Page 268-278 du Livre « Avant que Mémoire ne Meure »
Stèles commémoratives du 50Ème anniversaire
du retour à la liberté
Stèle de Caussade
1945-1995
50ème Anniversaire du retour à la Liberté des Déportés des Camps de la Mort
Prisonniers de guerre Rescapés des camps nazis du Travail Forcé
Ils étaient unis. Ne les divisez pas.
Le 14 mai 1995
Stèle de Caussade
élevée en 1995 à la mémoire des :
* DÉPORTÉS DES CAMPS DE LA MORT
Ceux qui ne sont pas revenus :
– CAUSSADE.
* Benjamin OLIVE, Docteur en médecine, 56 ans (Oscar de la résistance), arrêté par la Gestapo sur dénonciation dans la nuit du 13 décembre 1943, déporté, assassiné à BUCHENWALD, le 26 mars 1945.
* Jacques ANCELET, Ingénieur, 49 ans, (Arthur dans la résistance), arrêté par la Gestapo sur dénonciation dans la nuit du 13 décembre 1943, déporté, assassiné à DORA le 6 avril 1945, lors de l’évacution du camp entre OSTERODE et SEESEN.
* Robert OLIVE, étudiant en droit, né le 12 juin 1923, entre en Novembre 1942 au groupe franc de combat que venait de monter RENOUVIN. Le 26 juin 1943 est arrêté en essayant de passer en Espagne prés d’OLERON pour rejoindre les forces gaullistes. Transféré à Compiègne jusqu’à fin octobre 1943, est déporté en novembre à BUCHENWALD, puis à DORA en février 1944. Evacué lors de l’avance alliée en mai 1945, il est retrouvé le 8 mai à ROËL (MECKLINBOURG, zone d’occupation russe) où il est soigné dans un hôpital. On perd sa trace à partir de cette date.
* Ange HUC, militant communiste, déporté politique au camp de FLOSSENBOURG, mort le 29 novembre 1944.
-CAYLUS
* Général DELESTRAINT, chef national de l’armée secrète, qui, du camp militaire de Caylus, adressa le 8 juillet 1940, à ces soldats démobilisés, une vibrante et solennelle profession de foi en l’avenir de la FRANCE, arrêté à PARIS le 9 juin 1943, déporté, exécuté à DACHAU le 22 avril 1945.
* Chef de bataillon NORMAND, commandant du camp militaire de Caylus, membre du réseau du C.D.M (camouflage du matériel),fait procéder à des opérations de camouflage d’armes et de matériel militaire dans les igues de RASTIBEL en Novembre et décembre 1942.
Dénoncé, il est arrêté par la gestapo le 30 mars 1943 au camp de LIVRON.
Déporté en Allemagne, il meurt le 15 novembre 1943 au camp de BUCHENWALD, malgré le dévouement et les soins de son adjoint l’adjudant-chef GILLES, arrêté et déporté en même temps, mais qui survécut jusqu’à la libération des camps en 1945.
– MONCLAR de QUERCY
* Louis GALINIER, percepteur, arrêté par la gestapo, sur dénonciation, le 8 mai 1944, déporté politique, mort au camp de NECKARGERACH.
* Le même jour, sont arrêtés à Monclar, le Docteur SOLADIER et son beau père le Docteur BENT (déportés, ils reviendront cependant des camps de la mort), et le jeune DELPEYROUX, de la SAUZIERE, qui, déporté, décédera en Allemagne.
– MONTPEZAT
* RUAMPS Henri, VALES Germain, CRANTELLE Albert tous trois arrêtés comme otages par les S.S, au matin du 2 mai 1944 aux GARENNETTES, prés de LA SALVETAT, déportés en Allemagne d’où ils ne reviendront pas.
RUAMPS Henri, à Renoy, mort à Dachau le 30 janvier 1945 VALES Germain, à Rouby, mort en Allemagne CRANTELLE Albert, à Rouby, mort à son retour le 31 mai 1945.
* Marie-Antoinette ORCIVAL, arrêtée à Montpezat le 2 mai 1944, déporté en Allemagne où elle mourra d’épuisement à Hambourg le 19 juin 1945 après la libération des camps.
* DELPECH Félix, dit JIGOUNELLE, arrêté sur dénonciation, à Montpezat, le soir du 2 mai 1944, déporté, mort à Dachau le 22 janvier 1945.
* PRISONNIERS DE GUERRE
A Caussade, on compte 101 prisonniers en Allemagne. 28 sont rentrés entre 1940 et la capitulation de l’Allemagne, soit qu’ils aient été libérés pour différentes causes, soit qu’ils se soient évadés .
71 prisonniers sont revenus après la reddition des forces Allemandes, en mai et juin 1945. 2 prisonniers de guerre sont morts en captivité :
* BEDE André, 35 ans, à Heilbronn, par asphyxie dans un abri bombardé
* FRANCERIES Prosper, 31 ans, à Saables (Bas-Rhin), mort d’épuisement lors de son rapatriement.
* SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE
57 hommes ou jeunes gens de la commune de Caussade ont été requis pour le S.T.O. La majorité des requis (40) appartient aux classes 1920-1921-1922. Le plus jeune a à peine 18 ans (classe 1925).
Ce sont surtout des mécaniciens et des agriculteurs. • Parmi ces 57 requis, 2 seulement furent réfractaires, se camouflant d’abord dans les fermes, avant de rejoindre plus tard le maquis.
* BONNAFOUS Jean, né en 1922, employé de commerce
* VIDAL Pierre, né en 1922, mécanicien.
Il n’y eut pas de décès, ni en Allemagne, ni à leur retour. Cependant quelques requis pour le S.T.O. étrangers de la commune, réfractaires, et de nombreux S.T.O permissionnaires rejoindront les F.F.I dés 1944.
Inauguration le 8 Mai 1996 de la stèle à la mémoire de tous les internés et déportés
au camp de Judes
Après le Maire de Septfonds et le consul d’Espagne, qui exaltent tous deux l’amitié franco-espagnole et le souvenirs des événements passés, Monsieur PELISSIER, Préfet de Tarn-et-Garonnne, commence son allocution par ces mots du poète castillan SANTILLANA : «Ceux qui ne peuvent condamner le passé, sont condamnés à le revivre.»
N’oublions pas. Le 18 juillet 1936 : coup d’état de FRANCO.
Février 1939 : les réfugiés espagnols, civils et militaires, sont accueillis en France, et parmi eux, le Président de la République Espagnole, Manuel AZANA, qui se retire à Montauban où il meurt en 1940.
Le 5 mars 1939, le premier convoi de miliciens de l’Année Républicaine Espagnole arrive en gare de Borredon. Ceux-ci sont dirigés vers le camp de Judes, qui est alors en construction. Sur un terrain marécageux sont élevés 44 baraquements de 48 mètres de long sur 7 mètres de large, entourés d’une double rangée de fils de fer barbelés, avec un chemin de ronde et des miradors.
De mars 1939 à juin 1940, prés de 17 000 Républicains espagnols sont hébergés au Camp de Judes. Certains seront recrutés dans les Compagnies de Travailleurs étrangers qui œuvrent en différents points du territoire (Ligne Maginot, Camp Militaire des Espagots). D’autres travailleront pour les propriétaires terriens qui en ont fait la demande.
Après l’armistice de juin 1940, une commission franco-allemande se réunit le 22 septembre 1940, donnant aux Allemands droit de regard sur les camps français d’internement d’hébergement de la zone non occupée.
Une grande partie des réfugiés espagnols est alors transférée sur les chantiers de l’organisation TODT, chargée de la construction du mur de l’Atlantique.
Les indésirables, réputées dangereux pour la sécurité, sont déportés au camp de Mathausen.
Le Camp de Judes devient alors un centre de rassemblement pour individus suspects pour l’idéologie nazie : soldats de l’armée polonaise, Allemands et Autrichiens anti-nazis, enfin juifs.
Le 14 juillet 1942 a lieu la grande rafle des juifs à Paris, rassemblés au Vel d’Hiv.
Le 26 août 1942, 84 juifs sont internés au camp de Judes, suivis en septembre de 138 autres. Au total, prés de 300 personnes : hommes, femmes et enfants. Ils seront tous déportés vers les camps de la mort.
«Suis-je encore vivant ? Ne suis-je pas déjà mort.»
Camp de Judes Septfonds
1939_1944
A LA MEMOIRE DE TOUS LES INTERNES ET DEPORTES
Armée Républicaine Espagnole
Armée Polonaise
Internés Politiques
Internés et Déportés Juifs
Hommes, Femmes et enfants
Que le souvenir demeure à jamais
Passant, Souviens-toi
Camp de Judes Septfonds
ORATOIRE POLONAIS
Après l’écrasement de la Pologne en 1939, des troupes nombreuses de soldats polonais sont venues poursuivre en France la guerre contre les puissances de l’axe. Ainsi compte-t-on plus de 80 000 hommes engagés dans les combats de Norvège et la bataille de France.
Après l’armistice de 1940, on estime à 45 000 les Polonais qui participèrent activement à la Résistance sur le territoire Français.
Un certain nombre fût arrêté et interné. Ainsi, le 29 juillet 1941, 21 Officiers et Aspirants polonais laissèrent une trace de leur passage à Septfonds, en élévant un oratoire aux abords du camp de Judes. Ils demandaient en outre que chaque année, le 3 mai, jour de la fête nationale polonaise et de la fête de Notre-Dame, reine de Pologne, une gerbe aux fleurs des champs fut déposée devant cette chapelle votive.
Stèle de Septfonds
Le 23 août et le 2 septembre 1942
295 juifs, dont 26 enfants
habitant le Tarn-et-Garonne et le Lot,
rassemblés à Septfonds
furent livrés aux Hitlériens par le gouvernement de Vichy et déportés vers Auschwitz
Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide soient remerciés
Cementerio Espanol Septfonds
Estela por todos los refugiados republicanos espanoles muertos en 1939-1940
No sois la muerte sois las nuevas juventudes
Vous n’êtes pas tombés
Morts sous le soleil, le froid, la pluie, le gel
Prés des grandes trouées qu’ouvre l’artillerie
Ou bien sur l’herbe qui est si frêle
Qu’au rythme de votre sang, elle devient mélodie !
Semis de jeunes corps si fatalement
Accrochés au triste terroir qui les enfanta
A nouveau et si tôt et si naturellement
Graines pour les sillons que la guerre vous creusa.
On entend votre naissance, vos efforts sans répit
Votre poussée à nouveau sans le couvercle dur
De la terre qui en vous donnant la forme d’un épi
Ressent dans la fleur du blé sa jeunesse future.
Qui a dit que vous étiez morts ?
On écoute dans le sifflement
Qu’ouvre le vertigineux sentier des balles
Une rumeur qui devient chant, gloire née récemment
Loin des pioches et des funèbres pelles.
Les vivants, frères, jamais on ne les oublie
Chantez donc avec nous, avec nos foules fidèles
Face au vent libre, à la mer, à la vie
Vous n’êtes pas la mort, vous êtes la jeunesse nouvelle.
Rafaël ALBERTI