19 Août • 8 H du matin – Les troupes de la Wermarcht cantonnées à Valence sont calmes et vaquent à leurs occupations habituelles.
10 Heures, Des ordres de départ paraissent avoir été donnés. Les Officiers vont et viennent. Ils arrêtent les camions, les voitures perquisitionnent dans tous les garages, et vérifient les véhicules qui depuis longtemps bien entendu sont en panne.
Dès midi, les soldats arrêtent tous les cyclistes qui circulent dans les rues et sous la menace de leur révolver ou de leur mitraillette, ils s’emparent des vélos,
La nouvelle se répand rapidement et toutes les bicyclettes disparaissent.
Vers 14 h. on annonce une colonne de 2.000 hommes venant à pied d’Agen.
À 15 H. environ, elle fait son apparition – Les soldats sont encore en ordre par section, à pied ou à bicyclette – Beaucoup paraissent déjà fatigués. Voici les premières voitures hippomobiles une calèche d’autrefois, un motoculteur traînant une remorque etc..
La colonne est moins importante qu’on ne l’avait annoncé, 500 hommes environ.
La garnison de Valence se rassemble, à hauteur de l’Ecole de filles, où l’état major du bataillon était cantonné.
Des équipes de soldats vident pendant ce temps les cantonnements et jettent dans le canal, des munitions, des armes brisées, des grenades etc…..
Vers 19 H. la garnison quitte Valence, et se dirige vers Moissac. Seule une équipe de 30 Hommes sous la direction d’un officier continue à jeter au canal des munitions. Ce dernier groupe quittera Valence vers 22 h, à pied abandonnant même, les sacs et paquetages sur le bord de la route.
Mais le gros du bataillon n’est pas loin. On le signale à 800 m. environ de la ville, en face le terrain de sports, où il passera la nuit.
Une grosse quantité de matériel, reste à l’école de filles des véhicules en panne, des munitions, du matériel d’habillement etc.
La nouvelle du départ éclair des troupes se propage, mais attention, elles sont encore tout près.
La nuit se passe calme. On entend dans la campagne de nombreuses explosions et des coups de feu lointains.
DIMANCHE 20 AOUT –
Le matin à bonne heure, la colonne qui stationnait sur la route de Moissac, eat partie; aucune autre troupe venant d’Agen n’est annoncée. Valence est vide d’Allemands. Sur le Drapeau de la Mairie récemment repeint sur l’ordre de la milice, figure de nouveau « République Française”.
Vers 10 H.30 deux camionnettes du maquis font leur entrée à Valence. Les F.F.I. sont acclamés. On leur donne des nouvelles. Ils emportent des fûts d’essence laissés par les Boches, et procèdent à la première arrestation, celle de M. BERTRAND René milicien notoire, accusé de nombreuses dénonciations.
Les deux camionnettes rejoignent le maquis. Pas pour longtemps.
Vers 14. H, de l’après-midi, la 13e Cie des F.F.I, sous la direction du capitaine NITO et du lieutenant La Santé, fait son entrée à Valence. Elle est acclamée. Elle se rend au monument aux morts, où le Capitaine NITO dépose un bouquet de fleurs et harangue la foule nombreuse, qui entonne la Marseillaise.
Puis le capitaine NITO se rend à la Mairie où de la fenêtre, il proclame la déchéance de l’Etat Français, et l’avènement de la République.
En prévision d’un retour possible des Boches, l’ordre est donné de ne pas pavoiser encore. Des barrages sont établis à toutes les entrées de la Ville, et des sentinelles, les surveillent en permanence. Une nouvelle arrestation a lieu, celles de COMBES, employé au service de la Wermarcht, et qui aurait combattu le maquis de la Dordogne avec les Wagfen S.S.
Les F.F.I. s’installent à l’Ecole des filles. Le lendemain,
le Capitaine NITO nomme le Comité local de la Libération, placé sous la Présidence d’Honneur de M. Bernard BAYLET, père de M. Jean BAYLET Maire de Valence, arrêté par la Gestapo, et actuellement détenu en Allemagne.
D’accord avec le Conseil Municipal , le Comité adresse à la population la proclamation suivante :
” Les membres du Conseil Municipal de Valence, et du Comité de la Libération, interprètes de la population et des Mouvements de Résistance de Valence, adressent à M. Jean BAYLET, Maire de Valence, arrêté par la Gestapo à l’instigation de mauvais Français, et actuellement détenu en Allemagne, l’expression sincère de leur profonde affection et de leur entier dévouement.
En attendant son retour que tous espèrent très prochaine et s’inspirant de son exemple, ils uniront leurs efforts pour la défense des Institutions républicaines et travailleront, dans l’ordre et la concorde, pour le bien-être de la population de Valence, et dans l’intérêt général”.
En résumé, la libération de Valence, s’est faite sans heurt et sans dégât, le départ des Boches ayant été des plus précipités tant d’Agen que de Valence. Et quand le maquis est arrivé, le dimanche matin, les Allemands étaient déjà partis le samedi soir.
Depuis ce jour, tout s’est passé à peu près normalement, La 13° Cie des F.F.I. composé en majeure partie de Valenciens tous amis de M. Jean BAYLET Maire de Valence a fait preuve d’un excellent esprit de discipline. Sous la direction de M. VER (Capitaine NITO à la résistance) le C.L.L. s’est efforcé de faire du bon travail, dans l’ordre.
Il se montre disposé au sein du Conseil Municipal (la plupart de ses membres en font maintenant partie) à continuer son œuvre, en attendant la victoire des Alliés et le retour de M. Jean BAYLET Maire de Valence.
Comme suite à votre circulaire complémentaire du 13 Septembre, je vous signale que le Capitaine HERMANN Commandant la Cie S.S N°28.955 cantonné dans ma commune du 13-6-44 au 23-6-44 a commandé avec le lieutenant Eric DWUZET, la tuerie de Dunes, au cours de laquelle 11 personnes furent pendues et trois fusillées.
Enfin c’est l’adjudant chef de la Compagnie S.S, de Pontonnier, Secteur Postal n°29.573, cantonnée à Valence du 24-6-44 au 16-7-44 qui ordonna la pendaison de deux femmes à FLAMARENS (Gers) et tua lui même d’un coup de révolver dans la même commune M. LACOUTURE.
Valence le 14 Septembre 1944
Le Maire,
La 13ème Compagnie de l’Armée Secrète vient d’entrer dans Valence.
A la fenêtre de la vieille Mairie, je proclame la 4ème République et l’abolition de l’Etat Français.
Photo prise par M. LIPNITZKI, mon ouvrier photographe juif.
A. VER
« Les troupes de la libération, de la 13° compagnie d’Armée Secrète défilent dans Valence d’Agen pavoisée. Je suis sur le trottoir, devant le magasin photo Colette VER »
Antonin VER
« Discours de la Libération au « Plaça » à Valence d’Agen. Mon fils, Claude VER, chemise blanche, cravate, est présent.
Antonin VER
Sur la scène en plein air »Plaça » à Valence d’Agen.
Au premier plan: BONNEMORT, AURIMONT Préfet du Haut-Rhin,
Derrière: MATISSON, VER, LAUZIN.
NOTE: Tous les commentaires sont d’Antonin VER.