Noël Duplan
chef départemental F.F.I.
de Tarn-et-Garonne
Mon ami Louis Olivet, président du Comité départemental du Prix de la Résistance et de la Déportation et de l’Union départementale des combattants volontaires de la Résistance, m’a demandé de participer à la réalisation de la plaquette commémorative du cinquantenaire de la Libération.
Plusieurs historiens ayant retracé les principaux faits qui ont marqué notre Résistance, je pense que mon rôle est d’évoquer dans cette parution les noms des camarades avec lesquels j’ai vécu les quatre années de 1940 à 1944. Je cours le risque d’omission, aussi je demande par avance l’indulgence de tous.
Dès mon retour des armées en août 1940, ayant pris le pseudonyme Daniel, avec mes amis du Front populaire de 1935 : Allamelle (Albert), Rouère (René), Laplace (Larive), Cabrit (Raymond), Dutilleux (Louis), Ressigeac (Rémy), nous avons constitué « le Comité républicain » pour combattre le gouvernement de Vichy. Notre résistance peut être scindée en deux périodes :
de 1940 à 1942 l’action politique domine, de 42 à 44 l’action militaire est prépondérante. Entre 1940 et 1942 notre groupe prit de l’importance par l’adhésion de Foussard (Francès), Guiral (Gavarnie), Lassalit (résistance fer), trois ingénieurs du Laboratoire national replié en Tarn-et-Garonne : Huet, Moulin (Meauzac), Ancelet à Caussade (mort en déportation). Nous étions aussi en relations avec :
Pagès André, Tolède et Olivier spécialisés dans la protection des Juifs et des étrangers auxquels ils fournissaient les faux papiers nécessaires à leur passage en Espagne. Truquet et les frères Goulard et le commandant Normand du camp de Caylus (mort en déportation) pour la récupération et le camouflage du matériel militaire, Marie-Rose Gineste, Tournou et Maire pour les syndicats chrétiens, Archippe (Albert) (mort en déportation) pour les réseaux et services de renseignements.
Le Comité me confia l’organisation militaire qui devait devenir l’armée secrète. A mes côtés, Moulin (Meauzac), Pruet (Maison) Andrieu (Didier), Marcus (Ramier), le colonel Santos (Guérilla), Germain, Daran (Danton), le colonel Langeron devait nous rejoindre dès son retour de captivité. Meauzac après avoir contribué à la création des compagnies de l’A.S. devint avec son adjoint Poussou (Perrin) le responsable des terrains de parachutages ; je tiens à préciser qu’il n’y eut jamais la moindre erreur dans la transmission des coordonnées à Londres.
Après une période effectuée à l’état-major régional à Toulouse, Meauzac fut appelé à la direction du S.A.P. à Londres où il exerça de hautes fonctions jusqu’à la Libération.
Dès notre formation nous eûmes de nombreux contacts avec des responsables nationaux et régionaux. En 1941, Bourthoumieux pour Libérer et Fédérer (mort en déportation), avec M »e Gineste et Foussard nous avons rencontré Léo Hamon chez Mc Veau. Allamelle (Albert) et Rouère avaient des contacts avec Léon Jouhaux dans le Lot, le général Dejussieu (Pontcaral) chef national de l’A.S. Les colonels Delmas (Divona) et Colignon de Cahors responsables régionaux de l’A.S. pour la région de Toulouse (R.4), fonction qui me fut confiée en novembre 1943 après leur départ « au maquis », Rousselier (Rivier), Bartoli (le papa) et d’Astier pour Libération. Bonnafous assurait les contacts pour Combat avec Marcouyre de Toulouse, Rolland, Dutilleux, Vonflie et Comte (garage Berliet) pour Libérer et Fédérer. Van de Ven (Vendôme) armée de l’air. Marie-Rose avec Ms’ Théas.
L’état-major de l’armée secrète avec l’accord du comité départemental a désigné les responsables cantonaux avec l’aide desquels furent implantés les terrains de parachutages et l’emplacement des maquis :
• à Miramont-du-Quercy : Cabrit (Armand) et Jeanot Lacoste ;
• à Lauzerte : Lafargue, Segonne (Iser), Pax, Capitaine ;
• à Montaigu : Caillau (arrêté et torturé), Douet (Vincent), Demeurs, Moulis ;
• à Bourg-de-Visa : Minguy, Léon, Quéméré, Richard ;
• à Caussade et Caylus : Ancelet (mort en déportation), Cabarroques (Camille), Duclos ;
• à Nègrepelisse : Capéran (Saint-Biaise), Taché (Brise fer), les frères Ricard, Rey,
Delplanque (Dumas) ;
• à Beaumont et à Lavit : Brunei (Boursier), Marsol (François) ;
• à Moissac : Loubradou père, Loubradou fils (mort en déportation), Lagriffe,
Bajon (Potez), Tardis, Gainard, Ginesty ;
• à Castelsarrasin et Auvillar : Bésiers (Faustin), Perretti ;
• à Grisolles et Verdun : Lacaze (Jean) (déporté) ;
• à Villebrumier et à Labastide-Saint-Pierre : Sarda ;
• à Monclar : Rignac, Monbrun, Vern (Amory) ;
• à Montauban : Rivière, Bigné, Grisnojf, Steff (Sicard) déporté avec plusieurs camarades
après un combat au cours duquel plusieurs patriotes trouvèrent la mort. Ce douloureux épisode est dû à la dénonciation du parachutage du Fau. Tous ces responsables du département étaient en liaison permanente avec le comité départemental par la boîte aux lettres Chouffier (garage, place Prax-Paris à Montauban). L’état-major de l’A.S. était en contact avec les « Républicains espagnols » et « M.0.1. » l’O.R.A., colonel Baurès (Balor), F.T.P. (Arnaud) secteur de Saint-Antonin – Verlhac et Chapou groupe Véni (Lot).
L’approvisionnement en armes assuré par les parachutages permit la réalisation de la deuxième période militaire de la Résistance : harcèlement quasi permanent de convois allemands et miliciens, nombreux sabotages de routes et voies ferrées.
Les parachutages furent nombreux ; si, pour les premiers, l’équipe de réception fut trop restreinte, les choses allèrent bien par la suite, en particulier au terrain de Pech Berthier où nous reçûmes 60 containers en deux opérations.
La Libération fut bien préparée et réalisée le 19 août avec le minimum de pertes. Les 20 et 21 août nous fûmes appelés en renfort pour la libération de Toulouse puis celle d’Albi. Toutes nos missions furent accomplies volontairement en complet accord avec le Conseil national de la Résistance. Comme prévu, le pouvoir politique est revenu après le 20 août 1944. En ce qui me concerne, je n’ai plus ressenti l’esprit qui nous avait animés au départ de notre action clandestine.
Mon ami Edmond Michelet (résistant déporté) disait souvent au cours de nos rencontres après son retour des camps : « on ne se bousculait pas au portillon de la Résistance ». Il avait raison ! C’est sans doute pour cela qu’elle nous est si chère…
Prologue de Noël Duplan