Jean Roger
sénateur de Tarn-et-Garonne
Au cours de son histoire mouvementée, notre pays a souvent traversé des époques difficiles.
Après la défaite de 1940, dont on n’ a pas fini d’analyser les causes, la période de 1940 à 1945 sous la botte allemande a été sans doute l’une des plus dures, des plus cruelles, des plus troubles.
Le peuple français, opprimé par la sauvage barbarie nazie, a subi la pire des tragédies.
La société française s’est partagée. Certains se sont résignés passivement, d’autres dans un sursaut civique ont résisté avec courage. Chaque camp avait ses actifs et ses passifs. Certains collaborateurs, embrigadés dans la Milice, trahissant notre peuple avec une méprisable lâcheté, se sont livrés à des exactions et des atrocités pires que celles de l’occupant, pourtant effroyables.
Les réfractaires, regroupés dans différentes organisations de résistance, ont exalté avec
enthousiasme, abnégation, courage et souvent témérité, leur esprit de sacrifice au service de la liberté.
Ils ont relevé l’honneur de la France et mérité la reconnaissance éternelle de la nation.
Mais le temps efface tout et use le passé.
Cette épopée glorieuse, cette offrande volontaire de la vie qui a racheté tant de veuleries,
ce passé marqué de leur souffrance, tous ces événements doivent être transmis aux générations futures.
Il faut que le courage des uns avilisse l’ignominie des autres.
Même si on a pardonné l’ impardonnable, on ne peut oublier l’inoubliable.
C’est servir la cause de l’humanité.
Cette plaquette éditée par la Commission départementale de l’information historique pour la paix et le Comité départemental du Prix de la Résistance et de la déportation du Tarn-et-Garonne, accomplit ce devoir de mémoire.
Il faut que les générations futures restent averties de ce qui s’est passé, afin qu elles soient vigilantes vis-à-vis des pulsions barbares que, malheureusement, la nature humaine, ici ou ailleurs, risque à tout moment de faire renaître.
Qu’ils se persuadent que si nous pouvons nous souvenir même sans avoir rien vu, c’est parce que nous sommes libres, grâce à leur sacrifice.
Prologue de Jean Roger