes au cimetière, car celles-ci ne jouissaient pas de l’estime de leurs concitoyens. Il a même fallu que le maire réquisitionne des porteurs pour le transport des corps.
Les auteurs de ces exécutions, restés longtemps inconnus, sont deux membres du groupe Fantôme du Corps Franc Dumas. Ils ont agi sur ordre.
Après la Libération, le 26 août 1944, l’interprète auprès de la Gestapo, Jean Zinck signe une déclaration manuscrite où il certifie que monsieur Charles Stéphan, demeurant à Monclar-de-Quercy, était en collaboration, étroite avec Stotz, chef de la police de sûreté allemande. » Monsieur Stéphan paraissait intimement lié avec monsieur Stotz, et j’ai eu l’impression, lors de mon arrivée le 15 avril 1944 au service, qu ‘ils devaient se connaître depuis longtemps, déjà Monsieur Stéphan avait remis à monsieur Stotz la liste nominative des personnes à arrêter à Monclar et dans les environs. Monsieur Rignac était en tête, de cette liste. Il est plus que probable que monsieur Stéphan avait à Monclar d’autres indicateurs qui le renseignaient sur l’activité de monsieur Rignac et de ses camarades. Ainsi l’arrestation de monsieur André Archippe a été prévue par monsieur Stéphan qui était venu trouver monsieur Stotz, le samedi 6 mai, vers 10 heures, et l’avait informé que monsieur Archippe arriverait à Montauban en voiture aux environs de 14 heures, lieu de stationnement : place du Marché couvert « .
Les événements se précipitent. Le 16 juin 1944, Maxime Marc Franck d’Artenset de la Farge, né le 2 août 1890 à Moncrabeau (Lot-et-Garonne), domicilié à Montauhan, 75, faubourg du Moustier, chef départemental de la Milice, et son lieutenant Henri-Léon Renard, né le 12 octobre 1897 à Paris, chef de centaine, sont capturés sur la nationale 658 entre Montauban et Castelsarrasin, au lieudit « Côte du Touron ». Ils sont transportés et livrés au Corps Franc Dumas, à Cabertat. Le même jour, ils sont jugés devant un tribunal présidé par le colonel Nil, en la ferme de Panégro, commune de Monclar. Condamnés à mort, ils sont fusillés peu après.
Le 20 juin 1944, à la suite de l’attaque effectuée par les Allemands contre la 6e Cie A.S. et le Corps-Franc Dumas, campant sur le plateau de Cabertat, entre Vaïssac et Monclar, plusieurs fermes situées sur le territoire de la commune, sont incendiées par l’ennemi. Ainsi Urbain Roques, maire de Monclar, déclare le 23 juin : » Suite aux opérations effectuées dans la région de Natalis et Panégro par les troupes d’occupation, j’ai été informé que les fermes Penchenat, Palmier et Lafon avaient été incendiées. M’étant rendu sur les lieux et aidé de nombreux voisins, nous avons recherché les occupants de la ferme Penchenat. Nous avons retrouvé dans l’écurie le corps carbonisé de Penchenat, qui vivait sur cette ferme avec sa mère et sa sœur. Poursuivant nos recherches, nous avons découvert le corps de la sœur, atteint de plusieurs balles, à l’orée d’un bois, à cent mètres de la ferme. Nous avons également constaté à la lisière de ce même bois la présence des sabots de madame Penchenat mère, mais n ‘avons pu découvrir le corps de celle-ci « .
De même, monsieur Paul Palmier, propriétaire des fermes Panégro et Tournielles, sur la commune de Monclar, déclare : » Dans la journée du 20 juin 1944 les troupes d’occupation ont incendié mes deux fermes. Celle de Panégro était inhabitée et celle de Tournielles était louée à Isidore Colom qui réussit à s’échapper « .
Une autre métairie, sise à Tournielles, appartenant à Gerlain Lafon fut d’abord pillée: charcuterie, argent, une paire de bœufs furent ensuite emportés. Puis les soldats allemands placèrent ma mère impotente devant la porte et mirent le feu à la maison. Tout fût la proie des flammes « .
Le 24 juin 1944, Joseph Rouzaud, 40 ans, facteur des postes à Monclar, se rend, vers 13 heures, chez les familles Cournac, résidant aux environs de Bonanech, commune de Monclar, pour porter un pli. A son arrivée, il constate que les volets sont fermés. Ayant ouvert la porte qui n’était pas verrouillée, il dépose son courrier dans le couloir, comme il le fait d’habitude en l’absence des propriétaires. Etant ressorti, il effectue quelques pas, puis ayant l’intuition qu’il y a quelque chose d’anormal, il retourne à la maison, car la lumière, produite par une batterie d’accumulateurs, éclairait faiblement. Il entre alors dans la cuisine, et à la lueur de son briquet, il aperçoit les corps des époux Cournac, étendus, baignant dans une mare de sang. Il referme la porte et va prévenir les voisins immédiats, puis le maire de Monclar.
A 13 heures 30, le chef de la brigade de gendarmerie de Monclar, accompagné d’un gendarme et du conseiller municipal Monestier demeurant à Bonanech, se rend au domicile des époux Cournac pour les constatations légales. Ils trouvent les corps des deux personnes gisant sur le plancher, un de chaque côté de la table, Calixte Cournac, né le 5 mai 1895 à Monclar-de-Quercy, portait une trace de balle à la tête et une deuxième à la poitrine. Maria Cournac, née Jourdes, le 25 mai 1900 à Monclar-de-Quercy, avait été atteinte de deux halles à la tête. Sur la table se trouvaient trois verres remplis de vin, et une somme de 1900 francs en billets de banque. Aucun désordre ne régnait dans la maison. Il y a lieu de penser qu’il n’y a pas eu vol. Calixte Cournac était cultivateur et, à l’occasion, facteur intérimaire. Il s’occupait en outre d’assurances. Il était connu pour ses idées collaborationnistes et était accusé d’avoir des relations très étroites avec les miliciens et les Allemands.
Le 30 juin 1944, vers 13 heures 45, deux individus, âgés de 25 ans environ, arrivés en moto et armés de revolvers, se présentent à la perception de Monclar et exigent de Raymond Brousse, 42 ans, commis de perception à Montauban, assurant l’intérim en remplacement de monsieur Galinier, arrêté le 8 mai, de leur remettre la caisse. Ils se saisissent d’une somme de 9 500 francs contenue dans un petit sac. A leur départ, ils remettent au percepteur un reçu indiquant que l’argent avait été pris pour » l’armée de la résistance « .
Le 14 juillet 1944, vers 10 heures, une trentaine de partisans des groupes Bolchevick et Pet-Sec du Corps-Franc Dumas, se rendent au monument aux morts de Monclar. Leur chef dépose une gerbe portant l’inscription » La Résistance « , pendant que des maquisards présente les armes. Puis les maquisards chantent la Marseillaise, aux applaudissements des spectateurs présents.
En ce mois d’août 1944, les activités du maquis s’accélèrent. Le 2 août 1944, vers 17 heures 30, sept individus porteurs d’un brassard à croix de Lorraine et armés de mitraillettes, après avoir placé en travers de la route le camion avec lequel ils circulaient, obligent l’autobus assurant le trafic journalier entre Montauban et Monclar, à s’arrêter au lieu-dit « Saint-Pierre », commune de La Salvetat-Belmontet. Ils se saisissent alors de deux sacs de tabac destinés au débit de Monclar puis repartent vers une direction inconnue. Or, le même jour, vers 20 heures, les mêmes individus, circulant cette fois en voiture automobile, se présentent au débit de tabac de Gaston Bures à Monclar ; Ils lui restituent la moitié du tabac emporté par eux dans l’après-midi.
Le lendemain 3 août 1944, à 7 heures 30, neuf individus armés font arrêter sur la R.N. 99, près de Saint-Nauphary, un camion appartenant à monsieur Clerc-Roques, négociant à Monclar. Ils s’emparent du véhicule, après avoir invité le chauffeur à rejoindre Monclar à pied. Ils prennent alors la direction de Gaillac.
Enfin, 12 août 1944, les groupes Bolchevick et Pet-Sec du Corps-Franc Dumas se saisissent de 268 kilos de métaux non ferreux déposés dans la salle de la justice de paix de Monclar.
La semaine qui précède la Libération est pleine d’espoir et d’incertitude. A Monclar, on apprend le 18 août au soir, que les colonnes allemandes qui descendent de Cahors vers Montauban ont été attaquées plusieurs fois par les corps francs avant et après Caussade sur la R.N. 20.
Le samedi 19 août, une force allemande de quelques centaines d’hommes quitte Caussade peu avant-midi. Elle arrive aux portes de Montauban par l’avenue de Paris vers 16 heures. Lorsqu’elle atteint le pont routier sur la voie ferrée de Lexos, elle est accueillie par des coups de feu tirés du Rond et de l’avenue de la gare de Villenouvelle. Le combat dit du Rond va durer toute l’après-midi avec l’appui successif de troupes issues du maquis et des corps francs, puis d’éléments du Corps Franc Pommiès.
La lutte se poursuit jusqu’au soir. Un violent orage d’été ajoute éclairs et coups de tonnerre aux tirs de mortier avec une intensité inégalée. Alors, le chef allemand voyant que la défense reçoit des renforts, que ses feux sont de plus en plus nourris, et que le passage ne peut être forcé, fait rompre le contact. Le décrochage est rapide, à la faveur d’une nuit particulièrement obscure.
Ce n’est qu’au matin que la colonne allemande est à nouveau repérée, se dirigeant vers la vallée de la Tauge. Elle est accrochée à la descente de La Clare, près de Génébrières, arrive sur La Salvetat- Belmontet. A Monclar, c’est le branle-bas de combat. L’ennemi est à 6 kilomètres du bourg. Il est décidé, dans l’effervescence et la peur, d’abattre des platanes sur la route qui conduit à Montauban. Ces abatis retarderont-ils la progression des soldats ? Mais alors que l’on s’interroge, on perçoit au loin le bruit d’une fusillade nourrie. La colonne allemande a été violemment accrochée par les 3eCie A.S., le groupe M.O.I. et le groupe F.T.P. Tom (qui aura un tué : le jeune Dompeyre). Elle monte à La Vinouse, glisse entre la 7e Cie et la 3e Cie A.S., franchit le Tescou au crépuscule, passe par Puylauron, Varennes, Villebrumier, franchit le Tarn à Nohic.
Monclar a été épargné.